Hassan II

La période du protectorat est marquée par la montée du nationalisme marocain. Moulay Hassan participe activement aux côtés de son père au mouvement pour l'indépendance. L'exil de Mohammed V par les autorités françaises en 1953 à Madagascar, puis à la Réunion, constitue un tournant majeur. Le jeune prince, alors en France, s'implique dans la coordination de la résistance et la mobilisation de l'opinion internationale pour le retour du sultan et l'indépendance du Maroc. Le retour triomphal de Mohammed V en 1955 et la proclamation de l'indépendance en 1956 seront une étape décisive pour le pays et pour Moulay Hassan, désormais prince héritier.

À la mort de Mohammed V en 1961, Moulay Hassan monta sur le trône et prend le nom de Hassan II. Son règne débute dans un contexte politique complexe, avec des tensions internes et des défis socio-économiques importants. Les premières années sont notamment caractérisées par des tentatives de coups d'État militaires, notamment à Skhirat en 1971 et lors de l'attaque du Boeing royal en 1972, qui renforcent sa méfiance envers l'armée et une partie de la classe politique. Ces événements, associés à une période de répression politique connue sous le nom des "années de plomb", jettent une ombre sur les premières décennies de son règne, malgré des avancées dans la modernisation du pays.

Hassan II met en place un régime monarchique fort, centralisé, où il exerce un pouvoir considérable tout en cherchant à maintenir une légitimité religieuse et traditionnelle. Il instaure des institutions politiques, des constitutions, et organise des élections, mais le jeu politique reste étroitement contrôlé. Sur le plan économique, il lance des politiques de développement, notamment dans l'agriculture, le tourisme et l'industrie, avec des succès mitigés et des inégalités sociales persistantes. La "marocanisation" des cadres et des entreprises est une politique importante. Elle vise à favoriser l'ascension des Marocains dans les secteurs clés de l'économie.

Un événement majeur de son règne fut la Marche Verte en 1975, une opération politique et populaire destinée à affirmer la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, alors sous administration espagnole. Cette initiative, considérée comme un coup de maître politique, mobilise des centaines de milliers de Marocains et a un impact profond sur l'identité nationale et la politique étrangère du Maroc. Le conflit du Sahara occidental devient une question centrale de la politique marocaine sous Hassan II et perdurera tout au long de son règne, avec des conséquences régionales et internationales importantes.

Sur le plan international, Hassan II joue un rôle actif dans la diplomatie arabe et africaine. Il est un interlocuteur privilégié des puissances occidentales, notamment des États-Unis et de la France, tout en cherchant à maintenir une indépendance et une identité marocaine spécifiques. Il est impliqué dans les tentatives de résolution du conflit israélo-palestinien et participe à diverses initiatives régionales et internationales. À partir des années 1990, le règne de Hassan II connaît une évolution progressive vers une plus grande ouverture politique sous la pression interne et internationale. Des réformes sont entreprises, notamment en matière de justice et de libertés publiques, même si des critiques persistent quant à l'étendue et à la sincérité de ces changements. Il initie également des réflexions sur la transition démocratique et la succession monarchique. Hassan II décéde en 1999 après un règne de près de quatre décennies. Son décès marqua la fin d'une époque et ouvreune nouvelle ère pour le Maroc, avec l'accession au trône de son fils aîné, Mohammed VI.