Ferhat Abbas

Issu d'une famille aisée, il poursuit des études à l'école française et devient pharmacien après avoir étudié à l'Université d'Alger. Très tôt, il s'intéresse à la politique et milite en faveur des droits des Algériens, tout en adoptant initialement une position réformiste, cherchant l'égalité avec les Français plutôt que l'indépendance immédiate.

Dans les années 1930, il exprime ses idées à travers des articles et des pamphlets, notamment dans Le Jeune Algérien, où il défend l'assimilation des Algériens à la société française. Cependant, face à l'intransigeance du gouvernement colonial et à la montée du nationalisme algérien, il évolue progressivement vers une position indépendantiste. En 1943, il rédige le Manifeste du peuple algérien, demandant des réformes et une reconnaissance des droits des Algériens, mais ses propositions sont rejetées par la France.

Après la Seconde Guerre mondiale, Ferhat Abbas fonde l'Union Démocratique du Manifeste Algérien (UDMA) en 1946, un parti politique prônant une autonomie de l'Algérie dans le cadre d'une fédération avec la France. Cependant, face à la répression et au refus de concessions de la part des autorités françaises, il se rapproche du Front de Libération Nationale (FLN) lors du déclenchement de la guerre d'indépendance en 1954. En 1956, il rejoint officiellement le FLN et devient une figure importante du mouvement.

En 1958, il est nommé président du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA), un gouvernement en exil destiné à représenter la lutte algérienne sur la scène internationale. Il joue un rôle diplomatique crucial, plaidant pour la reconnaissance du droit à l'indépendance de l'Algérie auprès des instances internationales. Cependant, en 1961, en raison de divergences internes au sein du FLN, il est écarté de la présidence du GPRA.

Après l'indépendance de l'Algérie en 1962, Ferhat Abbas devient le premier président de l'Assemblée nationale constituante, mais entre rapidement en conflit avec Ahmed Ben Bella et le régime en place. Il critique la dérive autoritaire du nouveau pouvoir et démissionne en 1963. Opposant au régime du parti unique, il est placé en résidence surveillée jusqu'en 1965. Il se retire ensuite de la vie politique et consacre son temps à l'écriture et à la réflexion.