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Les Hautes-Pyrénées |
Le département
des Hautes-Pyrénées doit son
nom à la grande chaîne de montagnes qui, le dominant au midi,
recouvre une partie de son territoire et le sépare de l'Espagne.
Il a été formé, en 1790, du Bigorre,
qui en a fourni la plus grande partie, et de l'Armagnac, du Nébouzan,
de l'Astarac et des Quatre-Vallées.
Situé dans le sud-ouest de la France, et formant au sud la frontière de la France, il appartient à la région Occitanie. Sa superficie est de 459,944 hectares, et sa population de 229 273 habitants (2010). Le département est un des plus petits de France. Du nord au sud, il est long de 75 à 100 kilomètres, de l'est à l'ouest il dépasse rarement 60 km. Le chef-lieu, Tarbes, est situé à 652 kilomètres de Paris en ligne droite et à 829 kilomètres par la route (A10), tandis qu'à 60 kilomètres se dresse la frontière d'Espagne. C'est un pays presque entièrement montagneux et couvert par les Pyrénées et leurs contreforts, qui s'abaissent peu à peu en s'approchant de Tarbes, et se terminent à cette hauteur sur la riche plaine du Bigorre, arrosée par l'Adour. Tout le massif des Pyrénées est boisé ou revêtu de pâturages, et coupé, dans les parties les plus élevées, de gorges étroites et profondes, qui peu à peu s'élargissent et deviennent de plantureuses vallées, dont la plus belle et la plus fraîche est celle de l'Adour. La principale richesse du Bigorre consiste dans ses prairies, qui couvrent près de la moitié du sol (190,000 hectares), et qui lui permettent d'élever un grand nombre de chevaux de selle de race bigourdane, de bêtes à cornes de la race de Lourdes, etc. Principales communes
Cliquer sur les liens pour afficher la liste de toutes les communes. LimitesExcepté au sud, où la limite du département et de la France coïncide exactement avec le faite des Pyrénées, les limites des Hautes-Pyrénées, partout conventionnelles, ont été indiquées plutôt par les traditions et les intérêts que par la géographie. Vers l'est, une ligne sinueuse, détachée de la frontière au sommet de la vallée de Louron, suit d'abord les crêtes qui séparent cette vallée de celles d'Oo et d'Oueil, puis embrasse la double vallée de la Barousse et va rejoindre la rive gauche de la Garonne. Mais, au lieu de suivre cette limite si naturelle, le tracé départemental s'en écarte plusieurs fois, notamment aux alentours de Saint-Bertrand-de-Comminges.Au confluent de la Garonne et de la Neste, il se dirige vers les vallées de la Gesse et de la Gimone; puis, tournant brusquement à gauche pour former la bordure septentrionale des Hautes-Pyrénées, il traverse un grand nombre de petites vallées, montant ou descendant au milieu des collines qui s'allongent vers le nord. Après avoir franchi l'Arros, à l'approche de l'Adour, le département, comme entraîné par le courant du fleuve, s'allonge et forme une langue de terre qui renferme les villes de Rabastens, Vic, Maubourguet et Castelnau-Rivière-Basse, toutes assises auprès de l'Adour ou de ses proches affluents. Près de Castelnau, la frontière se reploie brusquement au sud, et va rejoindre par un tracé tortueux la base des monts pyrénéens. C'est sur ce côté ouest du département que se rencontre une bizarrerie. Deux enclaves, absolument séparées des Hautes-Pyrénées, auxquelles elles appartiennent, forment comme deux îles au bord du département voisin, et contiennent les communes de Luquet, Gardères, Séron, Escaunets et Villenave-près-Béarn. Comme ce dernier nom l'indique, ces deux îlots sont un reste du passé. Ils appartenaient au Bigorre, et sont demeurés attachés au département que le Bigorre avait formé. Après avoir traversé le Gave de Pau près de Saint-Pé-de-Bigorre, la limite départementale va, toujours par des lignes irrégulières, rejoindre les hautes crêtes de la vallée d'Azun, où elle atteint de nouveau la frontière. De la vallée d'Azun à la vallée de Louron enfin, elle est formée d'un grand mur de montagnes, à peine entaillé de quelques brèches, et entièrement blanc de neige pendant une partie de l'année. Physionomie généraleLe département des Hautes-Pyrénées se partage en trois régions bien distinctes : les plaines, les montagnes et le plateau de Lannemezan.Les plaines.
Dans la partie occidentale de cette région, qui confine aux Pyrénées-Atlantiques, les vallées, moins larges, moins profondes, à l'exception de celle du Gave de Pau, laissent entre elles de larges espaces de collines ondulées ou de croupes insuffisamment arrosées. Là dominent les bois et les taillis, tandis que le centre du département produit plutôt des grains ou des fourrages. Dans la région occidentale existent même quelques espaces incultes, qui présentent l'aspect des landes de Gascogne. La population s'est agglomérée surtout aux environs de la vallée de l'Adour, ou entre l'Adour et le Gave de Pau. Là s'élève Tarbes, le chef-lieu : là sont aussi d'immenses villages, comme Ossun, qui prolongent sur près d'un kilomètre leurs files de maisons aux toitures pointues, couvertes d'ardoise. Plus à l'ouest, les villages se font rares; plus à l'est, s'élèvent les croupes du plateau de Lannemezan, graduellement dénudées et dépeuplées. Au sud, se hérisse la région des montagnes. Les montagnes.
La région montagneuse se détache nettement de la région des plaines au-dessus du Gave de Pau et de la Neste, qui longent le pied des Pyrénées. L'Adour, au contraire, descend des hautes montagnes, entre des cimes graduellement abaissées , sans qu'on puisse dire au juste où commence la montagne et où finissent les collines. Autour de Bagnères-de-Bigorre, les sommets, de plus en plus arrondis, de plus en plus modestes, descendent lentement depuis le Pic du Midi jusqu'aux faibles collines des bords du fleuve. Ces trois vallées, du Gave, de l'Adour, de la Neste, se partagent presque toute la région montagneuse; sur le rebord de la Haute-Garonne, ce dernier fleuve vient bien frôler le département, mais il le touche à peine et le quitte définitivement en recevant la Neste. Les montagnes qui envoient leurs eaux au grand Gave, ou Gave de Pau, sont les plus hautes, les plus massives des Pyrénées françaises. Le torrent qui s'échappe dans la plaine au pied du rocher de Lourdes a rassemblé les eaux d'un vaste éventail de montagnes et de vallées qui portait autrefois le nom de Lavedan, corruption du mot latin abies, sapin, à cause des grandes forêts qui couvraient les pentes. La forme de cet ensemble de vallées est aisée à comprendre malgré sa complication apparente. Au centre, la vallée d'Argelès, admirable bassin de champs et de prairies de 9 kilomètres de longueur, se dirige droit vers la crête des Pyrénées, formant comme la tige d'un arbre dont les vallées latérales figureraient le branchage. Les plus rapprochées des Pyrénées-Atlantiques et de la région des plaines sont les vallées de Surguères, ou de Batsouriguères, et d'Estrem-de-Salles, tributaires occidentales du Gave de Pau. Les montagnes qui les dominent sont modestes et s'élèvent presque immédiatement au-dessus de la plaine. La neige n'y demeure pas en été, et les champs et les pâturages montent jusqu'au voisinage des crêtes. Bien différente est la vallée d'Azur, voisine encore des Pyrénées-Atlantiques, mais se prolongeant jusqu'à la frontière d'Espagne. Celle-là, dominée par des montagnes élevées, s'enfonce ainsi que sa branche orientale, la vallée de Labat-de-Bun, jusqu'au coeur des Pyrénées, dans un entassement de cimes granitiques aux rochers sombres, escarpés, couverts de neige pendant toute l'année. Au fond de la vallée d'Azun trône le Balaïtous (3146 mètres), chargé de glaciers (en fait, comme ce qui reste aussi des autres glaciers pyrénéens, plutôt de névés), et magnifique à contempler des environs de Tarbes. A partir de ce sommet, ou plutôt de son voisin occidental, le Pic de Pallas, la crête se hérisse de montagnes qui atteignent ou dépassent 3000 mètres. A l'est du port de la Peyre-Saint-Martin, qui s'ouvre au pied du Balaïtous, surgissent les beaux pics de Cambalès (2951 mètres), de la Fache (3020 mètres), de Péterneille (2965 mètres), dont les crêtes neigeuses sont de bien haut dominées par le Vignemale (3298 mètres), la plus haute montagne des Pyrénées françaises. Le Vignemale porte trois glaciers, dont l'un, celui de l'est, descend comme un fleuve sur une longueur de plus de trois kilomètres. Cette cime superbe forme le fond de la vallée de Cauterets, pleine de forêts, de prairies, de lacs et de glaciers. A l'est de la vallée de Cauterets, et séparée d'elle par un puissant rameau de montagnes granitiques, s'étend l'ensemble de chaînons, de vallons, de cirques, dont le centre est formé par la petite plaine de Luz-Ardiden. Nulle part les Pyrénées françaises ne présentent une plus énorme masse de montagnes agglomérées. Le Vignemale, qui envoyait sur Cauterets l'eau d'un de ses glaciers, envoie ici celle de son versant oriental; puis, à la suite d'une rangée de montagnes moins élevées, s'élève brusquement la superbe chaîne calcaire dans laquelle sont creusés les cirques de Gavarnie, d'Estaubé et de Troumouse. Là s'entassent les glaciers, se dressent les murailles verticales, bondissent des cascades de plusieurs centaines de mètres. Le Gabiétou (3033 mètres), le Taillon (3146 mètres), la Brèche de Roland, coupure énorme dans un mur de calcaire (2804 mètres), le Casque et les Tours du Marboré (3006 et 3018 mètres), enfin le Pic du Marboré (3253 mètres), enferment le cirque de Gavarnie, une des merveilles des Pyrénées. D'un entassement de trois murailles circulaires, séparées par trois terrasses chargées de glaciers, s'élancent dans un gouffre de 1200 à 1700 mètres de profondeur les torrents échappés des neiges supérieures. Ils ruissellent de toutes parts, grossissant dans leur chute, jusqu'au moment où, du rebord de la dernière muraille, ils s'élancent dans le vide. L'un d'entre eux, le plus puissant de tous, est aussi celui qui fait le bond le plus prodigieux; il se précipite de 422 mètres; l'eau qui jaillit du sommet de la muraille se divise bientôt en vapeur, flotte et roule dans l'air en descendant comme une longue fusée de plumes blanches, et n'atteint le fond du cirque qu'après 19 secondes de chute. Dans les beaux jours, le ruissellement
des cascades tout autour du cirque produit un murmure d'une harmonie et
d'une douceur étranges : c'est le seul bruit qui vienne rompre le
silence de cette vaste solitude. Après une journée de pluie
ou
Le cirque d'Estaubé, qui fait suite à celui de Gavarnie, est dominé par le Pic de Pinède (2866 mètres), en arrière duquel se lève, à 500 mètres plus haut, une cime espagnole, le Mont-Perdu, entourée d'immenses névés. Troumouse, qui s'ouvre à l'est d'Estaubé, est une vaste plaine de pâturages, entourée d'un rempart circulaire de 1000 mètres de hauteur moyenne. Le point culminant est la Munia (3150 mètres), belle montagne, blanche de neiges et de glaces. Tout près de la Munia, aux crêtes de Serre-Mourène (3144 mètres), la frontière se détache des vallées tributaires du Gave, et envoie ses eaux au bassin de la Neste et de la Garonne; mais un puissant chaînon, plus haut que la crête centrale, se dirige vers le nord, projette les pics des Aiguillons (2960 mètres), du Cambieil (3175 mètres), le Pic-Long (3194 mètres), qui ne le cède en hauteur qu'au Vignemale dans les Pyrénées françaises, et enfin le pic de Néouvielle (3092 mètres), dont les contreforts dominent à la fois les bassins de la Garonne, de l'Adour et du Gave. Puis ce chaînon se déprime au col du Tourmalet, pour se relever bientôt et former le superbe Pic du Midi de Bigorre (2877 mètres), très noble de formes et hardiment dressé au-dessus des plaines. Ici, les sommets s'abaissent en formant la limite orientale des vallées d'Isaby, de Gazost, qui descendent sur celle d'Argelès, comme les dernières branches de cet arbre formé par les tributaires du Gave de Pau. On peut se figurer également l'ensemble du bassin montagneux de la Neste sous la forme d'un arbre, mais avec cette différence que la direction en est courbe, et que les deux systèmes, séparés au pied par le massif secondaire où naît l'Adour, viennent se toucher par le sommet aux environs du Néouvielle, du Pic-Long et de Troumouse. La vallée d'Aure décrit de bas en haut une demi-circonférence; remontant d'abord au sud, elle se replie graduellement à l'ouest, et, au lieu de s'élever vers la frontière comme les différentes branches de la vallée voisine, elle longe alors le pied du rempart qui la sépare de l'Espagne; mais elle projette vers ce rempart une suite de vallons latéraux, encaissés entre de hautes montagnes et dont chacun aboutit à un passage à travers la frontière. Ces passages, simples échancrures de la crête, neigeux neuf mois sur douze, souvent perdus dans les nuages, ne peuvent pour la plupart être franchis que par des randonneurs. Tandis que la vallée d'Aure a ses points culminants parmi les cimes du Cambieil et du Pic-Long, qui approchent de 3200 mètres, mais qui sont loin de la frontière, cette frontière se maintient à une altitude beaucoup plus modeste; sur une longueur de 20 kilomètres, elle dépasse rarement 2800 mètres. A droite et à gauche, en Espagne et en France, des chaînons latéraux la dominent de très haut, et le premier pic frontière qui se relève à 3000 mètres est celui de Batoa (3035 mètres), bientôt suivi des crêtes de Batchimale et du pic des Gourgs-Blancs (3114 mètres). Là commence le département de la Haute-Garonne, et la crête secondaire qui sépare les deux départements s'abaisse bientôt au-dessous de 2000 mètres. La partie inférieure de la vallée d'Aure et la branche orientale qu'arrose la Neste de Louron sont parmi les régions montagneuses les mieux cultivées des Pyrénées. Les villages s'y touchent en bien des endroits, et les cultures montent sur les versants de toutes les montagnes. Mais dans ses embranchements supérieurs la vallée d'Aure offre des beautés de premier ordre. Les Nestes de Clarabide et de la Pez atteignent la Neste de Louron par deux gorges qui sont peut-être les plus spectaculaires des Pyrénées. Les enchevêtrements de montagnes d'où elles descendent offrent de beaux glaciers, des pitons neigeux, et, par delà les limites de la France, on voit se dresser le pic des Posets (3367 mètres), superbe avec ses larges glaciers en forme de cratères. Enfin les versants orientaux de Néouvielle et du Pic-Long renferment un dédale de pics aigus, de murailles neigeuses, de glaciers, de cascades, de grands lacs et - de forêts presque impénétrables, qui en font un des plus beaux centres d'excursions de toutes les Pyrénées. Les vallées de la Neste et du Gave, accolées à leur origine par une rangée de sommités mitoyennes, s'écartent plus bas pour suivre deux routes opposées, l'une à l'est, l'autre à l'ouest. Dans l'intervalle qui les sépare, entre des montagnes de second ordre qui vont s'abaissant vers les plaines et vers la région de Lannemezan, s'étend le bassin supérieur de l'Adour. Ici, plus de glaciers, plus de pics neigeux
ou de sombres gorges, mais des vallées pastorales dominées
par des sommités arrondies ou des crêtes de médiocre
altitude. Sur un point seulement ces crêtes dépassent 2850
mètres; c'est à la rencontre des vallons du Tourmalet et
de Lesponne, tributaires de l'Adour, avec le vallon de Bastan, tributaire
du Gave. Là se dresse, à 2877 mètres, la pyramide
du Pic du Midi de Bigorre, si longtemps prise pour le plus haut sommet
des Pyrénées, et dépassée cependant de 527
mètres par le pic d'Anéto, dans le massif dz la maladeta,
en ESpagne.
Le bassin de l'Adour renferme des vallées charmantes, vertes, peuplées, qu'on citait comme les plus belles des Pyrénées avant qu'on eût appris à admirer la nature sauvage, les neiges et les glaciers des montagnes supérieures. La gracieuse vallée de Campan, arrosée par l'Adour, et à l'entrée de laquelle s'est bâti Bagnères-de-Bigorre, mérite cependant une visite; mais les voyageurs qui reviennent de Gavarnie ou de Cauterets ne peuvent que la trouver petite et dépourvue de caractère. Dans la région montagneuse du département, que nous venons de parcourir, les villes se sont développées surtout dans les petits bassins de pâturages ou de terres cultivables qui avoisinent les cours d'eau ou les principaux confluents. Ainsi, Argelès s'est établie près des gaves d'Azun et de Pau; Luz, au confluent du Gave et du Bastan; Arreau, entre la Neste d'Aure et celle de Louron. Plus haut, sur les pentes, s'échelonnent les villages de moindre importance, avec leurs maisons aux toitures pointues, aux pignons en escaliers, serrées les unes contre les autres. Les villes construites sur des mamelons, comme Saint-Savin, ont cédé le pas aux villes de plaine, depuis que la paix règne dans les vallées. Le plateau de
Lannemezan.
Il est probable que l'apparence monotone et la surface unie du plateau lui vienvent des grands amas de débris dont il a été recouvert aux époques géologiques, alors que les glaciers des Pyrénées débordaient partout en dehors de la chaîne. Mais, malgré sa tristesse, le bombement de Lannemezan est un des points géographiques les plus intéressants de France. C'est de là, en effet, et non pas du centre des Pyrénées, que s'éloignent les cours d'eau. descendus des hautes vallées. Au point culminant du plateau, sur quelques kilomètres à peine de largeur, surgissent plusieurs, petits ruisseaux pauvrement alimentés; les deux Baïses, la Baïsole, le Gers, la Save. A peine formées, ces rivières microscopiques s'éloignent en divergeant comme les rayons d'une roue, et se mettent à descendre sur les pentes arrondies du plateau. Mais à mesure qu'elles s'écartent, d'autres ruisseaux, le Boués, la Solle, l'Arrats, la Gimone, la Gesse, surgissent entre les rayons de l'éventail. En même temps, à droite et à gauche de cet éventail, tous les cours d'eau, même les plus puissants, comme le Gave et la Neste, se reploient au sortir des montagnes pour s'orienter sur le même centre, et bientôt toutes les vallées comprises entre le Gave et la Garonne viennent agrandir cette sorte de rayonnement dont le noeud central se trouve sur le plateau de Lannemezan. A droite, les vallées s'inclinent lentement vers la Garonne; à gauche, vers le Gave ; au milieu, elles accompagnent l'Adour, qui lui-même se replie vers le Gave à la fin de son cours. Entre l'Adour et la Garonne, la plaine, mal arrosée, va s'élargissant et forme graduellement ce qu'on appelle les Landes; mais là encore, les petites rivières qui viennent sourdre dans le sable alignent leurs vallées dans la direction du plateau sous-pyrénéen, comme la Leyre, affluent du bassin d'Arcachon, ou même le Ciron, voisin de Bordeaux; bien plus, quand la Garonne a recueilli tous ses affluents, qu'elle change de nom et s'appelle la Gironde, formant un grand golfe rempli de navires et dont un rivage n'aperçoit pas l'autre, elle se recourbe à son tour dans le même sens, comme guidée par les quelques gouttelettes sorties du tertre de Lannemezan. Les routes, semblables aux rivières, ont, elles aussi, pris la même disposition, et sur plus d'un point du plateau on les voit fuir d'un point commun à travers la plaine déserte, et disparaître à l'horizon pour se rendre, par des vallées encore invisibles, vers Toulouse, Agen ou Bayonne. GéologieGénéralités.Il existe deux parties bien distinctes dans le département : la montagne et la plaine. La ligne qui délimite ces deux régions passe par Ossun et Montréjeau (Haute-Garonne). Si l'on part de la haute montagne, et que l'on se dirige vers le Nord, on trouve, en général des formations de plus en plus récentes. Ce sont d'abord une série de noyaux granitiques et granulitiques dans les hautes vallées situées à l'Ouest du gave de Pau, celui de Néouvielle, de Bordères et de Sarrancolin, sont englobés au milieu de schistes archéens et siluriens. Toute cette formation constitue la partie la plus élevée de la chaîne pyrénéenne. Viennent ensuite vers le Nord une série de bandes fortement plissées de direction Est-Ouest constituées par le Dévonien, le Carbonifère qui s'étendent depuis Mauléon jusqu'à Argelès-Gazost, et sur lesquelles sont appliquées de nouvelles bandes de jurassique et de crétacé à travers lesquelles les eaux ont creusé de profondes vallées. Puis on arrive à la région des Plaines entre Tarbes et Montréjeau, constituée surtout pour le Miocène et le Pliocène, à travers lesquelles s'épanouit un véritable éventail de rivières et de gaves. Stratigraphie.
Cambrien.
Un certain nombre d'assises formées par des schistes argileux, des ardoises et des quartzites dans la région du pic du Midi de Bagnères, ont été attribués au cambrien. Certains calcaires dolomitiques en dalles sont rangés dans la même formation. Silurien.
Le silurien supérieur qui forme une bande Est-Ouest comprend des schistes noirs avec intercalation de schistes carburés, surtout répandus dans le Nord-Est du département (environs d'Arreau, de Luz, à Pierrefitte et aux environs des Eaux-Bonnes). Ils renferment une faune très riche de graptolites : Monographus priodon, etc., accompagnés de Cardiola interrupta. Dévonien.
Dans la vallée d'Aure, le Dévonien moyen est constitué par des calcaires et des schistes à Spirifer cultrijugatus et quelques schistes ardoisiers. Les célèbres marbres griottes appartiennent au dévonien moyen et supérieur. Ils renferment des goniatites, et font le passage au Carbonifère. Ces marbres, activement exploités à Campan, renferment : Clymenia undulata, C. loevigata, Brancoceras sulcata. Ils font l'objet d'un grand commerce dans toute la région, et sont formés en grande partie par des calcaires à Polypiers. De même que dans l'Ardenne, des récifs s'établissaient dans la mer dévonienne sur le futur emplacement des Pyrénées. Ces récifs s'étendent dans la vallée d'Aspe, de la Neste, etc. Carbonifère.
Ce n'est que dans la vallée d'Aure (à Fréchet d'Aure), que l'on a trouvé le Stéphanien sous forme de schistes à calamites et fougères (Odontopteris, Cardiopteris, Sphenopteris, etc.). Ces schistes renferment des intercalations de marne à Gastéropodes (Murchisonia) à affinités permiennes. Permien.
Triassique.
Jurassique.
Le Lias est partout représenté à sa base par un ensemble de calcaires marneux très épais, mais où les fossiles sont rares. Le Lias supérieur renferme cependant d'assez nombreux fossiles : Am. bifrons, Am. aalensis. Le Bajocien et le Bathonien sont constitués par des couches assez épaisses de calcaires marneux sans fossiles et de dolomies. A la partie supérieure de cet horizon se trouvent des couches argileuses à Posidonies surmontées de nouveaux calcaires noirs à Bélemnitelles, qui appartiennent à la partie supérieure du Jurassique. Crétacé.
Le Crétacé inférieur offre une assez grande analogie de composition avec le crétacé des Pyrénées-Atlantiques. Ce Néocomien existe sous forme de brèches ou de calcaires bréchoïdes alternant avec des Nérinées. L'Aptien et le l'Albien offrent des facies coralligènes, comme dans les Pyrénées-Atlantiques. Ce sont des marnes noires à Plicatula placunea qui constituent l'aptien. Ces marnes renferment encore Am. Dufrenoyi et sont surmontées par des calcaires à Toucasia carinata couronnées par des calcaires à Cidaris pyrenaica. L'Albien est également constitué par des calcaires et des marnes avec des formations coralligènes intercalés. La bande de crétacé inférieur qui double celle de crétacé inférieur passe par Bétharram, Labarthe et Montréjeau. Le Sénonien est constitué le long de cette bande par des marnes noires à plaquettes et des calcaires marneux sans fossiles. Le maëstrichtien est plus complexe, il est formé à la base par un calcaire nankin à Hemiaster pyrenaicus, Echinocorys vulgaris, Ostrea larva surmonté par des calcaires marneux à Orbitoides mammillaris, Hemiaster pyrenaicus, Nerita rugosa. Enfin l'étage se termine par des calcaires à Orbitoides gensasica. La masse calcaire du Cirque de Gavarnie depuis la brèche de Roland jusqu'aux tours de Marboré, est constitué par un calcaire marneux à Ostrea larva, Ananchytes ovata et Orbiloides socialis. Paléogène.
Le premier est formé par des marnes à Orbitoides gensasica, des calcaires compacts à 0ffaster, Echinanthus recouverts par des calcaires lithographiques. L'Eocène comprend à la base (Montien) des grès et des calcaires marneux à Micraster tercensis, Echinoconus semiglobus, Natica brevispira, puis des calcaires à Operculine Heberti. Le Suessonnien est formé par des calcaires à Lithothamnium passant à des calcaires à miliolites à Ostrea uncifera et alvéolines. Puis viennent (Parisien) des calcaires à Echinanthus Cotteani, des grès à Porocidaris pseudoserrata, et enfin des poudingues et des marnes à Ostrea gigantea. L'Oligocène assez limité au point de vue géographique, est constitué par des marnes, des grès avec des lits de cailloux roulés et des calcaires lacustres concrétionnés renfermant des débris de Dinotheriun. La mollasse qui couronne ces calcaires correspond à la mollasse à Ostrea crassissima. Néogène..
On peut les diviser de la façon suivante : une série d'alluvions des plateaux ou formation de Lannemezan formée par des argiles jaunes avec des blocs plus ou moins volumineux, et, en général, très altérés. Quelques-uns de ces blocs qui ont un volume de 1 mètre cube sont généralement roulés, et ils présentent l'aspect de blocs morainiques. Cette formation représente un cône de déjection fluvio-glaciaire formé au débouché des grandes vallées dont les principaux linéaments devaient concorder à peu près avec la vallée d'Aure actuelle. La plupart des éléments ont été transportés par des cours d'eau dont le volume devait être énorme. L'âge de cette formation est pliocène, car on y a recueilli : Rhinoceros Scheirmacheri, Chalicotherium goldfussi, Tapirus priscus, Hyoemoschus crassus, Castor Joegeri, Dinotherium, Cervus. C'est une faune voisine de celle d'Eppelsheim. Les vallées présentent à leur tour une série de terrasses supérieures couvertes de loess qui dénote une grande antiquité. Il n'y a pas de fossiles, dans ces terrasses qui correspondent à une phase d'extension glaciaire datant probablement du pléistocène inférieur. Quaternaire.
Roches éruptives.
En dehors des roches énumérées, les Hautes-Pyrénées offrent un gisement remarquable de syénite néphélinique à Pouzac, près de Bagnères-de-Bigorre, et des syénites amphiboliques. Mais les roches qui offrent un cachet bien spécial dans la chaîne pyrénéenne, sont les ophites et les lherzolites. Les premières sont nombreuses aux environs de Bagnères-de-Bigorre. Elles métamorphisent les couches sédimentaires qu'elles traversent et y développent dans les calcaires un grand nombre de minéraux : dipyre, actinote, hématite, pyroxène, mica, albite, quartz, calcite, hématite, tourmaline et dans les schistes : du dipyre, de l'épidote et de l'amphibole. Par place, on a de beaux cristaux de gypse, de dolomie, de pyrite et de rutile. Sources thermales.
Régime des eauxLes Hautes-Pyrénées envoient toutes leurs neiges, leurs glaces fondues, leurs sources, leurs émissaires de lacs à l'Atlantique, par deux fleuves inégaux, l'Adour et la Garonne : de l'Adour relèvent tout l'arrondissement d'Argelès, presque tout celui de Tarbes et une bonne part de celui de Bagnères; à lui tout l'Ouest et le centre de la contrée; à la Garonne revient une moitié du Sud et l'Est : pas beaucoup plus de 150.000 hectares, ou le tiers du département; donc, deux tiers (300.000 hectares) pour l'Adour.L'Adour.
De tous les canaux qu'on lui dérobe ici, le plus long, le plus fourni, le phis ancien; le plus célèbre, le canal d'Alaric, qui a sa diramation à Pouzac, c -à-d. en aval et tout près de Bagnères, sur la rive droite du fleuve, ne rejoint cette rive droite qu'au bout d'un trajet de 58 km pendant lesquels il a constamment longé le pied des collines orientales du val; l'Adour le récupère entre Maubourguet et Castelnau-Rivière-Basse. Contenu moins dans son lit que dans les canaux d'irrigation de droite ou de gauche, le fleuve traverse Tarbes, et sa vallée devient une plaine qui s'évase à 8, à 10 km de large, parfois plus encore, où serpentent en même temps que lui, se ramifient, se concentrent, se dispersent et se rassemblent encore maints longs ruisseaux employés, eux aussi, à l'arrosage; tels : à gauche, l'Echez (52 km, 35.000 hectares), né dans les monts de Lourdes et qui s'achève à Maubourguet; et à droite, l'Estéous (48 km, 16.558 hectares), qui, dans le bas de son cours, se confond avec le canal d'Alaric; c'est le ruisseau de Rabastens. Vic-en-Bigorre, Maubourguet, Castelnau-Rivière-Basse, ce sont les trois villes de l'Adour de plaine, qui quitte les Hautes-Pyrénées pour le Gers après 82 km de voyage. C'est dans le Gers qu'il absorbe à droite l'Arros, et bien au loin, dans le département des Landes, qu'il s'unit au Gave de Pau, son formidable rival. L'Arros.
Les
Gaves.
La Garonne est
ses affluents.
L'Ourse.
La
Neste.
Après avoir erré pendant 10 km dans la riante, gracieuse, soleilleuse vallée d'Aure, sous le nom de Neste d'Aure, de Grande Neste ou de Neste tout court, elle se complète dans le bourg d'Arreau, par son union avec la Neste de Louron, à 700 m seulement d'altitude; car en 35 ou 40 km au plus, le torrent s'est incroyablement abaissé : de 3000 m dans les hautes neiges à 2120 m dans le Cap-de-Long, comme dit ci-dessus, à 900 m au confluent du Rieumajon, enfin à 700 ou un peu moins à l'union avec cette dernière Neste, longue de 30 km en un bassin de 17.781 hectares, la Grande Neste en ayant déversé 36.000, la Petite Neste est donc à la Grande dans le rapport de un à deux. Elle est faite de sous-nestes dont une dort à 2164 m dans le lac Caillaouas (39 hectares, 100 m. de profondeur); elle passe à Bordères; sa vallée est franchement dirigée vers le Nord, elle est ample et lumineuse. Au-dessous d'Arreau, plus de véritable affluent, rien que des rus sans force, sans vertu. Heureusement que déjà la Neste est très puissante eu égard à la, faible étendue de sa conque, qui n'est même pas de 55.000 hectares à Arreau. Elle peut descendre à moins de 7 mètres cubes par seconde, voire à 6, peut-être à 5, en novembre, décembre, janvier, février, mais aussi pendant un autre tiers de l'année elle en débite de 13 à 33, plus de 33 pendant un troisième tiers, et la moyenne annuelle arrive à 25 par seconde. Au-dessous du canal de Sarrancolin, la Neste vire à l'Est (comme le Gave à l'Ouest, à Lourdes); elle coule au pied de la Barthe-de-Neste, de Saint-Laurent et heurte la rive gauche de la Garonne, par 400 m au-dessus du niveau de la mer, au bas de la haute colline que la ville de Montréjeau couronne. Les
autres rivières.
La Save, affluent gauche de la Garonne, passe presque aussitôt en Haute-Garonne, ainsi que son tributaire gauche, la Gesse : nées toutes deux dans les landes de Pinas et de Lannemezan, elles reçoivent chacuone du canal de la Neste 465 litres par seconde; l'Arrats, qui n'a guère que sa source dans les Hautes-Pyrénées et pénètre immédiatement dans le Gers, reçoit également 465 litres; le Gers en tire 930 litres par seconde; son cours dans le département est de 37 à 38 km, son bassin de 12.703 hectares; il passe à 3 km à l'Est du bourg de Castelnau-Magnoac; la Baïse-Devant, dotée de 375 l/s., est la rivière de Trie; elle quitte les Hautes-Pyrénées pour le Gers au bout de 33.800 m en un bassin de 30.263 hectares; la Baïsolle, pourvue aussi de 375 litres/s, serpente au bas de Galan et arrive dans le département du Gers à l'issue des 8414 hectares d'un bassin très étroit où sa course est de 38.400 m. La Baïse-Derrière sinue au bas de ce même bourg de Galan, situé de la sorte sur une colline entre deux riviérettes; cours en Hautes-Pyrénées, 29.300 m; bassin tout en longueur, 10.062 hectares. Passage subséquent dans le département du Gers. Dotation, 375 l/s. Baïse-Devant, Baïsolle, Baïse-Derrière formant ensemble la Baïse, long affluent gauche de la Garenne, il s'ensuit que ladite Baïse emprunte au canal de Sarrancolin trois fois 375 litres par seconde, soit 11225 l/s. ClimatLe département des Hautes-Pyrénées est coupé par le 43e degré de latitude ; il est donc un peu plus rapproché de l'équateur que du pôle, presque au centre de la zone tempérée, et à peu de distance de l'océan Atlantique, dont les vents adoucissent et égalisent la température. Si donc le département se trouvait tout entier à un niveau voisin de celui de la mer, il jouirait tout entier aussi du climat modéré, doux, agréable, qu'on désigne sous le nom de climat girondin; mais la région méridionale est couverte de hautes montagnes toujours enneigées; le climat des Hautes-Pyrénées est donc composé de plusieurs zones échelonnées, depuis les températures de la Sibérie jusqu'au tiède climat de la France méridionale.Dans la plaine, les étés sont chauds, les automnes magnifiques, les hivers très doux et les printemps souvent pluvieux. La quantité de pluie qui tombe annuellement à Tarbes est de 80 à 90 centimètres, et la température moyenne y est de + 15°C environ. Sur le plateau de Lannemezan, l'été ressemble à celui de la plaine, et ne s'en distingue que par une plus grande sécheresse du sol; mais l'hiver est beaucoup plus rude. Les neiges y sont souvent abondantes. Dans la région montagneuse, les basses vallées jouissent d'un admirable climat. Les chaleurs de l'été y sont modérées par la brise qui souffle en montant ou en descendant dans le sens de la vallée, et en hiver l'abaissement de la température est beaucoup moins marqué que l'altitude ne le ferait supposer. Les bassins d'Argelès, de Luz, de Bagnères, d'Arreau, sont comme de vastes réservoirs d'air tiède que la neige entoure, mais où elle descend rarement. Plus haut, le climat devient sévère, la température moyenne décroît rapidement et les inégalités sont plus sensibles. Vers 1000 ou 1200 mètres, les hivers sont longs et très froids; audessus, ils deviennent terribles. Barège est alors enseveli dans la neige, parfois jusqu'au premier étage des maisons. Sur le sommet du Pic du Midi, le thermomètre a enregistré des températures de -37 °C, presque le degré de congélation du mercure. La quantité d'eau atmosphérique déversée sur les hautes montagnes en pluie ou en neige dépasse de beaucoup la moyenne des plaines. Au Pic du Midi il tombe déjà annuellement une tranche de plus de 2 mètres d'eau, et sur les grands sommets de Gavarnie ou du Vignemale la moyenne doit approcher de 5 mètres, quatre fois autant que dans la plaine de Tarbes. Cette abondante précipitation d'humidité et le froid des hautes régions amènent sur les principales cimes la formation de grands amas de neiges que la tiédeur des jours d'été transforme en glaciers. Les principaux, dans le département, sont ceux du Balaïtous, du Vignemale, du Gabietou, du Taillon, de la Brèche de Roland ; puis ceux qui recouvrent les cimes de Gavarnie et les flancs du Marboré; ceux du Pic-Long, de Néouvielle, de Troumouse; enfin les beaux glaciers des Gourgs-Blancs et de Clarabide, sur les limites de la Haute-Garonne. C'est à peu près le tiers des glaciers pyrénéens, dont les plus grands sont en Espagne, au sud de la ligne de faîte. Curiosités naturellesUn pays de montagnes comme les Hautes-Pyrénées ne peut manquer de présenter dans ses régions élevées de nombreuses curiosités, et il serait même impossible de les énumérer toutes. La plaine est beaucoup moins riche en merveilles naturelles, et le plateau du Lannemezan n'en présente pas d'autre que sa contexture même et sa disposition générale.Dans la région pyrénéenne, un grand nombre de pics dominent des panoramas grandioses. On peut citer entre autres le Pimené (2803 mètres), le Bergonz (2070 mètres), le Pic de Nére (2401 mètres), le Monné de Cauterets (2724 mètres) et surtout le Pic du Midi de Bigorre, qui est certainement un des plus beaux belvédères de l'Europe. Les pics de Néouvielle (3092 mètres), Long (3194 mètres), le Vignemale (3298 mètres), le Taillon (3146 mètres), sont de plus difficile accès; le Balaïtous (3146 mètres) est considéré comme l'un des pics les plus difficiles des Pyrénées. Parmi les cols, ceux de Riou, au-dessus de Cauterets, d'Aspin, entre Bigorre et Arreau, de Gavarnie, sur la frontière, offrent de belles vues et sont faciles à atteindre. Les cols ou ports de Clarabide et de la Pez, d'où la vue plane sur les cimes espagnoles des Posets (3367 mètres), sont plus difficiles. La Brèche de Roland (2804 mètres) est une magnifique coupure, défendue par un glacier. Les cirques sont sublimes. On en compte trois dans le département : ceux de Gavarnie, d'Estaubé et de Troumouse. Chacun d'eux correspond à un cirque jumeau sur le versant opposé; les montagnes européennes n'ont rien de plus saisissant que ce massif, haut de plus de 3300 mètres « dont les larges assises s'élancent en tours, s'alignent en murailles, se courbent en amphithéâtres où la main des géants semble avoir appliqué l'aplomb et le cordeau », et dont les terrasses, chargées de glace et de neige, laissent tomber les plus hautes cascades de l'Europe. Les glaciers du Vignemale et du Gabiétou méritent d'être cités, le premier pour ses crevasses, le second pour ses aiguilles de glace. A ces deux points de vue, le glacier des Gourgs-Blancs est à peine inférieur à l'un ou à l'autre. Les lacs dignes d'une visite sont innombrables. Ceux du massif de Néouvielle sont les plus beaux et les plus nombreux; toutefois le lac de Gaube, dans lequel se mire le Vignemale, et le lac Caillaouas, qui reflète les glaces des Gourgs-Blancs, ont aussi leur beauté particulière. Au point de vue orographique, les lacs d'Estom, étagés comme des vasques superposées, ou le lac de Lourdes, formé par les rejets des anciens glaciers en dehors de la montagne, sont extrêmement curieux. Les petites curiosités, grottes, échos, ponts naturels, etc., passent inaperçues dans un pays de hautes montagnes; cependant on peut citer le puits de Saoule, où se perd la rivière de l'Ourse, dans la vallée de Barousse, et celui de la Pindorle, près de Bagnères-de-Bigorre, dont le fond est toujours recouvert de glace. On parlait beaucoup autrefois des ponts de neige de Gavarnie, longues galeries de neige durcie sous lesquelles roule le Gave; mais depuis qu'on s'est approché des vrais glaciers, les ponts de neige sont à peu près tombés dans l'oubli. De toutes les merveilles naturelles du département, la plus admirable est certainement la vue des montagnes depuis les plaines, et en particulier des environs de Tarbes. Illuminée par le soleil du midi, vêtue de forêts, bleuie par la distance et couronnée de neiges, la muraille des Pyrénées semble deux fois plus haute qu'elle ne l'est en réalité. (A. Joanne). |
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