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Dicéarque

Dicéarque est connu comme philosophe, historien et géographe. La date de sa naissance, assez incertaine, peut être placée en 347 av. J.-C. et celle de sa mort, non moins incertaine, en 285 av. J.-C. Il naquit à Messine d'un certain Pheidias, mais il vécut surtout en Grèce et, en particulier, dans le Péloponnèse. Il fut un des jeunes disciples d'Aristote dont il suivit les leçons en même temps qu'Aristoxène et il se lia d'amitié avec Théophraste auquel il dédia sa description de la Grèce. Dicéarque jouit dans l'Antiquité d'une très grande réputation comme savant et comme écrivain.

Il écrivit beaucoup et sur des sujets très différents : géographie, histoire, politique, philosophie. Nous n'avons aujourd'hui de son oeuvre qu'une idée assez peu précise; nous n'en pouvons que très approximativement mesurer l'étendue et la variété. Nous ne possédons de lui, en effet, que des fragments et des titres; or, les fragments sont trop courts pour nous permettre autre chose qu'une conception assez générale de l'ouvrage auquel ils ont appartenu et les titres pourraient bien, pour la plupart, n'être que des sous-titres, des têtes de chapitres. Voici néanmoins aussi exactement que possible le classement et l'énumération des principales oeuvres de Dicéarque :

Il avait écrit un traité, dont le titre est inconnu, sur la hauteur des montagnes du Péloponèse et peut-être aussi des montagnes d'autres pays (Suidas, I, Pline, H. nat., 11, 65; Geminus, Elem. astr., 14). Il avait, sous le titre de Tour du monde (Lydus, De Mens., p. 98, 17, éd. Bekker), donné l'explication de cartes géographiques du monde connu, cartes mentionnées par Cicéron (Ad Att., VI, n, 3) ; il avait également publié une description de la Grèce, mais les cent cinquante vers iambiques que nous avons, portant ce titre et attribués à Dicéarque, ne sont certainement pas de notre auteur.

Sa Vie des Héllènes était une oeuvre à la fois géographique, politique et morale : elle était divisée en trois livres : le premier, contenant l'histoire et la description géographique de la Grèce, servant d'introduction aux deux autres; le second exposait la situation des différents États grecs; le troisième était un tableau de la vie privée des citoyens de ces différents États, avec des détails sur les théâtres, la religion  (La Religion grecque), les concours publics, etc. La descente dans l'antre de Trophoniuspeut aussi être considéré comme un ouvrage géographique ; l'auteur y protestait contre la licence des prêtres de Trophonius, à son époque. Le Peri  tes en Iliô thysias appartient encore à la catégorie des ouvrages historiques: il traitait des sacrifices offerts à Troie par Alexandre le Grand (Athénée, XIII, p. 603). LeTripolitikos; (Ath., IV, p. 141, A) avait un caractère historico-politique; il avait probablement pour objet l'étude d'un gouvernement mixte, celui de Sparte, par exemple, dans lequel l'aristocratie, la monarchie, la démocratie étaient réunies. Cet ouvrage, sur le modèle duquel Cicéron voulait écrire son traité sur la Gloire, était probablement sous forme de dialogue (Cic., Ad Att., XIII, 30). 

Dicéarque avait écrit aussi deux grands ouvrages philosophiques, mentionnés par Cicéron : l'un en trois livres, intitulé Lesbiakoi, avait pour objet de démontrer que l'âme est mortelle; l'autre, en trois livres également, continuait, sans doute, le précédent sous le titre de Korinthiakoi. En dehors de ces ouvrages, les auteurs anciens citent encore un certain nombre de productions qu'ils attribuent à Dicéarque, mais les témoignages que nous possédons à leur sujet sont trop vagues, trop courts et trop discutés pour mériter l'attention : on les trouvera dans le recueil des fragments de Dicéarque.

Il est assez difficile de se faire une opinion sur cet auteur : les anciens l'ont beaucoup loué et se sont beaucoup servi de ses travaux à ce qu'il semble; toutefois Polybe et Strabon ont, sur certains points, critiqué ses ouvrages géographiques (Strabon, II, p. 104; III, p.170), et les fragments de ses oeuvres ne nous permettent guère de trancher la question. (S. D.).

Comme philosophe, Dicéarque, disciple d'Aristote, vers 320 av. J: C., soutenait comme Aristoxène, son condisciple, que l'âme n'est pas un principe, une essence distincte du corps; elle n'est pas le produit du mélange des éléments matériels, l'harmonie qui en résulte. Elle ne se distingue pas de cette force qui est répandue en toutes choses et anime les êtres vivants. Aussi est-elle présente dans toutes les parties du corps et il ne reste rien d'elle après la mort. C'est le pur matérialisme. Cicéron nous apprend en outre que Dicéarque estimait la philosophie pratique bien plus que la science pure.  (V. Br).



Éditions anciennes - Les fragments que nous avons de ses oeuvres ont été publiés par H. Estienne avec notes de Casaubon (Paris, 4589), par Heinsius (Leyde, 1613, 3 vol.), et encore par Fuhr (Darmstadt, 1841) et par Müller (Fragm. hist. Graec., II). 
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