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Cyrano de Bergerac

Savinien de Cyrano de Bergerac est un écrivain français, né à Paris le 6 mars 1619, mort en 1655. Fils d'Abel de Cyrano, sieur de Mauvières, écuyer, et de dame Espérance Bellanger. Il fit ses humanités au collège de Beauvais, où le docte Jean Grangier, qu'il ridiculisa dans sa comédie du Pédant joué, lui enseigna la rhétorique. Lorsqu'il eut terminé ses classes, Cyrano mena à Paris une singulière existence, alliant à un libertinage effréné les plus fortes études, suivit avec Chapelle et Molière les conférences philosophiques de Gassendi, fréquenta Campanella et Michel de Marolles, dont les entretiens exercèrent une influence considérable sur son esprit.
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Cyrano de Bergerac.
Savinien Cyrano de Bergerac (1619-1655).

Vers 1638, il entra dans la compagnie des gardes, ou il se fit une renommée de ferrailleur, tint campagne contre les Allemands à Mouzon (1639), fut blessé d'un coup de mousquet, figura au siège d'Arras (1640), fut encore blessé d'un coup d'épée à la  gorge, et, dégoûté de la carrière militaire, quitta le service en 1641. Depuis cette date, sa vie n'est guère connue. Il eut des querelles et des duels innombrables, se brouilla tour à tour avec Molière, avec Scarron, avec Loret, avec Dassoucy, avec Montfleury; bref, se rendit insupportable à toute la gent littéraire et même pourfendit, en un accès de fureur, le singe de Brioché, aventure qui donna lieu à la relation burlesque bien connue : Combat de Cyrano de Bergerac contre le singe de Brioché, au bout du Pont-Neuf
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Sonnet à Mademoiselle d'Arpajon

« Le vol est trop hardi que mon coeur se propose.
Il veut peindre un soleil, par les dieux animé, 
Un visage qu'Amour de ses mains a formé,
Où des fleurs du printemps la jeunesse est éclose;

Une bouche où respire une haleine de rose 
Entre deux arcs flambants d'un corail allumé; 
Un balustre de dents en perles transformé 
Au-devant d'un palais où la langue repose;

Un front où la pudeur tient son chaste séjour,
Dont la table polie est le trône du jour,
Un chef-d'oeuvre où s'est peint l'Ouvrier admirable.

Superbe, tu prétends par dessus tes efforts! 
L'éclat de ce visage est l'éclat adorable 
De son âme qui luit au travers de son corps. »
 

(Cyrano de Bergerac).

Il entra, en 1653, dans la maison du duc d'Arpajon comme secrétaire intime ou gentilhomme ordinaire, tomba bientôt gravement malade et se convertit, dit-on, à ses derniers moments, grâce aux prières de sa parente, la mère Catherine de Cyrano (Marguerite de Jésus), prieure des Filles de la Croix, qui le fit enterrer dans son couvent, rue de Charonne. 
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Cyrano va sur la Lune.
Cyrano montant à la Lune. (gravure de 1709).

Cyrano de Bergerac a passé, en son temps, pour un fou et un visionnaire: le désordre de sa vie et la singularité de ses oeuvres ont pu inspirer ce jugement, qui est loin d'être juste. C'est un auteur bizarre, si l'on veut, et désordonné, mais plein d'aperçus ingénieux et de pensées originales. Les plus illustres écrivains n'ont pas dédaigné de le mettre à contribution. Molière lui a pris les deux meilleures scènes des Fourberies de Scapin, Corneille a imité son Agrippine, Voltaire (Micromégas), Swift, dans Gulliver (Le Voyage à Laputa), Fontenelle (De la Pluralité des Mondes), et bien d'autres ont puisé à pleines mains dans son Voyage de la Lune et dans son Histoire comique des Etats du Soleil. (R. S.).

Dassoucy a laissé un portrait assez méchant, mais assez exact, de Cyrano : 

« Bergerac n'estoit ni de la nature des Lapons, ny de celle des géans. Sa tête paroissoit presque veuve de cheveux; on les eût comptez de dix pas. Ses yeux se perdoient sous ses sourcils; son nez, large par sa tige et recourbé, représentoit celuy de ces babillards jaunes et verds, qu'on apporte de l'Amérique. Ses jambes, brouillées avec sa chair, figuroient des fuseaux. Son esephage pagotoit un peu. Son estomach étoit une copie de la bedaine esopique. Il n'est pas vrai que notre auteur fut malpropre; mais il est vrai que ses souliers aimoient fort madame la boue; ils ne se quittoient presque point. »
 (Une biographie plus complète est donnée par Eugène Muller dans sa préface à l'Histoire comique).

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Un Défi aux dieux

« TERENTIUS.
Respecte et crains des dieux l'effroyable tonnerre.

SÉJANUS.
Il ne tombe jamais en hiver sur la terre.
J'ai six mois pour le moins à me moquer des dieux.
Ensuite je ferai ma paix avec les cieux.

TERENTIUS.
Ces dieux renverseront tout ce que tu proposes.

SÉJANUS.
Un peu d'encens brûlé rajuste bien des choses.

TERENTIUS.
Qui les craint, ne craint rien.

SÉJANUS.
Ces enfants de l'effroi,
Ces beaux riens qu'on adore, et sans savoir pourquoi, 
Ces altérés du sang des bêtes qu'on assomme,
Ces dieux que l'homme a faits, et qui n'ont point fait l'homme, 
Des plus fermes états ce fantasque soutien, 
Va, va, Terentius, qui les craint ne craint rien.

TERENTIUS.
Mais, s'il n'en était point, cette machine ronde....

SÉJANUS.
Oui, mais s'il en était, serais-je encore au monde. »
 

(Cyrano de Bergerac, extrait d'Agrippine).

 


En librairie - Cyrano de Bergerac, Oeuvres complètes, Belin 1985. - Ou bien chez Honoré Champion, 2000, 3 vol. : I - L'Autre monde, etc., II - Lettres, entretiens, mazarinades, III - Théâtre. - L'autre monde ou les états et les empires de la Lune, STFM, 1977. 

Jacques Prévot, Cyrano de Bergerac, poète et dramaturge, Belin, 2000. - Paul Mourousy, Cyrano de Bergerac, Illustre mais inconnu, Editions du Rocher, 2000. -  Willy de Spens, Cyrano de Bergerac, l'esprit de révolte, Le Rocher, 1989. - Rose-Marie Carré, Cyrano de Bergerac : Voyages imaginaires à la recherche de la vérité humaine, Lettres modernes Minard, 1977. 

Paul Féval, D'Artagnan contre Cyrano, Omnibus, 2002. - Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, nombreuses éditions, par ex. Le Livre de Poche. 

- Cyrano, Histoire Comique des Etats et emprires de la lune et du Soleil, 1662.

Anciennes éditions. - La Mort d'Agrippine, tragédie (Paris, 1654, in-4; id., 1656, 1661, 1666, in-12); le Pédant joué, comédie (Paris, 1634, in-4; id., 1654, 1658, 1664, 1671, 1683, in-12 ; Lyon, 1663, in-12; Rouen, 1678, in-12); OEuvres diverses (Paris, 1654, in-4), comprenant les Lettres et le Pédant; Histoire comique ou Voyage dans la Lune (s. l. n. d., in-12), ou Histoire comique des Etats et Empires de la Lune (Paris, 1656, in-12; id., 1659, 1663, in-12); OEuvres diverses (Paris, 1661, in-12), comprenant les Lettres, le Pédant, l'Histoire de la Lune (Rouen, 1676, in-12); Nouvelles OEuvres, comprenant l'histoire comique des Estats et Empires du Soleil et autres pièces divertissantes (Paris, 1662, in-12; 1676, in-12); Nouvelles Oeuvres et Oeuvres diverses (Paris, 1662-1666, 5 part. en 1 vol. in-12); Oeuvres complètes (Lyon, 1663, 2 vol. in-12; Paris, 1676, 2 vol. in-12; Amsterdam, 1699, 2 vol. in-12, etc.); Oeuvres choisies (Toulouse, 1855, in-12, avec notice par Le Blanc); Histoire comique des Etats et Empires de la Lune et du Soleil (Paris, 1858, in-46, avec notice de P.-L. Jacob); Oeuvres comiques, galantes et littéraires (Paris, 1858, in-16, par le même), comprenant les Lettres diverses, les Lettres satyriques, les Lettres amoureuses, les Entretiens pointus, des Poésies, le Pédant joué et la Mort d'Agrippine; Voyages fantastiques (Paris, 1875, in-16, édit. Jouaust). On mentionne encore une Histoire de l'Etincelle qui a été perdue. 

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