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Clerselier

Claude Clerselier, né le 24 mars 1614, mort le 13 avril 1684, était un admirateur passionné de Descartes et son éditeur. Il était attaché à sa philosophie plus que le maître lui-même, disait-on au XVIIe siècle, il fut son ami et son confident, non moins dévoué à sa mémoire et au culte de ses oeuvres après sa mort qu'à sa personne pendant sa vie. Adrien Baillet (Vie de M. Descartes), exaltant ses services de traducteur, ses soins et ses libéralités d'éditeur, dit que Clerselier « passait pour le second auteur du cartésianisme ».

Fils de Claude Clerselier, secrétaire du roi, il fut lui-même avocat au parlement et l'un des riches bourgeois de Paris. Une de ses soeurs épousa Chanut, plus tard ambassadeur en Suède et zélé cartésien; il maria l'une de ses filles à Jacques Rohault, d'une modeste famille de Picardie, qui devint physicien illustre et l'un des piliers du cartésianisme. Bayle, dans ses Nouvelles de la République des Lettres (juin 1684), présente « le bon M. Clerselier » comme le plus dévot philosophe et le plus assidu à l'église, mais qui n'accordait pas au père Violier, aumônier de M. Chanut, que le cartésianisme ruinât le dogme de la transsubstantiation. ( Bayle [ibid., déc.] l'inscription funéraire pour Clerselier composée par Du Tot Ferrare, conseiller au parlement). 

L'ardent cartésien défendit Descartes dans des conférences particulières contre Roberval; il fut pour beaucoup, avec Chanut, dans les rapports suivis qui unirent Descartes et la reine Christine; il s'employa pour procurer la sépulture du philosophe, quinze ans après sa mort, à Sainte-Geneviève-du-Mont; il présida avec d'Alibert à cette imposante cérémonie, et il avait fourni au P. Lallemand, chancelier de l'Université, les mémoires pour l'oraison funèbre qu'un ordre survenu de la cour empêcha de prononcer. Bayle, Baillet, et le Dictionnaire Moreri d'après eux, lui attribuent l'inscription en latin gravée sur le tombeau de Descartes. La reine Christine le fit exhorter à écrire une vie de ce philosophe : c'est Baillet qui devait y pourvoir, en partie sur les manuscrits de Clerselier.

En 1647, il fit imprimer, avec la traduction française des Méditations de Descartes par le duc de Luynes, sa propre traduction des Objections et Réponses. Le Traité des passions, publié par Descartes en 1649, partit modifié, éclairci et augmenté d'un tiers sur le manuscrit primitif par son auteur, qui déférait en cela aux vues de Clerselier. Celui-ci revit et corrigea encore la traduction des Principes de la philosophie, en français, due à l'abbé Picot. Mais surtout Clerselier a publié, d'après les manuscrits envoyés de Suède par Chanut et bouleversés par, suite de leur naufrage en Seine, une importante partie des oeuvres posthumes de Descartes (avec préfaces et figures, aidé par J. Rohault et Louis de la Forge). Ce sont le Traité de l'homme et la Formation du foetus (1664) ; le Traité de la lumière ou du monde (1677), déjà paru, mais défectueux, en 1664; les trois inestimables volumes de Lettres de Descartes (Paris, 1667). C'est lui qui pressa vivement son gendre Rohault de mettre au jour les principes de physique qu'il avait jusque-là exposés dans des conférences; il publia en 1682 les oeuvres posthumes du même Rohault. (P. Souquet).

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