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La
région qui est aujourd'hui la Tanzanie a été habitée depuis
des millénaires. Les premiers habitants étaient des chasseurs-cueilleurs
tels que les Hadza et les Sandawe, dont les ancêtres vivaient dans la
région depuis des dizaines de milliers d'années. Vers 2000 av. JC, des
peuples bantous ont commencé à migrer vers
la région, et y ont apporté avec eux l'agriculture, l'élevage et la
métallurgie. Ces migrations ont entraîné la formation de nouvelles sociétés
agricoles et pastorales.
Dès le Ier millénaire, la côte tanzanienne était déjà un centre commercial prospère. Les marchands arabes et persans ont établi des comptoirs le long de la côte, notamment à Kilwa, Zanzibar, et Pemba. Ces interactions ont mené à la formation de la culture swahilie, un mélange d'influences africaines, arabes, et persanes, avec l'arabe comme langue véhiculaire. Le sultanat de Zanzibar, bien que plus connu pour sa période postérieure, a des origines qui remontent au début du deuxième millénaire avec les migrations persanes et arabes. Zanzibar est devenu un centre de commerce important, surtout pour le commerce des épices et des esclaves, ce qui en a fait un acteur majeur de la région. Kilwa Kisiwani, une île au large de la côte sud de la Tanzanie, est devenue l'une des plus importantes cités-États de la côte swahilie entre les Xe et XVe siècles. Kilwa contrôlait le commerce de l'or, de l'ivoire, et des esclaves avec l'intérieur de l'Afrique, et ses marchands commerçaient avec des régions aussi lointaines que l'Inde et la Chine. Avant les Européens sont arrivés, la Tanzanie intérieure était divisée en plusieurs royaumes et chefferies. Parmi les plus connus, le royaume de Zanaki, le royaume de Nyamwezi, et d'autres entités telles que les Chaga sur les pentes du Kilimandjaro. Le premier contact significatif avec les Européens a eu lieu en 1498 lorsque l'explorateur portugais Vasco da Gama a atteint la côte est-africaine. Les Portugais ont ensuite établi une série de forts et de comptoirs le long de la côte pour contrôler le commerce dans l'océan Indien. Le contrôle portugais a été contesté par les populations locales et par d'autres puissances étrangères. À la fin du XVIIe siècle, les Arabes omanais ont réussi à expulser les Portugais de la plupart des régions de la côte est-africaine, et Zanzibar est devenu un sultanat sous domination omanaise. Sous les Omanais, Zanzibar est devenu un centre majeur du commerce des esclaves. Les esclaves étaient capturés à l'intérieur des terres et transportés vers la côte pour être vendus aux marchés du Moyen-Orient, de l'Inde, et plus tard, des plantations de l'océan Indien. En 1804, Sayyid Saïd devint le Sultan d'Oman et se concentra sur le développement de Zanzibar. Il fit de Zanzibar la capitale de son sultanat en 1840, transformant l'île en un centre commercial prospère pour les épices et les esclaves. Les commerçants swahilis et arabes ont organisé des caravanes vers l'intérieur de l'Afrique pour échanger des produits tels que l'ivoire et les esclaves contre des marchandises manufacturées et des armes. Ces réseaux commerciaux ont atteint des régions aussi éloignées que le lac Tanganyika et les Grands Lacs africains. Au XIXe siècle, les explorateurs européens tels que Richard Burton, John Hanning Speke, et David Livingstone ont exploré l'intérieur de la Tanzanie, ouvrant la voie à l'intérêt colonial européen pour la région. À partir des années 1880, l'Empire allemand a commencé à coloniser le Tanganyika (la Tanzanie continentale d'aujourd'hui). En 1885, l'Allemagne déclara un protectorat sur la région, établissant officiellement la colonie de l'Afrique orientale allemande. Les Allemands imposent leur administration coloniale, construisent des infrastructures comme les chemins de fer, et exploitent les ressources naturelles du pays. La répression coloniale atteint son paroxysme avec la révolte Maji Maji (1905-1907), une insurrection massive contre les politiques coloniales allemandes. Le soulèvement est violemment réprimé, causant la mort de milliers de Tanzaniens. Après la Première Guerre mondiale, l'Allemagne perd ses colonies, et le Tanganyika est placé sous mandat de la Société des Nations et plus tard de l'ONU, sous administration britannique. La colonisation britannique est moins brutale que la domination allemande, mais elle reste exploitante et paternaliste. Les Britanniques poursuivent le développement des infrastructures et des plantations agricoles, notamment pour la production de sisal, de coton et de café. Cependant, les bénéfices de ces activités profitent principalement aux colons européens. La lutte pour l'indépendance est menée par le Tanganyika African National Union (TANU), un parti politique fondé en 1954 par Julius Nyerere. Nyerere, un intellectuel formé au Royaume-Uni, prône l'indépendance pacifique par le dialogue et la mobilisation de masse. Le TANU remporte les élections législatives de 1958 et 1960, affirmant ainsi sa popularité et son influence. Le mouvement pour l'indépendance gagne en force, et les Britanniques acceptent progressivement de transférer le pouvoir aux Tanzaniens. Le 9 décembre 1961, le Tanganyika accède à l'indépendance avec Julius Nyerere comme Premier ministre. Le pays devient une république en 1962, et Nyerere en devient le premier président. L'île de Zanzibar, un ancien sultanat sous protectorat britannique, obtient son indépendance en décembre 1963. Cependant, en janvier 1964, un soulèvement populaire renverse le sultan de Zanzibar et tue ou expulsa de nombreux Arabes et Indiens qui avaient dominé les îles pendant plus de 200 ans. Plus tard cette année-là , le Tanganyika et Zanzibar fusionnent pour former la République-Unie de Tanzanie, avec Julius Nyerere comme président, mais Zanzibar conserve une autonomie considérable. Leurs deux partis au pouvoir s'associeront pour former le parti Chama Cha Mapinduzi (CCM) en 1977. L'union est vue comme une manière de renforcer l'unité nationale et de stabiliser la région. Nyerere devient un leader respecté en Afrique et à l'international, prônant le panafricanisme et soutenant les mouvements de libération en Afrique australe, notamment en Mozambique, en Rhodésie (Zimbabwe), et en Afrique du Sud. En 1967, Nyerere lance la Déclaration d'Arusha, qui établit le socialisme africain ou Ujamaa (famille élargie en swahili) comme idéologie officielle. Cette politique met l'accent sur l'auto-suffisance, la collectivisation des villages, et la nationalisation des industries clés. L'Ujamaa vise à éradiquer la pauvreté et les inégalités en renforçant les communautés rurales. Cependant, malgré de bonnes intentions, la mise en oeuvre de l'Ujamaa conduit à des inefficacités économiques, à des pénuries alimentaires, et à une dégradation des infrastructures. Les années 1970 et 1980 sont marquées par des crises économiques sévères, exacerbées par la chute des prix des matières premières, la mauvaise gestion économique, et les conséquences des politiques de l'Ujamaa. Le pays connaît également des conflits frontaliers, notamment avec l'Ouganda en 1978-1979, lorsque les forces tanzaniennes renversent le dictateur ougandais Idi Amin Dada. En 1985, Julius Nyerere se retire volontairement de la présidence, passant le relais à Ali Hassan Mwinyi. Cette transition marque le début d'une série de réformes économiques libérales qui visent à redresser l'économie tanzanienne. Mwinyi amorce la libéralisation de l'économie, encourageant le secteur privé et l'ouverture aux investissements étrangers. Sous Mkapa, la Tanzanie joue aussi un rôle important dans la revitalisation de la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE), une organisation intergouvernementale visant à promouvoir l'intégration régionale entre la Tanzanie, le Kenya et l'Ouganda. Cette initiative permet de stimuler le commerce et la coopération entre les États membres. En 1992, sous la pression des Tanzaniens et de la communauté internationale, la Tanzanie abandonne le système de parti unique et adopte le multipartisme. Les premières élections multipartites ont lieu en 1995, et Benjamin Mkapa du CCM (Chama Cha Mapinduzi, le parti au pouvoir) est élu président. Sous Mkapa, la Tanzanie continue sur la voie des réformes économiques, notamment en privatisant des entreprises publiques, en réduisant la dette extérieure, et en améliorant la gestion financière. Ces réformes, soutenues par le FMI et la Banque mondiale, stabilisent l'économie et attirent des investissements étrangers. Malgré les progrès économiques, la Tanzanie reste confrontée à la pauvreté, au le chômage et à la lutte contre le VIH/SIDA, qui affecte gravement la population dans les années 1990. En 2001, 35 personnes à Zanzibar sont tuées lorsque des soldats ont tiré sur des manifestants après les élections de 2000. Jakaya Kikwete, élu président en 2005, maintient les réformes économiques de son prédécesseur tout en mettant l'accent sur le développement des infrastructures, l'éducation et la santé. Sous son mandat, la Tanzanie connaît une croissance économique robuste, avec un PIB en hausse constante, principalement tiré par les secteurs des services, du tourisme, et des mines (notamment l'or et le gaz naturel). Kikwete s'engage également à améliorer les conditions sociales, avec des initiatives pour réduire la pauvreté, améliorer l'accès à l'éducation, et lutter contre le VIH/SIDA. Cependant, malgré les efforts, les inégalités économiques et la pauvreté restent des défis majeurs. La corruption demeure un problème persistant, bien que des mesures soient prises pour y remédier. Le gouvernement de Kikwete fait face à des critiques croissantes pour son incapacité à éradiquer complètement la corruption et à renforcer les institutions démocratiques. John Magufuli, élu en 2015, se distingue rapidement par son approche énergique et parfois autoritaire de la gouvernance. Surnommé le Bulldozer, Magufuli se concentre sur la réduction des dépenses publiques inutiles, l'amélioration de l'efficacité des services publics, et la lutte contre la corruption. Son style de gouvernance direct et ses actions pour réduire le gaspillage public lui valent une popularité initiale. Il met en oeuvre des projets d'infrastructure ambitieux, comme la construction d'un nouveau chemin de fer standard (Standard Gauge Railway) et le développement de l'énergie hydroélectrique, dans le but de transformer la Tanzanie en un pays à revenu intermédiaire. Sous sa direction, la Tanzanie atteint le statut de pays à revenu intermédiaire inférieur en 2020, une réalisation importante pour le pays. Toutefois, le mandat de Magufuli est également marqué par une répression accrue des libertés démocratiques. Les opposants politiques, les médias et les organisations de la société civile subissent des pressions croissantes, avec des restrictions sur la liberté d'expression et des élections critiquées pour leur manque de transparence. Pendant la pandémie de covid-19, Magufuli adopte une approche controversée, minimisant la gravité du virus et évitant les mesures sanitaires recommandées par la communauté internationale. Cette approche soulève des préoccupations tant au niveau national qu'international. En mars 2021, John Magufuli décède soudainement. Les circonstances entourant sa mort restent floues. Samia Suluhu Hassan, vice-présidente sous Magufuli, devient la première femme présidente de la Tanzanie après la mort de Magufuli en 2021. Son accession au pouvoir est perçue comme une opportunité pour le pays de s'orienter vers un leadership plus inclusif et modéré. Samia Suluhu Hassan adopte une approche plus pragmatique face à la pandémie de covid-19, en prenant des mesures pour renforcer la réponse sanitaire du pays et en rétablissant les relations avec la communauté internationale. Elle annonce également une révision des politiques de Magufuli et une ouverture au dialogue avec l'opposition. Sous son leadership, la Tanzanie continue de chercher à attirer les investissements étrangers et à développer les infrastructures. Hassan s'efforce également de renforcer les relations diplomatiques avec les pays voisins et les partenaires internationaux. Samia Suluhu Hassan doit encore faire face à la gestion des inégalités économiques, à la lutte contre la corruption et à la consolidation de la démocratie dans un pays marqué par des années de gouvernance autoritaire. |
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