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La Finlande au Moyen Âge
La Finlande fut totalement ignorée des anciens, bien qu'ils paraissent avoir connu les Fenni ou Finnois. Elle fut d'abord habitée par les Lapons; les Finnois ou Tchoudes vinrent l'occuper à une époque incertaine et refoulèrent les Lapons au Nord. Aux Xe, XIe, XIIe siècles, les populations qui l'habitaient formaient autant de petits Etats indépendants. 

Les Suédois (La Scandinavie au Moyen âge) en firent la conquête en 1157, sous Éric le Saint, et y introduisirent le christianisme. L'histoire est mieux connue à partir de cette époque. La possession de cette province fut longtemps disputée entre les Suédois et les Russes; la paix de Viborg (1609) et celle de Stolbova (1617) l'assurèrent à la Suède.

L'évangélisation de la Finlande

On peut faire débuter le Moyen âge finlandais quand l'ancienne religion finnoise commence à subir l'évangélisation, à la suite de la croisade conduite dans ce pays, vers 1156, par le roi de Suède Erik Jedvardsson, dit le Saint, et l'Anglais saint Henri, évêque d'Upsala, qui s'établit en Finlande, y fut martyrisé (1158) et en devint le patron au temps du catholicisme. Son successeur Rudolf fut également mis à mort (1178) et la colonie chrétienne eut à lutter non seulement contre les païens qui, malgré leurs divisions, étaient en état de porter la guerre jusque dans le Maelare où ils détruisirent Sigtuna (1187), mais encore contre les Russes de Novgorod qui, avec le concours de leurs néophytes les Karjalais, ravagèrent le Haemeenmaa ou Tavastland en 1186, 1191, 1198, 1227, et anéantirent des flottilles suédoises dans les eaux du Ladoga (1164 et 1228) et dans la Neva, déversoir de ce lac (1240). Aussi, vers 1237, les catholiques du Haemeenmaa, se voyant mal protégés par la Suède, renièrent-ils l'Évangile et immolèrent-ils des chrétiens dans les bocages qui avaient été les sanctuaires de leurs ancêtres. Les chrétientés, à peine relevées et accrues par l'énergique évêque d'Abo, le dominicain Thomas (de 1220 à 1245 environ), furent de nouveau ruinées, tandis que les missionnaires de Novgorod faisaient des progrès chez les Karjalais qui, dès 1227, furent presque tous baptisés. La Finlande eût dès lors été conquise, au moins en partie, par les Russes sans l'invasion mongole (La Horde d'or) qui les rendit tributaires du khanat de Kiptchak (1240).

Les Suédois  (La Scandinavie au Moyen âge) mirent les circonstances à profit : leur chef, Birger Jarl, fit une croisade en Finlande (1249-1250), soumit de nouveau les Hamaelaeis, fonda la ville de Tavastehus pour les contenir et sans doute aussi pour résister aux Novgorodiens qui continuaient de repousser les incursions des Suédois ou en faisaient eux-mêmes en Tavastland (1256,1292) et aussi en 1278 chez les Karjalais devenus leurs adversaires. Afin de consolider la domination suédoise au delà du Kymmene et jusque dans le bassin du Ladoga, Tyrgils Knutsson, connétable du roi Birger Magnusson, fonda en 1293 les forteresses de Viborg et de Kaekisalmi ou Kexholm; en outre, pour commander les voies d'eau qui conduisaient à Novgorod, Landskrona sur l'emplacement actuel de Saint-Pétersbourg; mais les Russes détruisirent la seconde en 1295, la troisième en 1301, et brûlèrent Abo, ainsi que la forteresse épiscopale de Kuustae en 1348. Sous la médiation des Hanséates de Visby, dont ces luttes perpétuelles gênaient le commerce, la paix fut conclue le 12 août 1323 à Noeteborg (en finnois Paehkinaessaari, en allemand Schlüsselburg, en russe Orekhovets). Ce traité, qui établissait la liberté de navigation dans la Neva, attribuait à la Suède trois bailliages de la Karélie et laissait à Novgorod le reste de ce pays et une partie du Savolaks; la limite entre les deux États passait par le Systerbaeck, le Sai, le Vuoksi supérieur, le Saimaa, le Haukivesi, d'où elle gagnait la mer de Kajana (golfe de Botnie? mer Blanche?) L'Oesterland (pays de l'Est ou situé à l'Est de l'Oestersjoe ou Baltique) était ainsi constitué par l'agrégation des Haemaelaeis, de la plupart des Savolais et de la moitié des Karjalais aux descendants des anciens Ruotsalais et aux colons suédois. On commençait à l'appeler Finlande et à donner à celle-ci le titre de duché à partir de 1284

Le duché de Finlande

Ce vaste territoire qui s'étendait vers le Nord jusqu'à Tornea, ne formait qu'un seul diocèse; il fut donné en fief le plus souvent à des princes de la famille royale, et administré par les gouverneurs des châteaux d'Abo pour la Finlande propre, le Satakunta et l'archipel d'Åland; de Tavastehus pour le Tavastland et de Viborg pour le Nyland, la Karélie et le Savolaks. Les habitants, bien que incorporés à la Suède et en cette qualité affranchis du servage par Magnus Eriksson (1335), avaient leurs lois spéciales : le jus suecicum pour les établissements suédois, le jus finnicum pour le Tavastland, le jus helsingonicum pour le Nyland et le jus carelicum pour la Karélie. Les déserts de la Botnie orientale, parcourus par les Lapons nomades, étaient livrés à une compagnie de marchands nommés Birkarls, qui s'y maintinrent jusqu'à l'occupation du pays par des colons suédois, haemaelaeis et karjalais. En 1362, Magnus Eriksson et son fils Haakon octroyèrent au lagman (grand juge) de la Finlande le droit rarement exercé de prendre part à l'élection du roi de Suède. 

Le système féodal commença de se développer vers la fin du XIVe siècle. Le paiement de la dîme en produits de l'agriculture, de la chasse ou de la pêche, selon les contrées, fut réglé à partir de 1329, et le régime ecclésiastique sagement organisé par l'évêque Hemming (1338-1366), qui fut béatifié en 1499.

Les hostilités avec les sujets de Novgorod recommencèrent en 1337-38, en 1348, en 1350-51, et finirent sans résultats. Les Vitaliens, qui avaient fait des récifs de la Finlande des repaires de corsaires (1392), n'en furent expulsés qu'en 1399 par les efforts combinés des Hanséates et de Marguerite, la fondatrice de l'Union de Kalmar . Pendant le premier siècle de cette union si souvent troublée, les gouverneurs et autres potentats de la Finlande firent cause commune tantôt avec les Danois, tantôt et le plus souvent avec les Suédois, sans que le pays en éprouvât de grandes commotions. Sur les frontières de l'Est, les guerres de partisans alternaient avec les trêves de cinq à dix ans, mais le gouverneur de Viborg, Erik Axelsson Tott, ayant élevé la forteresse d'Olofsborg ou Nyslott (en finnois Savonlinna) dans le Savolaks novgorodien (1475-77), les incursions réciproques devinrent plus meurtrières, notamment en 1478-80; en 1495, où Knut Posse tint six semaines à Viborg contre 60 000 assiégeants et finit par les repousser; en 1496, où les croisés suédois, mal dirigés par le président de l'État, Sten Sture, ne purent empêcher les Moscovites de ravager la Karélie, le Savolaks et la moitié du Tavastland, en représailles de quoi ils saccagèrent Ivangorod dans l'Ingermanland. Les Finlandais, abandonnés par le président qui dut retourner en Suède où il fut déposé et remplacé par le roi Jean d'Oldenborg, mais qui obtint en fief le duché de Finlande (7 mars 1497), n'eurent plus qu'à traiter avec les Russes; les envoyés de l'évêque d'Abo, Magnus Stiernkors, et de Knut Posse, conclurent à Novgorod une trêve de six ans (3 mars 1497). Sten Sture, après avoir été réélu président (12 novembre 1501), eut à reconquérir la Finlande sur les feudataires du roi Jean. Lors de la déposition de Christian II, fils de ce dernier, le parti danois, sous l'habile direction de Séverin Norby, sut résister pendant deux ans (1521-23) à Gustave Vasa, dont les tentatives de réforme furent entravées par l'évêque élu d'Abo, Érik Svensson (1524-27), et par son pieux, mais faible successeur, Skytte (1528-1543).

Du Moyen Âge aux Temps modernes.

Les Finlandais ne demandaient pas de changement, pas plus en religion qu'en politiquee, et comme le fondateur de la dynastie des Vasa ne tenait qu'à s'approprier les biens de l'Église, sans en affecter une bonne part à l'entretien des écoles tombées en décadence depuis la laïcisation, le rituel fut d'abord seul modifié; l'esprit du peuple ne le fut que peu à peu, moins par les prédications de Peder Saerkilax (1525-29) que par les publications finnoises de M. Agricola qui devint évêque d'Abo (1554) lors du démembrement de ce diocèse (Viborg ayant été attribué à P. Juusten). Sous le règne de Gustave Vasa (1521-1560), la paix ne fut plus troublée en Finlande que par les intrigues de son beau-frère, le comte Jean de Hoja, gouverneur de Viborg et Nyslott (1534), par une émeute de paysans à Lappvesi, près de Villmanstrand (1550) et par une guerre avec la Russie (1554-56), pendant laquelle les Moscovites ne purent s'emparer de Vibor, ni les Suédois de Noeteborg. En créant de grands feudataires, ce prince avait attribué le duché de Finlande à son fils Jean qui travailla à en faire une principauté indépendant: et qui ayant épousé (1562) Catherine Jagellon, soeur du roi de Pologne Sigismond-Auguste, laissa la dot entre les mains de celui-ci, mais se fit donner en gage sept fortereses de la Livonie. Son frère et suzerain, Erik XIV, retardant comme une félonie cette alliance avec les Polonais, le fit condamner à mort par la diète de Stockholm (7 juin 1563) et, après la prise du château d'Abo, l'enferma à Gripsholm (1563-67) et réunit à la couronne le duché de Finlande. Jean, l'ayant supplanté (1569) avec l'aide de la noblesse, augmenta les privilèges de celle-ci et éleva son ancien fief au rang de grande-principauté (1581) sans réussir à la préserver des déprédations des Russes et même de ses propres soldats. Son fils Sigismond, roi de Pologne, qui lui succéda comme roi de Suède le 17 novembre 1592, conféra les pouvoirs les plus étendus (29 mai 1593) au gouverneur général de la Finlande, le connétable et amiral Clas Fleming, qui le soutint énergiquement contre son oncle le duc Charles de Saedermanland, chef du parti protestant et prétendant à la couronne. Tandis que celui-ci dominait en Suède, à titre de président de l'Etat, Fleming maintenait en Finlande le pouvoir royal, mais il eut à lutter contre les paysans de l'Oesterbotten, exaspérés par le cantonnement des militaires dans les villages et insurgés à l'intigation du duc Charles et du clergé protestant. Cette jacquerie, connue sous le nom de guerre des Gourdins, dura du 25 novembre 1596 au 24 février 1597 et coûta la vie à quelques milliers de pillards et d'incendiaires. Le successeur de Fleming, décédé le 13 avril 1597, Arvid Stâlarm, après avoir fait deux descentes infructueuses en Suède (juillet et octobre 1598), dut se soumettre au duc (septembre 1599) et fut condamné à mort, mais gracié (1600), tandis que beaucoup  de royalistes finlandais étaient exécutés.

Le duc, qui fut plus tard le roi Charles IX (1607), s'appliqua à panser les plaies que les invasions, les guerres et sa propre ambition avaient faites à la grande-principauté. A la suite de la diète d'Abo (1602), il rendit une ordonnance sur l'administraion, fonda les villes d'Uleâborg 1605), de Vasa (1606) et la forteresse de Kajaneborg (1607). Ses sages mesures pour la protection du peuple lui valurent le surnom de hyvae Kuningas (bon roi). Pendant l'insurrection tu faux Dmitri, il fournit au tsar Vasili Chouisky des troupes auxiliaires en partie composées de Finnois, qui s'avancèrent jusqu'à Moscou et à Smolensk (1610), et il recul jusqu'à Kexholm sur le Ladoga les limites de la Finlande, annexion que son fils et successeur (1611), Gustave-Adolphe, fit confirmer par le traité de Stolbova (févrrier 1617). Ce monarque ferma aux Moscovites la porte de la Finlande en s'emparant de Noeteborg sur la Neva et du reste de l'Ingermanland (1612).

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