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Jusqu'Ã
1748
Pendant que l'installation de Philippe
V, petit-fils de Louis XIV, sur le trône
d'Espagne, irrite et effraye les grandes
puissances, et altère en Occident l'équilibre européen, un nouveau trône
s'élève entre l'empire germanique, la Suède et la Russie
: Frédéric, duc de Prusse ,
électeur de Brandebourg, se couronne de ses mains à Koenigsberg .
Ce prince, quoique dénué d'instruction, révère Leibniz
et fonde l'académie de Berlin.
Le jeune roi de Suède, Charles XII,
menacé par l'ambition de ses voisins, commence sa carrière dans la violence
: il frappe le roi de Danemark, le roi de Pologne, Auguste de Saxe, et
fait roi à Varsovie le Polonais Stanislas Leckzinski. La bataille de Narva ,
perdue, ne décourage pas Pierre Ier
: le tsar s'installe près de la Baltique, dans les marais de la Néva;
son despotisme ne recule pas devant des pertes immenses d'humains et d'argent,
pour faire sortir de ce sol fangeux, pestilentiel, menacé de continuelles
inondations, une capitale, Saint-Pétersbourg ( L'Empire
de Pierre).
II parut bien, Ã la mort de Guillaume
d'Orange, l'ennemi persévérant de la France, que l'ébranlement causé
par l'élévation d'un Bourbon sur le trône de Madrid
était profond. La ligue contre Louis XIV ne
perd rien de ses forces ni de ses prétentions. Comme roi d'Angleterre,
Guillaume Ier a pour successeur Anne, fille
de Jacques II Stuart qui vient de mourir, et mariée
à un prince danois. Liée par le pacte constitutionnel, elle ne peut rien
pour les siens, elle continue la politique anglaise sur le continent et
sur, les mers, le général Marlborough gagne pour elle des victoires en
même temps que le prince Eugène de Savoie pour l'empereur : la réunion
définitive de l'Écosse à l'Angleterre par la fusion des parlements est
la réalisation d'une pensée nationale des Stuarts. Comme stathouder de
Hollande, Guillaume n'a pas de successeur : les républicains des Provinces-Unies
craignent que cette dignité ne se transforme en royauté; le grand pensionnaire
Heinsius leur suffit.
Louis XIV est
cruellement éprouvé dans les dernières années de son règne. La sagesse
dans les conseils, l'habileté dans l'administration ou dans le commandement
militaire, tout manque à la fois; les favoris gouvernent mal et perdent
les batailles; le roi commet tour à tour la faute de ne pas se fier assez
ou de se fier trop aux princes de son sang. L'Espagne, unie alors à la
destinée de la France, perd Gibraltar ,
où les Anglais posent un pied solide. Le Portugal ,
en haine du monarque français des Espagnols, se jette dans les bras de
l'Angleterre, dont l'influence sera plus durable et plus oppressive Ã
Lisbonne que celle de la France à Madrid,
car le mot prêté à Louis XIV : "Il n'y a plus de Pyrénées"
sera mis à néant par les susceptibilités légitimes du peuple espagnol.
L'année 1709 est fameuse par le désastre
de Malplaquet ,
par un rigoureux hiver, par la famine, par l'avènement du P. Letellier,
après le P. Lachaise, aux fonctions de confesseur du monarque septuagénaire.
La diplomatie hollandaise refuse une paix humiliante pour la France.
A l'autre extrémité de l'Europe, le héros
d'aventure, Charles XII, succombe Ã
Pultava : sa retraite chez les Turcs ( Le
déclin de l'Empire ottoman) lui donne un instant l'espoir de tourner
contre les Russes vainqueurs les forces de la Porte, mais le tsar Pierre
échappe au danger par le traité du Pruth, oeuvre hardie de sa femme Catherine
( La
Russie au XVIIIe siècle).
La mort de l'empereur Joseph Ier,
dont le successeur, l'archiduc Charles, prétendant depuis dix ans à la
couronne d'Espagne, est trop puissant maintenant aux yeux de l'Europe;
la disgrâce de Marlborough, les dispositions équitables des nouveaux
ministres tories ( Tories
et Whigs); la brillante victoire remportée à Denain par Villars,
donnent à la France la paix tolérable d'Utrecht. Le négociateur Torcy,
dernier ministre des affaires étrangères sous Louis
XIV, de l'illustre maison des Pompone et des Arnauld
qui sont mêlés à l'histoire du jansénisme ,
peut prendre rang à côté des de Lionne, des Colbert,
des Louvois, qui ont ouvert le grand règne.
Le traité d'Utrecht reconnaît Philippe
V roi d'Espagne, mais sans les Pays-Bas et l'Italie, qui demeurent
à l'Autriche; sans la Sicile, qui doit former un royaume pour la maison
ducale de Savoie. Cette royauté nouvelle gardera l'entrée des Alpes et
les passages de la Méditerranée contre l'ambition des Bourbons de France
et d'Espagne. A Utrecht, on allait reconnaître le premier roi de Prusse ,
qui avait été aussi un des ennemis de Louis XIV.
Le second, qui n'a pas le goût des lettres, par ses réformes militaires,
se met en état de soutenir la guerre et même d'entreprendre des conquêtes
: il prépare ainsi, à son insu, le succès d'un fils qu'il déteste.
Lorsque les hostilités cessent en Occident,
la bulle Unigenitus, dont les ministres de Louis
XIV imposent l'acceptation, ranime pour un demi-siècle les dissensions
religieuses. Jansénistes et molinistes,
évêques, parlements, universités, congrégations ecclésiastiques, se
jettent dans la mêlée. Ces débats, une dette publique énorme, une administration
livrée au favoritisme, tels sont les maux de la France, lorsque la mort
de Louis XIV fait roi un enfant de cinq ans, son arrière-petit-fils, seul
survivant d'une nombreuse et lignée royale. Anne
Stuart, la reine d'Angleterre est morte un an auparavant (1714)
: un prince allemand protestant, électeur de Hanovre, commence une nouvelle
dynastie qui subordonnera souvent la politique britannique à ses intérêts
sur le continent.
En Orient, les folies de Charles
XII profitent à tous les ennemis de la Suède. l'aventurier redevient
roi depuis le siège de Stralsund
qu'il ne peut cependant pas sauver.
Le traité d'Utrech n'est qu'une trêve
pour les Bourbons d'Espagne qui ne renoncent
pas à l'espoir de régner sur l'Italie comme autrefois les descendants
de Charles-Quint : c'est un but qu'ils poursuivront
pendant trente-cinq ans.
Diverses causes peuvent encore renouveler
la guerre en Occident. En France, l'annulation du testament de Louis
XIV par le parlement adonné la régence à Philippe, duc d'Orléans
: Philippe V d'Espagne, dominé par
l'orgueil de sa seconde femme, Élisabeth
de Parme ,
par les intrigues de son ministre le cardinal Alberoni,
prétend au titre de régent ou même de roi de France; le duc du Maine,
l'aîné des fils de Mme de Montespan, prince
légitimé, seconde la conspiration espagnole. Les prétentions de la famille
Stuart au trône d'Angleterre; l'alliance secrète, mais dévoilée, d'Alberoni
avec Charles XII, pour renverser la maison
de Hanovre, n'auront pas un résultat meilleur. George Ier
se fortifie en Angleterre par la suspension de l'Habeas
Corpus, par l'empire qu'il prend sur le parlement déclaré septennal;
au dehors il s'allie avec le régent de France, qui assume sur sa mémoire
la responsabilité des négociations de Dubois.
La mort de Charles
XII, qui sauve l'Europe de nouvelles craintes de guerre, délivre la
Suède d'un roi qui l'a réduite au dernier degré d'épuisement et de
servitude. Les nobles se vengent sur le baron de Goertz, principal ministre
de Charles; ils sentent la nécessité de tempérer la puissance souveraine
et ne défèrent la couronne à la soeur de Charles XII que par une élection
libre et en modifiant la forme du gouvernement; mais ils transportent tous
les pouvoirs dans le sénat, et par là préparent de longs troubles.
La France et l'Angleterre attirent à elles,
contre l'Espagne, la Hollande et l'Autriche;
le traité de Passarowitz termine à propos la guerre de l'empereur, uni
aux Vénitiens, contre les Ottomans
: le prince Eugène perd un théâtre de gloire. Philippe
V ne désarme les puissances alliées qu'en renvoyant Alberoni.
A l'intérieur, la régence du duc d'Orléans
est fameuse par les débauches de la cour; par l'insolence du parvenu Dubois
: par la déliquescence des moeurs, la subversion des fortunes, les fureurs
de l'agiotage, résultat de la confiance accordée au système de Law
(papier-monnaie); mais aussi, à quelques égards, par le progrès des
Lumières, par les encouragements donnés aux lettres, à l'industrie et
au commerce. La déclaration
de la majorité de Louis XV; le court ministère
d'abord de Dubois puis du duc d'Orléans; le gouvernement discutable du
duc de Bourbon, qui amène une rupture avec l'Espagne; le mariage du jeune
roi avec la fille d'un roi détrôné, Stanislas Leckzinski, remplissent
l'intervalle de la régence au ministère du cardinal Fleury.
La Russie
est le seul pays où le pouvoir réel soit alors exercé par le véritable
souverain. Pierre le Grand, souverain discutable
lui aussi par de nombreux aspects, s'est employé à rapprocher son pays
du reste de l'Europe, en y important l'industrie et les lumières de l'Occident
: mais ses voyages en Europe ne lui ont appris à être ni moins despote,
ni moins cruel; les moeurs sont plus difficiles à modifier que les lois
: le réformateur se fait le bourreau de son propre fils. Sa veuve Catherine
Ire se montre à la hauteur des défis
posés par la succession de Pierre Ier,
mais elle ne règne que deux ans ( Le
Printemps des tsarines).
Deux longs ministères commencent presque
en même temps. Dans un pays constitutionnel, en Angleterre, Walpole
fonde la politique intérieure sur la corruption; mais des guerres heureuses
dans le nouveau monde, les progrès toujours croissants de la marine illustrent
même alors le règne de George Il. En France, Fleury, premier ministre
à soixante-treize ans, suivra pendant dix-sept ans, jusqu'à sa mort,
ses immuables routines, son oppression et ses persécutions aussi polies
que sournoises; son amour aussi de la tranquillité, ne tiennent pas contre
les provocations des courtisans ou des négociateurs étrangers qui flattent
la vanité du ministre.
Les efforts tentés pour rendre la couronne
de Pologne au beau-père de Louis XV mettent
la France en guerre avec l'empire. Les Bourbons d'Espagne gagnent seuls
à cette lutte nouvelle; le royaume des Deux-Siciles
reste à l'infant Don Carlos; la maison de Savoie qui a dû, depuis quinze
ans, échanger la Sicile contre la Sardaigne, s'arrondit dans le Milanais;
la Lorraine et la Toscane changent de maisons princières. L'empereur Charles
VI ne meurt en paix avec les Turcs qu'en leur rendant la Valachie ,
la Serbie et Belgrade.
Paraît alors Frédéric Il : ce
prince, qui sera le plus célèbre monarque du XVIIIe
siècle par les armes et par la politique, qui aspire au double
renom de conquérant et de philosophe, malgré son sincère attrait pour
les lettres, pratiquera les maximes du despotisme et ne dédaignera pas
toujours les doctrines de Machiavel, qu'il
a réfutées. La tolérance n'est pas difficile à pratiquer pour un déiste,
mais elle est plus rare chez les papes. Benoît
XIV parviendra cependant à donner cette image et recevra les hommages
même de la Prusse ,
de la Russie, de l'Angleterre. La mort de l'empereur Charles
VI est le signal d'une guerre de succession pour Marie-Thérèse sa
fille, les électeurs de Saxe et de Bavière, gendres de son frère aîné
Joseph Ier; guerre d'ambition pour le roi
de Prusse, qui convoite la Silésie ;
pour les rois de Sardaigne et d'Espagne, qui voudraient se substituer aux
Autrichiens dans l'Italie : la France poursuit contre l'Autriche, mais
avec des ressources insuffisantes, la politique de Richelieu
( L'Europe
au XVIIe siècle).
La chute de Robert Walpole et la mort de
Fleury n'influent pas sur la politique générale de l'Europe. Mais la
France est réduite à regretter le vieux cardinal, parce que le règne
des maîtresses commence aussitôt après sa mort : l'avènement de la
marquise de Poumpadour est de 1746.
Marie-Thérèse perd la Silésie
qui restera à la Prusse ,
mais le duc de Bavière, qui s'est fait proclamer empereur sous le nom
de Charles VII, conserve à peine
sa terre électorale, et meurt épuisé par le chagrin : son jeune fils
renonce à toute prétention sur la succession autrichienne. La journée
de Fontenoy, et l'occupation d'une partie des Pays-Bas par les Français
vainqueurs, n'empêchent pas Marie-Thérèse de faire élire et couronner
empereur à Francfort son époux, François
ler, qui
est grand-duc de Toscane depuis la paix de Vienne. Le traité d'Aix-la-Chapelle
affermit la maison d'Autriche, ou ne sert qu'Ã agrandir les possessions
des Bourbons d'Espagne : la marine française est tombée bien au-dessous
de celle de l'Angleterre.
La Hollande, menacée d'une invasion par
Louis XV, est revenue au stathoudérat, en en
faisant pour la maison d'Orange une sorte de monarchie
héréditaire tempérée par quelques restes d'institutions républicaines;
toutes les espérances de la maison des Stuarts, dont la France était
complice, ont été ruinées dans la journée de Culloden .
Le long règne de Philippe V d'Espagne,
qui a commencé avec le siècle, avait fini deux ans avant cette paix,
si favorable à sa maison; son fils Ferdinand IV saura placer sa confiance
dans d'habiles ministres. La plupart des gouvernements entrent dans la
voie des réformes, ardemment provoquées par les esprits spéculatifs.
La Russie attendra près de quinze ans
le véritable successeur de Pierre le Grand,
Catherine II : elle est déjà mariée Ã
l'héritier présomptif d'une couronne qui a été placée sur tant de
têtes de 1725 à 1763
( Catherine
II entre ombre et Lumières).
De
1748-1789
Le milieu du XVIIIe
siècle est un moment de crise pour la France. La dignité royale
se dégrade avec Louis XV. La France n'a ni un
gouvernement moral ni une politique habile. Elle se laisse séduire Ã
l'alliance de l'Autriche, qui veut disputer à la Prusse
le premier rang sur le continent. La guerre de Sept ans ruine sa marine;
les Anglais ravissent ses dernières possessions du continent américain
et fondent un empire durable dans l'Hindoustan (Inde
gangétique). Ils sont peu sensibles aux dévastations du Hanovre par les
armées françaises; ils comptent sur les ressources et sur l'ambition
du roi de Prusse, qui ne s'effraye pas de l'apparition des Russes,
alliés des Autrichiens, aux frontières de ses États slaves. L'acte le
mieux conçu du ministère de Choiseul, l'union
de toutes les branches des Bourbons, n'est pas fécond alors : l'Espagne,
alliée de la France, perd la Floride et est indemnisée par la Louisiane.
Ces passes d'armes, ces joutes savantes où se déploient toutes les inventions
de la tactique épuisent les ressources humaines et financières des grands
États de l'Europe. Mais la Prusse sort entière de la lutte méditée
pour sa ruine : l'agriculture, le commerce,
l'industrie, réparent pour elle les maux de la guerre. En Angleterre aussi,
les commerce matériels, puissamment encouragés,
profitent de la suprématie maritime que William Pitt
lui a assurée.
Les pays qui avaient subi le plus longtemps,
et avec le plus de patience, le despotisme du clergé
et de l'aristocratie, secouent violemment le joug. La haine pour les ordres
monastiques est fatale aux jésuites
en Portugal ,
en Espagne, en France, à Parme , etc. ; presque partout les classes privilégiées
s'applaudissent de la chute de cette compagnie, dont les institutions sont
un objet de défiance même pour beaucoup de catholiques. Les cours de
Madrid et de Lisbonne remettent le pouvoir
aux mains de ministres réformateurs : les lettres et les arts ont leur
part de protection royale, comme tout ce qui touche au bien-être matériel,
et à l'amélioration morale des peuples, l'instruction, la justice, l'industrie,
l'agriculture. La science s'empare de toutes les grandes questions d'économie
sociale et politique; les sectes d'économistes ont des maîtres illustres
en France et en Angleterre : c'est une mode maintenant de vouloir le bien
des masses. Les théories philanthropiques abondent, même à la cour du
roi de France qui est l'esclave, depuis la mort de Mme
de Pompadour, d'une éhontée courtisane; même à la cour de Catherine
II, la Messaline du nord, qui ne recule ni devant le meurtre de son
mari, ni devant le démembrement de la Pologne : victorieuse il est vrai
de tous ses ennemis sur terre et sur mer, bienfaitrice du commerce, des
arts et des sciences, mais trop vantée par les philosophes. Il est vrai
qu'elle les finance.
La France, qui alors s'agrandissait de
l'île de Corse ,
juste à temps - hélas pour l'Europe! - pour que Napoléon
naquît français, assistait au supplice de Lally-Tollendal, à Paris;
au procès de La Chalotais en Bretagne, en représailles de la chute des
jésuites; à la disgrâce du duc de Choiseul
qui pouvait être fier de son exil; au, triumvirat ministériel de l'abbé
Terray qui accrut à force d'infidélités le désordre des finances, du
chancelier Maupeou, le créateur de ces cours de justice serviles qui,
avec moins de dignité que les parlements dissous, n'avaient ni plus de
tolérance ni plus de lumières, du duc d'Aiguillon qui laisse, en 1772,
partager les provinces polonaises entre les cours de Russie ,
de Prusse
et d'Autriche .
La Pologne avait pour roi un ancien favori de la tsarine, Stanislas Poniatowski
qui pendant tout son règne trahit par faiblesse la cause nationale. Une
noblesse toujours anarchique, des dissidents religieux provoquaient l'intervention
étrangère. Les troubles de ce pays sont l'occasion d'une guerre de la
Porte contre la Russie ( Le
déclin de l'empire ottoman).
En Suède les factions servent d'instrument
à l'asservissement du pays : le roi Gustave III renverse les lois et rétablit
le despotisme. La reine de Danemark est exilée pour adultère, le premier
ministre expie sa complicité par des tortures et une mort violente. L'Allemagne,
toujours aux mains de Marie-Thérèse, quoique son fils aîné Joseph ait
le titre d'empereur depuis la mort de François
ler, peut
envier à la Toscane l'administration la plus sage qu'on ait vue jusqu'alors
en Europe, celle du frère de Joseph, Léopold. A Parme, règne un Bourbon
d'Espagne, élève du philosophe français Condillac
: la doctrine anglaise de la sensation ( Sensualisme)
doit à Condillac les curieuses applications qu'il a faites de la théorie
de la pensée à l'art du langage, aux connaissances; morales et politiques,
même à l'histoire. A Rome, soit tolérance, soit faiblesse, Clément
XIV abroge la bulle in coena Domini, attentatoire aux droits
des couronnes temporelles, et supprime l'ordre des jésuites, aboli de
fait dans la plupart des États.
L'Angleterre, le seul pays d'Europe qui
eut une tribune politique, illustrée alors par de grands orateurs, subit
les conséquences de son ambition et de sa trop grande puissance : la crise
financière est permanente, le déficit ne peut être arrêté que par
l'augmentation des impôts; les chambres, autorisent le gouvernement Ã
faire participer les colonies aux charges de la métropole. Les colons
américains qui n'ont pas de représentants dans le parlement britannique,
où se votent les taxes, s'affranchissent, par l'insurrection, des prétentions
de l'Angleterre. Deux grandes luttes mettent à l'épreuve en même temps
le gouvernement anglais : il se défend péniblement contre les Américains
qui publient en 1776leur acte d'indépendance:
il est engagé dans une longue guerre avec Haïder-Ali, roi de Mysore,
qui veut l'empêcher de compléter son empire des Indes .
La question américaine devient presque
une question européenne : tous les grands États s'y trouveront indirectement
associés. La seule guerre qui occupait le vieux continent finissait alors
: la Porte ottomane a fait des sacrifices
de territoire et d'honneur pour obtenir (1774)
la paix de Catherine II; l'ambition de la
maison d'Autriche en provoqua une nouvelle de courte durée, à la mort
de l'électeur de Bavière, en 1777.
Le gouvernement de Louis XVI, inauguré par
des réformes, dues à la volonté libérale du roi, et à l'influence
de ses ministres Turgot et Malesherbes,
les politiciens les plus éclairés du siècle, s'intéresse avec ardeur
à la cause des Américains : on saisit cette occasion de réparer les
malheurs de la guerre de Sept ans et d'effacer le traité de 1763,
désastreux pour les colonies de la France.
La mort du roi de Portugal
Joseph a eu du retentissement en Europe, parce qu'elle a entraîné la
disgrâce du ministre Pombal,
l'une des grandes figures politiques du siècle, mais que son excessive
sévérité avait fait détester de tous ceux qu'atteignaient ses réformes
: c'est lui cependant qui a régénéré l'administration portugaise. La
guerre d'Amérique, comme on l'appelle alors, s'étend sur toutes les mers,
quand, l'Espagne et la Hollande s'allient contre les Anglais à la France
: le plan de la neutralité armée proposé à l'Europe par Catherine
II restreint les prétentions de suprématie maritime de la Grande-Bretagne.
La mort de Marie-Thérèse ne change rien à la politique de l'Europe.
Mais son fils, l'empereur Joseph II, prétend à la même gloire, montre
le même despotisme, et recueille autant de haines que le ministre de Portugal,
le marquis de Pombal; même avec des lumières et de l'humanité, il ne
réussit pas, à cause de la violence de son caractère. Dans ses entreprises
de réformes il faut plus que des intentions généreuses. Toutes les puissances
engagées dans la guerre d'Amérique y trouvaient de la gloire, mais sans
profit. La chute du cabinet de lord North est suivie de la paix avec les
Américains, dont l'indépendance est reconnue : les Hollandais, les moins
favorisés des alliés des États-Unis, fournissent quelques indemnités
à la Grande-Bretagne; Tippoo-Saeb continue, comme son père Haïder-Ali,
la guerre défensive dans l'Indoustan.
La France et la Hollande sont agitées
à l'intérieur : les patriotes voudraient chasser les princes d'Orange,
qui sont rois de fait avec le titre de stathouders; le parlement est insatiable
de réformes, et provoque, à son insu, une révolution. Ces privilégiés,
qui parlent de régénérer et de sauver l'État, refusent de sanctionner
les impôts nécessaires pour combler le déficit et conjurer la banqueroute,
dès que la taxe ne respecte plus leurs privilèges. Le banquier genevois
Necker n'est pas plus heureux que Turgot
au contrôle général des finances : il se retire sans attendre la mort
du vieux Maurepas, bel esprit de cour jusqu'Ã quatre-vingt ans, et insouciant
des maux de l'État. Calonne entretient un crédit
factice à force d'emprunts. Les finances sont en Angleterre aussi un objet
d'inquiétudes et de scandales : le procès de Warren
Hastings, gouverneur général de la compagnie des Indes ,
qui commence à s'instruire devant le parlement, dévoile des exactions
inouïes.
Les cinq années qui précèdent 1789
sont marquées par le dissentiment élevé au sujet de l'Escaut entre l'empereur,
souverain des Pays-Bas autrichiens, et les Hollandais, dissentiment qu'apaise
la médiation de la France; par la nouvelle tentative de l'empereur Joseph
II pour joindre la Bavière à l'Autriche, réunion qu'empêche le vieux
roi de Prusse ;
après la mort de Frédéric Il, par le concours armé que prête son fils
au stathouder de Hollande, Guillaume V d'Orange, contre les patriotes;
par le voyage triomphal de Catherine II Ã
travers les provinces méridionales de son empire jusqu'à la Crimée,
devenue récemment province russe; par la guerre nouvelle de la Porte contre
la Russie et l'Autriche qui convoitent les bouches et le bassin inférieur
du Danube; enfin par l'insurrection du Brabant et des Pays-Bas, et par
la révolte imminente de la Hongrie contre le gouvernement despotiquement
réformateur de Joseph II.
Les ministres de Louis
XVI se risquent à convoquer une assemblée de notables, représentation
des classes privilégiées et non de la nation entière, pour chercher
des remèdes à la crise financière : le gouffre du déficit est seulement
mis à découvert, et se creuse de plus en plus. Des courtisans parlent
en secret de faire un appel aux cours plénières : le projet est éventé.
L'ouverture des états généraux consentie par une royauté confiante,
et animée encore d'intentions généreuses, puisqu'elle rappelle Necker
aux finances, commencera la révolution française, au moment où la constitution
fédérale de la république
américaine met un terme à la grande révolution du nouveau monde : Washington
, le héros de la guerre d'indépendance, est le premier président élu
par les États-Unis en 1789.
Après
1789
La Révolution
française éclate en 1789. La
Bastille ,
devenue symbole de l'oppression est prise le 14 juillet; la Déclaration
des droits de l'homme
est proclamée le 26 août. L'Assemblée nationale ne veut d'abord que
détruire les abus et donner une constitution à la France; mais bientôt
elle renverse à la fois l'antique constitution française et la dynastie.
Le roi Louis XVI sera exécuté en 1793.
Déjà en 1792, la France s'est érigée
en république.
Mais très vite, elle se trouve déchirée par de sanglantes dissensions,
et finit par être opprimée par le gouvernement tyrannique de la Convention.
Elle commence, Ã respirer sous le Directoire (1795-99);
mais la faiblesse de ce gouvernement la met à deux doigts de sa perte.
Lasse enfin de troubles elle revient sous une nouvelle forme à la monarchie,
très vite transformée en dictature
: Napoléon, d'abord consul (1799),
est proclamé empereur en 1804. Mais
cette histoire appartient déjà au siècle suivant. Entre temps, l'Europe
tout entière, secouée par les événements qui se produisent en France
régit contre la république. Cela donnera lieu, entre 1792
et 1802, à ce qu'on a appelé les
Guerres de la Révolution.
Dans la convention de Pillnitz ,
l'empereur François II et Frédéric-Guillaume
II, roi de Prusse ,
avaient déclaré que la cause de Louis XVI
était commune à tous les souverains, et avaient en conséquence ordonné
des armements. La France prit alors l'initiative, et déclara la guerre
a l'empereur François II. Celui-ci
commença les hostilités avec l'appui de la Prusse et de la Sardaigne.
Cependant l'invasion des Prussiens fut repoussée; ils furent même poursuivis
de l'autre côté du Rhin, et les Français pénétrèrent en Savoie. Ce
fut dans ces circonstances que l'Angleterre intervint et forma une coalition,
dans laquelle entrèrent, outre les souverains allemands, ceux, de l'Italie
et l'Espagne. La guerre éclata à la fois sur les frontières du Nord
de la France, du Rhin, des Alpes et des Pyrénées ( Les
guerres de la Révolution).
La défense fut si vigoureuse que la Toscane
voulut garder la neutralité, et que la Prusse ,
et l'Espagne
demandèrent la paix à leur tour, en 1795.
La France
n'avait plus dès lors que l'Autriche à combattre; la création de la
république Batave
constituait une sorte d'avant-garde pour ses frontières du Nord. En 1796,
Moreau et Jourdan prirent l'offensive contre l'Autriche, et détachèrent
bientôt de son alliance presque tous les États allemands. D'un autre
côté, la campagne d'Italie faisait éprouver à l'Autriche de tels désastres
que les souverains italiens jugèrent bientôt prudent d'abandonner sa
cause et d'entrer dans l'alliance française. La capitale même de l'Autriche
était menacée, quand cette puissance se décida à signer, en 1797,
le traité de Campo-Formio, par lequel elle reconnaissait la république
française et s'obligeait à respecter la république Cisalpine ,
qui venait d'être fondée dans la Haute-Italie. Cette paix venait à peine
d'être consentie que le congrès de Rastadt réveilla les haines et les
défiances. Une nouvelle coalition se forma, en 1798,
entre l'Angleterre, la Russie, l'Autriche, le Portugal et l'Empire Ottoman.
A cette époque, la France
venait de consolider son influence en Italie ,
par l'établissement des républiques
Romaine et Parthénopéenne, et en Suisse
par l'institution de la république Helvétique. Cependant l'expédition
lointaine entreprise en Égypte
constituait pour la France une cause d'affaiblissement et un danger. Les
hostilités éclatèrent à la lois sur le Rhin, en Italie et dans les
Pays-Bas; les armées françaises eurent encore raison de la coalition.
Par le traité de Lunéville ,
en 1801, l'Autriche et l'Allemagne
consentirent à la paix; le traité d'Amiens,
en 1802, amena une pacification générale.
Ces différentes guerres avaient épuisé les puissances continentales;
mais elles avaient profité à l'Angleterre, qui avait achevé de ruiner
les colonies françaises, et étendu sa domination sur les possessions
européennes en Amérique, en Asie et en Afrique.
La
vie intellectuelle
Au début du XVIIIe
siècle, l'influence littéraire du XVIIesiècle,
que l'on appelle aussi parfois le "grand siècle", et auquel est attaché
le nom de Louis XIV se continue à peine dans
les dernières années de sa vie. La chaire et la littérature ecclésiastiques
ont encore Fénelon, qui survit onze ans à Bossuet,
et meurt la même année que l'auto-proclamé roi-soleil. Massillon, déjÃ
célèbre par ses prédications, publie son Petit carême en 1717,
prêché devant le jeune Louis XV. La littérature
est variée, mais sans éclat : les recherches diplomatiques de Mabillon,
les travaux d'érudition de Montfaucon, des
comédies de Regnard, des tragédies de Crébillon,
des odes et des épigrammes
de J.-B. Rousseau, des éloges
académiques de Fontenelle, même l'Oedipe de
Voltaire, essai d'un poète de vingt-quatre
ans, caractérisent moins l'époque que les Lettres persanes de
Montesquieu, données en 1711.
Le Véronais Mafféi, par sa tragédie
de Mérope
(1743) commence une réforme dans l'art
dramatique en Italie. Le Napolitain Gravina compose une poétique, et recherche,
en habile jurisconsulte, l'origine et le sens des lois anciennes. Un poète
lyrique, Métastase, qui est né à Rome d'une famille pauvre, par sa Didon
abandonnée, excite à Naples un universel enthousiasme, quelques mois
après l'apparition de la Henriade
de Voltaire en France : il ira chercher fortune
à la cour d'Autriche. Écrire contre l'autorité temporelle du saint-siège,
en Italie même, était une chose trop hardie pour que l'Apulien Giannone,
auteur d'une histoire civile du royaume de Naples, ne fût pas persécuté.
Les ouvrages de l'Allemand Stahl,
écrits en latin, élèvent la chimie au rang des sciences. Leibniz,
auquel Leipzig où il est né, Berlin,
Saint-Pétersbourg, même Dresde et Vienne, doivent de puissants encouragements
donnés aux études, ne meurt qu'en 1746.
Newton lui survit de quelques années. L'Angleterre
a son siècle d'Auguste depuis la reine Anne
: c'est le temps des poètes Pope, Prior, Gay,
Congreve; après Shaftesbury,
la plume rend puissants Swift, Addison,
Defoe, et Steele. Bolingbroke,
ancien ministre d'Anne Stuart et négociateur
de la paix d'Utrecht, tour à tour proscrit et réhabilité, avide d'agitation
politique, ennemi de la révélation chrétienne, passionné pour l'étude
des lettres, est le précurseur de Voltaire.
La secte des méthodistes commence avec John Wesley.
En France, les controverses du jansénisme ,
qui enfantent tant de libelles et de scandales, sont cause de la disgrâce
de Rollin. Privé de toute fonction dans l'Université
de Paris, il consacre aux lettres les dernières années de sa vie : la
science morale et pratique de l'éducation, l'histoire des peuples de l'Antiquité,
exposée avec les monuments littéraires de la Grèce et de Rome, sont
ses titres de gloire. Montesquieu fait une
révolution dans l'art historique par son livre sur la Grandeur et la
Décadence des Romains (1734).
Voltaire étonne, excelle dans tous les genres. Brutus ,
César, Mahomet, mis sur la scène, aussi bien que des personnages
de l'époque des croisades ou des héros
du nouveau monde; l'Histoire de Charles XII; les Lettres philosophiques;
l'esquisse du Siècle de Louis XIV ,
l'Essai sur les moeurs et l'esprit des nations; l'étude des sciences
dans la retraite; son voyage à Berlin auprès de Frédéric II, roi despote
et bel esprit, pour lequel la philosophie
et les lettres étaient un passe-temps mais non un enseignement, disent
l'activité merveilleuse, la tolérance, le bon sens, mais aussi le caractère
adulateur du grand écrivain.
Les progrès des sciences exactes sont
attestés par l'invention du thermomètre de Réaumur,
et par les résultats des voyages qu'entreprennent, dans le nord de l'Europe,
des savants pour déterminer la forme de notre planète (
La Figure de la Terre
de Maupertuis). La Hollande possède, dans
Boërhaave, le plus célèbre médecin de l'Europe, qui renferme en un
seul système général l'histoire, les causes, les symptômes, et le traitement
de toutes les maladies.
Dans la deuxième moitié du XVIIIe
siècle, La royauté de l'esprit se partage entre Montesquieu
qui publie l'Esprit des lois ;
Buffon qui donne les premiers volumes de son Histoire
naturelle; J. J. Rousseau qu'un premier
succès de rhéteur et de sophiste enhardit
à rechercher l'origine de l'inégalité sociale parmi les humains, Ã
réformer à la fois l'humain et l'État; Voltaire
enfin qui domine tout le siècle. Voltaire, après avoir joui tour à tour
de la protection de Mme de Pompadour, de la duchesse du Maine, du
bon duc de Lorraine, Stanislas Leckzinski , et du roi de Prusse ,
trouvera la liberté et l'aisance du grand seigneur dans le pays de Gex;
il deviendra le patriarche de Ferney. Il enrichit à la fois les deux scènes
de la tragédie et de la comédie; il crée un nouveau genre de romans,
tout en achevant ses grands travaux d'histoire.
Diderot et d'Alembert
fondent l'Encyclopédie
qui est comme une tribune offerte aux orateurs de la raison
en guerre avec la religion révélée. L'Italie perd Muratori,
érudit infatigable qui a rendu de grands services à l'histoire nationale.
L'Écossais David Hume, historien et philosophe,
affiche un nouveau scepticisme. Lessing
crée pour sa part la nouvelle littérature de l'Allemagne; par la critique
et l'analyse, il pose les lois de l'art et de la poésie. L'Angleterre
et bientôt l'Europe se passionnent pour la brillante production de Richardson,
Clarisse Harlowe .
Rousseau donne coup sur coup le Contrat social,
qui sera le symbole de foi de la démocratie
révolutionnaire; la Nouvelle Héloïse ,
qui s'adresse au coeurs faibles et ardents; l'Émile ,
code hardi et impraticable d'éducation privée et de croyances déistes
: ce dernier ouvrage vaut des persécutions à son auteur. Le parlement
de Paris ne ménage pas plus les philosophes que les protestants et les
jésuites; le jansénisme ,
devenu une faction jugée odieuse et ridicule, obtient cependant l'expulsion
des jésuites, qui est un triomphe pour les philosophes.
Le mathématicien Euler,
expose avec clarté d'importants résultats en mécanique, astronomie,
optique, acoustique; Condorcet
compose ses premiers ouvrages de mathématiques; Franklin
publie sa théorie de l'électricité, et apprend à éviter les effets
terribles de la foudre .
La Suède a un grand naturaliste, Linné; en France,
Bernard de Jussieu forme une nouvelle classification
botanique, et bientôt Lavoisier renouvellera
la science de la chimie; En Angleterre Jenner découvrira la vaccine.
«
Le XVIIe siècle avait pénétré jusqu'aux profondeurs de l'espace
pour y découvrir la forme elliptique [de l'orbite ]
des astres ,
mesurer leur grandeur, assigner la force respective de leurs attractions .
Les observations du XVIIIe se portent sur
notre globe, sur la matière qui le compose,
l'atmosphère
qui l'entoure, les fluides mystérieux qui l'agitent, les êtres variés
qui l'animent. A la fondation véritable de l'astronomie succède celle
de la physique, de la chimie, de l'histoire
naturelle positive; à Galilée, à Képler,
à Huygens, à Newton,
à Leibniz succèdent Franklin,
Priestley, Lavoisier,
Berthollet, Laplace,
Volta, Linné, Buffonet
Cuvier. » (Mignet, Vie
de Franklin.).
L'ardeur des voyages par Terre et surtout
par mer, qui étendent les limites du monde connu, se communique de l'Angleterre
à la France, à la Hollande, même à la Russie ( La
découverte de la Sibérie) : les terres océaniques, les régions
polaires sont explorées; les missions chrétiennes y suivront bientôt
les navigateurs. La nouvelle image du monde est un tissu de merveilles
sous la plume des navigateurs Bougainville
et Cook. L'Histoire des deux Indes de Raynal,
l'Histoire de l'Amérique de Robertson, déjà célèbre comme historien
de Charles-Quint, paraissent à quelques
années l'une de l'autre : la première surtout est empreinte profondément
de l'esprit philosophique. A ce moment même, les colonies anglaises de
l'Amérique septentrionale deviennent le théâtre de la révolution qui
débouchera sur l'indépendance des États-Unis.
Au début de la guerre d'Amérique, beaucoup.
d'illustrations s'éteignent à la fois : William Pitt, qui est devenu
lord Chatham, le naturaliste Linné, Haller,
savant, médecin et auteur de poésies allemandes; J.
J. Rousseau, cinq semaines après Voltaire,
dont la correspondance embrasse plus d'un demi-siècle et en retrace presque
toute l'histoire politique et littéraire.
Les excès de la Révolution française
ont conduit à la mort des savants et des intellectuels tels que Lavoisier,
Bailly, Condorcet
et beaucoup d'autres. Mais la fin du XVIIIe
siècle va aussi, à l'occasion de la campagne d'Égypte, permettre
l'expression de la dernière grande manifestation de "l'esprit des Lumières",
avec la préparation d'une nouvelle Encyclopédie,
cette fois plus thématique. Ce sera la monumentale Description de l'Égypte,
publiée au début du siècle suivant. (A19 / B.). |
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