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Histoire de l'Europe > La France > Le XIXe siècle
L'histoire de Paris
La Commune de Paris de 1871
Troisième période  : du 21 mai au 28 mai
Aperçu Du 18 mars au 28 mars Du 28 mars au 21 mai Du 21 mai au 28 mai
Le dimanche 21 mai, la Commune était en séance à l'hôtel de ville, sous la présidence de Jules Vallès, jugeant le général Cluseret, ancien délégué à la guerre, lorsque Billioray, membre du second comité de Salut public, demanda une suspension pour annoncer à ses collègues que les troupes de Versailles venaient de franchir l'enceinte de la ville.

La nouvelle en parvenait aussi très rapidement aux Tuileries où était organisée une fête de bienfaisance. On doutait. Mais on apprit bientôt qu'Amouroux, membre de la Commune, avait été fait prisonnier à Passy. La Commune tint encore séance le lendemain à l'hôtel de ville, mais ce fut la dernière, et le compte rendu n'en fut pas inséré au Journal officiel qui parut pourtant jusqu'au mercredi 24 mai. 

L'administration communale disparaît alors. Dans les arrondissements occupés par les troupes du maréchal Mac-Mahon, c'est l'autorité militaire qui a le pouvoir. De même dans les arrondissements ou la résistance se maintient, ce sont les chefs militaires des troupes communardes qui commandent.
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Commune de Paris : incendie du Palais des Tuileries.
Le Palais des Tuileries après l'incendie du 23 mai.

Le 22 les troupes de Versailles s'étendaient depuis la place Courcelles en passant par la gare Saint-Lazare, le boulevard Malesherbes, le rond-point des Champs-Elysées, la Chambre des députés et la gare Montparnasse prise par le colonel Boulanger du 114e de ligne.

Le 23, les Buttes Montmartre sont prises par les généraux Ladmirault et Clinchant. Les prisonniers fédérés, conduits au parc Monceau, y sont fusillés; ce sont lles premières exécutions sommaires.  C'est ce jour-là que Dombrowski fut tué et qu'eurent lieu les incendies de la Légion d'honneur et de la Cour des comptes. Chaudey, ancien adjoint au maire de Paris, qui commandait à l'Hôtel de ville le 22 janvier 1871, retenu comme otage, est exécuté dans le préau de Sainte-Pélagie par ordre du procureur de la Commune. C'est aussi ce jour là que le général Borgeret incendie les Tuileries.

Le 24, le Louvre, le Palais-Royal, la Banque, l'hôpital Lariboisière, la porte Saint-Denis sont au pouvoir des généraux Douay, Ladmirault et Clinchant. Le général de Cissey s'empare du Luxembourg et du Panthéon.

 L'infanterie de ligne massacre les blessés à l'ambulance du séminaire Saint-Sulpice et fusille le médecin en chef, le Dr Faneau. Raoul Rigault est fusillé dans la rue Gay-Lussac, et Darboy, archevêque de Paris, Bonjean, Deguerry, Clerc, Ducoudray et Allard, otages de la Commune, sont exécutés dans le chemin de ronde de la Roquette. L'Hôtel de ville est la proie de l'incendie.
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Commune de Paris : exécution des otages (24 mai).
Exécution des otages dans la cour de la prison de la Roquette, le 24 mai.

Le 25, après la prise de la Butte-aux-Cailles, des Gobelins et du pont d'Austerlitz, toute la rive gauche est occupée. Sur la rive droite on se bat au Château d'Eau; le quartier général de la Commune est la mairie du Xle arrondissement. Le délégué civil à la guerre Delescluze est tué sur une barricade.

Le 26, le général Clinchant est au Cirque d'hiver, le général Ladmirault, aux docks de la Villette qui sont en feu, le général Vinoy occupe la place du Trône et la place de la Bastille. Le général de Cissey fait fusiller, sans jugement, Millière, représentant du peuple à l'Assemblée nationale. Rue Haxo, cinquante-deux personnes, gendarmes, ecclésiastiques, anciens fonctionnaires, otages de la Commune, sont fusillés par la foule qui les a emmenés à la Roquette. 

Le 27, prise des Buttes-Chaumont et du Père-Lachaise

Le 28, la dernière barricade est prise et le maréchal Mac-Mahon fait afficher la proclamation suivante : 

« Habitants de Paris, l'armée de la France est venue vous sauver. Paris est délivré. Nos soldats ont enlevé à quatre heures les dernières positions occupées par les insurgés. Aujourd'hui la lutte est terminée; l'ordre, le travail est la sécurité vont renaître. Le maréchal de France, commandant en chef : De Mac-Mahon, duc de Magenta. »
A mesure qu'un arrondissement était pris, on installait une sorte de prévôté militaire devant qui la procédure était plus sommaire que devant les cours martiales telles que la loi les prévoit. Il y en avait à l'Ecole militaire, au parc Monceau, à la caserne Dupleix, au Collège de France, au Luxembourg, aux Gobelins, au Châtelet, à la caserne Lobau, à Mazas, à la Roquette et dans les forts. D'après les calculs établis par Pelletan , député, dans son livre la Semaine de Mai, trente-cinq mille Parisiens, hommes, femmes ou enfants, furent fusillés pendant la troisième période de l'insurrection et pendant les huit jours qui suivirent la prise de la dernière barricade.
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Commune de Paris : le mur des Fédérés.
Le Mur des Fédérés. Les derniers Communars sont fusillés au Père-Lachaise.

On opéra environ quarante-cinq mille arrestations. Les détenus étaient expédiés sur les pontons à Brest, Rochefort, Lorient, Cherbourg, et dans une série de locaux qu'on avait affectés à usage de prison, à Versailles, au Mont-Valérien, à Saint-Germain-en-Laye, et dans les forts avoisinants Paris. Ceux qui furent maintenus en état d'arrestation furent traduits devant les conseils de guerre qui prononcèrent toutes les peines inscrites dans les codes, y compris la peine de mort, bien que les avocats des accusés eussent fait remarquer que, depuis 1848, la peine de mort était abolie en matière politique. 

Les condamnés aux travaux forcés furent envoyés au bagne de Toulon, puis à l'île Nou, en Nouvelle-Calédonie; les déportés dans une enceinte fortifiée, à la presqu'île Ducos; les déportés simples, à l'île des Pins; les condamnés à la détention, à la réclusion et à l'emprisonnement furent répartis dans les diverses prisons de France. Trente des condamnés à mort furent exécutés à Satory, près Versailles, ou à Vincennes

On prononçait encore des condamnations en 1879, lorsqu'après l'élection de Jules Grévy à la présidence de la République, en remplacement du maréchal de Mac-Mahon, le Parlement vota une amnistie partielle qui, en même temps qu'elle libérait un certain nombre de condamnés, contradictoires ou contumax, faisait bénéficier de la prescription les faits dont la justice n'avait pas encore été saisie. Enfin une amnistie générale fut votée et promulguée le 14 juillet 1880, le jour ou, pour la première fois, on célébrait la fête nationale instituée par la République. (Louis Lucipia).

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