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Chauveau-Lagarde

Claude-François Chauveau-Lagarde est un célèbre avocat et magistrat français, né à Chartres le 21 janvier 1756, mort à Paris le 19 février 1841. Son double nom lui vient de la réunion du nom de son père, Pierre Chauveau, maître-perruquier, et de celui de sa mère, Marie-Magdeleine Lagarde. 

Il fut reçu avocat au parlement de Paris, le 5 mai 1783. En 1789, il se montra favorable à la Révolution en publiant : Théorie des Etats généraux, ou la France régénérée (in-8). Il se signala par ses nombreuses et courageuses plaidoiries devant le tribunal révolutionnaire, en qualité de défenseur officieux. L'une des premières causes qu'il y plaida fut, en 1793, celle du général Miranda, son ami, ancien aide de camp de Dumouriez, accusé d'avoir trahi la République; Chauveau-Lagarde le fit acquitter à l'unanimité. Après cet acquittement et quelques autres, Marat dénonça Chauveau-Lagarde à la vengeance du peuple; mais celui-ci y répondit par une audacieuse apostrophe qu'il osa faire afficher à la porte de Marat. 

Chauveau-Lagarde défendit des accusés célèbres, son compatriote Brissot de Warville, le duc du Châtelet, Mlle Desille, les jeunes filles de Verdun, les vingt-sept accusés de Tonnerre; il fut le conseil de Bailly et de Mme Roland, celle-ci n'ayant pas voulu d'avocat. Il fut nommé d'office défenseur de Charlotte Corday, sur le refus d'un autre avocat, et ne put qu'invoquer l'indulgence du tribunal en alléguant le fanatisme exalté auquel avait obéi sa cliente. 

Quelques mois après, Chauveau-Lagarde fut désigné aussi d'office, avec Tronson-Ducoudray, pour défendre la reine Marie-Antoinette, le 14 octobre 1793, devant le tribunal révolutionnaire; il combattit avec force l'accusation, principalement en ce qui touchait la conspiration avec les puissances étrangères. Après le jugement, les avocats furent arrêtés pour être interrogée sur les secrets que la reine avait pu leur confier; mais leur interrogatoire ayant dissipé tout soupçon, ils furent remis en liberté.

Le lendemain de la condamnation de la reine, commença le procès des Girondins, traduits devant le tribunal révolutionnaire par décret du 13 vendémiaire an Il ; Chauveau-Lagarde y figura encore comme défenseur nommé d'office. Peu de temps après, il fut chargé aussi de défendre Mme Elisabeth, mais il ne fut prévenu que la veille du jugement (9 mai 1794), ne put communiquer avec l'accusée, et dut se borner à faire l'éloge de ses vertus. Le président Dumas lui reprocha d'avoir corrompu la morale publique en parlant des vertus de l'accusée. La loi du 22 prairial an II ayant supprimé les défenseurs officieux, Chauveau-Lagarde retourna à Chartres, mais il ne tarda pas à être arrêté, fut ramené à Paris et écroué à la Conciergerie pour être traduit dans les trois jours devant le tribunal révolutionnaire; il fut oublié dans sa prison où il resta quarante jours, et fut relâché dix jours après la mort de Robespierre.

En 1795, Chauveau-Lagarde était l'un des principaux orateurs de la section de l'Unité, et, comme président de cette section, il fut condamné à mort par contumace après le 13 vendémiaire. Il purgea sa contumace et fut acquitté.

En 1797, il défendit devant une commission militaire l'abbé Brottier, accusé de conspiration royaliste avec Dunaud et Lavilleheurnois. Plus tard, il défendit à Tours d'anciens chouans qui avaient séquestré le sénateur Clément de Ris, préteur du Sénat, pour lui extorquer des sommes importantes. Un peu avant le 18 brumaire, il défendit, devant un conseil de guerre, le général Jourdain, accusé de machinations envers la République; le général fut condamné à mort, mais le jugement fut ensuite cassé. 

Le 8 juillet 1806, Chauveau-Lagarde fut nommé avocat au conseil d'Etat. Il sauva la vie de trois illustres accusés, le comte de Benthine, le général Dupont et le colonel Darguine. En 1810, il plaida pour Jean-Frédéric de Tonniges, ancien négociant de Dantzig, conseiller intime de commerce du roi de Prusse, dans un procès célèbre où étaient impliqués aussi des notaires de Paris. En 1816, il prit la défense du général Bonnaire avec un zèle remarquable; il lui évita la mort, mais ne put l'empêcher d'être condamné à la déportation et à la dégradation militaire. 

En 1826, Chauveau-Lagarde soutint, devant la cour de cassation, la cause des hommes de couleur libres de la Martinique, Bissette, Fabien fils et Volny (plaid. publ. en 1826, Paris, in-8), et obtint la cassation de l'arrêt qui les avait condamnés pour un prétendu crime politique. Le 17 mai 1828, Chauveau-Lagarde fut nommé conseiller à la cour de cassation. 

On trouvera quelques-unes des plaidoiries de Chauveau-Lagarde dans les Annales du barreau français (1847, t. XVII). Chauveau-Lagarde a publié aussi : Note historique sur les procès de Marie-Antoinette d'Autriche, reine de France, et de Mme Elizabeth de France, au tribunal révolutionnaire (Paris, 1816, in-8); Exposé simple et fidèle de le conduite du général Bonnaire, ex-commandant de la place de Condé, accusé d'avoir ordonné le meurtre du colonel Gordon (Paris, 1816, in-8). (G. Regelsperger).

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