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Cassiodore,
encyclopédiste latin, né à Scyllacium
vers 480, mort vers 575. Son nom complet est Magnus-Aurelius Cassiodorius
Senator. L'usage a dès l'époque carolingienne
transformé Cassiodorius en Cassiodorus. Il était
né dans le Bruttium, d'une famille illustre et riche dont il vante
la vigueur physique et les dignités. Il fut le plus célèbre
sa famille et l'un des personnages les plus considérables du VIe
siècle. Questeur sous Théodoric
et son secrétaire intime, puis magister officiorum, il fut
consul en 514, plus tard gouverneur des provinces du littoral, préfet
du prétoire en 514, fonction qu'il exerça à quatre
reprises. Il servit quatre rois, et probablement après la chute
de Vitigis (540), il se retira dans le couvent Vivarium, fondé par
lui dans ses domaines du Bruttium. Il nous renseigne luimême sur
ses ancêtres et sa carrière dans ses Varia. Ses nombreux
écrits peuvent se partager en deux catégories : les livres
historiques et politiques qu'il composa pendant qu'il prenait part à
la vie, publique, et ses traités théologiques et philologiques,
composés pendant la retraite ou il termina ses jours.
Cassiodore avait composé des discours
adressés, dit-il, aux reines et aux rois, des panégyriques,
dont il reste quelques fragments (Baudi di Vesme, dans les Mémoires
de l'Académie de Turin,
t. VIll, p. 16; Hermès, t. VII, p. 377). Ses Chronica
renferment une compilation assez sèche, qui va depuis Adam
jusqu'à l'an 496; de 496 jusqu'en 519 (consulat d'Eutaric), il rédige,
d'après ses informations personnelles, une sorte de résumé
très sec et dont l'impartialité ne paraît pas la qualité
dominante. C'est un ouvrage médiocre, mais qui renferme des renseignements
utiles sur la série des consuls et sur la civilisation des Goths.
Son Histoire des Goths avait plus
de valeur; mais elle a disparu et nous n'avons que le résumé
barbare de Jordanès. Les douze livres
Variarum renferment différents écrits de Cassiodore
relatifs aux charges qu'il a exercées, dont une partie notable forment
un pur formulaire (I. VI et VII), des décrets des différents
rois, etc.; le dernier livre renferme sa correspondance et ses arrêtés
du temps qu'il était préfet du prétoire; la date la
plus récente qu'on y trouve est l'an 536. Le traité sur la
substance et les vertus de l'âme, qu'il composa ensuite à
la prière de ses amis, compilation des écrivains sacrés
et profanes sur cette matière, est également divisée
en douze livres : il avait pour ce nombre une prédilection superstitieuse.
L'ouvrage le plus considérable
de Cassiodore est le traité intitulé De Institutione divinarum
litterarum (ou lectionum), complété par le De
institutione saecularium lectionum. L'auteur, péniblement affecté
de voir l'enseignement de la Bible
abandonné, et ayant à cause des guerres et des troubles politiques
échoué dans
l'entreprise qu'il avait tentée
avec Agapetus, évêque de Rome (535-536),
d'établir des maîtres dans la capitale, veut y suppléer
en composant pour les clercs un résumé des connaissances
qui leur sont nécessaires, emprunté particulièrement
aux auteurs latins. Dans le deuxième livre, il parle des sciences
profanes, et notamment engage ses lecteurs à étudier les
auteurs qui ont parlé de l'agriculture. Cette première partie
de l'encyclopédie de Cassiodore comprend trente-trois chapitres,
en souvenir de l'âge de Jésus; la
seconde partie en comprend sept : les plus considérables de ces
lectiones saeculares sont consacrées à la dialectique
et à la rhétorique. Cette dernière partie est reproduite
dans les Rhetores latini minores de Halm (p. 495-500).
Enfin, comme appendice, Cassiodore a composé
une compilation sur l'orthographe, empruntée à douze ouvrages
de grammairiens antérieurs (toujours douze!). Cassiodore a publié
aussi une traduction retouchée par lui de l'Histoire de l'Église
de Théodoret, Sozomène
et Socrates, et partagée encore en douze livres. Le commentaire
des Psaumes
est d'une longueur extravagante, et occupe plus de mille pages de la Patrologie
de Migne. En résumé, Cassiodore, bien qu'il n'ait guère
fait que des compilations, bien que son style ait de l'enflure et tous
les défauts de son époque, n'en est pas moins en ce temps
de barbarie un glorieux représentant de la culture classique. Son
zèle pour.la connaissance et son érudition qui s'étendait
aux auteurs grecs comme aux auteurs latins, en même temps que l'honorabilité
de son caractère, le font placer naturellement à côté
de Boèce, qu'il est loin d'égaler
pourtant comme penseur et comme écrivain : leurs noms sont inséparables
dans l'histoire. (A. Waltz). |
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