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Cabarrus

François, comte de Cabarrus, est un homme d'Etat espagnol  né à Bayonne en 1752, mort à Séville le 27 avril 1810. Fils d'un négociant de Bayonne, il fut envoyé par son père à Saragosse, on il se maria. Il alla ensuite (1773) établir à Madrid une fabrique de savon. Il se fit connaître par ses recherches sur les finances, et prôna un grand nombre d'innovations plus ou moins heureuses; il forma le plan d'une émission de bons royaux ou vales pendant la guerre d'Amérique; cette opération fut faite par le gouvernement de Charles III et rétablit les finances de l'Espagne (L'Espagne au XVIIIe siècle). Cabarrus, considéré dès lors comme un grand financier, bien qu'il fût plus intelligent que laborieux, fut appelé, en 1782, à diriger la banque de Saint-Charles, dont il avait proposé la création, En 1785, il fut un des fondateurs de la Compagnie da commerce des Philippines; il fut aussi appelé au Conseil royal des finances. A l'avènement de Charles IV (1788) il garda ses fonctions, bien qu'on l'accusât de disposer de la Banque comme de son propre bien et de confier à ses créatures tous les emplois qui en dépendaient. 

Cabarrus prononça l'éloge de Charles III dans une séance de la Société économique de Madrid (1789). Mais les plaintes dirigées contre son administration devinrent si vives que le comte de Florida Blanca, quoiqu'il fût son ami, le fit arrêter (24 septembre 1790). Le favori de la reine le fit sortir de sa prison en 1792, le fit comte et écouta ses conseils pour la direction de la politique intérieure et extérieure. Cabarrus, dont la fille avait épousé le conventionnel Tallien, ne fut pas étranger à la conclusion de la paix avec la France (1795), et paraît avoir noué des intrigues à Paris en 1796 pour mettre sur le trône de France un infant. 

En 1797, Cabarrus fut envoyé par l'Espagne au congrès de Rastadt. Le gouvernement espagnol se proposait de le nommer ministre à Paris; mais le Directoire refusa de l'admettre, parce qu'il était Français de naissance. Cabarrus fut nommé ministre à La Haye, mais n'y resta que peu de temps. Murat, envoyé en Espagne par Napoléon, fit appel à ses conseils après les événements de Bayonne. Après l'avènement de Joseph Bonaparte au trône d'Espagne, il fut nommé ministre des finances; mais la guerre d'Espagne ne lui permit de réaliser aucun des projets qu'il avait en vue pour améliorer la situation financière. C'est un homme exceptionnel, disait de lui son ami Jovellanos ; chez lui les talents rivalisent avec les faiblesses et les qualités les plus nobles avec les vices les plus extraordinaires.  Ses Cartas sobre la felicilad publica, adressées à G. de Jovellanos, furent publiées après sa mort (1813) et plusieurs fois réimprimées. (L. Del).

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Dictionnaire biographique
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