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Bertaut

Jean Bertaut est un poète français, né à Caen en 1552, mort à Séez le 8 juin 1611. Il entra de bonne heure dans les ordres, lut précepteur du duc d'Angoulême, secrétaire du cabinet d'Henri III. En 1594, on lui donna l'abbaye d'Aulnay, et il fut nommé premier aumônier de Marie de Médicis. Il contribua à la conversion d'Henri IV et, en 1606, il fut promu à l'évêché de Séez. 

J. Bertaut est un disciple de Ronsard et de Desportes. Il débuta par des poésies légères, des élégies passionnées, des chansons galantes, et se fit une réputation de bel esprit par ses « pointes ». Lorsqu'il eut été nommé évêque, il renonça au genre léger pour se consacrer uniquement au récit poétique des grands événements du temps. C'est ainsi qu'il publia la Réduction d'Amiens en l'obéissance du Roy; le Mariage du Roy et de la Reine; la Naissance de monseigneur le Dauphin; un Discours au Roy allant en Picardie pour combattre l'Espagnol, etc., toutes pièces longues et très fastidieuses qui sont loin de valoir ses premiers essais. II se sentit si bien, que son caractère sacerdotal ne l'empêcha pas, sur la fin de sa vie, de rassembler en un volume les poésies amoureuses qui avaient établi sa renommée.
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Pour le Ballet des Princes, vestus de fleurs en broderies

« Peut-estre, parmi ces fleurettes 
Vivent quelques plantes secrettes 
De soucis arrousez de pleurs; 
Peut-estre ont-ils [ = les Princes] en leurs poitrines 
Les coeurs aussi percez d'espines
Que leurs corps sont couverts de fleurs.

Mais qui ne sent point point les traverses 
Du soin [ = souci] et des peines diverses 
Dont vivant nous nous travaillons? 
Et qui, francs [= libres] de crainte et d'envie, 
Cueille les roses de la vie 
Sans se picquer aux aiguillons?

Les plaisirs de la vie humaine 
Sont tous meslez de quelque peine, 
Et le bien suive du malheur 
Mesme l'Amour jamais n'envole 
Ny le déplaisir sans la joye, 
Ny le plaisir sans la douleur.

C'est pourquoy, si quelque tristesse 
Tourmentant leur belle jeunesse 
Donne la gesne à leur vouloir [ = fait souffrir leur coeur]; 
Constans ils souffrent et se taisent
Ou soit que leurs peines leur plaisent 
Ou soit qu'ils n'osent s'en douloir [ = s'en plaindre]. »
 

(Bertaut, extrait des Poésies, édition de 1620).

Bertaut a le style clair et facile, l'expression franchement poétique; de la grâce et une agréable mélancolie. Mais la verve, l'envolée, lui fait défaut, et il abuse vraiment des traits d'esprit. Il imita Ronsard, mais fut moins ampoulé et plus élégant, ce qui a fait dire à Boileau, dans l'Art poétique :

Ce poète orgueilleux (Ronsard), trébuché de si haut, 
Rendit plus retenus Desportes et Bertaut.
 Voici les oeuvres de Bertaut : Discours au roy sur la conférence de Fontainebleau (Lyon, 1600, in-12); OEuvres poétigues (Paris, 1601, in-8; Paris, 1620, in-8; Paris, 1623, in-8; Paris, 1653, in-8); Recueil de quelques vers amoureux (Paris, 1602, in-8, et id., 1606); Parénète ou Fantaisie sur les cérémonies du baptême de Mgr. le Dauphin (Paris, 1607, in 8); Discours funèbre sur la mort du feu Roy (Henri IV) (Paris, 1610, in-8); Sermons sur les principales fêtes de l'année (Paris, 1613). (R.S.).
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Tristesse

Le couplet qui suit fut très admiré, il resta longtemps célèbre; Sainte-Beuve dit (dans la Poésie française au XVIe siècle) : « Nos mères le savent encore et l'ont chanté. Léonard et La Harpe à l'envi l'avaient rajeuni en romance. Fontenelle a remarqué que les solitaires de Port-Royal le trouvèrent si beau qu'ils le voulurent consacrer. en le citant (dans le commentaire de Job de M. du Saci) ». 

« Toute paix, toute joye
A prins [ = pris] de moy congé, 
Laissant mon ame en proye
A cent mille soucis dont mon coeur est rongé.

La pitié, la justice,
La constance et la foy,
Cedant a l'artifice
Dedans les coeurs humains sont esteintes pour moy.

L'ingratitude paye
Ma fidelle amitié,
La calomnie essaye
A rendre mes tourments indignes de pitié.

En un cruel orage On me laisse perir,
Et, courant au naufrage,
Je voy chacun me plaindre et nul me secourir...

Et ce qui rend plus dure La misere ou je vy,
C'est ès maux que j'endure
La memoire de l'heur [= bonheur (du latin auguriun)] que le ciel m'a ravy.

Felicité passée,
Qui ne peux, revenir,
Tourment de ma pensée.
Que n'ay je, en te perdant, perdu le souvenir! »
 

(Bertaut).
Léonard Bertaut est un minime, érudit français, né à Autun au commencement du XVIIe siècle, mort à Chalon-sur-Saône le 12 mai 1662. II a fait imprimer : La très ancienne et très auguste ville d'Autun couronnée de joye, d'honneur et de félicité par la nouvelle et heureuse promotion de Mgr Louis Doni d'Attichi dans son siège épiscopal (Châlon, Tan, 1653, in-4); l'Illustre Orbandale ou l'histoire ancienne et moderne de la ville et cité de Châlon-sur-Saône (Châlon, Cusset, 1662, 2 vol. in-4). Ce dernier ouvrage, suivant Papillon, était « peu estimé » ; il est en tous cas devenu rare et on le recherche aujourd'hui, à raison notamment des planches (antiquités romaines) du premier volume et des « preuves » du second. Il est rédigé sous forme d' « éloges » ou « traités », dont la plupart ont leur pagination distincte et même leur titre spécial, comme les Privilèges octroyez aux maires, eschevins, bourgeois et habitans de Châlon (Châlon, Cusset, 1660, in-4); l'Eloge de Louys Châlon du Blé, marquis d'Huxelles, gouverneur de la ville et citadelle de Châlon, parle p. Guérin, minime (Châlon, Cusset, 1661, in-4), et le Recueil des pièces choisies de la négociation de M. de Germigny, de Châlon, conseiller  du Roy et son ambassadeur à la Porte du grand seigneur (Châlon, Cusset, 1661, in-4), dans le t. I, et l'Éloge de Pierre Abélard (s. l. n. d.), dans le t. II. (L. Lex).
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Dictionnaire biographique
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