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Alexander Bain

Bain (Alexander), philosophe né à Aberdeen en 1818. Il étudia à Marishal College, 1836-1840, où il prit le grade de « master of arts » (comme qui dirait licencié ès lettres), après quoi il y enseigna la philosophie morale comme suppléant, 1841-44, puis la philosophie naturelle, 1844-45. Elu professeur de philosophie naturelle à «Anderson's University », Glasgow, il n'exerça pas, on à peu près pas ces fonctions. De 1847 à 1855, on le trouve d'abord attaché comme secrétaire-adjoint à la «Metropolitan Sanitary Commission», puis comme secrétaire au «General Board of Health»; il s'occupe donc surtout d'hygiène; puis il écrit dans la Westminster Review, où il a débuté dès 1840, et travaille à divers ouvrages de vulgarisation : Manuels d'astronomie, d'électricité, de météorologie dans la collection de livres de classes de Chambers; opuscules et articles divers dans Chamber's Papers for the people et dans Information for the People. Il donne aussi une édition annotée de la Moral philosophy de Paley.

En 1855, il fait paraître son premier grand ouvrage, The Senses and the Intellect, complété en 1859 par The Emotions and the Will : deux livres qui tiennent une place considérable non seulement dans l'histoire de la psychologie anglaise, mais dans l'histoire générale de la psychologie expérimentale. L'un et l'autre ont été traduits en français les Sens et l'intelligence, trad. Cazelles, 1874; les Emotions et la Volonté, trad. Le Monnier, 1885.

Bain dut sans doute à ces importantes productions d'être nommé, en 1860, professeur de logique à l'université d'Aberdeen, poste qu'il occupa jusqu'en 1880. En 1881 il a été élu Lord Rector de cette même université. Durant de longues années, il a été examinateur pour la logique et la philosophie morale à l'université de Londres, pour la morale au service civil de l'Inde. Depuis 1860 il a donné, sans parler d'ouvrages d'un caractère tout scofaire (une Grammaire anglaise très répandue, un Manuel de composition et de rhétorique, Mental and moral Science, grand manuel de philosophie), sans parler non plus d'une édition des Minor Works de George Grote, The study of Character (1861); Logic, Deductive and Inductive (1870, trad. franc. par G. Compayré, 187475); Mind and Body (1873, trad. en français); Education as a Science (1879, également traduit); James Mill, a biography, et John Stuart Mill, a Criticism, with personal Recollections (1882); Practical Essays (1884), recueil d'articles publiés dans différentes revues.

Bain jouissait d'une très grande considération dans l'opinion de son pays sous le double rapport du caractère et des services rendus. Au dehors il est surtout connu comme psychologue et comme théoricien de l'éducation. Il continue, en psychologie, la tradition de l'école écossaise; on n'a jamais poussé plus loin la précision de l'analyse, l'amour. de l'exactitude, la passion du détail. Sa principale originalité est ensuite dans l'étendue de ses connaissances scien tifiques et dans le soin tout particulier qu'il prend de rattacher toujours les faits psychiques aux faits physiologiques correspondants. Dans la science de l'éducation il porte le même esprit positif, bornant volontairement le champ de son étude aux questions d'enseignement et de discipline scolaire, et montrant une vive prédilection pour la culture scientifique. Lui-même, dans un discours prononcé eu 1882 à l'occasion de la remise solennelle de son portrait à l'université d'Aberdeen, raconte qu'un séjour qu'il fit à Londres en 1842 eut sur sa vie entière une influence décisive. II connut là J. Stuart Mill et fut introduit d'une part dans la société des savants du temps, de l'autre dans celle des, hommes politiques qui avaient fait campagne pour la Réforme et travaillaient à en tirer tous les progrès qu'on s'en était promis; «J'ai pris, dit-il, des hommes de science, le goût de la précision et de la clarté en tout; des hommes d'action, le désir d'être pratique et de tirer toujours de mes études des applications utiles». Tel est bien, en effet, le double caractère de tous ses écrits. (H. Marion).

Bain est plus connu, au point de vue scientifique, par ses ouvrages de vulgarisation, la plupart classiques en Angleterre et publiés dans la collection Chambers, que par des oeuvres originales. Cependant en électricité, surtout en télégraphie, on lui doit quelques recherches où appareils intéressants. Parmi ces derniers le télégraphe électro-chimique est le plus remarquable. Si Bain n'a pas eu le mérite d'employer le premier en télégraphie les décompositions électro-chimique, Davy ayant utilisé dès 1839 la décomposition par des courants électriques de l'iodure de potassium, du moins son appareil a réalisé un perfectionnement important, la réaction chimique intervenant dans son procédé ayant une très grande sensibilité (formation du bleu de Prusse par un courant traversant un papier imprégné de cyanure de potassium). Bain a aussi modifié le manipulateur du télégraphe Morse, qui servait aussi à son télégraphe électro-chimique, de façon à rendre plus rapide l'expédition des dépéches. (A. Joannis).



En bibliothèque - J. Stuart Mill, Essays. - Th. Ribot, la Psychol. angl. contemporaine.
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