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Marie-Madeleine

Marie-Madeleine, ou Magdeleine. - Personnage de la Bible (Nouveau-Testament), que la plupart des anciens auteurs confondent très mal à propos avec Marie, soeur de Marthe et de Lazare , était apparemment cette pécheresse dont parle saint Luc , chap. VII , 36, 37 et suivants, dont il ne dit pas le nom. Mais voici quelques circonstances qui peuvent faire croire que c'est la même qu'il nomme MarieMadeleine au chap. VIII , 2 , et dont il dit que Jésus avait chassé sept démons. Jésus, ayant guéri le fils de la veuve de Naïm , entra dans la ville et y fut invité à manger par un pharisien , nommé Simon. Lorsqu'il fut à table, une femme de mauvaise vie vint dans la maison, avec un vase d'albâtre, plein d'huile de parfum; et se tenant debout, derrière Jésus et à ses pieds, car il était couché sur un lit de table à l'antique, elle répandit son parfum sur ses pieds, les baisa, les arrosa de ses larmes, et les essuya de ses cheveux. Le pharisien l'ayant considérée, dit en lui-même : Si cet homme était prophète, il saurait qui est celle qui le touche, et que c'est une femme de mauvaise vie. Alors Jésus, qui voyait le fond de son coeur, lui dit : Un créancier avait deux débiteurs, dont l'un lui devait cinq cents deniers, et l'autre cinquante. Comme ils n'avaient pas de quoi payer, il leur remit à tous deux leurs dettes. Lequel des deux l'aimera donc davantage? Simon répondit : Je crois que c'est celui à qui il a remis une plus grande somme.
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Marie Madeleine.
Marie Madeleine représentée 
sur le missel d'Henri VIII.

Après cela, Jésus, relevant tout ce que cette femme venait de faire pour lui, ajouta Beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu'elle a beaucoup aimé; mais celui à qui on remet moins, aime moins. Alors il dit à cette femme : Vos péchés vous sont remis. Au chapitre suivant, saint Luc dit que Jésus, allant de ville en ville, prêchait la bonne parole, accompagné de ses douze apôtres, et qu'il y avait aussi quelques femmes qui avaient été délivrées des malins esprits, et guéries de leurs maladies, entre lesquelles était Marie, surnommée Madeleine, dont sept démons étaient sortis. Sans doute cela ne prouve-t-il pas démonstrativement que la femme pécheresse soit Marie-Magdeleine; mais c'est là tout ce que l'un a pour soutenir ce sentiment. Ainsi, sans prétendre que ce ne soit qu'une seule personne, après avoir rapporté ce qui regarde la pécheresse, nous allons dire ce que l'on sait de Marie-Magdeleine.

Marie-Magdeleine tirait son surnom, ou du bourg de Magdala, situé dans la Galilée, au delà du Jourdain, pas loin de Gamala, apparemment le même qui est marqué dans saint Matthieu, XV, 39, selon le Grec, au lieu que le Grec lit Magedan; ou de Magdolos, ville située au deçà du Jourdain, au pied du mont Carmel, qui est la même que Megiddo, marquée dans Josué, XVII,11; IV Reg. IX, 27, et XXIII, 29.

Les rabbins parlent d'une Marie-Madeleine, femme du rabbin Papus, fils de Juda, et d'une autre Marie Madeleine, femme de Hamchuna, père du Nazaréen, laquelle fut surnommée Magdala, ou Madeleine, non à cause de sa ville d'origine, mais à cause de sa profession de coiffeuse ou de friseuse, comme si l'on voulait marquer, par ce terme Magdala, qui signifie une tour, que Madeleine,, en frisant et en coiffant les femmes, leur bâtissait en quelque sorte des tours sur la tête :

Tanta est quaerendi cura decoris :
Tot premit ordinibus, tot adbuc compagibus altum
Aedificat caput.
Ligtfoot croyait que c'est de cette MarieMadeleine dont parlent saint Luc et les autres évangélistes, et que cet auteur confond avec Marie, soeur de Lazare. Madeleine est nommée, dans les évangélistes, parmi les femmes qui suivaient Jésus, pour le servir, suivant l'usage des Juifs. Saint Luc et saint Marc remarquent que cette femme avait été délivrée de sept démons par Jésus, ce que quelques-uns entendent à la lettre; mais d'autres l'entendent des crimes et des désordres de sa vie passée, dont Jésus-Christ l'avait tirée. D'autres tiennent qu'elle a toujours vécu dans la virginité, et par conséquent ils la distinguent de la pécheresse de saint Luc, et ne peuvent entendre les sept démons qui la possédaient que d'une possession réelle et effective, qui n'est pas incompatible avec la sainteté.  Elle suivit Jésus au dernier voyage qu'il fit de Galilée, à Jérusalem, et elle se trouva au pied de la croix avec la Vierge. Elle demeura sur le Calvaire jusqu'à la mort de Jésus, et elle le vit mettre dans le tombeau; après quoi elle s'en retourna à Jérusalem, pour acheter et pour préparer. des parfums, afin qu'elle le pût embaumer, après le repos du sabbat, qui allait commencer.

Elle demeura dans la ville pendant tout le jour du sabbat , et le dimanche, de très grand matin, elle alla au sépulcre avec Marie, mère de Jacques, et Salomé. En chemin, elles se disaient l'une à l'autre Qui nous ôtera la pierre qui ferme le tombeau? Alors elles sentirent un grand tremblement de terre; c'était la marque de la résurrection de Jésus. Etant arrivées à son tombeau, elles virent deux anges qui leur annoncèrent que Jésus était ressuscité. Aussitôt Marie-Madeleine courut à Jérusalem, pour dire cette bonne nouvelle aux apôtres, et en même temps elle revint au sépulcre. Pierre et Jean y vinrent aussi et furent témoins que le corps n'y était plus. Ils s'en retournèrent; mais. Marie resta, et s'étant penchée, pour voir dans l'intérieur du sépulcre, elle y vit deux anges assis, l'un à la tête et l'autre au pied du tombeau. Ils lui dirent : Pourquoi pleurez-vous? Elle répondit : On a emporté mon Seigneur, et je ne sais où on l'a mis. En même temps, s'étant tournée, elle vit Jésus, sous la forme d'un jardinier, qui lui demanda ce qu'elle cherchait. Elle répondit : Seigneur, si c'est vous qui avez pris mon maître, dites-le-moi, afin que je l'emporte. Jésus lui dit : Marie ! et aussitôt elle le reconnut et se jeta à ses pieds, pour les baiser; mais Jésus lui dit : Ne me touchez point ; car je ne vais pas encore à mon Père; comme s'il voulait dire : Vous aurez le loisir de me voir. Allez trouver mes frères, mes apôtres, et dites-leur que je vais monter à mon Dieu et à leur Dieu , et à mon Père et à leur Père. Ainsi Marie eut le bonheur de voir le Christ la première de toutes, après sa résurrection.

Elle revint donc à Jérusalem, et elle dit aux apôtres qu'elle avait vu le Seigneur, qu'elle lui avait parlé, et leur raconta ce qu'il lui avait dit; mais les apôtres ne la crurent pas d'abord, jusqu'à ce que cette nouvelle se confirmât par quantité d'autres témoignages. Voilà ce que l'Evangile nous dit de sainte Marie-Madeleine, différente de Marie, soeur de Marthe, qu'on a aussi très souvent appelée de ce nom; car l'histoire prétendue de Marie-Madeleine, que l'on dit avoir été écrite en hébreu par sainte Mar.celle, servante de sainte Marthe, regarde Marie, soeur de Marthe.

Saint Modeste, archevêque de Constantinople au VIIe siècle, dit que MarieMadeleine, de laquelle Jésus avait chassé sept démons, alla à Ephèse après la mort de la Vierge, et qu'elle demeura toujours auprès de saint Jean , tant qu'elle vécut. Cet auteur dit qu'elle y finit sa vie par le martyre. On en avait alors les Actes, mais on ne les connaît plus aujourd'hui. Le commentaire sur saint Marc, attribué à saint Jérôme dit que Marie-Madeleine était veuve. Grégoire de Tour, de même que saint Modeste, dont nous venons de rapporter le témoignage, dit que son tombeau était à Ephèse et qu'il n'était pas encore ouvert. On y révérait encore ses reliques , en 745, lorsque saint Villebeaud y  passa. Les Ménées des Grecs marquent qu'elle y est morte et qu'elle y est enterrée. L'empereur Léon le Sage, qui commença à régner en 886 fit apporter ses reliques d'Ephèse à Constantinople. Codin, qui parle de cette translation, l'entend de Marie, soeur de Lazare; mais Cédrène l'entend de la Madeleine.

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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