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Kali

Kâli - (proprement Kâlî = la Noire). Ce mot, qui désigne dans les Védas l'une des sept langues d'Agni, est devenu dans le système brahmanique l'un des noms de Dêvî, l'épouse de Shiva, sous sa forme farouche. Comme telle, Kâli se confond souvent avec Dourgâ, autre forme terrible de la même déesse. Elle est ordinairement représentée sous la forme d'une femme noire, à l'aspect hideux, aux seins pendants, à la langue tirée, dégouttante de sang, encerclée de serpents, enguirlandée de crânes : de ses deux mains gauches elle tient un cimeterre et une tête coupée, des deux autres elle fait le geste qui rassure et celui qui exauce. C'est la figure la plus extraordinaire du Panthéon hindou et en même temps une des plus populaires, surtout au Bengale.
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Kali.
Kali.

D'après certains étymologistes , c'est elle qui aurait donné son nom à Kolkata ou Calcutta (en bengali Kâlikatta). Elle a également un temple près de Nasik, réputé dans le pays mahratte. Mais son sanctuaire le plus célèbre est dans les Vindhyas (d'où son nom de Vindhyavâsinî, l'habitante des Vindhyas), à l'endroit où ces montagnes se rapprochent du Gange, aux environs de Mirzapour. Le sang y coule toujours devant l'image de la déesse. Jadis on lui faisait des sacrifices humains. Un poème prâkrit du VIIIe, siècle, le Gaüdavaho, nous décrit ce même temple : entouré d'essaims d'abeilles; hanté de chacals, surmonté de rouges bannières, sa porte ornée de clochettes et ses cours intérieures étaient journellement inondées de sang humain; autour se tenait un marché de chair humaine pour servir d'offrande à la déesse : on lui offrait aussi des chevaux

Si jamais culte indien semble d'origine aborigène, c'est bien celui-là. Le temple se trouvait dans le pays des Savaras, sauvages à peine vêtus de quelques feuilles, et le poème nous montre les femmes des tribus environnantes s'empressant autour des victimes qu'on sacrifie. Les contes insistent sur les dangers autant que sur les mérites du pèlerinage et sont pleins de récits de caravanes pillées par les Savaras ou les Bhils et de prisonniers gardés pour être offerts en sacrifice à Kâli. Les pèlerins chinois nous racontent des histoires du même genre : rappelons par exemple l'histoire de ces pirates du Gange qui voulaient sacrifier ainsi Hiouen-tsang et qu'il aurait convertis (trad. Stanislas Julien, I, p. 117). 

A la fin du XIXe siècle, c'est encore au nom de Kâli que la sanglante confrérie des Thags prétendait immoler ses victimes. Son culte est toujours répandu dans les basses classes, particulièrement au Bengale, et c'est lui qui sert de prétexte à des rites tantriques des plus licencieux. Sa fête principale s'appelle au Bengale le Dourga-Pouja : ce sont les saturnales de l'équinoxe d'automne : on y célèbre particulièrement sa victoire, sous la forme de Dourgâ, sur le démon Nahicha, moitié homme et moitié buffle. Une autre fête se tient le jour de la nouvelle lune du mois de Sravana (juillet-août) pour propitier les huit (ou soixante-quatre) yoginis (magiciennes ou sorcières) qui servent de cortège à Kâli. (A. Fouché).

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