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Dea Dia

Dea Dia est une divinité romaine qui nous est connue par le culte que lui rendait la confrérie des Frères Arvales. Dea Dia était, comme son nom l'indique, une déesse lumineuse, l'une des déesses protectrices des champs. Les actes des Arvales nous renseignent sur les particularités détaillées de son culte; il est remarquable de voir combien ce culte local, qui était très ancien, très développé et célébré par une confrérie religieuse (Sodalité), est resté ignoré. Aucun des écrivains latins ou grecs n'en parle; il n'est connu que par les inscriptions trouvées au cinquième mille au sud de Rome, près du Tibre, dans la vigne des Ceccarelli. 

Ce vieux culte italien si étroitement localisé nous a été manifesté par un hasard; on comprend combien de cultes analogues doivent demeurer inconnus. Celui-ci fut toujours limité à la confrérie qui le desservait; le calendrier l'ignore, il n'eut jamais de caractère officiel, malgré la protection qu'Auguste lui accorda. Les cérémonies religieuses des Frères Arvales, sur lesquelles les inscriptions nous renseignent abondamment, étaient célébrées dans le bois sacré de Dea Dia, bois de lauriers et de chênes

Évidemment la déesse qu'adoraient les Frères Arvales était une divinité de la terre et des champs, probablement identique à Tellus, à Cérès et à Ops, mais aussi à Flora et à Fauna, une divinité de sol romain. Son bois sacré se trouvait près de la ville, sur la rive droite du Tibre, près de la via Campana route des champs, à cinq milles de la porte de Rome. 

C'était là que s'accomplissaient les actes les plus importants du culte de la Dea Dia, tandis que les autres se faisaient à la ville, dans la maison du Magister. Les fêtes avaient lieu en mai, au moment où la moisson mûrissait dans les campagnes. Comme la plupart des fêtes agraires, elles étaient mobiles, et le Magister en fixait l'époque au début de l'année, soit pour les 17, 19 et 20, soit pour les 27, 29 et 30 mai. Le premier et le troisième jours se fêtaient dans la maison du Magister; le second, le plus important, dans le bois sacré de la déesse.

La veille des fêtes était remplie, le matin par un service divin, l'après-midi par un repas commun des Frères et des Camilli. Le lendemain commençait par un sacrifice d'encens et de vin, puis venait la dégustation des fruits secs, productions de l'année écoulée, et de fruits nouveaux, prémices de l'année courante. L'après-midi, les Frères se réunissaient : nouveau repas commun, nouveau sacrifice, nouvelle offrande des produits de l'année. On se séparait ensuite aux cris de feliciter!

Le surlendemain, qui était soit le 19, soit le 29 mai, les Frères Arvales se réunissaient dès le matin dans le bois de la Dea Dia. Les solennités de la journée étaient inaugurées par le sacrifice de deux porcs et d'une vache blanche. Le sacrifice accompli, les Frères, la tête couverte, se rendaient du petit temple, où s'était accomplie cette première cérémonie, au bois lui-même. Ils portaient, dans cette procession, la couronne d'épis à bandelette blanche portée par Romulus. Une fois au bois, on immolait encore un agneau gras, dont on examinait soigneusement les entrailles; puis on revenait au temple : on faisait de nouveaux sacrifices, on distribuait aux assistants des pains couronnés de laurier. Enfin on fermait le temple; on écartait tous les serviteurs, et les Frères commençaient alors une danse (tripudium) autour de l'autel, la robe retroussée, partagés, à ce qu'il semble en trois groupes. Ils chantaient en dansant des paroles dont on leur distribuait le texte d'avance, et qui sont, heureusement, parvenues jusqu'à nous comme un des monuments les plus antiques de la littérature latine.

Cette cérémonie faite, les Frères élisaient leur Flamine et leur Proflamine pour l'année suivante, faisaient un nouveau repas en commun et se rendaient ensuite au Cirque, où leur arrivée donnait le signal des courses. Les prix des lutteurs étaient des palmes et des couronnes d'argent, probablement des couronnes d'épis. Puis les Frères retournaient à la maison du Magister, où recommençaient les offrandes et les festins. Ainsi se passait le second jour. Quant au troisième, destiné à clore la fête, il ne faisait que répéter trait pour trait les cérémonies du premier jour.

Outre ces fêtes solennelles, les sources déjà citées nous parlent de différentes expiations, nécessitées par certaines circonstances, et qui avaient lieu dans le bois sacré de la Dea Dia. Tantôt c'est un arbre tombé de vieillesse ou frappé de la foudre qu'il faut écarter, tantôt une pierre à graver, une dégradation à réparer : toutes occasions qui exigeaient l'introduction du fer dans le bois sacré, et par conséquent, chaque fois, un piaculum, une expiation particulière. Quelquefois il fallait, en des cas pareils, la présence de tout le collège, comme par exemple le jour où il fallut écarter de force un figuier qui s'était niché sur le toit du temple de la déesse. Toujours, dans ces nécessités, un sacrifice doit être fait, tant avant l'entreprise de l'ouvrage qû après son accomplissement. 

Les Frères se réunissaient, en dehors du culte de leur déesse, pour une foule d'autres solennités romaines; surtout au Capitole. Souvent aussi ils s'assemblaient pour délibérer dans la Regia, dans le palais impérial, ou ailleurs encore; c'était quand il s'agissait de fixer la fête de la Dea Dia, de décider des réparations au bois sacré, de choisir de nouveaux Frères, de prendre part à certains jeux votifs, ou enfin de faire des voeux, de célébrer des actions de grâces pour la santé et la sécurité de l'empereur. (L. Preller).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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