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Agni

Agni, divinité védique du feu. Selon les textes, il est soit le fils des eaux célestes, soit leur amant. On le représente pourvu de quatre bras (deux tiennent un écrit; les deux autres soutiennent l'univers) et de deux têtes, environnées de flammes. Il monte un bélier.

Religion d'Agni.
Agni personnalise le feu, qui jouissait d'un si grand prestige dans la considération des Indo-Européens, particulièrement des Iraniens. Instrument du culte, il en devint l'objet. La même flamme oscille et crépite dans l'âtre, dans l'ardeur solaire, dans la fulgurance de l'éclair. Ainsi Agni, comme Indra, mais en un autre sens, équivaut à l'astre foyer du monde et à cette foudre qui précipite les eaux sur le sol avide. L'un et l'autre, de ce biais, réalisent cette mise en rapport du Ciel père et de la Terre mère, qui hante l'imagination indo-européenne.

L'anthropomorphisation d'Agni s'ébauche à peine, mais ses descriptions ritualistiques occupent une place privilégiée dans le Véda et dans les Brâhmanas; face beurrée, chevelure fauve, langues agiles, mâchoires acérées, dents d'or : aspects des flammes où l'on verse l'oblation; nature si diverse qu'on la décrit aigle ou taureau; Agni est né de la friction de deux morceaux de bois, les Aranis; et les poètes s'émerveillent de voir un être aussi vivant jaillir du bois sec et mort.

Sa croissance même est miraculeuse : puisque ses parents sont incapables de pourvoir à sa subsistance, il les dévore aussitôt né, et se nourrit ensuite des oblations de beurre clarifié versées dans ses bouches de flammes dévorantes. Agni réside aussi dans les eaux et dans le ciel : sous la forme de l'éclair, il déchire le nuage dont les eaux bienfaisantes fertiliseront la terre, et c'est encore lui qui flamboie au sein du Soleil

Polymorphe, il joue le rôle de médiateur, disons mythiquement de messager, tant pour les dieux que pour les humains. Il ne méprise personne, puisqu'il est l'hôte de tous les foyers. Intime protecteur de la maison, il est prêtre domestique, tout en conciliant les diverses fonctions sacerdotales. Il veille avec un millier d'yeux sur l'humain qui lui présente de la nourriture et des offrandes, il le protège contre ses ennemis et lui confère l'immortalité. 

Dans un hymne funéraire, on demande à Agni de réchauffer par ses flammes l'être immortel qui subsiste dans le mort, et de le convoyer jusqu'au monde des Justes. Agni fait traverser à l'humain de calamités comme un navire le porte sur la mer. Dans tous les mondes les richesses sont sous sa domination; c'est pourquoi on l'invoque pour obtenir une nourriture abondante, la prospérité, et, d'une manière générale, tous les biens temporels. On l'invoque aussi leur le pardon des péchés commis sous l'empire dune folie passagère.

On dit Agni, fils du Ciel et de la Terre, ou fils de Brahmâ; ou encore de Kashyapa et d'Aditi, voire d'Angiras, roi des Mânes. Époux de Svâhâ, il en eut trois fils : Pâvaka, Pavamâna, Souci. 
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Agni.
Agni.

On le décrit encore comme un homme rouge,à trois jambes, sept bras, les yeux et les cheveux noirs. Il monte un bélier, et porte le cordon brahmanique avec une guirlande de fruits. Des flammes jaillissent de sa bouche; son corps irradie sept rayons de lumière. Ses attributs sont la hache, le bois, le soufflet (en éventail), le flambeau, la cuiller sacrificielle.

Agni a formé le Soleil et rempli la nuit d'étoiles. Les dieux le craignent et lui rendent hommage, car il connaît les secrets des mortels.

Selon les prescriptions rituelles, trois feux différents doivent âtre allumés : il l'est, le feu âhavanîya (ou vaishvânara), pour les offrandes aux dieux; au sud, le feu dakchina (narâshamsa), pour le culte des Mânes; à l'ouest, le gârhapatva, pour la cuisson des aliments et des offrandes. Ces foyers représentent respectivement le ciel avec le Soleil, l'atmosphère intermédiaire (Séjour des morts et domaine du vent), et la terre. Les rites sacrificiels symbolisent les correspondances entre ces trois mondes.

De nombreux mythes expriment ces corrélations fondamentales ; citons celui des Bhrigous, dieux aériens de la tempête, qui font communiquer le ciel et la terre, et celui de Mâtarishvan, qui reçut et transmit le feu céleste. Or, les Bhrigous et Mâtarishvan représentent le vent, étroitement solidaire du feu, dont il passe pour la cause et quelquefois pour l'effet.

D'après une tradition postérieure (Vishnou-Pourâna), Bhrigou est un des premiers sages et l'ancêtre de la famille qui porte son nom; le mot lui-même évoque le feu, puisqu'il signifie : né des flammes . D'après la légende, Bhrigou aurait un jour maudit Agni. Une femme du nom de Poulomâ était fiancée à un démon; Bhrigou, considérant qu'elle était belle, s'en éprit, et, l'avant épousée selon les rites védiques, il l'enleva secrètement. Mais le démon, grâce aux indications d'Agni, découvrit la retraite de la jeune femme qui s'était promise à lui, et la ramena dans sa demeure. Furieux contre Agni, qui avait prêté assistance au démon, Bhrigou le maudit en disant : "Désormais, tu mangeras tout". Agni demanda à Bhrigou pourquoi il jugeait à propos de le maudire, puisqu'il s'était borné, en somme, à dire la vérité au démon. Il lui rappela que lorsqu'on est interrogé, et qu'on répond intentionnellement par un mensonge, on est jeté en enfer, ainsi que les sept générations précédentes et les sept suivantes, et que celui qui refuse de donner un renseignement demandé est également coupable. Agni dit encore à Bhrigou :

"Moi aussi je puis lancer des malédictions, mais je respecte les Brahmanes et je maîtrise ma colère. Je suis en vérité la bouche des dieux et des ancêtres. Quand le beurre clarifié leur est offert, ils y participent grâce à moi qui suis leur bouche; ainsi comment peux-tu dire que je mange tout?". 
Entendant ces paroles, Bhrigou consentit à modifier ainsi sa malédiction : Comme le Soleil par sa lumière et sa chaleur purifie toute la nature, de même Agni purifiera tout ce qui entrera dans ses flammes. (P. Masson-Oursel, Louise Morin).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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