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La Suivante, de Corneille

La Suivante est une comédie de Corneille représentée en 1634. Elle repose sur un bien fragile quiproquo. Une suivante, Amarante, essaye, à l'aide d'une confusion de noms et de personnes, d'enlever à sa maîtresse Daphnis un certain Florame qu'elle aime. Florame épouse néanmoins Daphnis et Amarante exhale son dépit en dix strophes, pleines d'antithèses, qui terminent la pièce.

Cette pièce, la cinquième de son auteur, est aussi encombrée que les précédentes, et le style en est même assez faible. Voici pourtant un dialogue déjà « cornélien » (acte III, sc. II) :

CLARIMOND.
Ces dédains rigoureux dureront-ils toujours?

DAPHNIS.
Non, ils ne dureront qu'autant que vos amours.

CLARIMOND.
C'est prescrire à mes feux des lois bien inhumaines.

DAPHNIS.
Faites finir vos feux, je finirai vos peines.

CLARIMOND.
Le moyen de forcer mon inclination?

DAPHNIS.
Le moyen de souffrir votre obstination?

CLARIMOND.
Qui ne s'obstinerait en vous voyant si belle?

DAPHNIS.
Qui vous pourrait aimer, vous voyant si rebelle?

CLARIMOND.
Est-ce rébellion que d'avoir trop de feu?

DAPHNIS.
C'est avoir trop d'amour et m'obéir trop peu...

CLARIMOND.
C'est donc perdre mon temps que de plus y prétendre?
DAPHNIS.
Comme je perds ici le mien à vous entendre.

CLARIMOND.
Me quittez-vous sitôt sans me vouloir guérir?

DAPHNIS.
Clarimond sans Daphnis peut et vivre et mourir.

CLARIMOND.
Je mourrai toutefois, si je ne vous possède.

DAPHNIS.
Tenez-vous donc pour mort, s'il vous faut ce remède.

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