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Silves ou Sylves, nom donné par les Latins à un recueil d'opuscules littéraires roulant sur différents sujets et disposés au hasard comme les arbres d'une forêt. C'est à peu près ce que nous appelons mélanges. On appelait aussi du nom de Silve une simple pièce de vers ou de prose écrite avec toute la rapidité et la négligence d'un premier jet, et dont les détails avaient besoin d'être revus, élagués, retouchés, polis et mieux ordonnés; à peu près ce que nous nommons une esquisse ou une improvisation. Ange Politien, au XVe siècle s'est essayé à ce genre. Mais le seul recueil de l'Antiquité qui nous soit parvenu sous ce titre est celui du poète Stace, qui vivait au temps de Domitien. Il l'a nommé Silves à cause de la variété des matières, et parce que chacune des pièces qui le composent a été écrite de prime saut, et porte tous les caractères de la précipitation : au témoignage du poète lui-même, quelques-unes, même assez longues, ne lui ont coûté qu'un jour de travail et aucune pas plus de deux jours. 

Ce recueil contient 32 poèmes groupés en 5 livres. Stace y a déployé de merveilleuses ressources de style et de versification; l'esprit étincelle dans les mois, dans les tours; l'imagination du poète enrichit et féconde de maigres et stériles sujets à l'aide de tous les procédés enseignes dans les écoles de rhétorique; tout y sent l'artifice; nulle part ne paraît la trace d'un sentiment, d'une pensée sortis de l'âme; nul naturel, nul abandon. Ces défauts ne viennent cependant pas du manque d'invention : Stace a des qualité sérieuses; mais il eut le malheur d'écrire à une époque où il était dangereux de se montrer hardi ailleurs que dans l'art d'agencer des mots ingénieux et brillants, et de cadencer d'harmonieuses périodes; où la force d'âme, la vérité, la franchise, menaçaient sans cesse l'orateur ou le poètee du sort d'Helvidius et de Lucain; où l'art suprême de faire fortunée consistait à flatter les grands, l'empereur et ses affranchis. (P.).



En bibliothèque - Une des meilleures éditions anciennes des Silves de Stace est celle de Markland, Londres, 1728, in-4°, reproduite en partie dans la Bibliothèque latine de Lemaire, 1825, in-8°. II existe une traduction française des Silves, par Rinn et Achaintre, dans la Bibliothèque latine-française de Panckoucke, Paris,1820-30, in-8°.

En librairie - Stace, Silves, Belles Lettres (Série latine), 2 vol.  - Ange Politien, Les Silves, Les Belles Lettres, 1988. 

Abbé J. Danglard, De Stace, et surtout des Silves, Phénix, 2004. -

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