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Livres des Rois

Livres des Rois. - Les Septante et la Vulgate connaissent quatre livres des Rois; en nous conformant à la nomenclature juive, nous laisserons ici de côté les livres de Samuel, dont il sera traité à ce mot, pour nous borner aux livres portant en hébreu les numéros 1 et 2. 

Les livres hébraïques des Rois, classés dans le canon biblique à la section des Nebyim ou Prophètes, à la suite des livres des Juges et de Samuel, débutent par le récit des circonstances qui marquèrent la mort de David et l'avènement de Salomon. La vie de Salomon est rapportée avec un certain détail, notamment en ce qui concerne la construction du temple considérable, élevé avec le concours des Tyriens en l'honneur de la divinité nationale, et l'inauguration de cet édifice. On mentionne encore le luxe de Salomon, la visite qu'il reçut d'une reine d'Arabie (Reine de Saba), le développement pris par son harem, et ses concessions à l'idolâtrie (1 Rois, ch. 1 à XI). La seconde partie de 1 Rois et la totalité de 2 Rois sont consacrées à l'exposé des destinées collatérales des royaumes d'Israël et de Juda jusqu'à la destruction du premier, puis de Juda seul jusqu'à la destruction de Jérusalem par les Chaldéens (de 975 à 586 av. J.-C., selon la chronologie vulgaire). 

Les notices consacrées aux différents rois sont généralement sèches, très incomplètes, peu propres à nous donner une idée, soit de la vie intérieure d'Israël, soit de ses rapports avec l'étranger. L'écrivain s'intéresse principalement aux faits qui concernent le culte et émet des jugements plus ou moins sévères sur les différents monarques, selon le zèle qu'ils ont apporté à écarter les pratiques de l'idolâtrie étrangère. C'est ainsi qu'il met au premier rang les personnages d'Ezéchias et de Josias, qui auraient tenté de ramener l'ordre dans l'organisation du culte, conformément aux prescriptions légales. Mais, de l'écart même que l'auteur du texte est amené à constater entre les faits et ce qu'il appelle « la loi », il résulte clairement qu'il juge les incidents et phénomènes du culte en se plaçant à un point de vue purement théorique. 

A en croire ses jugements, d'une sévérité outrée, d'un rigorisme intransigeant, le peuple d'Israël aurait manqué, d'une façon constante et voulue, aux obligations contractées envers la divinité protectrice, attirant ainsi sur sa tête les plus effroyables catastrophes. Les Livres des Rois, qui reposent en fin de compte sur des données historiques d'un caractère sérieux, ont malheureusement sacrifié ces données, d'un si grand prix pour nous, à des préoccupations dogmatiques dont l'intérêt est devenu tout à fait secondaire. 

Les ch. XVII à XXI de 1 Rois et I-X de 2 Rois sont presque exclusivement occupés par de longs développements, visiblement étrangers aux sources habituelles où puisait l'écrivain et consacrés à exposer les merveilleuses aventures des prophètes Elie et Elisée, mêlés tour à tour à des événements privés et à des circonstances intéressant des rois et des faits politiques. Ces récits ont le caractère de contes merveilleux, et l'auteur n'a pas fait sérieusement effort pour les ajuster au cadre de son exposé général. En somme, les Livres des Rois, si précieux pour notre connaissance de l'Israël ancien à titre de document unique en l'espèce, constituent un moyen d'information fort au-dessous de ce qu'en attendrait notre curiosité. 

Celle-ci, aiguisée par les lumières que les décou vertes archéologiques ont projetées sur les anciens empires de l'Asie et de l'Egypte, regrette vivement de ne pouvoir contrôler et compléter les indications fournies par la Bible au moyen de monuments épigraphiques provenant de la Palestine ou des pays voisins. En revanche, si l'on se place au point de vue de l'évolution des idées religieuses, on sera vivement frappé par le tour spiritualiste du discours placé dans la bouche de Salomon lors de l'inauguration solennelle du Temple et par plusieurs développements de l'épopée-légende d'Elie et d'Elisée, composition très originale à laquelle les écrivains des Évangiles ont fait de larges emprunts.

On a souvent proposé de rapporter la rédaction d'ensemble des livres des Rois à l'époque de la captivité (VIe siècle avant notre ère); il est beaucoup plus sage de l'attribuer aux temps de la Restauration ou du second Temple (Ve ou IVe siècle avant notre ère) sans exclure des additions de date plus récente encore, la préoccupation philosophique qui perce en certaines places pouvant peut-être s'expliquer par des influences grecques. (Maurice Vernes).

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Dictionnaire Le monde des textes
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