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Othon, de Corneille

Othon est une tragédie de Corneille en cinq actes en vers. Elle fut représenté d'abord devant la cour, à Fontainebleau, le 3 août 1664. Au mois de novembre suivant, elle fut donnée à l'hôtel de Bourgogne.

Corneille s'est inspiré de Tacite, qui traite d'Othon au livre Ier de ses Histoires; il a puisé aussi chez Plutarque et Suétone dans leurs Vies de Galba et d'Othon; mais il doit probablement la première idée de son sujet à l'italien Ghirardelli, qui avait fait représenter un Ottone en 1652.

Nous sommes sous le règne du vieux Galba. L'empereur a voulu se choisir un héritier et l'on intrigue dans le prétoire : le préfet Lacus a Pison pour candidat; le consul Vinius propose Othon. Ce dernier est promis à Plautine, fille de Vinius, et il n'attend plus que l'autorisation de Galba pour l'épouser. Mais Vinius rompt l'hymen projeté, malgré les protestations d'Othon et lui ordonne de s'allier à Camille, fille de Galba, pour se rapprocher du trône.

Cependant Galba a choisi Pison pour époux de Camille et son successeur à l'empire. Camille refuse ce mari, et Galba lui accorde Othon, mais en la privant de l'empire qu'il réserve à Pison. Othon, instruit par Camille de la décision de Galba, ne veut pas consentir au lourd sacrifice de Camille; mais celle-ci insiste en affirmant que le trône peut être conquis sur Pison. En même temps, Martian, affranchi de Galba qui avait proposé à Plautine de donner sa voix à Othon en échange de sa main, et qui avait été repoussé dédaigneusement, complote l'assassinat d'Othon, Le coup manque et Lacus ordonne le meurtre de Galba, de Vinius et d'Othon, afin d'assurer à Pison le pouvoir suprême.

Vinius exhorte alors Othon à profiter du mécontentement de l'armée pour s'emparer du pouvoir. Camille, apprenant la mutinerie des soldats, s'indigne contre Othon qui montre ainsi son indifférence pour elle et son souci du seul trône. Othon est proclamé empereur et Lacus se suicide non sans avoir auparavant tué Vinius.

C'est la tragédie dont les vers ont le plus coûté à Corneille, d'après son propre témoignage. Cependant, malgré le grand succès qui l'accueillit, cette pièce est une des plus faibles de l'auteur; elle ne consiste guère qu'en beaux discours politiques et manque trop de véritable action. Boileau ne se cachait pas de l'avoir attaquée directement dans ces quatre vers de son Art Poétique :

Vos froids raisonnements ne feront qu'attiédir 
Un spectateur toujours paresseux d'applaudir,
Et qui, des vains efforts de votre rhétorique
Justement fatigué, s'endort ou vous critique.
De plus cet enchevêtrement d'intrigues, cette série de crimes fatiguent l'auditeur. Cependant il faut admirer la scène d'exposition, traitée de main magistrale, et les caractères d'Othon et de Galba si fortement tracés. C'est cette pièce qui faisait dire au maréchal de Grammont : « Corneille est le bréviaire des rois », et, en se plaçant à ce point de vue, on peut souscrire à la prétention de Corneille qui, dans son Épître à Louis XIV, déclarait que
Othon et Suréna.
N'étaient pas des cadets indignes de Cinna.
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