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Nuits / Nuits attiques

Les Nuits est le titre d'une série de méditations en vers, publiées à partir de 1740 par le poète anglais' Young, frappé de divers malheurs de famille. Ministre d'une religion sévère, dans une secte qui en augmente encore l'austérité, Young développe à 24 reprises ce seul et même thème, qu'il nous faut tous mourir un jour : il fait de la mort, non le terme, mais le but de la vie, et ce but, il veut que nous l'envisagions sans cesse.

Les Nuits, traduites en prose française par Letourneur, eurent un moment de grande vogue; Colardeau mit en vers les deux premières, sans beaucoup de succès, et Baour-Lormian, dans ses Veillées, en imita un certain nombre.
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Spectacle du ciel

« L'âme est faite pour voyager dans les cieux. C'est là qu'échappée de sa prison et dégagée des liens de la terre, elle peut respirer librement, s'étendre, donner carrière à toutes ses facultés et saisir la vraie grandeur, sans crainte d'être déçue par l'illusion; dans ce jardin émaillé d'étoiles, elle ne se trouve point étrangère. Errante au milieu de ces merveilles, elle en est une elle même. Leur grandeur l'avertit de la sienne; elle devine l'art mystérieux qui arrange ces globes dans un ordre si harmonique; elle juge en maître éclairé les lois de leurs mouvements divers. Fière et étonnée d'elle-même, elle se reconnaît dans son séjour, elle s'avoue avec un juste orgueil son origine. Au milieu de ces astres, elle s'y sent plus forte et plus vivante, et reporte dans le lieu de son exil des sentiments plus dignes de son illustre patrie...

Avec quelle ivresse délicieuse je me promène sans me lasser au milieu de tous ces globes! Je rencontre Dieu dans chacun d'eux, et je frémis de me voir devant ses regards. Brillants citoyens des airs, quelles impressions lumineuses vous portez dans mon âme! quelle fécondité vous donnez à mes pensées!... A chaque regard que je jette sur vous, je vois éclore de nouvelles vérités. Lorenzo, ne sens-tu pas comme moi, dans ta pensée, une action secrète qui efface devant toi les bornes du temps?

Ces sphères qui en mesurent le cours me donnent l'idée et l'espoir de l'immortalité; cet espace sans limites, que parcourent ces globes infatigables, éveille l'idée d'une durée sans fin. Ainsi, par un nouveau bienfait de la nature, l'image de l'éternité entre par les yeux et va se peindre sur l'âme qui la conçoit sans fatigue.

Mortels, étudiez souvent la vérité dans ces astres; unissezvous à eux par la pensée. Formez -vous des coeurs intrépides pour l'heure terrible où des feux plus vifs et plus effrayants sillonneront le sein d'une nuit plus profonde, lorsque ces monuments éclatants d'un Dieu, éteints et tombant de leurs sphères, céderont la place â l'éternel rideau qui couvrira les cieux.

Oh! quand verrai -je un plus bel univers que celui que j'admire ici? Quand pourrai-je contempler en toi le modèle de la création et ne plus m'étonner ici de sa faible copie? Quand secouerai-je cette poussière étrangère à moi? Quand mon âme ira-t-elle, dégagée de ce vêtement de chair et rendue a tes bras paternels, goûter dans ton sein le bonheur? » 

(Young, Nuits).

Les Nuits Attiques est un ouvrage latin d'Aulu-Gelle, qui eût été mieux intitulé Veillées attiques. C'est, sous forme d'entretiens, une compilation précieuse aux Modernes par beaucoup de faits et de détails qu'on ne trouve plus que là et qui aident à faire connaître l'antiquité. Aulu-Gelle avait des livres et du loisir, et il passa bien du temps à réunir des anecdotes et des extraits de toute espèce, sans autre souci que celui de se distraire. Son livre, qu'il intitula Nuits attiques, en souvenir d'Athènes, son séjour favori, est une bizarre mosaïque où l'histoire et la médecine, la grammaire et la morale, les vers et la prose se heurtent à chaque page.
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Dictionnaire Le monde des textes
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