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Livre de Judith

Le Livre de Judith est un ouvrage, qui appartient à l'Ancien Testament. C'est est un roman patriotique juif, dont l'auteur s'est inspiré des sentiments qui ont donné naissance au Livre de Daniel et à d'autres compositions analogues. Ecrit primitivement en hébreu (ou en araméen), il nous a été conservé en une traduction grecque dans la Bible des Septante et figure ainsi dans les livres deutérocanoniques de l'Ancien Testament. En voici l'analyse, que nous empruntons à Reuss.
« Nabuchodonosor, roi d'Assyrie, engagé dans une guerre contre Arphaxad, roi des Mèdes, invite tous les peuples de l'Asie occidentale à se joindre à lui pour cette expédition. Un grand nombre d'entre eux refusent de lui rendre ce service. Irrité de ce refus, il tourne ses armes contre eux, après avoir vaincu son adversaire. Il envoie son farouche général Holopherne avec une puissante armée contre les récalcitrants. En effet, celui-ci dévaste tous les pays en deçà de l'Euphrate et, à la fin, il ne reste plus à soumettre que les Juifs. Ceux-ci, naguère libérés de la captivité, venaient de restaurer leur ancien sanctuaire et se préparèrent à une vigoureuse résistance sous la direction de leur grand prêtre Joachim. L'armée assyrienne est arrêtée devant la forteresse de Bétylona (Béthulie), et son chef, étonné de la hardiesse d'un si petit peuple, prend des informations sur son compte. Un capitaine ammonite, Achior, qui sert sous lui, raconte au long l'histoire des Israélites et déclare qu'il sera impossible de les vaincre tant qu'ils resteront fidèles à la loi de leur Dieu. Holopherne, plein de dépit à cause des doutes exprimés à l'égard de ses chances de victoire, chasse cet homme de son camp et le fait remettre entre les mains des Juifs assiégés, pour qu'il périsse avec eux. Cependant, le siège est poussé sérieusement. On coupe à la ville, située sur une hauteur, l'accès des eaux qui se trouvent en dehors des murs et qui sont l'unique ressource des habitants, et bientôt ceux-ci, réduits à l'extrémité par une affreuse disette d'eau, demandent à grands cris de capituler. Les chefs de la cité promettent d'acquiescer à cette demande si, dans cinq jours, le ciel n'envoie quelque secours inattendu. C'est à ce moment que Judith paraît sur la scène. 

C'était une jeune veuve, belle, riche et pieuse et jouissant d'une grande considération dans la ville. Elle fait appeler les magistrats, leur adresse des reproches au sujet de leur manque de confiance dans le Dieu d'Israël et promet de sauver le peuple avant le cinquième jour. Elle se rend au camp assyrien, accompagnée d'une suivante qui porte des provisions de bouche pures, c.-à-d. choisies et préparées conformément aux prescriptions de la loi. Elle est conduite devant le général, qui est frappé de sa beauté et qui l'accueille avec bienveillance. Elle lui dit que les assiégés, pressés par le manque de vivres, vont se décider à manger des choses consacrées à Dieu, prémices et dîmes, et attireront ainsi sur eux la colère du ciel, de manière qu'on pourra s'emparer de la ville sans coup férir. Elle demande la permission de rester au camp et de pouvoir sortir chaque matin avant le jour pour faire sa prière et ses ablutions religieuses à l'une des sources dont il a été parlé. 

Holopherne, fasciné par ses charmes, croit tout ce qu'elle lui débite et, le quatrième jour, il donne un grand festin en son honneur, avec l'arrière-pensée de profiter de cette occasion pour satisfaire la passion qu'elle lui avait inspirée. Mais, pendant le repas, il se gorge tellement de vin que, lorsque les autres convives se sont retirés et qu'il est resté seul avec Judith, il tombe ivre-mort sur son divan et Judith lui coupe la tête avec son propre cimeterre. Vers le matin, elle sort, comme de coutume, avec sa suivante, qui emporte la tête du général assyrien dans son sac à provisions. Elle se rend à la ville, raconte ce qu'elle a fait et engage ses concitoyens à faire immédiatement une sortie. Les avant-postes alarmés mandent au camp ce qui se prépare ; on court à la tente d'Holopherne, on le trouve assassiné; toute l'armée se débande et la ville est sauvée. »

Il n'est pas besoin d'un long examen pour voir que nous n'avons point affaire à un récit historique, ni même à des souvenirs de quelque fait réel, qu'on aurait transformés pour les faire servir à une fin d'instruction morale et religieuse. L'affabulation du récit témoigne de connaissances géographiques et historiques d'une singulière incohérence; c'est une composition littéraire libre, dont l'auteur a emprunté les matériaux indistinctement à des époques très différentes. On peut signaler une série de passages bibliques dont il s'est inspiré. On est moins heureux quand on cherche à déterminer la ville forte que l'écrivain de Judith a prétendu désigner et qu'il semble placer au Sud de la vallée du Kison, sur la route de Sichem. Serait-ce Béthel, située passablement plus au Sud? Les voyageurs modernes ne s'embarrassent pas pour si peu et identifient Béthulie tantôt avec Sanour, tantôt avec quelque autre localité de la même région. 

Les circonstances qui ont pu provoquer le Livre de Judith se rencontrent lors de l'insurrection des Machabées et jusqu'aux environs de l'ère chrétienne. Il semble excessif de descendre plus bas. C'est, en somme, une oeuvre d'une véritable valeur et d'assez belle allure, utile à consulter pour l'histoire des idées religieuses et morales au temps des Asmonéens. (M. Vernes).

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