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Les Epîtres, de Boileau

Épîtres de Boileau. - Sur ces douze épîtres, les neuf premières sont de la bonne époque de l'auteur, de 1669 à 1077 (à cette date, Boileau est chargé d'écrire l'histoire du roi); les trois dernières sont le 1695. 
Première épître. Au roi (1669); c'est, une courageuse exhortation à renoncer aux  lauriers de la guerre a et à favoriser les arts de la paix.

IIe épître. A .M. l'abbé Desroches (1669) : Boileau y raille assez faiblement la manie de juger; il termine par la fable de l'Huître et les Plaideurs.

IIIe épître. A M. Arnauld (1673), sur la fausse honte et le respect humain.

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 La fausse honte, ou le respect humain

« Des superbes mortels le plus affreux lieu,
On n'en saurait, douter, c'est la honte du bien. 
Des plus nobles vertus cette adroite ennemie 
Peint l'honneur à nos yeux des traits de l'infamie, 
Asservit nos esprits sous un joug rigoureux, 
Et nous rend l'un de l'autre esclaves malheureux. 
Par elle la vertu devient lâche et timide. 
Vois-tu ce libertin eu public intrépide,
Qui prêche contre un Dieu que dans son âme il croit?
Il irait embrasser la vérité qu'il voit :
Mais de ses faux amis il craint la raillerie,
Et ne brave ainsi Dieu qlue par poltronnerie. 
C'est là de tous nos maux le fatal fondement.
Des jugements d'autrui nous tremblons follement; 
Et, chacun l'un de l'autre adorant les caprices,
Nous cherchons hors de nous nos vertus et nos vices. Misérables jouets de notre vanité, Faisons au moins l'aveu de notre infirmité. »
 

(Boileau, Epîtres, III).

IVe épître. Au roi (1672) : c'est l'épître fameuse sur le passage du Rhin, pièce trop louée, d'un style trop ingénieux et dont la magnificence nous laisse aujourd'hui froids.

Ve épître. A M. de Guilleragues (1674), bien supérieure aux précédentes l'auteur y chante la médiocrité et la sagesse; il raconte comment il est devenu poète.

VIe épître. A M. de Lamoignon (1677): Boileau y célèbre avec conviction, mais en vers malheureusement peu naturels, les plaisirs des champs. 

VIIe épître. A M. Racine (1677), où le satirique console son ami de la cabale montée contre Phèdre, et lui démontre en fort beau langage l'utilité des ennemis : c'est une des oeuvres les meilleures de Boileau.

VIIIe épître. Au roi (1675), éloge emphatique et compassé de Louis XIV

IXe épître. Au marquis de Seignelay (1675), pièce intéressante et bien venue : Boileau, qui venait de terminer l'Art poétique, revient sur le principe même de l'esthétique classique :

Rien n'est beau que le vrai; le vrai seul est aimable,
et il en fait toute une série d'heureuses applications. 

Xe épître. A mes vers (1695), apologie personnelle, et adieu, plus ou moins sincère, à la poésie.

 XIe épître. A mon jardinier (1695) : pièce intéressante, mais d'un badinage se peu laborieux.

XIIe épître. A M. l'abbé Renaudot (1695), sur l'amour de Dieu : tentative peu heureuse de poésie théologique. 

Malgré leurs défauts, qui tiennent aux lacunes du génie poétique de Boileau, les Épîtres n'en constituent pas moins un grand progrès sur les Satires : le goût de l'auteur s'est élargi, son style s'est assoupli, son talent, en somme, s'est élevé. Moins charmantes de tour que les Epîtres d'Horace, celles de Boileau restent une oeuvre agréable et forte, remplie d'heureuses pensées et de vers bien frappés. (NLI).
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Dictionnaire Le monde des textes
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