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L'écriture
(du latin scriptura, fait de scribere, écrire) est l'art
de représenter la parole par des signes ou caractères de convention.
Quand ces signes expriment les idées mêmes l'écriture
est idéographique; quand ils représentent les sons du langage,
elle est phonétique. L'écriture idéographique peut être de deux sortes
: ou elle se compose de figures représentant plus ou moins exactement
les objets qu'elle veut rappeler; alors elle est imitative ou figurative
: ou bien, elle indique la nature des objets par des emblèmes ou symboles.
Dans l'écriture phonétique, un petit nombre de signes alphabétiques
(consonnes, voyelles, accents, etc.), suffisent pour exprimer les diverses
articulations de la voix. Dans quelques écritures de l'Orient, un même
signe représente à la fois la voyelle et la consonne : ces écritures
sont dites syllabiques.
Les supports de
l'écrit.
Les matières sur lesquelles on a tracé
les caractères d'écriture ont beaucoup varié. En Mésopotamie, on a
d'abord utilisé des tablettes d'argile; ailleurs on se servira de tables
de pierre et de bois, qui n'avaient pas besoin d'une grande préparation.
Les rouleaux d'écorces ou de feuilles d'arbres, moins volumineux et moins
lourds, durent suivre de près; Pline dit même
que les feuilles d'arbres furent la première substance sur laquelle on
écrivit. Ainsi, on formait des volumes avec des feuilles de palmier et
des feuilles de mauve. Les Syracusains écrivaient leurs suffrages sur
des feuilles d'olivier; les Athéniens écrivaient
sur des coquilles le nom du citoyen qu'ils voulaient bannir. Le bronze
ne servit pas seulement à conserver des lois, des décrets, des traités;
on l'employa pour des lettres de recommandation, pour des congés militaires,
etc. Les Anciens savaient réduire le
plomb en feuilles très minces : Pausanias
(liv. IX) dit avoir vu en Béotie
un poème d'Hésiode écrit sur un rouleau de
ce métal. A Rome, les sénatus-consultes furent
longtemps gravés sur des livres d'ivoire.
De bonne heure également on se servit
de tablettes enduites de cire, et sur lesquelles on écrivait avec un style
pointu d'un bout, aplati de l'autre pour effacer; l'usage des tablettes
a duré jusque vers le commencement du XIVe
siècle de notre ère. L'emploi des diphtères ou peaux tannées remonte
à une haute antiquité : les peuples de l'Asie ,
les Gaulois, les Romains
firent usage de ces peaux; la bibliothèque de Bruxelles
possède un manuscrit du Pentateuque ,
antérieur au IXe siècle, qui est écrit
sur 57 peaux cousues ensemble et formant un rouleau de 36 m de longueur.
Zonaras (Annales, XIV, 2) rapporte que la bibliothèque de Constantinople,
qui fut incendiée sous l'empereur Basiliscus,
renfermait l'Iliade
et l'Odyssée
écrites en lettres d'or sur un intestin de serpent, de 38,4 m de longueur.
Pétrarque
portait une veste de cuir, sur laquelle il écrivait, durant ses promenades,
lorsqu'il manquait de papier; ce vêtement, couvert de lignes et de ratures,
était, au commencement du XVIe siècle,
en la possession du cardinal Sadolet. On trouve, dans les caisses de momies ,
des linges couverts d'écriture, et la section égyptienne du Louvre
renferme plusieurs rituels sur toile. Les oracles sibyllins
étaient dans de livres de la même matière. Les Perses
donnèrent l'exemple d'écrire sur des étoffes de soie. Les Anciens
employèrent encore le papyrus, plante dont ils extrayaient la pellicule
pour en faire une sorte de papier. La discorde qui éclata entre
Ptolémée
Philométor, roi d'Égypte ,
et Eumène II, roi de Pergame ,
au IIe siècle. av. J.-C., ayant privé
le dernier prince du papyrus que l'on tirait de l'Égypte, les habitants
de Pergame, amincissant les diphtères, produisirent le parchemin. C'est
sur cette matière qu'on écrivit depuis lors les manuscrits. Le papier
de chiffon n'a été inventé que vers le milieu du XIVe
siècle.
Développement
historique de l'écriture.
La question de l'origine de l'écriture
a donné lieu à de nombreuses spéculations, philosophiques et historiques.
On sait aujourd'hui que le besoin de conserver le souvenir de certains
faits, ou un souci purement comptable, comme en Mésopotamie, ont
donné naissance sur plusieurs points du globe, séparément et à des
dates diverses, aux formes primitives de l'écriture. Les plus anciens
témoignages d'une véritable écriture remontent à environ 3300 av. J.-C
à Sumer, à 2900 en Egypte et, peut-être à 1300 en Chine (sous la dynastie
Yin). Quoi qu'il en soit, partout on constate, ou du moins l'on peut supposer,
que l'on a tout d'abord fait usage de l'écriture figurative, et plus précisément
pictographique ou synthétique, pour représenter directement les objets
par la reproduction de leurs formes : à l'époque où l'on découvrit
l'Amérique, la plupart des habitants de ce continent ne connaissaient
pas d'autre écriture; il en était de même des populations de l'Océanie ,
visitées par Cook au XVIIIe
siècle, et en Sibérie .
Les figures des objets étaient tracées sur des rochers, des écorces
d'arbres, des peaux de bêtes grossièrement tannées, etc.
Une telle forme d'écriture (ou de
pré-écriture,
si l'on veut) ne permet qu'une communication très rudimentaire, même
lorsque elle dépasse un caractère purement figuratif
pour transcrire aussi des concepts abstraits. On peut citer, de ce point
de vue, les messages des Malais de Sumatra
: ils sont formés de paquets contenant différents objets : morceaux de
sel, de poivre, de bétel, etc., ayant respectivement la signification
de l'amour, de la haine, de la jalousie, etc. ; suivant la quantité et
la disposition des objets dans le paquet, le message sert à exprimer tel
ou tel sentiment. Dans le même ordre d'idée,
on peut rappeler le fameux message des rois scythes à Darius,
formé d'un oiseau, d'un rat, d'une grenouille et d'une flèche.
Ce système atteint
sa perfection dans les wampums des Iroquois et des Algonquins, Indiens
de la région des Grands Lacs d'Amérique du Nord ,
(série de perles de différentes couleurs enfilées sur des cordes). Les
bâtons-messages en usage chez les Mélanésiens, les Nyam-Nyam du Sud
Soudan, les Achantis du golfe de Guinée ,
les paysans de la Lusace ,
de la Silésie ,
etc., ont la même signification. C'est ordinairement une sorte de passeport
ou de convocation à une assemblée la forme du bâton, ainsi que les marques
particulières qu'il porte, sont autant de signes particuliers pour faire
connaître les commandements d'un chef, l'ordre du jour de l'assemblée,
etc. Les encoches que portent parfois ces bâtons forment le passage vers
les marques mnémoniques, que l'on peut aussi trouver gravées sur des
arbres, sur des morceaux d'écorce ou des pièces de bois.
C'est le premier
pas vers l'écriture proprement dite, dont on connaît de nombreux exemples.
On peut citer, par exemple, les planchettes en bois de cerf portant des
encoches dans les grottes sépulcrales du Paléolithique; les galets aziliens
(cailloux peints ou incisés du Magdalénien (14000 - 9500 av. J.-C), dont
les premiers exemples ont été découverts dans la grotte du mas d'Azil);
les planchettes Khe-mou, des anciens Mongols
(qui se sont transformées ensuite en Paï-tsé couverts d'écriture
carrée en caractères Pagba ou Passe-Pa); et encore à une
époque très récente les usages de tels systèmes chez les Inuit, les
Iakoutes, les Ostiaks, les Macusis de la Guyane, les populations de la
côte occidentale d'Afrique ,
les Laotiens, les Mélanésiens, les Micronésiens
et même chez les Européens, à l'état
de survivance, sous forme des bâtonnets de compte des boulangers, etc.
Le nom allemand pour désirer les lettres (Buchstaben) n'est qu'un
souvenir de l'usage des marques sur les bâtonnets de hêtre chez les anciens
Germains.
Les planchettes Ã
encoches servent surtout à compter. Voici, par exemple, la traduction
de ce que veut dire une planchette à encoches que Harmand a trouvée Ã
l'entrée d'un village laotien atteint d'une épidémie de choléra (figure
ci-dessous) : D'ici douze jours (12), tout homme, qui osera pénétrer
dans notre palissade, restera prisonnier ou nous payera quatre buffles
(4) ou douze ticales de rançon (12). De l'autre côté, mais avec
doute, le nombre des hommes, des femmes et des enfants du village.
-
Planchette
à encoches des Laotiens.
Un instrument mnémonique
analogue, c'est la corde à noeuds que l'on rencontre chez les Ostiaks,
les Loangos (Angola), les Malgaches, les Alfourus des Célèbes (Sulawesi),
etc. Suivant le nombre et la couleur des cordes, suivant le nombre de noeuds
qu'elles portent, on se remémore les événements, on établit les comptes
pendant l'échange, etc. Chez les Micronésiens des îles Palaos ,
quand deux personnes se donnent un rendez-vous à une certaine date, ils
font, chacun sur une corde, autant de noeuds qu'il reste de jours jusqu'Ã
cette date; dénouant ensuite chaque jour un noeud et arrivant au dernier
juste le jour du rendez-vous, ils se le rappellent forcément. Suivant
la tradition chinoise, les premiers habitants des bords du Hoang-ho, avant
l'invention de l'écriture proprement dite, se servaient, eux aussi, de
cordelettes nouées à des bâtons comme instruments mnémoniques. On rattache
même à ces bâtons noueux les mystérieux diagrammes dont il est traité
dans le Yijing .
D'ailleurs, notre usage de mettre un noeud au mouchoir pour se rappeler
quelque chose, ne relève-t-il pas d'une même logique?
Le moyen d'exprimer
certains événements et certaines idées à l'aide de noeuds faits de
différentes façons et diversement disposés a été poussé au dernier
degré de perfection dans les quipus (ou quipos) des anciens
Péruviens
: ce sont des anneaux en corde ou en bois, auxquels sont attachées, en
grand nombre, des cordelettes de couleurs différentes sur chacune desquelles
se trouve deux ou plusieurs noeuds diversement façonnés (figure ci-dessous).
Enfin, pour en terminer avec les moyens mnémotechniques, notons les différentes
marques de propriété, de parenté, de tribut (les Totems des Nord-Amérindiens,
les Tamgas des
Kirghiz, etc.), que l'on
a l'habitude de graver sur les armes, sur les habitations, sur les animaux
et même sur le corps des hommes (tatouages
des Maoris).
-
Quipu
péruvien. Source : The World Factbook.
Un perfectionnement de l'écriture a consisté
en ce qu'une partie des signes, détournés de leur sens naturel, acquirent
une valeur symbolique ou emblématique, et on admit certains signes de
réduction, qui prirent insensiblement des formes conventionnelles, et
par lesquels on représenta, soit les idées assez familières pour qu'un
dessin détaillé ne fut pas indispensable, soit celles qui de leur nature
ne peuvent être figurées. Tel a été le caractère de l'écriture
des Aztèques : sur les manuscrits conservés à l'Escurial ,
à Oxford, à Paris,
on voit, par exemple, qu'une ville est désignée par une maison accompagnée
d'un signe particulier, l'année par un cercle, le mois par un croissant,
une bataille par deux flèches, etc. Les Amérindiens n'indiquent-ils pas
aussi, par des figures de cerf, de renard, de serpent, certains hommes
que distinguent la légèreté, la finesse, la souplesse? Le voyageur Laderer
a trouvé, chez les habitants de la Virginie, des dessins où l'arrivée
des Européens en Amérique
était figurée par un cygne vomissant du feu, image de leur couleur, de
leur arrivée par mer et de l'effet de leurs armes.
-
Signes
du calendrier mexicain.
Un autre perfectionnement de l'écriture
peut être constaté dans l'écriture du chinois. Les signes des objets
étant devenus de jour en jour plus cursifs, le lien qui les rattachait
originairement à la chose signifiée se relâcha, au point qu'ils n'offrirent
plus à l'oeil qu'un rapport fort éloigné avec les objets eux-mêmes.
En outre, renonçant à représenter la nature spécifique de l'objet,
on chercha simplement à rappeler le nom qui le désignait dans la langue
parlée; certains signes d'écriture abandonnèrent leur valeur idéographique,
pour n'être plus que les représentants de la parole. Voilà les premiers
essais de caractères phonétiques; seulement, les Chinois
ne formèrent ainsi qu'une nomenclature limitée, et appliquèrent leur
nouveau mode de transcription principalement a la reproduction des mots
étrangers.
L'élément phonétique tient une place
beaucoup plus grande dans l'écriture des anciens Égyptiens. Là , les
signes hiéroglyphiques ,
qui sont des figures d'animaux, d'humains, de plantes et d'objets divers,
n'ont servi le plus souvent qu'à peindre, comme par de véritables lettres,
les sons de la langue : ainsi, un aigle représente la voyelle a, son initial
du nom de cet oiseau en langue égyptienne, et une main la consonne t par
une raison analogue. Par quelle série de simplifications arriva-t-on ensuite
à constituer des écritures exclusivement phonétiques, c'est ce qu'on
ne saurait déterminer d'une manière précise : dans l'analyse de la parole,
ils durent vraisemblablement reconnaître et figurer les syllabes (comme
dans l'écriture du japonais ),
puis observer que plusieurs syllabes renfermaient des éléments communs,
et alors affecter chaque caractère de l'écriture, non plus à la réunion
d'une articulation et d'un son vocal, mais à l'une seulement de ces valeurs.
La diversité des écritures phonétiques s'explique naturellement par
ce travail de décomposition du langage. Il est arrivé que des langues
d'origine différente s'écrivent avec le même caractère ou avec des
caractères dérivés l'un de l'autre, et que des langues de même origine
emploient des caractères différents.
L'emploi de l'écriture phonétique est
aujourd'hui le plus répandu. Mais, dans les lieux mêmes où elle est
en usage, toute trace d'écriture idéographique n'a pas disparu. Au Moyen
âge ,
les figures du blason, devenues depuis incompréhensibles à beaucoup de
gens, étaient des signes facilement intelligibles. Nous nous servons encore
de caractères figuratifs, comme pour représenter les phases de la Lune ,
les formules chimiques ou mathématiques, les chiffres de la numération,
les notes de musique, la signalisation routière, etc.-
Disque
en terre cuite découvert en Crète
à Phaïstos, au milieu du XVIIe
siècle.
Les
signes d'écriture ne sont pas crétois et leur signification a donné
lieu
Ã
de nombreuses spéculations; ils ont été imprimés au moyen de poinçons.
Il
pourrait aussi s'agir d'un faux...
La propagation des
différentes écritures anciennes et modernes et leur adoption par différents
peuples sont étroitement liées à la religion et aux progrès de la civilisation
de ces peuples. Ainsi tout le monde musulman adopte
l'écriture arabe; les bouddhistes du Nord
ont en grande estime les « saints » caractères tibétains, tandis que
ceux du Sud vénèrent l'écriture pali. Les alphabets
mongol
et mandchou
sont les restes de l'influence ouïgoure
et du nestorianisme qui a importé de l'écriture syriaque en Asie centrale,
comme l'alphabet javanais est le reste de la domination des Hindous
à Java. Avec l'expansion qu'a prise la colonisation européenne, les caractères
de l'alphabet latin
se ont imposés de plus en plus; mais, même en Europe ,
ils n'ont pas fait disparaître les autres caractères (grecs, cyrilliques).
En même temps, il est apparu de nouveaux modes d'écriture, l'alphabet
télégraphique (morse), devenu obsolète après seulement quelques décennies
d'utilisation, la sténographie, universelle, internationale, simple et
rapide, mais d'un usage très spécialisé.
-
Ecriture
syriaque.
Direction des
écritures.
Les écritures figuratives n'ont pas une
direction constante : l'écriture des Aztèques forme des colonnes, qui
doivent se lire, dit-on, de bas en haut. Les écritures chinoise et japonaise
se tracent aussi en colonnes, qui procèdent de haut en bas et se succèdent
de droite à gauche. L'écriture mongole suit également la direction perpendiculaire.
Tantôt les hiéroglyphes égyptiens
suivent la direction verticale, et alors ils procèdent de haut en bas;
tantôt ils ont une direction horizontale, et alors ils procèdent indifféremment
de droite à gauche ou de gauche à droite, le côté vers lequel sont
tournées les figures d'hommes ou d'animaux indiquant celui où commence
la ligne.
Les Anciens n'ont pas ignoré l'écriture
perpendiculaire, et Diodore de Sicile raconte
qu'elle était en usage dans file de Trapobane (Sri Lanka ).
Les écritures des langues sémitiques (hébreux, arabe, etc.) suivent
généralement la direction de droite à gauche; celles des langues indo-européennes,
souvent la direction de gauche à droite. Les écritures latine et grecque
doivent être considérées comme des modifications locales d'une ancienne
écriture commune dérivée elle-même de l'écriture phénicienne. Les
anciennes lettres étrusques présentent avec les lettres grecques une
analogie frappante, comme on le voit par les inscriptions et les médailles
découvertes en Grèce
et en Italie .
L'écriture latine, à l'exception de celle qui se trouve sur les monuments
étrusques, va invariablement de gauche à droite : cette disposition a
été adoptée par tous les peuples occidentaux, dont l'écriture n'est
autre, du reste, que l'écriture latine plus ou moins modifié. (J.
Deniker / B. et C. de B.).
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Michel
Renouard, Naissance
de l'écriture, Ouest-France, 2010. - Dans
le même esprit que "Histoire et civilisations de la Méditerranée" du
même auteur dans la même collection, il s'agit d'une synthèse grand
public d'un sujet passionnant : la naissance des écritures en tous les
points du globe, depuis les plus anciennes connues jusqu'aux plus récentes...
Les écritures ne sont pas figées mais toujours en évolution (voire en
création) ! C'est une des nombreuses découvertes que l'on fait en lisant
cet ouvrage très riche L'auteur présente les grands systèmes d'écriture
en usage : écriture idéographique pure, écriture idéographique mixte
(comme les hiéroglyphes), écriture avec alphabet complet, ou avec alphabet
sans voyelles, ou avec alphabet syllabique. Ce tour du monde des écritures
nous emmènera du Proche-Orient aux Inuit, en passant par la Chine et l'Afrique.
L'ouvrage est illustré de nombreux documents de référence, provenant
pour partie du Musée des Ecritures de Figeac. (couv.).
Jan
Assmann, (trad. Diane Meu), La
mémoire culturelle : Ecriture, souvenir et imaginaire politique dans les
civilisations antiques, Editions Aubier, 2010. - Comment
une société se souvient-elle? Quel rôle joue la mémoire dans la construction
d'une identité culturelle? En quoi l'invention de l'écriture a-t-elle
modifié en profondeur le rapport que les civilisations antiques entretenaient
avec leur propre mémoire? Ce sont ces questions qu'examine ici Jan Assmann,
à travers l'étude comparée de plusieurs grandes civilisations de l'Antiquité
- l'Egypte, les Hittites,
la Mésopotamie. Israël
et la Grèce. La notion de "mémoire
culturelle" est au coeur de ce grand livre, devenu depuis sa parution en
Allemagne
une référence pour tous les historiens, sociologues, ethnologues qui
s'intéressent au thème de la mémoire. (couv.).
-*
Collectif,
Histoire
de l'écriture : De l'idéogramme au multimédia,
Flammarion, 2010. - "L'art
ne reproduit pas le visible, il rend visible" a écrit Paul Klee. L'Histoire
de l'écriture repose sur le même principe : L'écriture ne reproduit
pas la parole, elle la rend visible. Le support de l'image est devenu celui
de l'écrit, et il en a déterminé le fonctionnement. Que l'invention
de l'idéogramme soit liée aux pratiques divinatoires
et à la lecture du ciel étoilé en Mésopotamie
et en Chine nous le confirme.
Trois
sections ont été ménagées dans cette Histoire. La première
est consacrée aux plus anciens systèmes d'écriture et aux réinventions
auxquelles ils ont donné lieu dans les civilisations qui ont choisi de
les adapter à leur
langue et à leur culture.
La deuxième se concentre sur les alphabets, leur histoire et leur diffusion.
La troisième montre comment l'alphabet occidental est parvenu à réintégrer
l'image dans son système à travers ses incarnations successives, manuscrites
et imprimées. Elle conduit à s'interroger sur les rapports qu'entretiennent
les différents systèmes d'écriture avec le support informatique.
Les
chapitres de ce livre font eux-mêmes appel à l'image de deux manières,
selon qu'il s'agit d'illustrations complétant une démonstration, ou d'images
privilégiées parce qu'elles témoignent de tel aspect particulier d'une
culture écrite donnée, le texte qui les accompagne ayant alors pour fonction
de les rendre mieux lisibles en les éclairant d'un commentaire. (couv.).
-
Jack
Goody, Pouvoirs
et savoirs de l'écrit, La Dispute, 2007. - Les
recherches de Jack Goody sur les cultures orales et écrites ont profondément
contribué à faire prendre conscience que la langue est un mode de production
du social et du cognitif. Tout changement dans les moyens de communication
introduit ainsi des modifications majeures dans la nature et la distribution
des pouvoirs et des savoirs (papiers d'identité, billets de banque, billets
doux...). L'ordre graphique et le développement des cultures scientifiques
ou religieuses, l'oralité rituelle en Afrique et sa mémoire écrite,
les " technologies de l'intellect " et les procédures de " traitement
du texte " ou encore les pouvoirs historiques et ambivalents du livre,
autant de questions " goodiennes " qui font l'objet de recherches constantes
mais aussi de vifs débats dans la communauté scientifique internationale.
Dans "Pouvoirs et savoirs de l'écrit" Jack Goody fait le point sur quarante
ans de travaux pour lever des malentendus, répondre à des objections,
clarifier, approfondir ou nuancer ses propres analyses. Un authentique
"work in progress" au style clair et vif pour tout lecteur passionné par
l'univers complexe de l'écrit. (couv.).
Pour
les plus jeunes.
M.
Barre, Un
oeil sur l'histoire de l'écriture, PEMF, 2004. - Sans
avoir la prétention d'étudier toutes les écritures existantes, ni d'entrer
dans toute la complexité des langues qu'elles transcrivent, l'ouvrage
s'est limité à une histoire des signes écrits mais en incitant à prendre
conscience que, comme pour le langage, l'écriture n'est pas inventée
une fois pour toutes. Chaque écriture évolue par tâtonnements et par
emprunts à d'autres écritures, plus ou moins vite selon différentes
influences : adaptation à la langue parlée, recherche d'une graphie adaptée
aux moyens employés pour écrire, obligation d'adopter une écriture imposée
par une nation dominante (militairement, économiquement, culturellement).
Sans chercher à tout dire, cet ouvrage souhaite inciter au questionnement
et à la recherche sur les multiples signes écrits de notre univers quotidien
(couv.). |
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