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![]() | Dans Il Convivio ou Convito (= Le Banquet), ouvrage commencé peut-être vers 1303 ou 1304, mais resté inachevé, Dante a essayé de constituer une encyclopédie, dont l'auteur prévoyait de composer quinze chapitres. Quatre seulement seront rédigés. Mais cela suffit à donner une idée de ses connaissances astronomiques (développées au livre II). De l'avis de Pierre Duhem, dont ont reprend ci-dessous un texte, " Dante ne paraît avoir, en astronomie, que des connaissances tout élémentaires, mais il n'écrit pas de sottises." | |
![]() Duhem 1917 | L'astronomie de Dante La date de cet ouvrage ne nous est connue par aucun indice certain; on l'a fixée de manières bien diverses. Pietro Fraticelli [1] pense que le second traité, qui nous intéresse, et le quatrième, furent rédigés dès 1297, tandis que le premier et le troisième seraient de 1314. [1] Opere minori di Dante Alighieri. Vol. III.Il convito di Dante Alighieri e le epistole, con illustrazioni e note di Pietro Fraticelli e d'altri, quarta edizione, Firenze, 1874. DissertazioneDante cite [2] l'ouvrage auquel il semble avoir emprunté tout ce qu'il connaît du système astronomique de Ptolémée; c'est le Libro dell' aggregazione delle stelle; nous reconnaissons, en ces mots, le titre que les traductions du Moyen Âge donnaient au traité d'Al Fergani. Le grand poète n' a qu'une médiocre estime pour les connaissances astronomiques d'Aristote : "Suivant seulement l'antique grossièreté des astrologues, Aristote croyait, qu'il n'y pas plus de huit cieux; il pensait que le ciel | |
Plus tard, remarquant que la huitième sphère se meut de plusieurs mouvements,... et contraint par la philosophie naturelle, qui veut de nécessité un premier mobile très simple, Ptolémée a supposé, hors du ciel étoilé, l'existence d'un autre ciel qui fit sa révolution d'Orient en Occident...Cette affirmation suppose que le mouvement propre de la huitième sphère soit une simple rotation, et non pas le mouvement plus compliqué que Thâbit ben Kourrah lui attribuait; Dante, d'ailleurs, qui s"instruisait de ces choses par la lecture d'Al Fergani, devait partager l'opinion de Ptolémée touchant la précession des équinoxes ![]() | [3] Dante, Op. laud., tratt. secondo, cap. II; éd. cit pp. 114.-115. [4] Dante Alighieri, Op . laud., tratt. II, cap. IV; éd. cit., p. 117. | |
"Vraiment, au delà de tous ces cieux, les CatholiquesLa raison par laquelle Dante justifie l'immobilité du Ciel ![]() Chacun des traités du Convito est précédé d'un chant dont il est le commentaire; les considérations astronomiques que nous venons de résumer avaient pour objet d'éclaircir ce vers, par lequel débute le second chant : Voi che, intendendo, il terzo ciel movete. Poursuivant donc son commentaire, Dante va s'attacher d'une manière toute particulière à décrire le troisième ciel, le ciel de Vénus | [5] Dante Alighieri Op. laud., tratt. II cap. IV; éd. cit., p. 116. | |
Chaque ciel, ayant pour mouvement propre![]() ![]() ![]() ![]() "Sur ce cercle (équatorial), dans le ciel de Vénus, dont nous traitons à présent, est une petite sphère qui tourne sur elle-même au sein de ce ciel ; les astronomes nomment épicycleEn ce passage, il est question de l'épicycle de Vénus; mais de l'excentrique ![]() L'excentrique n'est pas cité davantage en un autre passage que nous allons maintenant rapporter. | [6] Dante Alighieri, Op. laud., tratt. II, cap. IV; éd. cit., pp. 118-119.
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Dante admet, comme Aristote, que chacun des mouvements célestes est produit par une pure intelligence et, comme nombre de théologiens de son temps, il met ces intelligences parmi les anges![]() ![]() ![]() "Ces Trônes, auxquels le gouvernement de ce ciel est échu en partage, ne sont pas en fort grand nombre; au sujet de ce nombre, les opinions diffèrent parmi les philosophes et les astronomes, selon la diversité de leurs sentiments touchant les circulations de ciel; toutefois, ils s'accordent tous en ce point, que ces esprits sont aussi nombreux que les mouvements qui se font. Or, selon les meilleures démonstrations des astronomes, qu'on trouve au Libro dell' aggregazione delle stelle déjà cité, ces mouvements sont trois : Le premier, selon lequel l'étoile se meut sur son épicycle; le second, par lequel l'épicycle se meut, avec tout le ciel, d'un mouvement égal à celui du Soleil; le troisième, par lequel tout ce ciel se meut, suivant le mouvement de la sphère étoilée, d'Occident en Orient, et d'un degré en cent ans. Ainsi, à ces trois mouvements, correspondent trois moteurs. En outre, tout ce ciel, avec son épicycle, se meut et tourne d'Orient en Occident une fois en chaque jour naturel. Ce mouvement est-il produit par quelque intelligence, ou provient-il de l'entraînement du premier mobile? Dieu le sait, mais il me semble présomptueux de le juger."Dante ne dit donc aucunement que le centre de l'épicycle décrive un cercle excentrique à la Terre ![]() ![]() ![]() Mais il serait peu sensé de serrer de trop près une description qui n'a d'autre objet que de justifier une allégorie; le but de Dante était d'énumérer les esprits angéliques qui meuvent le ciel de Vénus et, pour cela, de compter les mouvements de ce ciel; que le centre de l'épicycle décrive un cercle concentrique ou un cercle excentrique, ce nombre demeure le même; les astronomes veulent que ce cercle soit excentrique et Dante, qui avait en mains le traité d'Al Fergani, a pu l'ignorer; mais il a négligé d'introduire cette complication qui n'importait aucunement à l'objet de son commentaire. Au passage que nous venons de citer, nous avons trouvé confirmation de ce qu'un passage précédent nous avait fait supposer; comme Al Fergani, qui suivait en cela le sentiment de Ptolémée, Dante attribue à la sphère étoilée un mouvement de précession, continuellement dirigé d'Occident en Orient, et d'un degré en cent ans. | [7] Dante Alighieri, Op. laud., tratt. II, cap. VI; éd. cit., pp. 128-129. | |
II est encore question de ce mouvement dans un autre chapitre, et ce qui en est dit mérite attention : "Par ses deux mouvements, le ciel étoilé représente ces deux sciences, [la physique et la métaphysique]. Le mouvement par lequel, chaque jour, il tourne et accomplit de point en point sa Circulation, représente les choses naturelles corruptibles qui, quotidiennement, arrivent au terme de leur route, et dont la matière se change de forme en forme; c'est de ces choses là que traite la Physique. Par le mouvement presque insensible, d'un degré en cent ans, qu'il fait d'Occident en Orient, il représente les choses incorruptibles, qui, de Dieu, ont reçu commencement par création et n'auront point de fin; c'est de celles-ci que traite la Métaphysique. Je dis que ce mouvement représente ces choses, car sa circulation a eu commencement et n'aura pas de fin; la fin d'une circulation, c'est le retour au même point; et par ce mouvement, dont un peu plus de la sixième partie est accomplie depuis le commencement du Monde, ce ciel ne retournera jamais au même point; car nous sommes déjà au dernier âge du siècle, et nous attendons en vérité la consommation du mouvement céleste [8]."Le mouvement diurne ![]() ![]() ![]() ![]() Au poème du Paradis | [8] Dante Alighieri, Op. laud., tratt. II, cap. XV; éd. cit., p. 162. | |
Il y fait tout d'abord, allusion [9] au Ciel empyrée, dans la concavité duquel tourne le ciel le plus rapide, tandis que la providence, par l'effusion de sa lumière, le maintient en un perpétuel repos : Ce ciel le plus rapide précède le ciel des étoiles fixes, à l'intérieur duquel se trouvent les cieux des planètes, comme le marquent les vers suivants [10] :La Providenzia, che cotanto assetta, Il n'est rien là que nous n'ayons lu, sous une forme plus détaillée, au Convito. Il Convito est, assurément, la meilleure explication des allusions astronomiques qui se rencontrent au Paradis.Dentro dal ciel della divina pace Par un seul point, les doctrines astronomiques que Dante professe en ces deux oeuvres semblent différer. Au Convito, l'auteur adhère nettement à l'enseignement de Ptolémée touchant le mouvement lent de la sphère des étoiles fixes; au Paradis, il paraît admettre la théorie de l'accès et du recès. Dante, conduit par Béatrice, est parvenu au sein du premier mobile, qui est la neuvième sphère : | [9] Dante Alighieri, Il Paradiso, I, 121-123. [10] Dante Alighieri, Il Paradiso, II, 102-111. | |
"Si uniformes en sont les parties les plus voisines et les plus hautes que je ne puis dire laquelle Béatrice me choisit pour lieu.Ces beaux vers résument avec une rare puissance tout l'enseignement d'Aristote touchant le premier mobile. Le premier mobile n'a pas de lieu; hors de lui, il n'y a que des êtres incorporels; il n'y a ni corps ni mouvement ni temps; il y a l'Être suprême, pure intelligence. C'est par amour et désir de cet Être suprême que se meut le premier mobile; par ce mouvement, il est, à son tour, en possession de la vertu motrice à l'aide de laquelle il meut tous les orbes qu'il en enceint. Le mouvement du premier mobile est la mesure de tous les autres mouvements; il est donc le temps qui est, par définition, la mesure du mouvement. Enfin la rotation du premier mobile requiert l'existence, au centre, d'un corps fixe; elle est donc la raison d'être de l'immobilité de la Terre. | [11] Dante Alighieri, Il Paradiso, XXVII, 100-118. La traduction est celle de Lamennais (Lamennais, Oeuvres posthumes. Dante La Divine Comédie. T. II, Le Purgatoire; le Paradis, Paris, 1863, p. 478.
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Après que Béatrice a rappelé ces doctrines du Péripatétisme, elle prononce ces paroles [12] : "Mais avant que tout Janvier sorte de l'hiver, à cause du centième qu'en bas on néglige, tellement rugiront ces cercles supérieurs,La première partie de l'allusion est absolument claire; "la centesma ch'è laggiu negletta", c'est l'excès de l'année julienne sur la véritable année tropique, excès qui atteint presque un centième d'année, et dont la négligence, en avançant toujours la date de l'équinoxe, finirait par mettre Janvier tout entier au printemps. Dès lors, ne semble-t-il pas que l'interprétation la plus naturelle du tercet suivant soit celle-ci : Avant le temps où le continuel déplacement de la date de l'équinoxe aurait produit un tel effet, on verra se renverser le mouvement de la flotte des étoiles fixes? Ce mouvement, au lieu de se poursuivre d'Occident en Orient, marchera d'Orient en Occident? | [12] : Dante Aighieri, Op. laud., XXVII, 142-148; éd. cit., p 479. | |
Si cette interprétation est exacte, et il paraît difficile de la révoquer en doute, c'est donc qu'en écrivant le Paradis, Dante aurait abandonné la théorie de Ptolémée pour celle de Thâbit ben Kourrah. Les critiques qui regardent la rédaction du second livre du Convito comme antérieure à la composition du Paradis trouveraient là un nouvel argument en faveur de leur opinion. Ils en ont un, d'ailleurs, plus convaincant encore; au huitième chant du Paradis, un ange dit à Dante : "Dans un même cercle, d'un même mouvement, avec un même désir, nous tournons avec les princes célestes auxquels, dans le monde, tu as dit autrefois :Or ce vers est le thème de toutes les considérations astronomiques développées au Convito. (Duhem, Système du Monde).Voi che intendendo il terzo ciel movete." |
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