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La Celestina
est une célèbre comédie
espagnole des dernières années du XVe
siècle, sur l'origine de laquelle on a beaucoup argumenté
et qui a été publiée, commentée, traduite,
imitée un nombre incalculable de fois. A quelle époque la
Celestina
fut-elle écrite? Les vingt-deux scènes qui la composent sont-elles
l'oeuvre d'un seul auteur ou de deux? questions maintes fois agitées
et qui ne paraissent pas susceptibles d'être résolues. Les
premières éditions de cet ouvrage sont toutes anonymes,
mais à leur première page on trouve une lettre de l'auteur
à un ami; en substance il dit qu'il lui est tombé entre les
mains un écrit remarquable, comme on n'en avait pas encore vu ou
entendu en castillan, qui, au milieu
d'une fiction ingénieuse et parmi toutes sortes d'ornements, renferme
de sages conseils pour se prémunir contre les trompeurs, les mauvais
serviteurs et les mauvaises femmes; il ajoute que l'écrit n'était
pas signé et que les uns l'attribuaient à Juan
de Mena, les autres à Rodrigo Cota, enfin
qu'il s'est occupé, pendant quinze jours de vacances que lui laissait
l'étude des lois, à donner une suite à cet ouvrage
demeuré inachevé. A la suite de cette lettre de l'auteur
à un ami vient un prologue, puis onze octaves qui contiennent cet
acrostiche,
découvert par A. de Proaza, correcteur de l'édition de Séville,
1502 :
El
bachiller Fernando de Rojas acabo la comedia de Calysto y Melivea
(premier titre de la Célestine) é fué nascydo
en la puebla de Montalvan.
F. de Rojas n'a-t-il, comme il le dit, été
que le continuateur d'une oeuvre déjà commencée, ou
bien est-ce seulement une manière de présenter son travail,
comme on en voit plusieurs exemples dans l'histoire de ce temps? Plusieurs
critiques, Moratin, Gallardo, Blanco White, Germond
de Lavigne, A. de la Barrera croient que la Célestine est
d'un bout à l'autre d'une seule plume; d'autres admettent qu'il
y a une différence très grande de mérite entre le
premier acte et les vingt et un suivants, et, se fondant sur un passage
de la Selvagia, une des premières imitations de la Célestine,
écrite en 1554 par A. de Villegas Selvago, attribuent la première
partie et l'idée originale à Rodrigo de Cota, poète
remarquable, dont on a un fort joli dialogue entre l'Amour et un vieillard.
Suivant cette opinion, qui est maintenant
la plus accréditée, le premier acte aurait été
écrit vers 1480 et Fernando de Rojas aurait ajouté les autres,
soit les 7/8e de l'oeuvre totale, vers
1490; on a été amené à ces indications par
l'étude de plusieurs passages où il est fait allusion à
des événements contemporains. On a rapporté que Fernando
de Rojas était un homme de robe; il aurait craint que l'ouvrage
ne parût indigne de la gravité de sa profession, et voilà
pourquoi il ne s'était pas nommé d'abord. Mais quand le succès
l'eut absous en quelque sorte, il aurait reconnu son oeuvre.
Nous nous sommes servis jusqu'à
présent du mot comédie pour
désigner la Célestine; elle est appelée, dans
les premières éditions, Celestina, Tragi-comedia de Calixto
y Melibaea, mais nous apprenons par le prologue qu'elle portait plus
anciennement le titre de comédie et que ce fut F. Rojas qui le modifia.
Son premier travail, dans une édition de 1499, dont on ne connaît
qu'un exemplaire, n'avait que seize actes; dans une de Salamanque,
1500, nous trouvons les vingt-deux, que reproduisent toutes les éditions
postérieures. Au surplus, ces mots comédie, tragi-comédie,
actes, ne doivent pas nous induire en erreur sur le caractère de
l'ouvrage; ce n'est pas une pièce dramatique
à proprement parler. Non seulement elle ne fut jamais représentée
sur un théâtre, ni écrite
dans ce but (ses vingt-deux actes seraient à la représentation
un réel obstacle), mais il y a souvent deux ou trois scènes
dont les événements sont simultanés. La Celestina
est une longue nouvelle en prose; mais comme
elle est partagée en scènes, comme elle se compose d'une
série de dialogues, comme le sujet en est essentiellement dramatique,
elle ressemble beaucoup à une tragi-comédie et tous les critiques
reconnaissent qu'elle a exercé une très grande influence
sur le développement du théâtre espagnol.
Au premier acte, la scène est aux
environs d'une ville dans laquelle les commentateurs ont voulu reconnaître
Séville;
dans un jardin se rencontrent deux jeunes gens, qui appartiennent tous
deux à de grandes familles, Calixte et Mélibée. Le
jeune homme supplie la jeune fille de répondre à son amour,
mais celle-ci lui réplique avec dignité et dédain.
Elle s'éloigne offensée et hautaine, et lui se retire humilié
et de plus en plus fou de désirs. Il raconte sa mésaventure
et son désespoir à un serviteur de confiance; celui-ci lui
conseille d'avoir recours à une vieille sorcière, maîtresse
en l'art de composer des philtres et qu'il connaît depuis longtemps;
cette vieille, cette entremetteuse dont on trouve le prototype en Espagne
dans la Trotaconventos de l'archiprêtre
de Hita, c'est la Celestina, qui promet à Calixte de lui faire
avoir Mélibée.
Ici se termine l'oeuvre de Rodrigo de Cota
ou du moins l'acte qu'on lui attribue ordinairement; le dénouement
demeure imprévu et il peut se faire qu'il soit du domaine de la
comédie. Le développement donné par Rojas nous montre
la Célestine allant à plusieurs reprises voir Mélibée,
soit sous prétexte de demander l'aumône, soit sous celui de
vendre des bijoux; elle emploie toutes les intrigues, met en oeuvre toute
sorte de trames, se sert des domestiques hommes et femmes, flatte, menace,
s'irrite, fait de la morale, prêche, et après une longue résistance
amène la jeune fille à avouer qu'elle aime Calixte et à
s'abandonner.
L'action marche alors au dénouement;
Célestine est la première châtiée; elle est
assassinée par les domestiques de Calixte avec qui elle refuse de
partager les profits de son intervention; les agents et amis de la vieille
sorcière accusent alors Calixte de l'avoir tuée et se battent
dans la rue avec les domestiques de celui-ci qui défendent la maison.
Calixte entend le bruit de la lutte et accourt ; il tombe du haut de l'échelle
et meurt. Mélibée, à ces nouvelles, perd la tête,
avoue sa faute et se jette du haut d'une tour; le drame se termine par
les lamentations du père de Mélibée devant le cadavre
de sa fille.
-
Fin du XIXe
acte
Pleberio.
Hija
mia Melibea, que hazes sola? que es tu voluntad dezirme? quieres que suba
alla?
Melibea.
Padre
mio, no pugnes ni trabajes por venir adonde yo esto, que estoruaras la
presente habla que te quiero fazer. Lastimado seras breuemente con la muerte
de tu vnica fija, mi fin es llegado. Llegado es mi descanso e tu passion.
Llegado es mi aliuio e tu pena. Llegada es mi acompanada hora e tu tiempo
de soledad. No hauras, honrrado padre, menester instrumentos para aplacar
mi dolor, sino campanas para sepultar mi cuerpo. Si me escuchas sin lagrimas,
oyras la causa desesperada de mi forzada e alegre partida. No la interrumpas
con lloro ni palabras, si no quedaras mas quexoso en no saber por que me
mato, que doloroso por verme muerta. Ninguna cosa me preguntes, ni respondas,
mas de lo que de mi grado dezirte quisiere. Porque quando el corazon esta
embargado de passion, estan cerrados los oydos al consejo. E en tal tiempo
las frutuosas palabras, en lugar de amansar, acrecientan la sana.
Oye,
padre viejo, mis vltimas palabras, e si como yo espero las recibes, no
culparas mi yerro. Bien vees e oyes este triste e doloroso sentimiento,
que toda la cibdad haze. Bien vees este clamor de campanas, este
alarido de gentes, este aullido de canes, este grande estrepito de armas,
de todo esto fuy yo la causa. Yo cobri de luto e xergas en este dia quasi
la mayor parte de la cibdadana caualleria. Yo dexe oy muchos siruientes
descubiertos de senor. Yo quite muchas raciones e limosnas a pobres e enuergonzantes.
Yo fuy ocasion que los muertos touiessen compania del mas acabado hombre
que en gracia nascio.Yo quite a los viuos el dechado de gentileza: de inuenciones
galanas, de atauios e bordaduras: de habla: de andar, de cortesia, de virtud.
Yo fuy causa que la tierra goze sin tiempo el mas noble cuerpo e mas fresca
juuentud, que al mundo era en nuestra edad criada. E porque estaras espantado
con el son de mis no acostumbrados delitos, te quiero mas aclarar el hecho.
Muchos
dias son passados, padre mio, que penaua por mi amor vn cauallero que se
llamaua Calisto, el qual tu bien conosciste. Conosciste assimismo sus padres,
e claro linaje, sus virtudes e bondad a todos eran manifiestas. Era tanta
su pena de amor, e tan poco el lugar para hablarme que descubrio su passion
a vna astuta e sagaz muger, que llamauan Celestina. La qual, de su parte
venida a mi, saco mi secreto amor de mi pecho, descobria a ella lo que
a mi querida madre encubria. Touo manera como gano mi querer,
ordeno como su desseo e el mio houiessen efeto. Si el mucho me amaua, no
viuia enganado. Concerto el triste concierto de la dulce e desdichada execucion
de su voluntad.
Vencida
de su amor, dile entrada en tu casa. Quebranto con escalas las paredes
de tu huerto. quebranto mi proposito. Perdi mi virginidad. Del qual deleytoso
yerro de amor gozamos quasi vn mes, e como esta passada noche viniesse
segun era acostumbrado, a la buelta de su venida, como de la fortuna mudable
estouiesse dispuesto e ordenado segun su desordenada costumbre, como las
paredes eran altas, la noche escura, la escala delgada, los siruientes
que traya no diestros en aquel genero de seruicio. E el baxaua pressuroso
a uer vn ruydo que con sus criados sonaua en la calle, con el gran impetu
que leuaua, no vido bien los pasos, puso el pie en vazio e cayo, e de la
triste cayda sus mas escondidos sesos quedaron repartidos por las piedras
e paredes. Cortaron las hadas sus hilos. Cortaronle sin confession su vida,
Cortaron mi esperanza. Cortaron mi gloria. Cortaron mi compania.
Pues,
que crueldad seria, padre mio, muriendo el despenado, que biuiesse yo penada?
Su muerte combida a la mia. Combidame, e fuerza que sea presto sin dilacion,
muestrame que ha de ser despenada, por seguille en todo, no digan por mi
a muertos e a ydos. E assi contentarle he en la muerte, pues no tuue tiempo
en la vida. O mi amor e senor Calisto, esperame. Ya voy; detente,
si me esperas. No me incuses la tardanza que hago, dando esta vltima cuenta
a mi viejo padre, pues le deuo mucho mas.
O padre
mio muy amado, ruegote, si amor en esta passada e penosa vida me has tenido,
que sean juntas nuestras sepulturas. Juntas nos hagan nuestras obsequias.
Algunas consolatorias palabras te diria antes de mi agradable fin, coligidas
e sacadas de aquellos antiguos libros, que tu por mas aclarar mi ingenio,
me mandauas leer, sino que ya la danada memoria con la grand turbacion
me las ha perdido, e avn porque veo tus lagrimas malsofridas dezir por
tu arrugada haz.
Saludame
a mi cara e amada madre. Sepa de ti largamente la triste razon porque
muero. Gran plazer lleuo de no la ver presente. Toma, padre viejo, los
dones de tu vegez, que en largos dias largas se sufren tristezas. Rescibe
las arras de tu senetud antigua. Rescibe alla tu amada hija. Gran dolor
lleuo de mi, mayor de ti, muy mayor de mi vieja madre. Dios quede contigo
e con ella, a el ofrezco mi alma, pon tu en cobro este cuerpo que alla
baxa. |
Plébério.
Mélibee,
ma fille, que fais-tu là, seule? Qu'as-tu résolu? Veux-tu
que je monte là haut.
Mélibée.
Cher
père, ne te préoccupe pas de venir où je suis.Tu gênerais
le récit que je veux te faire. D'ici à peu d'instants ton
coeur sera déchiré par la mort de ta fille unique. Ma fin
s'approche; l'heure de mon repos et de ta douleur est venue, celle de me
réunir à mon cher compagnon et de te laisser seul. Il n'est
pas besoin, père honoré, d'instruments pour calmer ma douleur,
mais de cloches pour mes funérailles. Si tu m'écoutes sans
m'interrompre par des larmes, tu sauras quelle est la cause sans remède
de mon départ obligé, mais joyeux; sinon, tu seras plus affligé
de ne pas savoir pourquoi je me tue que tu ne le seras de ma mort. Ne me
demande rien de plus que ce qu'il est dans ma volonté de t'apprendre.
Lorsque le coeur est dominé par une passion, l'oreille est fermée
aux conseils, et les plus sages paroles au lieu d'adoucir le désespoir
l'augmentent encore.
Écoute,
vieux père, mes dernières paroles, et si comme je l'espère,
elles te touchent, tu me pardonneras ma faute. Tu sais quel est le triste
et douloureux sentiment qui afflige la ville. Tu as entendu le son des
cloches, les clameurs des citoyens, le hurlement des chiens, le bruit des
armes, de tout cela je suis cause. J'ai couvert de deuil et de crêpes
funèbres la plus grande partie de la population distinguée
de la ville; j'ai laissé des serviteurs sans maître; j'ai
tari la source de bienfaits nombreux dont jouissaient les pauvres, ceux
qui cachent leur misère; j'ai aux morts donné pour compagnon
le cavalier le plus accompli de tous ceux qui sont nés dans la grâce
du Seigneur. J'ai enlevé aux vivants un modèle de grâce,
d'élégance, de courtoisie et de vertu. Je suis cause que
la terre possède avant le temps le plus noble corps, la plus fraîche
jeunesse qui dans le monde ait été jusqu'ici créé.
Je vais t'éclairer sur l'étendue de ma faute, et tu en seras
épouvanté.
De
longs jours se passaient pendant que souffrait d'amour un cavalier qui
se nommait Calisto, que bien tu connais, ainsi que ses parents et sa famille.
Ses rares qualités étaient révélées
à tout le monde. Sa souffrance était telle, et il avait si
peu d'occasions de me voir, qu'il découvrit sa passion à
une femme intelligente et adroite, connue sous le nom de Celestina, laquelle
vint de sa part vers moi, et elle parvint à obtenir l'aveu de l'amour
que je cachais au fond du coeur, secret que ma mère elle-même
n'aurait pu obtenir. Elle trouva moyen de soumettre ma volonté et
me disposa ainsi qu'elle le voulait et que je le voulais moi-même.
S'il m'aimait beaucoup, il était payé de retour; il concerta
les moyens d'arriver à la douce et malheureuse exécution
de ses plus chers projets.
Vaincue
par un amour que je partagais, je lui permis l'entrée de ta maison.
Il franchit, avec une échelle, les murs de ton jardin et il triompha
de mon désir de rester chaste. Cette douce erreur d'amour dura près
d'un mois, et comme la nuit dernière il était venu, ainsi
qu'il le faisait d'ordinaire, le sort qui toujours change, voulut que l'élévation
des murs, l'obscurité de la nuit, la faiblesse de l'échelle,
mal placée par les domestiques, inhabiles dans ce genre de service,
lui devinrent funestes; au bruit qu'il entendit et qui paraissait menaçant
pour ses serviteurs, il se hâta de descendre, posa mal son pied sur
les échelons, fut lancé dans le vide et tomba sur des pierres
contre lesquelles se brisa la tête dont la cervelle rejaillit au
loin. Les Parques tranchèrent le fil de ses jours; il est mort sans
confession; mon doux espoir, ma gloire tout a disparu; nos doux liens sont
brisés!
Combien
ne serait-il pas cruel, père, de vivre dans la douleur quand il
est mort brisé en tombant sur les pierres. Sa mort commande la mienne;
elle le veut et sans aucun délai; pour l'imiter en tout je mourrai
précipitée. Que l'on ne dise pas de moi que les vivants oublient
les morts. Ô mon amour, Calisto. mon seigneur! attends-moi et pardonne
un retard nécessaire pour rendre compte à mon père
des motifs de ma résolution; je lui devais plus encore.
Ô
père. Si tendrement aimé, je te supplie par l'amour que tu
as eu pour moi, durant ma courte et douloureuse vie de nous réunir
dans une même tombe et de ne pas nous séparer dans nos funérailles.
Je pourrais trouver dans les livres que tu m'ordonnas de lire pour éclairer
mon esprit quelques paroles consolantes; mais en voyant les larmes couler
sur les rides de ton visage, ma mémoire ne saurait me les fournir.
Salue
ma mère bien aimée. Qu'elle sache de toi, longuement, les
causes de ma mort. Ne pas la voir ici présente, m'est doux. Prends,
vieux père, le trésor de la vieillesse, en qui va résider
maintenant de si profondes tristesses. Reçois ce qui devait être
le soutien de tes derniers ans; reçois d'ici ta fille bien aimée.
Je m'afflige sur moi, sur toi plus encore, et davantage s'il se peut sur
ma mère. Que Dieu soit avec toi, qu'il soit avec elle; je lui offre
mon âme et toi reçois ce corps qui tombe en bas. |
On voit que la Célestine
mérite bien le titre de tragi-comédie; des événements
effroyables, le châtiment ces coupables en forment le dénouement
et l'intention morale est évidente. L'auteur ou les auteurs, suivant
en cela les habitudes du temps, ne croyaient pas toutefois nécessaire
de s'abstenir des peintures libres et des explications aventurées.
Il y a du cynisme et bien de la vie dans ces dialogues de fripons et de
courtisanes, de fourbes et d'entremetteuses, du naturel, de la hardiesse
dans l'expression et un style pourtant châtié et pur. Çà
et là quelque affectation d'érudition, des pointes rappellent
le mauvais goût du temps; mais dans l'ensemble, pour la peinture
des caractères, pour l'habileté de l'action, pour la richesse
de l'imagination, cette oeuvre est très supérieure à
ce qui se faisait à la même époque dans le reste de
l'Europe.
Aussi eut-elle un succès prodigieux;
au cours du XVIe siècle seul, on
en compte une quarantaine d'éditions. Au XVIIe
siècle, et par suite de la formation du drame espagnol, la Célestine
fut beaucoup moins lue et éditée; au XVIIIe
siècle, nous ne connaissons pas une édition de la Célestine,
mais au XIXe on a réimprimé
plusieurs fois avec des notices et des notes ce monument curieux pour l'histoire
de l'art dramatique en Espagne : Madrid, 1822, in-8; corrigée
et augmentée, Madrid, 1835, in-8; Barcelone (avec prologue et notes
de T. Gorchs), 1841, in-8 ; Barcelone, avec figures, et Madrid, 1846, t.
III, de la Biblioteca Rivadeneyra (notice et notes de Aribau).
A l'étranger, le succès ne
fut pas moindre; il y eut des traductions dans toutes les langues de l'Europe
et même une en latin pour que les érudits pussent aussi goûter
la Célestine; plusieurs de ces traductions furent réimprimées
mainte fois. Enfin, comme presque tous les ouvrages d'un genre vraiment
original, la Célestine suscita un très grand nombre
d'imitations, plus ou moins heureuses, mais dont aucune n'approche du modèle.
Citons la Segunda comedia de Celestina, de Feliciano de Silva, en
1530; une de Domingo de Casteza, en 1534; une de Gaspar Gomez de Toledo,
en 1537; une d'un anonyme et intitulée la Tragedia de Policiana
(29 actes), 1547; la Comedia Florinea de Rodriguez Florian (43 actes),
1554; la Selvagia de Alonso de Villegas, 1554. En 1513, Pedro de
Urrea avait traduit le premier acte de la Célestine en vers;
Juan Sedeno accommoda le reste de la même manière, en 1640.
Quelques nouvelles, imitées de l'oeuvre de Rojas, parurent encore
postérieurement, comme la Ingeniosa Elena et la Flora
Marisabidilla de Salas Barbadillo et la Enfrosina du Portugais
Ferreyra de Vasconcellos, traduite en espagnol, en 1631, par Ballesteros
Saavedra. Enfin, on trouverait dans une foule de comédies du théâtre
espagnol, de Lope de Rueda à Moratin,
bien des emprunts faits à la célèbre Celestina
et qui démontrent la grande influence qu'elle a eue sur le développement
de la poésie dramatique dans la péninsule Ibérique .
(E.
Cat). |
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