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Apocalypse d'Esdras

Apocalypse d'Esdras. - C'est le livre généralement connu sous le nom de IVe livre d'Esdras et que beaucoup d'éditions de la Vulgate nous donnent, dans une traduction latine fort défectueuse. Le texte latin, traduit du grec dans lequel on estime que l'ouvrage a été composé, a été reconstitué à l'aide de divers manuscrits et des versions orientales. L'Apocalypse d'Esdras comprend sept visions, que le scribe de ce nom, restaurateur du canon des écritures saintes d'après la tradition juive, est censé recevoir la trentième année de la destruction de Jérusalem par Nabuchodonosor, Il suffit d'un peu d'attention pour reconnaître que les préoccupations de l'auteur sont celles qui se rencontrent dans les cercles juifs après la ruine de Jérusalem par Titus. La révélation divine déroule aux yeux du voyant tous les secrets de l'avenir, la destruction de l'empire romain et la fondation définitive du royaume messianique, sous des symboles assez transparents. Les allusions contenues dans ces visions (particulièrement la cinquième) ont engagé la plupart des critiques à assigner à ce livre, comme date de composition, le dernier quart du Ier siècle, ce que confirme le caractère général de l'ouvrage, lequel est d'ailleurs aussi remarquable par la science de la composition que par l'élévation de la pensée.

On remarquera que l'auteur pseudonyme fait vivre Esdras trente ans après la destruction de Jérusalem par les Chaldéens, tandis qu'il ne parut que dans le siècle suivant. Il y a là la marque d'une certaine négligence en matière chronologique; mais ce trait accuse, d'autre part, l'intention de l'écrivain de rapprocher le cadre fictif de sa composition des circonstances où lui-même vivait. De son temps, comme à l'époque de la captivité de Babylone, les Juifs, au spectacle de leur capitale détruite, se demandaient anxieusement à quels signes se reconnaîtrait l'approche de la révolution bienheureuse, dont les souffrances du présent ravivaient constamment la pensée. Les questions qui agitent l'esprit de pseudo-Esdras sont bien celles qu'un Israélite pieux devait se poser à la fin du Ier siècle de l'ère chrétienne. La ruine de Jérusalem était un fait depuis longtemps accompli; la foi en la délivrance surnaturelle qui devait sortir de l'excès de l'humiliation et de l'angoisse avait en vain attendu son objet. 

L'empire juif tardait à prendre la place de l'empire romain, comme les divers écrivains apocalyptiques l'avaient annoncé formellement. Celui-ci triomphait plus orgueilleusement que jamais. Les malheureux Juifs, jetés à tous les vents, lèvent les yeux au ciel et se demandent ce que sont devenues les promesses divines dont ils attendent ardemment la réalisation. Quelque graves qu'aient été ses infidélités, Israël a-t-il cessé d'être le peuple de Dieu, le peuple élu? Comment, toujours sûre et incapable d'erreur, la justice divine souffre-t-elle, qu'impitoyable envers ses élus, le ciel comble les nations païennes de victoires et de puissance? Pseudo-Esdras répond à ces doutes et à ces angoisses en retraçant le tableau des crises finales qui arriveront à bref délai, en décrivant la venue du Messie et l'inaugu ration de son royaume. (Maurice Vernes).

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