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Les sésamoïdes
sont des os courts, arrondis ou ovalaires, généralement
de tout petit volume, qui se développent, soit au voisinage de certaines
articulations du pied
et de la main, soit dans l'épaisseur d'un
certain nombre de tendons. lls tirent, leur nom
des grains de sésame auxquelles on Ies a comparés. Il est
à remarquer, cependant, que cette comparaison est peu justifiée
et que les osselets en question n'ont qu'une ressemblance très éloignée
avec les semences de sésame. Les sésamoïdes étaient
parfaitement connus des anciens anatomistes et Soemmering,
dans son Ostéologie, nous en a donné une assez bonne
description. Plus tard, ils ont été bien étudiés
par Gillette en 1874, par par Retterer en 1881 et, en 1892, leur étude
a été reprise par Pfitzner, qui a publié à
leur sujet, dans les Morphologische Arbeiten de Schwalbe, un volumineux
mémoire basé sur l'examen minutieux de 388 mains et de 385
pieds.
Topographie des sésamoïdes Les sésamoïdes, avons-nous dit dans notre définition, apparaissent, soit autour des articulations, soit dans l'épaisseur des tendons. De là leur division en deux groupes : les sésamoïdes péri-articulaires et les sésamoïdes intra-tendineux. Cette division, qui a été proposée par Gillette n'est pas à l'abri de tout reproche, et si nous l'acceptons c'est faute d'en avoir une meilleure. Comme nous le verrons tout à l'heure, en effet, il y a des sésamoïdes péri-articulaires qui présentent avec les tendons des connexions intimes; et, d'autre part, il existe au moins un sésamoïde de intra-tendineux, la rotule, qui, par ses relations avec le genou, mériterait tout aussi bien de prendre place dans le groupe des sésamoïdes péri-articulaires. Ces réserves faites, vovons, quelle est la situation. chez l'Humain des différents groupes de sésamoïdes. Sésamoïdes
péri-articulaires.
Sésamoïdes
de la main.
a. Les sésamoïdes métacarpo-phalangiens
du pouce sont toujours au nombre de deux. I'un
interne ou cubital. l'autre externe ou radial. Ils sont logés, à
l'état frais, dans l'épaisseur du ligament glénoïdien
et reposent directement sur la face palmaire de l'extrémité
phalangienne du premier métacarpien. - Du
reste, chacun d'eux nous présente deux faces : une face antérieure
ou musculaire, qui donne insertion aux muscles
thénar; une face postérieure ou articulaire, qui répond
à l'articulation et qui, à cet effet, se trouve recouverte
d'une mince couche de cartilage. - Quoique
conformés sur le même type, le deux sésamoïde
métacarpo-phalangiens du pouce se distinguent l'un de l'autre par
les caractères suivants : l'interne (1) est arrondi. l'externe (2)
ovalaire à grand axe transversal; l'interne mesure 7 à 8
millimètres de diamètre, l'externe 4 ou 5 millimètres
seulement : la face articulaire est plane ou légèrement vexe
dans le premier, plus ou moins excavée dans le second . En raison
de ces différences morphologiques, Gillette compare le sésamoïde
interne au pisiforme, le sésamoïde
externe au scaphoïde.
La main droite, vue par sa face palmaire, avec les sésamoïdes (d'après Pfitzner). b. Le sésamoïde interphalangien du pouce, allongé transversalement, se trouve situé à la partie antérieure de l'articulation de la première phalange avec la seconde. II est logé, comme le précédent, dans l'épaisseur de la lame fibreuse qui agrandit en avant la cavité articulaire de la phalangette. A l'état frais, deux petits ligaments, l'un interne, l'autre externe, le relient aux côtés de la phalange. e. Les sésamoïdes métcacarpo-phalangiens
de l'index et du petit doigt se disposent, comme
leur nom l'indigue, au niveau des articulations métacarpo-phalangiennes
du deuxième et du cinquième doigt, toujours du côté
de la flexion. Il peut exister pour chacune de ces articulations, comme
pour celle du pouce, deux os
sésamoïdes distincts, l'un interne, l'autre externe: mais cette
disposition est excessivement rare. Le plus souvent, on n'en rencontre
qu'un seul : l'observation démontre que, dans ce cas, le sésamoïde
métacarpo-phalangien répond au coté l'articulation
pour le petit doigt, au côté antéro-externe pour l'index.
d. Les sésamoïdes métacarpo-phalangiens du médius et de l'annulairre sont relativement fort rares. De plus, il n'en existe jamais deux, du moins chez l'Humain, pour Ia même articulation. Pfitzner a observé le sésamoïde externe du médius le sésamoïde interne de l'annulaire. II n'a jamais rencontré, sur les 388 mains qu'il a examinées, ni l'externe de l'annulaire, ni l'interne du médius. e. Il peut se développer, enfin, sur les quatre derniers doigts, des sésamoïdes interphalangiens analogues à celui que nous avons décrit sur le pouce. Mais ils doivent être excessivement rares : Pfitzner n'en a observé qu'un seul, situé sur l'index. Sésamoïdes
du pied.
Le pied gauche, vu par sa face plantaire, avec ses sésamoïdes (d'après Pfitzner).. Le sésamoïde interphalangien du gros orteil présente la même disposition que celui du pouce : il est couché transversalement au-dessous de l'articulation de la première phalange avec la seconde. Pfitzner a observé un sésamoïde analogue sur le deuxième orteil (3 fois sur 385 pieds). c. Les sésamoïdes métatarso-phalangiens
des deuxième et cinquième orteils
sont presque toujours uniques comme ceux qui leur correspondent à
la main. Ils sont à la fois moins fréquents
et moins volumineux que ces derniers; mais ils présentent la même
disposition, je veux dire que celui du deuxième orteil est interne
par rapport à l'axe de l'orteil, tandis que celui du cinquième
orteil est externe. Les articulations métatarso-phalangiennes des
troisième et quatrième orteils, chez l'Humain, n'ont jamais
de sésamoïde.
On croyait autrefois que le sésamoïde interne du gros orteil jouissait de la singulière propriété, un peu oubliée aujourd'hui, de ne pas retourner en poussière, comme le font toutes les autres pièces du squelette. "Il n'est aucunement subject à corruption, écrivait Jacques Grévin en 1569, ainsi que le disent les sectateurs de la philosophie cachée, soustenants frivollement qu'il est conservé dans la terre jusques à ce qu'au temps de la résurrection il s'en élève un homme comme d'une graine."
a. Sur le membre supérieur, il n'en existe pas à l'état normal. Certains anatomistes ont bien cru devoir ranger l'os pisiforme au nombre des sésamoïdes, mais une pareille interprétation est erronée : le pisiforme doit être considéré comme un os du carpe. Anormalement, on a observé des sésamoïdes dans le tendon du deuxième radial externe et dans le tendon du triceps brachial. b. Sur le membre inférieur, les sésamoïdes sont beaucoup plus nombreux. Nous avons d'abord la rotule, développée dans l'épaisseur du quadriceps crural, qlui est constante et qui est le type des formations sésamoïdes. Nous rencontrons ensuite, avec une fréquence variable pour chacun d'eux, les sésamoïdes du jumeau externe, du jambier postérieur et du long péronier latéral. Le sésamoïde décrit par quelques auteurs dans le tendon du jambier antérieur n'existe pas. Conformation intérieure Les sésamoïdes, qu'ils soient péri-articulaires on infra-tendineux, se composent toujours d'une masse centrale de tissu spongieux ou aréolaire, ordinairement très serré, qui se trouve emprisonnée dans une mince coque de tissu compact. Ils présentent, comme on le voit, tous les caractères des os courts, Les fines travées osseuses qui forment leur portion spongieuse se disposent, parfoi parallèlement les unes aux autres, ce qui donne à l'os, vu en coupe, un aspect filirillaire. Quelques anatomistes en ont conclu que les sésamoïdes sont le produit d'une ossification du tissu fibreux : mais cette opinion n'est plus soutenable aujourd'hui en présence des faits embryologiques. Développement Les sésamoïdes se développent de la même façon que les autres pièces du squelette. Comme ces dernières, ils sont primitivement constitués par de simples nodules cartilagineux. Puis, à une époque variable, apparaît dans leur épaisseur un centre d'ossification qui envahit peu à peu le tissu carlilagineux et finit par le remplacer. Les sésamoïdes cartilagineux se montrent de très bonne heure sur le squelette primitif. Retterer, les a rencontrés chez les Ruminants et chez les Equidés, alors que les cavités articulaires voisines n'étaient pas encore formées. Chez un foetus humain de 9 centimètres de 4 à 5 mois, les deux sésamoïdess métacarpo-phalangiens du gros orteil existaient déjà sous la forme de deux nodules cartilagineux. Thilenius les a rencontrés, nettement différenciés, sur un embryon de 10 à 12 semaines. Toutefois, s'ils apparaissent de bonne heure, les sésamoïdes s'ossifient très tard, , probablement de 10 à 25 ans. Ils parcourent, du reste, comme l'a établi Retterer, les mêmes phases que les autres pièces du squelette. Ils deviennent vasculaires en même temps ou peu après que les vaisseaux ont pénétré dans les extrémités carlilagineuses voisines et, d'autre part, chacun d'eux ne présente jamais qu'un seul point d'ossification. Ce point d'ossificalion apparaît à son centre et rayonne de là vers la périphérie. Selon Gillette, au fur et à mesure que le sujet avance en âge, les sésamoïdes perdent leur forme arrondie; ils se creusent et s'élargissent : leurs apophyses deviennent plus saillantes et ils présentent des rugusités qu'ils n'avaient pas dans la jeunesse. (L. Testut). |
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