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On
donne le nom de Paléogène au type des terrains les
plus anciens du Cénozoïque. C'est
une formation géologique caractérisée par l'abondance
des Nummulites; certaines roches qui y prennent
part en sont presque exclusivement formées, d'où le nom de
Nummulitique
que l'on a donné autrefois à cette époque; ce sont
ou des calcaires
(calcaires à Nummulites) essentiellement zoogènes, ou des
marnes,
ou encore des sables ou des grès. Les calcaires paléogènes
de l'Europe méridionale sont constitués, soit par des Alvéolines
ou par d'autres Foraminifères,
soit par des Algues calcaires du genre Lithothamnium.
Les calcaires marneux sont souvent riches en Echinides,
en Zoanthaires (Cnidaires), en Lamellibranches.
Les Gastéropodes abondent surtout
dans les faciès saumâtres. Le flysch
est un faciès
schisteux ou gréseux,
très peu fossilifère, atteignant des épaisseurs énormes.
Le Paléogène
s'étend dans la région alpine, dans
les Pyrénées et dans toute la
région méditerranéenne, jusqu'en Anatolie.
En dehors de l'Europe, il est confiné aux
régions équatoriales. Les mers du Sud de l'Europe ne communiquaient
pas directement avec le bassin anglo-parisien, où les Nummulites
ne se rencontrent que temporairement (dans l'Yprésien, Nummulites
planulata; dans le Lutétien, Nummulites loevigata); leurs eaux étaient
évidemment plus chaudes que celles du Nord de l'Europe, et c'est
ce qui explique l'abondance des gros Foraminifères,
des grandes Ovules, des grands Corbis et, en général, des
organismes sécrétant de grandes quantités de calcaire.
Cependant les Rudistes, qui, au Crétacé,
caractérisaient les mêmes régions, ont entièrement
disparu, et leur disparition coïncide très exactement avec
l'apparition des premières Nummulites dans la région méditerranéenne.
Dans les Pyrénées,
ainsi qu'en Istrie, il y a concordance et continuité parfaite entre
le Crétacé supérieur et
le Paléogène, de sorte que la paléontologie peut seule
fournir une limite entre les deux systèmes. Dans la région
alpine, par contre, il y a toujours une lacune entre le Crétacé
et le Cénozoïque, due à
ce que, entre le dépôt du Sénonien et celui de
l'Eocène moyen, il s'est produit des mouvements
orogéniques qui se sont continués quelquefois pendant tout
l'Eocène. Lorsque la mer envahit à
nouveau la région alpine, les premiers dépôts
formés reposent souvent en discordance angulaire sur les terrains
mésozoïques
redressés, voire même sur les terrains cristallophylliens,
comme par exemple au Sud du massif da Pelvoux. La transgression du Paléogène
débute alors, soit par l'Eocène moyen, soit par l'Eocène
supérieur, soit même par l'Oligocène
inférieur (Stampien).
Paléocène.
Les couches les
plus inférieures du Paléogène définissent la
série paléocène. Elles ne sont représentées
dans la région méditerranéenne que dans un très
petit nombre de points. On les connaît dans les Pyrénées,
par exemple aux environs de Foix ,
où elles renferment comme fossiles caractéristiques
: Echinanthus Pouechi, Horiolampas Michelini, Nummulites spileccensis,
Operculina Heberti. Dans le Vicentin, ces terrains font souvent défaut,
mais au Monte Spilecco le niveau le plus inférieur existe et se
trouve représenté par des tufs très fossilifères
(Nummulites spileccensis, nombreux Orthoplaragmina, Rhynchonella polymorpha).
[Paragraphe à vérifier].
Eocène.
Eocène
inférieur (Yprésien).
Un niveau plus élevé
de peut être parallélisé avec les sables de Cuise du
Bassin parisien (Yprésien). Il est représenté
dans les Pyrénées par les couches
à Nummulites planulata de la Chalosse. En Algérie,
on peut lui attribuer une importante série de couches à Nummulites,
qui forme une bande continue dans la région des Hauts Plateaux,
ainsi qu'une bande plus méridionale, séparée de la
première par une terre émergée au Paléocène,
comprenant les célèbres gisements de phosphates de Tebessa
et de Gafsa. En Egypte, la partie inférieure
de l' « étage libyen » de Zittel paraît occuper
le même niveau.
Eocène
moyen (Lutétien et Bartonien).
La succession des
dépôts nummulitiques correspondant à l'éocène
moyen est surtout bien nette dans le Vicentin et en Hongrie
(Hébert et Munier-Chalmas). On distingue dans ces deux régions
trois niveaux, que l'on petit caractériser chacun par une espèce
de Nummulite :
1° Couches
à Nummulites loevigata, correspondant par leur faune
au calcaire grossier inférieur du Bassin
parisien. Ce sont tantôt des calcaires à Lithothamnium, tantôt
des calcaires à Alvéolines (Monte Postale), tantôt,
comme à la célèbre localité du Monte Bolca,
des schistes à Poissons.
2° Couches
à Nummulites perforata, niveau de San Giovanni Ilarione, C'est
un des horizons nummulitiques les plus répandus dans la région
méditerranéenne, il est surtout caractérisé
par ses Echinides (Conoclypus conoideus,
Amblypygus dilatatus, Prenaster alpinus, etc.). On le retrouve avec la
même faune en Istrie, dans les Pyrénées,
dans le canton de Schwytz, au Kressenberg (Bavière), etc. Des calcairesà
Nummulites
perforata et grandes Nummulites complanata constituent aux environs de
Nice
et dans l'Ubaye (Alpes-de-Haute-Provence)
le terme le plus inférieur de la série paléogène.
En Egypte, on retrouve au Mokkatam, près du Caire, les Echinides
de San Giovanni Ilarione associés aux grandes Nummulites Gizehensis,
tandis que Nummulites perforata se rencontre à un niveau plus bas.
En Algérie, par contre, cette espèce se trouverait au sommet
de l'éocène moyen, au-dessus des Assilines (Ficheur).
3° Couches
à Nummulites striata et contorta de la forêt de Bakony
(Hongrie), de Faudon près Gap, de Vence, de Biarritz (niveau moyen).
A Roncà, dans le Vicentin, le même horizon est représenté
par des couches saumâtres renfermant des espèces des sables
de Beauchamp (Fusus polygonus, F. subcarinatus, Cerithium corvinum).
Eocène
supérieur (Priabonien).
C'est encore dans
le Vicentin que l'on rencontre le type le plus net de cet étage
aussi le nom de Priabonien (de Priabona, Vicentin), qui lui a été
donné par Munier-Chalmas et Lapparent ,
lui convient-il fort bien. A la base on observe, à la Granella,
un niveau saumâtre qui renferme déjà plusieurs espèces
oligocènes
(Cerithiumplicatum, C. diaboli, C. margaritaceum, Bayania semidecussata)
et qui existe avec les mêmes associations aux Diablerets (Alpes vaudoises),
à Entrevernes (Haute-Savoie), à Faudon près Gap, à
Allons (Alpes-de-Haute-Provence). Puis viennent
les couches de Priabona proprement dites, ce sont des marnes
riches en Nummulites (N. intermedia-Fichteli),
en Orbitoides, en Echinides (Leiopedina
Tallavignesi, Echinanthus scutella, Schizaster vicinalis, etc.), en Lamellibranches
(Ostrea Brongniarti). L'étage se termine par les marnes de Brendola
contenant de petites Nummulites (N. vasca, N. Boucheri) et un autre Foraminifère,
particulièrement caractéristique, Clavulina Szaboi. Ces mêmes
couches sont connues en Hongrie sous le nom de
marnes
de Budapest ;
on les a retrouvées aux environs de Nice.
A Biarritz, le Priabonien
est également fort bien représenté; Pellat y a distingué
un groupe inférieur, où abonde Serpula
spirulaea et qui comprend les calcaires
du rocher du Goulet, riches en Echinides, et les marnes du Port des Basques,
sans Echinides, puis un groupe supérieur à Operculines, renfermant
plusieurs espèces de Priabona.
En Algérie,
le Priabonien est représenté par des argiles
et des grès à Fucoïdes très développés
dans la région littorale; Ficheur y a distingué deux termes,
dont le supérieur, discordant et transgressif
par rapport à l'autre, correspond aux grès
de Numidie, qui possèdent une grande extension dans toute l'Afrique
septentrionale. En Egypte, toutefois, il existe
des calcaires priaboniens très fossilifères.
Oligocène.
Le Priabonien peut
avec autant de raison être attribué à l'Eocène
ou à l'Oligocène, il correspond
certainement à l' « oligocène inférieur »
de l'Allemagne du Nord (lattorfien). En France,
on a l'habitude de faire commencer l'Oligocène par les « marnes
supra-gypseuses » et on réunit dans l'Oligocène inférieur
ou Tongrien les deux sous-étages Sannoisien et Stampien. Dans le
Vicentin, le Sannoisien est représenté par les tufs de Montecchio
Maggiore, encore très riches en Nummulites,
tandis que les calcaires de Castel Gomberto à Natica crassatina,
Macropneustes Meneghinii, correspondent peut-être déjà
au stampien, auquel appartiennent certainement les calcaires
à Cerithium plicatum d'Isola di Malo. Dans les Alpes
françaises, on connaît à Barrème (Alpes-de-Haute-Provence)
et aux Déserts, près de Chambéry, des couches sannoisiennes,
surmontées à cette localité par des calcaires à
Nummulites (N. variolaria, Ramondi, striata, Guettardi, Boucheri), et le
Stampien est représenté par des grès,
des conglomérats, des schistes à écailles de Poissons.
Une grande partie du flysch des Alpes appartient
à l'Oligocène, il en est de même des grès de
l'Embrunais et des grès d'Annot (Alpes-de-Haute-Provence),
qui sont transgressifs par rapport aux calcaires schisteux du Priabonien.
L'Aquitanien, qui,
dans le Nord de l'Europe, se rattache à
l'Oligocène, dont il constitue le terme supérieur, a, dans
les régions méditerranéennes, beaucoup plus d'affinités
avec le Miocène. On ne le connaît
pas à l'état de calcaire à Nummulites. (E.
Haug). |
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