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Pastourelle

Pastourelle, n. f. - Au Moyen âge, on nommait pastourelles des chansons ou des poésies pastorales, des églogues, de formes très variées, qui étaient dialoguées entre un troubadour et un berger ou une bergère (presque toujours un chevalier, fait part de sa rencontre dans la campagne avec une jeune bergère (pastourelle), et de son entretien avec elle). On les nommait aussi Vaqueyras (Vachères). Elles avaient un caractère musical léger et gracieux, ordinairement syllabique,  et dun point de vue poétique avaient ordinairement une teinte libertine.  Il nous reste une centaine de pastourelles des XIIe et XIIIe siècles,

Les plus remarquables sont celles de Giraud Riquier, de Jean Estève de Béziers, et de Paulet de Marseille. La suivante est du comte Jean de Brienne, qui fut roi de Jérusalem de 1210 à 1225, puis empereur-régent de Constantinople depuis 1231 jusqu'à sa mort en 1237.
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Pastourelle de Jean de Brienne

« Je vis au bord d'un bois 
Une pastoure à mon goût.
La fillette aux cheveux blonds
Etait bien protégée contre le froid. 
La voyant seule, je quittai mon chemin 
Et me dirigeai vers elle. Aé!

La jeune fille n'avait d'autre compagnon 
Que son chien et son bâton. 
A cause du froid, elle s'était enveloppée dans sa chape,
Assise derrière un buisson. 
Sur sa flûte elle chantait Garinet et Robeçon. Aé!

Dès que je la vis
J'allai vers elle, je descendis [de cheval]
Et lui dis : « Pastourelle, mon amie,
Je me rends à vous de bon coeur : 
Faisons-nous un pavillon de feuillage
Et nous nous aimerons gentiment. » Aé !

« Seigneur, retirez-vous arrière,
Car j'ai déjà entendu pareil discours. 
Je ne suis pas abandonnée
A tous ceux qui disent « Viens ici! »
Ce n'est pas pour votre selle dorée
Que Garinet y perdra rien. » Aé !
« Pastourelle, s'il te plaît, 
Tu seras dame d'un château. Défuble cette chape grise 
Et revêts ce manteau de vair. 
Tu ressembleras à la rose
Qui vient de s'épanouir. » Aé!

« Seigneur, voilà une grande promesse;
Mais bien folle est qui accepte ainsi
D'un homme étranger 
Manteau de vair ou parure,
Si elle ne se rend à sa prière
Et ne lui accorde ce qu'il désire. » Aé!

« Pastourelle, je le jure, 
Parce que je te trouve belle,
Je ferai de toi, si tu veux, une dame élégante, noble et fière.
Laisse l'amour des garçons
Et confie-toi à moi. » Aé!
«, Seigneur, paix, je vous en prie :
Je n'ai pas le coeur si bas; 
Et j'aime mieux l'humble joie qui m'appartient, 
Prise sous la feuillée avec mon ami,
Qu'être dame dans une belle chambre,
Et qu'on ne fasse pas cas de moi. » Aé!. » 
 

(Jean de Brienne, Pastourelle).

Garin et surtout Robert, dont Robin et Robeçon sont des diminutifs, sont deux noms de bergers traditionnels dans la pastourelle. Ainsi, plusieurs pastourelles du Moyen âge roulent sur Robin et Marion, type des amours de village.

Dans le chant liturgique, la pastourelle est une sorte de petit drame sacré introduit dans l'office de la Nativité et qui consistait à entremêler le psaume' Deus regnavit de couplets sur le texte Pastores dicite. Cet usage a été aboli. 
Dans la musique de danse, on donne le nom de pastourelle à la figure de la contredanse, mesurée à 6/8 et passée au quadrille, dont elle forme la quatrième figure.
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Dictionnaire Musiques et danses
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