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Musiques et danses > La danse
Histoire de la danse
La danse dans divers pays
Allemagne, Grande-Bretagne, Europe du Nord et de l'Est, Orient

La danse en Allemagne

Tacite nous parle de la danse des épées qu'exécutaient les jeunes Germains; on dit aussi que la prophétesse Velleda sautait et dansait en promulguant ses oracles; il y aurait donc eu dans l'ancienne Germanie des danses de guerre et des danses religieuses. On suppose aussi que les danses des sorcières du Brocken sont le souvenir de danses religieuses des Saxons et des Thuringiens célébrant de nuit le culte de leurs dieux. 

En Allemagne comme dans le reste de l'Europe, l'Eglise et particulièrement les moines proscrivirent la danse considérée par eux comme démoniaque. Ils ne purent la déraciner. Dès le XIIe siècle, nous voyons les danses allemandes fort nombreuses. Elles se divisaient en deux catégories nettement tranchées : les danses sautées et les danses marchées ou glissées. Celles-ci, d'une allure plus calme, étaient regardées comme les danses de la bonne société. Le cavalier prenait à la main une ou deux dames et se promenait avec elles en glissant en cadence accompagné par des instruments à corde et des chants; lui-même chantait, souvent la foule se contentant de répéter le refrain. 

Les poésies du Tannhauser montrent la popularité de la danse dans le Moyen âge allemand; le duc d'Autriche, Frédéric le Belliqueux, composait des airs de danse, les exécutait lui-même. Ces danses du XIIIe siècle étaient graves, les mouvements lents et compassés, les attitudes raides et guindées; les robes à longue traîne des dames, encombrant le sol, empêchaient tout pas rapide. On formait des rondes tournant doucement en chantant, ou bien le conducteur du chant et de la danse se mettait à la tête d'une longue file dont il guidait tous les mouvements, formant ou rompant le cercle, se déroulant à travers la salle. On dansait pour les fiançailles et les mariages. Les paysans ont adopté la danse glissée des nobles; mais ils en ont d'autres moins sentimentales, les danses sautées où ils s'ébattent gaiement; les noms et les airs de plusieurs nous sont parvenus; le plus grand nombre paraissent avoir été empruntés à la France

Ce qui caractérise ces danses du Moyen âge c'est que toujours elles étaient accompagnées de chant et souvent elles n'avaient pas d'autre accompagnement. La forme musicale d'une partie des danses allemandes est aussi très originale, et nous l'avons déjà signalée; elles comportent deux parties : la première lente, sur la mesure quatre-quatre; la seconde plus accélérée, sur la mesure trois-quatre; la première est généralenient une promenade, la seconde une danse tournée. 

Le type des danses glissées comportant ces deux parties est l'allemande. On en connaît plusieurs variantes : Schwaebische, Steyersche, Loenderer, Zweitritt, etc., dans l'Allemagne du Sud; dans la région orientale prévalaient les danses slaves. Quelques-unes des danses populaires de l'Allemagne méritent une mention spéciale : 

Le Siebensprung, vieille danse religieuse exécutée par le danseur, comportait sept mouvements : deux avec les pieds, deux avec les genoux que l'on fléchissait, deux avec les coudes que l'on frappait à terre, un avec la tête qui touchait également le sol; la musique était alternativement en trois-quatre et deux-quatre. 

La danse du mariage (Hochzeitstanz) était la seule qu'eussent les Frisons orientaux; l'air comportait un dialogue sentimental et railleur tour à tour. Exécutée par deux couples, elle s'exécutait avec des mouvements de la tête, des bras, des mains, des jambes; les hommes frappaient les mains l'une contre l'autre, derrière leur dos, sur les cuisses; les femmes les imitaient; la finale était lente et triste.

Dans la Basse-Bavière et la Franconie se dansait le Trummertanz ou Platztanz; sur la prairie on formait une vaste ronde où chaque couple dansait à part et pour son compte; les jeunes filles tournaient d'abord autour des danseurs; puis ils se prenaient par la taille et se balançaient ensemble; à un autre moment les jeunes filles dansent seules, les gars chantant et dansant autour d'elles. 

Les Dithmarses ont eu plusieurs danses très originales dont « une longue danse » où les danseurs alignés en grand nombre (il y en avait jusqu'à deux cents) répétaient sur-le-champ tous les vers chantés et tous les gestes faits par le conducteur. 

Dans le Mecklembourg se dansait la Schoendor und stolz, quadrille de deux figures : la première est un quadrille croisé, la seconde une promenade exécutée les bras collés au corps. 

L'Auskehr ou Grossvatertanz est une espèce de polonaise. 

Le Ruckelreih est une danse de noces dont le thème est l'expulsion de la fiancée du nombre des célibataires; elle est très animée et bruyante. 

Le Schoefflertanz est une danse locale de Munich qui remonte au moins au XIVe siècle. Elle est exécutée tous les sept ans dans les rues depuis le premier dimanche qui suit les Trois-Rois jusqu'au mardi gras; c'était une espèce de contre-danse exécutée par une vingtaine de danseurs costumés. 

La Bavière a encore quelques danses locales; elles sont sur le type de la valse à trois temps; quelques-unes (à six, huit ou douze personnes) sur celui du quadrille français avec ses chassés-croisés et ses tours de main. 

Dans le pays de Salzbourg on danse l'Aufundab, chaque couple évoluant sur une planche qu'il ne peut quitter; près de Ratisbonne on retrouve encore l'ancien Huettanz ou Maitanz dont un chapeau est le prix. 

Sur les bords de l'Inn, la passion chorégraphique a été si vive qu'on dut la limiter par ordonnance administrative en 1846, dans le district de Rosenheim : les bonnes danseuses étaient sans cesse invitées et ne pouvaient plus se coucher. Au contraire, dans le district de Ramsau, on ne dansait que trois fois l'an et les danseuses manquaient presque complètement. 

La principale danse populaire dans la région danubienne allemande est le Loendler ou Loenderer sur la mesure trois-huit. Une forme originale en est le Hasenschlager dansé par un couple; la jeune fille tourne sur elle-même les yeux pudiquemnt baissés; son danseur décrit des cercles autour d'elle en manifestant par une vive pantomime son amour et sa joie, frappant en mesure du pied, de la main sur sa cuisse, sur ses genoux et ses talons, sautant, passant les bras au-dessus de la jeune fille que finalement il enlève dans ses bras. 

La valse est la forme la plus achevée de la danse allemande; on sait combien les musiciens de Vienne en ont modifié le caractère au point d'en faire la plus entraînante des danses de société. 

La danse en Angleterre 

L'Angleterre a eu une très grande variété de danses populaires originales et, d'autre part, en a naturalisé plusieurs empruntées à la France, à l'Espagne et à l'Italie. Dans les drames de Shakespeare, il est constamment question de danses, et le poète leur fait une place considérable; les importations étrangères ont d'ailleurs fini par prévaloir et ont éliminé presque toutes les autres danses. Le Dancing-Master publié au début du XVIIIe siècle (Londres, 1716, 11e éd., 2 vol.), donne les airs de cinq cent soixante danses anglaises avec leur description et le détail des figures; quelques-unes ont des noms humoristiques : Excuse me, Mr Englesfield, New Hornpipe, the Quakers Dance, Green Sleeve and Pudding Pies, etc. 

Le Hornpipe proprement dit est la danse des matelots où ceux-ci réalisent des prodiges d'équilibre : ils agitent les jambes en immobilisant le buste, les bras croisés sur la poitrine ou les mains dans les poches; la musique est sur la mesure deux-quatre ou encore six-huit. 

Le Cushion Dance, danse du coussin, s'est perpétuée jusqu'à l'époque contemporaine ; jadis elle figurait dans toutes les noces sur l'air de Joan Sanderson. On formait une vaste ronde; un des danseurs portait un petit coussin ordinairement rouge, courait dans la ronde, puis faisait une pause et invitait une dame; celle-ci s'agenouillait sur le coussin et il l'embrassait; elle prenait alors le coussin et tous deux dansaient en chantant le refrain. Quand ils s'arrêtaient, la dame continuait, invitant à son tour un danseur; tous trois dansaient et le second invité continuait; on allait ainsi jusqu'à ce que toutes les personnes de la ronde fussent au milieu de la salle. Le Cushion Dance avec ses demandes et ses répliques fixées d'avance, ne se danse plus guère depuis longtemps. Quant à l'usage d'embrasser sa danseuse, il se pratiquerait encore dans les campagnes.
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Gigue irlandaise et hornpipe dance.
Gigue irlandaise et hornpipe des matelots.

Des danses importées de l'étranger la plus répandue au XVIe siècle fut la morisque ou Morris Dance, que l'on exécutait spécialement le premier mai. Elle était ouverte par un masque déguisé en Maure, coiffé d'un turban, avec des grelots attachés aux chevilles. Il faisait quelques tours dans la salle, tandis que les spectateurs marquaient le pas, soit du pied entier, soit avec le talon seulement. Le jeune Maure ne quittait pas le sol de la pointe des pieds, se contentant de glisser en soulevant le talon et faisant sonner ses grelots. La musique était sur la mesure normale; d'après ces indications, le danseur sautait quatre fois du talon sur le talon gauche, puis après une pause renouvelait douze fois ce changement de pied et terminait en frappant les talons l'un contre l'autre. 

Les danses françaises acclimatées en Angleterre, la courante avec ses tours rapides, la volte où deux danseurs tournaient enlacés, étaient plus entraînantes, de même la bergamesque. Le passamezzo italien plaisait fort à la reine Élisabeth Ire ainsi que la majestueuse pavane (Pavin). A la cour on dansait également des danses graves et rythmées, telles que la mesure (Measure) et le Trenchmore. La première, à laquelle prenaient part les plus hauts dignitaires, avait quelque chose de compassé; la seconde était une contredanse qui se déroulait d'une extrémité à l'autre du bal, englobant tous les danseurs. 

Plus tard fit fureur l'anglaise qui avait été exécutée en Allemagne et en France avant de se nationaliser en Angleterre; elle ressemble fort à l'écossaise avec sa mesure de deux-quatre ou de trois-huit on l'alternance des deux; elle comprenait six ou quatre figures.

La danse en Ecosse

Le goût du peuple écossais pour la danse est connu, et d'autant plus remarquable qu'il résista à tous les efforts tentés par l'église presbytérienne pour le déraciner. On peut s'en faire une idée par les romans de Walter Scott. Ce goût est surtout très vif dans les Highlands, parmi les populations celtiques. Durant les longues soirées d'hiver, il se tient de véritables écoles de danse, où les jeunes gens et les jeunes filles affluent. Les vieilles danses nationales s'exécutent au son de la cornemuse; ainsi celle des Highland-Reels, dansée par deux couples à la fois, et l'écossaise qui a perdu en se transformant. Originairement, l'écossaise se dansait sur une musique de cornemuse selon la mesure trois-deux ou trois-quatre; son caractère était simple et grave, les tours brefs; les danseurs avaient les bras croisés sur la poitrine. 
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Danse écossaise.
Danse écossaise exécutée par des enfants
en costume traditionnel.

Au début du XIXe siècle, on en fit une danse de société, et pour presser le mouvement, on adopta la mesure deux-quatre, l'air entier comportant deux reprises de huit mesures chacune. La danse des claymores est demeurée un divertissement national; deux claymores sont posées sur le sol en croix; dans un cercle étroit, les danseurs se meuvent avec la plus grande rapidité, variant sans cesse leurs pas, sans jamais effleurer les glaives. La danse des épées, qui s'est conservée dans les îles, est un peu plus compliquée; les sept danseurs représentent les sept saints : Georges, Jacques, Denis, David, Antoine, André et Patrick. Ils se présentent d'abord isolément, l'épée nue à la main, et chantent quelque vers; puis saint Georges ouvre la danse; tour à tour ses compagnons lui succèdent, chacun appelant le suivant en frappant son épée. Puis on forme le cercle, chacun tenant l'épée de sa main droite, et de la main gauche la pointe de l'épée de son voisin; après avoir dansé une ronde, ils lèvent les épées, formant une voûte sous laquelle ils passent rapidement; puis ils sautent par-dessus les épées, enfin ils dansent une ronde. La seconde série de figures s'exécute encore plus vivement : les sept danseurs déroulent une sorte de procession, puis forment un tourbillon où chacun tourne sur lui-même agitant l'épée autour de lui, poussant des cris sauvages ; puis on reprend une allure plus calme au signal de saint Georges ; les danseurs dansent dos à dos ou face à face, entre-croisant leurs épées, etc.

La danse en Suède

Les Scandinaves et parmi eux les Suédois ont un grand nombre de danses populaires avec leurs airs; une collection imprimée à Stockholm en 1820 en réunit environ quatre cents; bien que leur nom général Polsker semble indiquer une origine polonaise, elles ont un caractère nettement national et tout à fait distinct de celui des danses slaves. 

Comme les Ecossais, les Suédois avaient leur danse des épées qu'ils exécutaient entre deux rangées d'épées nues. Les leçons en étaient données en même temps que celles de l'escrime; les ecclésiastiques même y prenaient part. On donnait une grande représentation annuelle de la danse des épée, à laquelle les jeunes gens se préparaient par huit jours d'exercice. Ils simulaient un exercice d'escrime, attaque et parade combinés avec des pas de danse et des sauts cadencés; puis ils formaient la rose, se rangeant en hexagone, paradant avec les épées au-dessus de leur tête et activant sans cesse le mouvement; l'accompagnement était donné avec la flûte et des chants.

On cite encore une danse des elfes qui se conserva dans la Suède méridionale jusqu'au XIXe siècle. On formait d'abord une ronde générale, puis jeunes gens et jeunes filles se séparaient en deux groupes, chacun restant immobile sur place en frappant dans ses mains; les danseurs s'unissaient de main gauche en main gauche, puis de main droite en main droite; ils s'inclinaient et faisaient avec leur vis-à-vis une double conversion; enfin chacun tournait sur place.

La danse aux Pays-Bas

Les estampes nous donnent de nombreux renseignements sur les danses usitées dans les Pays-Bas. Les danses populaires et les danses de société y sont figurées avec exactitude, et nous sommes frappés de voir ce que les secondes ont d'artificiel. Parmi les danses populaires, les plus curieuses sont celles des matelots. Ceux-ci s'y livrent en sabots et les bras joints derrière le dos; les pas concordent exactement avec l'air qui est bref sur une mesure deux-quatre répétée deux fois. On a mis cette danse en sabots à la scène, mais en l'écrivant sur la mesure trois-quatre.
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Hollandais dansant, avec ses sabots et sa pipe.

La danse en Bohème

Les Slaves occidentaux, Tchèques et Polonais, portent loin la passion de la danse. On constate de plus, chez eux, l'alliance intime du chant et de la danse comme chez les populations méridionales. Jean Neruda et Alfred Waldau se sont livrés à une enquête complète sur les danses nationales de la Bohème; ils en citent jusqu'à cent trente-six; pour beaucoup, on peut en suivre la trace pendant longtemps, pour une même jusqu'au XIVe siècle; à travers toutes les vicissitudes de la vie politique et religieuse, elles se sont maintenues avec les coutumes locales auxquelles elles se rattachent. 

En premier lieu, il convient de citer les deux danses des Hussites; elles sont totalement oubliées au point qu'on en ignore les éléments, mais leur souvenir est encore très vivace dans l'imagination populaire. 

La Chodovska était la danse de guerre des paysans bohèmes du Boehmenvald, les Chodové, dont les massues garnies de fer étaient très redoutées des Allemands. 

La Husistska était la danse religieuse des Hussites, solennelle et grave; les chants des frères moraves en ont conservé la tradition lointaine, mais non la forme exacte; on a retrouvé une partie de la musique dans la patrie de Jean Ziska, mais les pas sont inconnus.

La danse des morts (Umrleç) remonte en Bohème à l'époque païenne et se célébrait encore au XVIIIe siècle  avec la macabre ironie de ses chants.

La Skakava ou danse sautée était accompagnée d'un chant religieux, d'une mélodie très expressive; de même la Sousedska qui dépouillait alors son caractère de grâce facile pour devenir tendre et sentimentale. 

Le menuet est en Bohème une danse originale; danseurs et danseuses se tenaient par leurs mains croisées et marchaient en mesure, s'avançant alternativement les uns vers les autres, et se saluant de refrains où ils demandent à Dieu la santé, ou le pardon de leurs fautes ou son affection. Malheureusement, à la fin du XVIIIe siècle, la corporation des maîtres de danse de Prague eut l'idée d'implanter une série de danses nouvelles composées à l'aide d'éléments étrangers. Cela était d'autant plus regrettable que cette corporation formée d'artisans, particulièrement de cordonniers, se distinguait par la possession de près d'une centaine de danses qui lui étaient propres. 

L'importation de danses françaises fit périr une grande partie de celles du pays, malgré la résistance qu'opposèrent les classes populaires à cette transformation. Elle s'accomplit, mais sans altérer complètement l'originalité des divertissements nationaux, car en Bohème la danse n'est pas un art isolé; elle est inséparable de la poésie populaire. 

Ainsi la Strasak perd la moitié de son charme à être jouée dans un salon sur le piano sans l'accompagnement de chant qu'elle a dans les villages. En voici la description. Elle débute par seize mesures de polka que dansent les couples; puis cavaliers et dames se séparent et se placent face à face, sautant sur place et marquant fortement le rythme avec les pieds et en frappant des mains; ils se menacent gaiement de la main droite, puis de l'index de la main gauche et pivotent agilement sur les talons. Chaque cavalier empoigne alors la danseuse de son voisin et danse avec elle seize mesures de polka; après quoi on recommence jusqu'à ce que toutes les dames aient polké chacune avec tous les cavaliers. Quand ceux-ci sont revenus à leur première danseuse on s'arrête. 

Le Baborak ou Stajrys, probablement emprunté aux Bavarois ou aux Styriens, est une danse poétique d'un mouvement lent qui ressemble assez à la valse.

La polka nous est venue de Bohème, mais elle est d'invention relativement récente et a été transformée en danse de société avant que la poésie populaire lui eût donné un air national.

La danse en Pologne

Les danses populaires des Polonais sont, comme celles des autres Slaves septentrionaux, signalées par l'entrechoquement régulier des talons. Les plus célèbres ont été adoptées par l'Europe entière comme danses de société; telles sont : la mazurka dont il est parlé ailleurs, la cracovienne, enfin la polonaise, promenade solennelle que les couples de danseurs exécutent autour de la salle de bal, s'y déroulant comme les anneaux d'un serpent; on a renoncé aux figures plus variées qu'on y joignait autrefois, formant par exemple avec les mains croisées un pont sous lequel passait tout le cortège.

La danse en Russie

Dans la vaste Russie, chaque province a ses danses populaires à elle, mais la haute société n'y a dansé à l'époque impériale que les danses françaises. Dans la longue liste des danses populaires, on peut citer la cosaque et la golubey. La première est exécutée par deux personnes qui se rapprochent ou s'éloignent tour à tour en déployant une manique très accentuée; les bras sont collés au corps, les pas fortement marqués, les mouvements très amples; la musique même, sur la mesure deux-quatre, est dure.

La danse en Roumanie

Parmi les danses populaires roumaines, aussi intéressantes en Transylvanie qu'en Valachie, la plus en vogue est la pumanieska. Les danseurs forment un vaste cercle et se déplacent alternativement vers la gauche et vers la droite; chacun y peut entrer, et on lui fait place avec plaisir, ou bien peut se retirer dès qu'il est las. La musique est une sorte de mélodie indéfinie, généralement exécutée par les tsiganes. Tous dansent autant qu'ils le veulent ou le peuvent.

La danse en Hongrie

Les danses des Magyars ressemblent à celles des Cosaques, autre peuple jadis pasteur et nomade, et diffèrent profondément de celles dont il a été question jusqu'à présent. Les mouvements des hanches, des pieds tournés tantôt en dedans, tantôt en dehors, les chocs des éperons, des mains contre les pieds qui accompagnent les pas de danse proprement dits en changent l'allure.

La danse nationale de la Hongrie est la csardas; la musique débute par un andante, et le mouvement s'accélère sans cesse; chacun exécute les pas à sa fantaisie sans que jamais la dignité de l'attitude soit oubliée. Le nombre des couples de danseurs est illimité. Le cavalier prend sa danseuse par la taille ou lui passe le bras autour de l'épaule, et pendant tout le prélude, il se borne à la faire tourner à droite et à gauche, lui souriant, tandis qu'il sautille et frappe l'un contre l'autre ses talons éperonnés, et soulève alternativement chaque jambe. La danseuse sautille, la main appuyée sur son épaule. Tous ces mouvements s'accomplissent sur place.

Quand le rythme musical des violons, des clarinettes, des cymbales, maniés par des Tsiganes, s'accélère, les danseurs se déplacent et tournent rapidement. Chacun des couples danse pour soi, sans s'occuper des voisins, et la variété des attitudes ajoute beaucoup à l'impression de cette danse, une des plus libres et des plus entraînantes qu'il y ait. On s'y livre partout, non seulement à la campagne ou dans les guinguettes, mais dans les bals officiels, dans ceux de la cour où les magnats hongrois y déploient toute leur élégance. 

La danse dans les Balkans, en Turquie et en Egypte

Dans les divers pays de la péninsule balkanique, on trouve un certain nombre de danses populaires d'un grand caractère; nous n'avons pas le loisir de les décrire en détail. Les Slaves dansent de préférence le Kolo, surtout les Serbes; c'est une danse gracieuse qui tantôt déroule les files, tantôt les groupe en une ronde. Les Grecs ont une prédilection pour les pantomimes, telle que la danse des brigands des Albanais que l'on a rapprochée de celle décrite par Xénophon chez les anciens Magnètes; un laboureur est, après une longue résistance, entraîné par des brigands. 
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Danse paysane en Bosnie.
Danse de paysans en Bosnie, vers 1900.

Les Turcs du temps de l'Empire Ottoman ne dansaient guère, mais assistaient avec grand plaisir aux ébats des troupes de danseuses. Celles-ci, qui exécutent les danses les plus voluptueuses, sont indispensables pour toute fête bien ordonnée. Dans la romaïque, qu'on a pu prendre comme type du genre, les pas et les mouvements des pieds sont secondaires; les mouvements des bras et des mains, les inflexions du buste jouent plus de rôle; les danseuses entourent un danseur et déploient toutes leurs grâces, prenant les poses les plus séduisantes jusqu'à ce qu'il jette le mouchoir à l'une d'elles. 

La danse religieuse des derviches tourneurs a été bien des fois décrite. C'est une sorte de valse exécutée par neuf, onze ou treize personnes, pieds nus, pivotant sur le talon droit. Ces moines musulmans ont persisté dans cette coutume malgré le peu d'estime ou leur religion tient la danse. 

En Egypte, les danseurs appartiennent traditionnellement au peuple ghawazi que l'on a comparée à celle des Tsiganes, et qui prétend remonter à un Barmécide favori disgracié du calife Haroun al Raschid. Au fil des siècles, on voit les danseuses ou ghaziehs et les chanteuses ou almées forment une population de parias vivant sous la tente dans un quartier spécial. On les invite aux fêtes dans les harems, on les emmène à la guerre, ou au pèlerinage de La Mecque. A partir de 1834, on leur interdit de danser sans voile dans des lieux publics; on n'y vit plus guère que des danseurs vêtus en femmes. Dans la danse égyptienne, la plus goûtée, la danseuse simule la douleur de la piqûre d'une abeille, la recherche de l'insecte et son écrasement : c'est une petite pantomime. Les mouvements généralement doux et prêtant à de beaux effets plastiques sont parfois saccadés. Les pas sont glissés plutôt que sautés, la grâce tient surtout aux mouvements des bras levés au-dessus de la tète ou posés sur les hanches et aux ondulations du corps, la danseuse meut isolément le haut du buste ou les membres inférieurs. Dans l'enivrement causé par la musique, elle finit souvent par arracher ses vêtements et danse jusqu'à ce qu'elle tombe épuisée. (A.-M. B.).

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Dictionnaire Musiques et danses
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