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Sérapéum

Sérapéum est le nom que les Grecs d'Égypte avait donné aux temples de Sérapis et que les égyptologues, à la suite de Mariette, ont donné à la nécropole du taureau sacré de Memphis, Hapis (Apis). Cette nécropole et ses dépendances, de ses noms égyptiens Pakherini Hapi « le cimetière d'Hapis » et Hait noutir ni Osorhapi « le temple d'Osorhapi», située dans la grande nécropole memphite voisine du village arabe de Saqqârah, n'était d'abord connue que par quelques passages des auteurs anciens, principalement du géographe Strabon qui l'avait visitée, et par une série de papyrus grecs de l'époque de Philométor, découverts par les Arabes sur les lieux dans les vingt premières années du XIXe siècle et dispersés aujourd'hui dans les quatre musées du Louvre, de Leyde, de Londres (British Museum) et du Vatican

Ces papyrus nous apprennent que le groupe d'édifices, dont le grand sérapéum formait le centre, comprenait, outre un Anubidion, un Astarteion et un Asclepieion, de vastes dépendances pour les prêtres de tout rang, des écoles et même des auberges ouvertes aux fidèles de passage. L'autorité civile y avait aussi ses quartiers. Le bureau de l'archiphylacite ou chef de la police militaire, était dans l'Anubidion. Parmi le personnel sacerdotal, les papyrus mentionnent deux religieuses appelées les Jumelles, chargées de faire les libations à l'Hapis mort. Il y avait aussi une catégorie de reclus (katochoi), parmi lesquels quelques Grecs vivant une véritable vie monacale. 

On peut ainsi se représenter ce sérapéum d'époque ptolémaïque comme une sorte de SaintSépulcre, où un bizarre assemblage de divinités locales et exotiques étaient servies par un sacerdoce très varié, égyptien et grec, et attiraient des dévots de races vraisemblablement encore plus bigarrées. Il est toutefois probable que le Sérapéum grec n'était pas entièrement confondu avec le Sérapéum égyptien, mais qu'il en était une annexe.

Le Sérapéum égyptien fut découvert par Auguste Mariette en 1851, au cours d'une exploration que ce savant faisait de la nécropole de Saqqârah. Un sphinx émergeant du sable lui remit en mémoire le passage suivant de Strabon

« Le Sérapéum est bâti en un lieu tellement envahi par le sable, qu'il s'y est formé par le vent de véritables dunes et que, quand nous le visitâmes, les sphinx étaient déjà ensevelis, les uns jusqu'à la tête, les autres jusqu'à mi-corps seulement... »
L'avenue que ces sphinx, au nombre de 141, bordaient, fut d'abord déblayée : elle se dirigeait de l'Est à l'Ouest, puis, décrivant une courbe, se terminait brusquement vers le Nord. Des tombeaux en bordure sur l'allée, d'autres épars dans le voisinage furent en même temps mis au jour : c'est dans l'une de ces dernières sépultures, antérieure de plusieurs millénaires au Sérapéum, que se trouvait la célèbre statue du scribe accroupi exposée au Louvre. 

Les fouilles continuées pendant quatre ans furent des plus fécondes. On vit sortir du sable, au delà du tournant décrit par les derniers sphinx de l'avenue, une banquette en hémicycle surmontée de onze statues grecques représentant les philosophes et les écrivains les plus fameux de la Grèce; un petit temple d'Hapis construit par Nectanèbe II et compris dans une grande enceinte rectangulaire où un nouveau dromos de 86 m de longueur était bordé de groupes allégoriques de style grec et de deux chapelles, une grecque, une égyptienne, cette dernière contenant la statue du taureau Hapis, actuellement au musée du Louvre. Les grandes dalles de ce dromos recouvraient une infinité de petits dieux en bronze. Cette première enceinte formait l'avant-corps d'une seconde enceinte beaucoup plus vaste : deux pylônes, l'un à l'Est, l'autre au Nord, permettaient de la comparer au mur périphérique des grands temples de l'Égypte.

C'était, selon toute vraisemblance, l'enceinte de la grande chapelle funéraire d'Hapis qui devait s'élever sur la sépulture du dieu-taureau. Aucune trace de ce sanctuaire ne fut retrouvée; par contre, l'entrée du vaste souterrain qui abritait les momies sacrées ne tarda pas à apparaître au fond d'une tranchée. Chacune des momies étaient enfermée dans un grand sarcophage de granit ou de basalte occupant une des chambres creusée au fur et à mesure des besoins dans l'une ou l'autre des parois du souterrain. Sur vingt-huit chambres, vingt-quatre contenaient encore leur sarcophage, mais les momies ne s'y trouvaient plus. Primitivement, l'Hapis une fois enseveli, la chambre était murée, et des stèles étaient encastrées dans le mur ainsi que dans les parties voisines de l'ouverture. Un couloir à ciel ouvert mettait le grand souterrain en communication avec un souterrain plus petit, dont les chambres irrégulières, mal creusées, renfermaient des cercueils de bois encore pourvus de leurs momies. Les restes de vingt-huit Hapis ainsi que ceux du prince royal Khamouas, fils de Ramsès Il et grand-prêtre de Ptah, furent ainsi retrouvés.

Les fouilles pratiquées dans la grande enceinte permirent la découverte de plusieurs caveaux isolés et disséminés sans ordre apparent. L'une de ces tombes, encore vierge, contenait deux Hapis contemporains de Ramsès II, d'autres appartenant aux règnes d'Aménôthés ou Aménophis III, de Toutankhamon, d'Haramheb (Harmaïs) et de Séti Ier. En résumé, l'enceinte du Sérapéum comprenait :

1 ° des tombes isolées correspondant à une période s'étendant d'Aménôthès III à Ramsès II;

 2° les petites catacombes ayant servi de sépultures aux Hapis morts depuis l'an 70 de Ramsès II jusqu'à l'an 21 de Psammétique Ier;

 3° les grandes catacombes inaugurées en l'an 52 de Psammétique Ier, et utilisées jusque sous les derniers Ptolémées

Au-dessus s'élevaient un temple funéraire et probablement plusieurs petites chapelles isolées dont les restes ont disparu. Le grand souterrain, violé dès l'antiquité, n'a livré que des stèles, mais par centaines. Elles contiennent des renseignements précieux. A la fois épitaphes et ex-votos, elles nous font connaître les dates des règnes pendant lesquels furent ensevelis les Hapis et d'autres renseignements d'un grand intérêt chronologique, historique et religieux. Le souterrain latéral de Ramsès Il et l'une des tombes isolées qui avaient échappé aux spoliateurs ont livré, indépendamment d'un grand nombre de stèles, les magnifiques bijoux au nom de Khamouas, qui sont au Louvre, ainsi que la plus grande partie des stèles, des sculptures et des canopes produits par plusieurs années de fouilles. (G. Bénédite).
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Dictionnaire Villes et monuments
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