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Saint-Quentin
est une commune de la France ,
dans le département de l'Aisne, en amphithéâtre au-dessus
de la vallée de la Somme. Saint-Quentin possède une gare
importante où se croisent les voies ferrées de Paris
à Bruxelles
et à Liège, de Saint-Quentin à Caudry, de Saint-Quentin
à Vélu, de Saint-Quentin à Guise ; il a un port sur
le canal dit de Saint-Quentin qui unit les canaux de l'Oise et de la Somme
à l'Escaut.
Saint-Quentin, qui comptait à peine
10.000 habitants au début du XIXe
siècle, a pris une extension rapide : 37.397
habitants en 1876, 48.900
habiatnts en 1900, 59.100 de nos jours; il
est devenu une ville de grande industrie, prolongeant en quelque sorte
en pleine Picardie
la région industrielle du Nord.
Saint-Quentin existait déjà
à l'époque gauloise ;
il était la capitale des Veromandui, peuple de la Belgique ,
mentionné par César. A l'époque
de la domination romaine ,
l'ancien oppidum gaulois porte le nom d'Augusta
Veromanduorum; de grandes voies qu'y s'y croisaient mettaient la ville
en relation avec Reims,
Amiens,
Cambrai ,
Arras,
Thérouanne. Elle doit son nom actuel au tombeau, on plutôt
au sanctuaire, qui s'éleva sur le tombeau de l'apôtre du Vermandois,
saint Quentin (IIIe siècle). Dans
les premiers siècles du Moyen âge ,
la dénomination était : Vicus ou Castellum Sancti
Quintini. Un siège épiscopal fut fondé à
Saint-Quentin dans le premier tiers du IVe
siècle, mais, plus tard, l'évêque saint Médard
transporta à Noyon le siège épiscopal
du Vermandois. Sous les rois mérovingiens,
Saint-Quentin fut le siège d'un atelier monétaire et le chef-lieu
du pagus Veromandensis, portion de l'ancienne civitas Veromanduorum;
plus tard, il devint le chef-lieu du comté féodal de Vermandois.
Au VIe siècle apparaît le
premier monastère de Saint-Quentin;
au Xe siècle (963), un autre monastère
de bénédictins fut fondé
dans une île de la Somme; en 1471, les moines de Saint-Prix vinrent
se fixer dans la ville. En 1102, le comte Raoul de Vermandois avait accordé
à Saint-Quentin sa première charte communale; en 1195, le
roi Philippe-Auguste souscrivit la charte;
en 1210, un prévôt royal fut installé dans la ville;
en 1214, Philippe-Auguste prit possession du Vermandois : à partir
de cette époque, Saint-Quentin n'est plus que de nom la capitale
du Vermandois; c'est une simple prévôté dépendant
du grand bailliage royal dont le siège est à Laon. Supprimée
par Philippe V le Long (1317), la commune
fut rétablie par Charles IV le Bel (1322),
puis confirmée par Philippe VI (1346),
mais, en 1362, le corps des échevins, anciens officiers des comtes,
fut réuni au corps des jurés, officiers de la commune; le
mayeur restait le chef suprême des deux corps réunis; en réalité,
la commune n'existait plus que de nom.
En 1789, Saint-Quentin faisait partie du
gouvernement de Picardie
et de la généralité d'Amiens;
il était chef-lieu d'élection, siège d'un bailliage
royal, d'un doyenné (diocèse de Noyon), d'un grenier à
sel principal. Ses armoiries étaient : D'azur à un chef
de Saint-Quentin d'argent, accompagné de trois fleurs de lys d'or,
posées deux en cher et une en pointe.
Situé sur la route des invasions
venues du Nord, Saint-Quentin a joué un rôle important dans
l'histoire militaire de la France ;
sa milice bourgeoise s'est distinguée dès le XIIIe
siècle
à la bataille de Bouvines .
Mais le nom de Saint-Quentin évoque plutôt le souvenir des
défaites des armées françaises; en 1557, une armée
espagnole commandée par Philippe
Il, le duc Philibert de Savoie et le comte
d'Egmont, vint assiéger Saint-Quentin; l'amiral Coligny
se jeta dans la place et la défendit héroïquement; Montmorency,
accouru pour le ravitailler, fut défait et fait prisonnier (10 août).
Bataille de Saint-Quentin.
- La bataille de Saint-Quentin, livrée le 10 août 1557, a
été une victoire des troupes espagnoles de Philippe
Il sur l'armée française. Le ler
août 1557, le duc de Savoie ,
Philibert-Emmanuel, après avoir ravagé la Picardie ,
vint, à la tête d'une armée espagnole, forte de 56.000
hommes, mettre le siège devant Saint-Quentin. Gaspard de Coligny,
amiral de France, réussit le 3 août, avec une poignée
d'hommes, à se jeter dans la place, incapable alors d'opposer une
sérieuse résistance, vu l'insuffisance de sa garnison et
de ses approvisionnements, le délabrement de ses fortifications.
Malgré les secours que lui amena son frère, le colonel général
d'Andelot, Coligny fut bientôt étroitement bloqué.
C'est alors que le connétable de Montmorency survint avec une armée
forte de 25.000 hommes pour débloquer la place le 10 août,
il essuya une déroute complète dans la plaine d'Essigny-le-Grand
au Sud de Saint-Quentin. « Mon fils est-il à Paris?
» s'écria l'empereur Charles-Quint,
à la nouvelle de cette victoire. Le 27 août, Saint-Quentin
fut prise d'assaut, pillée et incendiée, Coligny fait prisonnier.
Pour perpétuer le souvenir de sa victoire de Saint-Quentin, Philippe
II fit construire en Espagne
le palais de l'Escurial
qui a la forme d'un gril, en mémoire de l'instrument de supplice
de saint Laurent, car la victoire avait été remportée
le 10 août, jour de la fête de ce saint. On désigne
parfois la bataille de Saint-Quentin sous le nom de bataille
de Saint-Laurent.
Saint-Quentin s'est illustré le 8 octobre
1870 par sa belle défense organisée sous l'impulsion énergique,
du préfet, Anatole de La Forge; le 19 janvier 1874, l'armée
du Nord, commandée par Faidherbe, lutta
glorieusement près de Saint-Quentin contre des forces trois fois
supérieures.
La ville est environnée d'une enceinte
de larges boulevards tracés sur l'emplacement des anciens remparts
démolis en vertu d'un décret impérial du 28 avril
1810. La place de l'Hôtel-de-Ville, à
laquelle on accède par une rue montueuse,
est le centre géométrique et le coeur même de la ville.
L'hôtel de ville, avec son admirable
façade'gothique,
est un des plus beaux monuments municipaux de France; en face se dresse
un monument de grande allure rappelant la défense de Saint-Quentin
en 1557 par l'amiral Coligny. L'église
collégiale, dont l'abside est soutenue
par d'élégants contreforts, possède une nef
gothique dont les vastes proportions ne se retrouvent que dans les plus
grandes cathédrales; l'ancienne
halle aux blés, ornée de deux élégants pavillons,
dans le style de la Renaissance ,
est devenue une salle des fêtes; le musée, installé
dans un bel hôtel, possède une belle collection de 87 pastels
de Quentin Delatour. Non loin de la gare, un monument,
dû au ciseau de Barrias, rappelle l'héroïque résistance
de Saint-Quentin en 1870. |
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