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Saint-Malo
Saint-Malo est une ville de France, dans le département de l'Ille-et-Vilaine, dans une situation pittoresque, sur un rocher de granit, sorte de presqu'île rocheuse, qui s'avance à l'Ouest dans l'estuaire de la Rance et est relié à la terre par une étroite langue de terre appelée le Sillon; population : 50 700 habitants. 

La ville, placée à l'avant de plusieurs bassins (Bassin Duguay-Trouin, Vauban, Bouvet et Cartier), est protégée par un groupe d'îlots, et séparé de Saint-Servan par l'anse des Sablons, où se trouve un port de plaisance. 
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Saint-Malo.
Les remparts de Saint-Malo. Source : The World Factbook.

Saint-Malo est entouré d'une ceinture de remparts du XVIe siècle, muraille épaisse, flanquée de tours et munie de mâchicoulis, qui n'est pas assez haute pour cacher la ligne continue de façades des hôtels de style uniforme des armateurs malouins du XVIIIe siècle.

La ville s'étage, et l'ensemble de ses maisons est couronné par le joli clocher de l'ancienne cathédrale. Les rues sont étroites et tortueuses; les monuments remarquables sont l'église gothique Saint-Vincent (XIIe s., avec un élégant clocher), le château du XVe siècle qui occupe avec ses quatre tours l'extrémité Ouest de la jetée, l'hôtel de ville. Sur la jetée  est installé le monument de Chateaubriand (de Millet). Saint-Malo possède aussi un monument de Duguay-Trouin. Les remparts servent de promenade. A un kilomètre et demi à l'Est, faubourg de Rocabey, avec la gare. 
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Saint-Malo vu par Flaubert

« Saint-Malo, bâti sur la mer et clos de remparts, semble, lorsqu'on arrive, une couronne de pierres posée sur les flots, dont les machicoulis sont les fleurons. Les vagues battent contre les murs, et, quand il est marée basse, déferlent à leur pied sur le sable. De petits rochers couverts de varechs surgissent de la grève à ras du sol, comme des taches noires sur cette surface blonde. Les plus grands, dressés à pic et tout unis, supportent de leurs sommets inégaux la base des fortifications, en prolongeant ainsi la couleur grise et en augmentant la hauteur.

Au-dessus de cette ligne uniforme de remparts, que çà et là bombent des tours, et que perce ailleurs l'ogive aiguë des portes, on voit les toits des maisons serrés l'un près de l'autre, avec leurs tuiles et leurs ardoises, leurs petites lucarnes ouvertes, leurs girouettes découpées qui tournent, et leurs cheminées de poterie rouge dont les fumignons bleuâtres se perdent dans l'air.

Tout à l'entour, sur la mer; s'élèvent d'arides îlots sans arbres ni gazon, sur lesquels on distingue de loin, quelques pans de murs percés de meurtrières, tombant en ruines, et dont chaque tempête enlève de grands morceaux.

En face de la ville, rattachée à la terre ferme par une longue jetée qui sépare le port de la pleine mer, de l'autre
côté du bassin, s'étend le quartier de Saint-Servan, vide, spacieux, presque désert, et couché tout à son aise dans une grande prairie vaseuse. A l'entrée se dressent les quatre tours du château de Solidor, reliées entre elles par des courtines et noires du haut en bas...

En face des remparts, à cent pas de la ville, l'îlot du Grand-Bay se lève au milieu des flots. Là se trouve la tombe de Chateaubriand; ce point blanc, taillé dans le rocher, est la place qu'il a destinée à son cadavre.

Nous y allâmes un soir à marée basse. Le soleil se couchait. L'eau coulait encore sur le sable. Au pied de l'île, les varechs dégouttelants s'épandaient comme des chevelures de femmes antiques le long d'un grand tombeau.

L'île est déserte; une herbe rare y pousse où se mêlent de petites touffes de fleurs violettes et de grandes orties. Il y a sur le sommet une casemate délabrée avec une cour dont les vieux murs s'écroulent. En dessous de ce débris, à mi-côte, on a coupé à même la pente un espace de quelque dix pieds carrés, au milieu duquel s'élève une dalle de granit surmontée d'une croix latine. Le tombeau est fait de trois morceaux, un pour le socle, un pour la dalle, un pour la croix.

Il dormira là-dessous, la tête tournée vers la mer; dans ce sépulcre bâti sur un écueil, son immortalité sera comme fut sa vie, déserte des autres et tout entourée d'orages. Les vagues avec les siècles murmureront longtemps autour de ce grand souvenir; dans les tempêtes elles bondiront jusqu'à ses pieds, ou les matins d'été, quand les voiles blanches se déploient, et que l'hirondelle arrive d'au delà des mers, longues et douces, elles lui apporteront la volupté mélancolique des horizons, et la caresse des larges brises...

Nous avons tourné autour du tombeau, nous l'avons touché de nos mains, nous l'avons regardé comme s'il eût contenu son hôte, nous nous sommes assis parterre à ses côtés. Le ciel était rose, la mer tranquille, et la brise endormie. Pas une ride ne plissait la surface immobile de l'Océan sur lequel le soleil, à son coucher, versait sa lumière d'or, bleuâtre vers les côtes seulement, et comme s'y évaporant dans la brume; partout ailleurs la mer était rouge et plus enflammée encore au fond de l'horizon, où s'étendait, dans toute la longueur de la vue, une grande ligne de pourpre.

Le soleil n'avait plus ses rayons; ils étaient tombés de sa face et noyant leur lumière dans l'eau, semblaient flotter sur elle. Il descendait en tirant à lui du ciel la teinte rose qu'il y avait mise, et à mesure qu'ils dégradaient ensemble, le bleu pâle de l'ombre s'avançait et se répandait sur toute la voûte. Bientôt, il toucha les flots, rogna dessus son disque d'or, s'y enfonça jusqu'au milieu. On le vit un instant coupé en deux moitiés par la ligne de l'horizon; l'une dessus, sans bouger, l'autre en dessous qui tremblotait et s'allongeait; puis il disparut complètement; et quand, à la place où il avait sombré, son reflet n'ondula plus, il sembla qu'une tristesse tout à coup était survenue sur la mer.

La grève parut noire. Un carreau d'une des maisons de la ville, qui tout à l'heure brillait comme du feu, s'éteignit. Le silence redoubla; on entendait des bruits pourtant; la lame heurtait les rochers et retombait avec lourdeur; des moucherons à longues pattes bourdonnaient à nos oreilles, disparaissant dans le tourbillonnement de leur voile diaphane; et la voix confuse des enfants qui se baignaient au pied des remparts arrivait jusqu'à nous avec des rires et des éclats...

Nous descendîmes l'ilot, traversâmes la grève à pied. La marée venait et montait vite; les rigoles se remplissaient; dans le creux des rochers la mousse frémissait, ou, soulevée du bord des lames, elle s'envolait par flocon; et sautillait en s'enfuyant. »
 

(G. Flaubert, extrait de Par les champs et par les grèves).

Histoire.
L'île de Saint-Malo, qui s'appelait d'abord l'lle d'Aaron, était inhabitée avant l'époque des invasions normandes; les habitants d'Aletum (Saint-Servan), ruinés par les pirates, s'y réfugièrent avec leur évêque qui apportait les reliques d'un de ses prédécesseurs Malo ou Maclou, dont le nom fut donné à la nouvelle ville. Ce n'est qu'au XIIe siècle que la cathédrale fut bâtie et que la ville prit tout à fait corps autour du premier noyau. Saint-Malo ne resta pas ville ecclésiastique, et les libertés municipales y furent solidement établies dès le XIIIe siècle.

Pendant les troubles de la Ligue, elle ne prit pas part et s'administra comme une république. C'est du XVe siècle que date sa prospérité, lors de la découverte des nouveaux continents. L'humeur aventureuse des Malouins, l'intrépidité fameuse de ses marins se donna carrière à la fois dans les longues explorations et dans les attaques contre les Anglais; ceux-ci, en novembre 1693, bombardèrent la ville et lui firent beaucoup de mal; en 1758, Marlborough fit subir encore aux habitants des pertes de plus de 12 millions; mais la même année une nouvelle expédition des Anglais se termina pour eux par la désastreuse défaite de Saint-Cast. Saint-Malo fut le siège de la Compagnie française des Indes, ce qui fut une des sources de sa prospérité. 

Saint-Malo est le lieu de naissance de nombreux personnages célèbres; Jacques Cartier (qui découvrit le Canada), Porcon de la Barbinais, Duguay-Trouin, Alain Porée, Mahé de la Bourdonnais, Robert Surcouf, Maupertuis, Lamothe, Lamennais, Broussais et Chateaubriand (enterré, selon son désir, à la pointe de l'îlot du Grand Bé.

Saint-Malo.
Saint-Malo sur une ancienne photographie.
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Dictionnaire Villes et monuments
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