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Saint-Germer-de-Fly

Saint-Germer-de-Fly ou Saint-Germer-de-Flaix (Sanctus Geremarus de Flaviaco, Saint-Germer-en-Bray) est une commune du département de l'Oise, à 28 kilomètres à l'Ouest de Beauvais. Population : 1800 habitants.

Ce lieu doit son existence et son nom à l'abbaye célèbre qui y fut fondée au VIIe siècle par saint Germer, qui, après avoir été au service de Dagobert Ier renonça au monde, prit l'habit monastique des mains de saint Ouen, et, d'accord avec ce grand évêque, créa dans le désert de Fly le couvent dont il devint le premier abbé. Ravagé par les Vikings en 850, puis en 902, le monastère ne fut rétabli que dans le courant du XIe siècle; et c'est alors qu'y fut fondée l'école de théologie qui jeta un si grand éclat et dont l'historien Guibert de Nogent fut un des plus brillants élèves. Enrichi par les rois, les comtes de Clermont, les évêques de Beauvais et les seigneurs du voisinage, Saint-Germer fut mis en commende en 1537, réformé en 1644 et subsista jusqu'à la Révolution. Un collège y fut établi vers 1686 pour l'éducation gratuite des pauvres gentilshommes, et cet établissement dura jusqu'en 1776. Les possessions du monastère de Saint-Germer étaient considérables; il reconnaissait le roi pour patron et avait une justice particulière composée d'un bailli, d'un lieutenant et d'autres officiers. Les bâtiments claustraux, la maison abbatiale conservée, l'église et les dépendances étaient enfermés dans une vaste enceinte, dont une partie subsiste encore. Une maison de bois du XVIe siècle existe, dans le village, sur la place de la Fontaine.

L'église abbatiale (monument historique) est un bel édifice du XIe (vers vers 1030?) ou du XIIe siècle, en partie remanié à une époque plus récente. C'est un remarquable monument qui marque la transition entre le roman et le gothique. Elle a 67 mètres de longueur, et 18 mètres de largeur. A l'extérieur, on la dirait entièrement romane : les fenêtres sont à plein cintre, sauf au Sud, où il y en a quelques-unes en ogive. La façade est moderne; les piliers qui paraissent au dehors et ceux de la première travée soutenaient jadis deux clochers, qui furent ruinés par les Bourguignons vers 1400. 

La nef est composée de 7 travées à arcades ogivales, séparées par des piliers chargés de 5 fûts engagés, non compris les colonnes latérales : au-dessus de ces arcades est un ordre d'arcades bouchées, en plein cintre surbaissé, tenant la place du triforium, puis un autre ordre de petites fenêtres carrées bouchées, une galerie étroite portant sur une corniche à consoles, et enfin la claire-voie à 7 fenêtres romanes étroites, inscrites dans des arcs ogives. Les voûtes, qui avaient été détruites par la chute des clochers, ont été rétablies en bois vers 1754. Les transepts sont, comme la nef, ogivaux au rez-de-chaussée, et romans dans les ordres supérieurs, sauf quelques changements causés par des réparations.
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Saint-Germer-de-Fly : l'église abbatiale.
L'abbatiale de Saint-Germer de Fly, ci-dessous : la chapelle.
© Photos : Serge Jodra, 2009- 2010.
Saint-Germer-de-Fly : la chapelle de l'église abbatiale.

Le choeur présente 7 arcades à archivoltes découpées en zigzag; le triforium a des arcades romanes pareilles à celles des transepts, sauf les extrêmes latérales qui sont tripartites; la galerie à consoles et la claire-voie sont en tout semblables aux mêmes parties de la nef; les voûtes offrent pour nervures de gros boudins chargés de bâtons croisés, de rubans, de feuilles encadrées, et d'autres ornements d'un effet bizarre. Les collatéraux sont étroits, bas, d'un aspect lourd, à arcades en fer à cheval; ils sont continués par une galerie garnie de chapelles, qui forment autant d'arcs de cercle sur l'abside

Le clocher est moderne. On voit dans cette église la pierre tombale de l'abbé Denis-Guy de Villiers de l'Isle-Adam, mort en 1537, plusieurs autres tombes des XIIIe et XIVe siècles, un bel autel et une grille du XIIe s., des restes de pavés émaillés, et enfin de belles stalles datées de 1718. 

Par une allée pratiquée aux dépens de l'arcade centrale de l'abside, on arrive à une magnifique chapelle (mon. histor.), longue de 34 mètres, large de 9, et éclairée par 15 fenêtres, dont 5 à l'abside sont géminées, tandis que chacune des autres embrasse quatre petites ogives réunies en deux groupes. Du côté de l'entrée est une magnifique rosace à seize feuilles, de 7,22 m de diamètre. De superbes vitraux des XIIIe et XIVe siècles représentaient la Passion et l'histoire de Saint Germer. Les murs étaient primitivement peints à fresque; ils ont été recouverts de badigeon. L'autel portait un beau retable en pierre peinte, chef-d'oeuvre de la statuaire de l'époque, déposé aujourd'hui dans le musée de Cluny à Paris

Cette église, chef-d'oeuvre de grâce et de légèreté, dans le style de la meilleure époque ogivale, n'est pas sans analogie avec la Sainte-Chapelle de Paris et on a agitée la question de savoir lequel des deux édifices avait servi de modèle à l'autre. Les fenêtres sont surmontées extérieurement de frontons, dont on a tronqué le sommet. Des contre-forts à clochetons, ornés d'arcades simulées, s'appuient au comble. Sur le côté méridional s'élève une tourelle hexagonale, à arcades ogivales simulées, supportant une balustrade à jour. Au milieu de cette chapelle se trouve encore la pierre tombale de l'abbé Eustache III, mort en 1415. (C. ST-A. / B.).

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Dictionnaire Villes et monuments
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