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Platées

Platées  est une ancienne ville de Béotie, située au pied du mont Cithéron, au Sud du fleuve Asopos, sur la frontière de l'Attique. Malgré son voisinage de Thèbes (9 kilomètres), Platées en demeura longtemps indépendante; il semble que la population fut d'origine ionienne. En 519, elle conclut avec Athènes une alliance intime. A Marathon, 1000 Platéens combattirent avec les Athéniens. On les trouve encore à Artémision. Leur ville fut brûlée par les Perses et, l'année suivante, fut livrée sur son territoire la fameuse bataille qui délivra la Grèce de l'invasion (V. ci-après). En reconnaissance de cette victoire, les Grecs confédérés accordèrent des faveurs particulières aux Platéens : ils furent chargés de rendre les honneurs religieux aux guerriers morts pour la patrie et de célébrer tous les cinq ans la fête des Eleuthéries, commémorative de la bataille. Tous les Grecs jurèrent de garantir leur indépendance et l'inviolabilité de leur territoire. Ils reconstruisirent leur ville avec les temples de Zeus Eleuthérios, d'Athéna, d'Héra. Au début de la guerre du Péloponnèse, 300 Thébains tentèrent de s'emparer de la ville par trahison, 180 périrent (431). 

Deux ans après, l'armée lacédémonienne, commandée par Archidamos, vint assiéger Platées. Les vieillards, les enfants, les femmes avaient été mis à l'abri à Athènes; il ne restait que 400 citoyens avec 80 Athéniens et 140 femmes. Ils repoussèrent tous les assauts, si bien que les alliés péloponnésiens convertirent le siège en blocus, enveloppant la ville d'une double ligne de contrevallation et circonvallation; la seconde année, 212 des assiégés réussirent à s'échapper, les autres furent réduits par la famine et se rendirent; ils furent égorgés jusqu'au dernier attentes les maisons rasées; un second temple fut érigé à Héra par les Thébains (427). Les Platéens survivants demeurèrent à Athènes, assimilés aux citoyens, au moins pour les droits civils : en 420, on leur donna Scione en Chalcidique; mais ils durent s'en retirer à la fin de la guerre du Péloponnèse et revenir à Athènes. La paix d'Antalcidas leur permit enfin de rentrer chez eux (387); mais, dès 372, les Thébains la saccagèrent de nouveau, et ils se retirèrent encore à Athènes. Après la bataille de Chéronée, Philippe restaura Platées qui continua de subsister sans incident.

Pausanias vante son temple d'Héra et celui d'Athéné Areia avec une statue colossale de Phidias et des peintures de Polygnote. Les tombes des Hellènes, tués à la bataille de 379, étaient à l'Est de la ville, près de l'enceinte. Justinien fit réparer les murs de Platées. Les ruines de la ville se voient près du village de Kokhla : ce sont celles de la ville du IVe siècle, au Sud de laquelle se trouve un rocher portant la vieille acropole, rebâtie plus tard avec d'anciens matériaux. Une église byzantine, aujourd'hui ruinée, fut édifiée au Moyen âge dans l'intérieur de l'enceinte.

Bataille de Platées.
La bataille de Platées fut livrée en septembre 479 contre l'armée perse de Mardonius par l'armée des Grecs confédérés  (Les Guerres médiques).. Mardonius avait été laissé en Grèce par Xerxès avec une armée que l'on évalue à 300000 hommes. De Thessalie, il vint occuper et dévaster l'Attique; à l'approche de l'armée lacédémonienne, il tenta de surprendre l'avant-garde en Mégaride, puis, contournant le Parnès, se retira par Décélie, en Béotie, afin de pouvoir déployer sa cavalerie en plaine. Les Lacédémoniens étaient au nombre de 40000 (5000 Spartiates assistés chacun de 7 auxiliaires); leurs alliés les joignirent à l'Isthme, puis, à Eleusis, les Athéniens, portant à 110000 hommes l'effectif de l'armée commandée par le roi de Sparte Pausanias, assisté d'un conseil des autres chefs, parmi lesquels proéminait l'Athénien Aristide. Les Grecs s'établirent sur les pentes du Cithéron, vers Erythrae; une attaque de la cavalerie perse fut repoussée par les Athéniens qui tuèrent le commandant Masistius. Le camp perse était en plaine au Sud de l'Asopos. Encouragé par le premier succès, Pausanias descendît en face, de côté du fleuve, où il se trouvait mieux fourni d'eau que dans sa première position. Les deux armées s'observèrent une dizaine de jours; la cavalerie perse interceptait les convois. Les devins donnaient un avis défavorable dans les deux camps. A la fin, Mardonius, auquel on conseillait de s'adosser à Thèbes où il était bien approvisionné et de désagréger l'armée hellénique en corrompant quelques chefs, résolut de prendre l'offensive. Le roi Alexandre de Macédoine, qui servait dans l'armée barbare, prévint la nuit les Grecs qu'ils seraient assaillis le lendemain. En effet, la cavalerie perse franchit l'Asopos et réussit à chasser les Lacédémoniens de la source Gargaphia, à droite du campement. Pausanias privé d'eau se replia en désordre durant la nuit dans une prairie, entre deux ruisseaux, devant la ville de Platées. Les Perses, qui n'avaient pas profité de suite de leur avantage, poursuivirent les Grecs et les attaquèrent dans leur nouvelle position. Les Athéniens étaient à gauche, les Lacédémoniens à droite; ils eurent affaire, les premiers aux Béotiens, les autres au corps perse; le centre grec (Corinthiens, Mégariens, etc.), qui avait reculé jusqu'à la ville de Platées, n'intervint dans la bataille qu'après que la victoire fut décidée. Les Athéniens eurent le dessus sur les Thébains, et l'action décisive engagée entre les Perses de Mardonius et les Lacédémoniens finit par la déroute des premiers, lorsque leur général eut été tué. Les Lacédémoniens poursuivirent alors les Perses jusqu'à leur camp, mais ils ne purent forcer celui-ci qu'avec le concours des Athéniens; le carnage fut effroyable et l'on dit que l'armée barbare fut exterminée à l'exception du corps d'Artabaze (40 000 hommes) qui ne prit pas part au combat. (A.-M. B.).

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Dictionnaire Villes et monuments
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