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Temple des Billettes, à Paris (IVe arrondissement). -  Ce temple protestant est situé dans la rue des Archives, dans l'ancien tronçon qui avait pour nom Rue des Billettes. C'était autrefois l'église du couvent des Carmes-Billettes. Voici de quelle manière les principaux historiens nous racontent l'origine de cette communauté religieuse : Le 12 avril 1290, un juif nommé Jonathas commit un sacrilège en plongeant une hostie consacrée dans un vase rempli d'eau bouillante. Le peuple, furieux, se rassembla, pénétra de vive-force dans la maison. Le juif est arrêté, condamné, puis brûlé vif. La propriété de la rue des Jardins et les autres biens de Jonathas furent confisqués au profit du roi Philippe-le-Bel. La maison où le crime avait été prétendu commis fut donnée par le roi à Reinier Flaming, bourgeois de Paris, qui fit construire, en 1294, sur son emplacement, une chapelle qu'on nomma la maison des. Miracles. Cette fondation fut autorisée par une bulle du pape, donnée le 17 juillet 1295. 
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Paris : temple des Billettes.
La façade du temple des Billettes.
© Photo : Serge Jodra, 2009.

Guy de Joinville, seigneur de Dangeux ou Dongiers, avait, en 1286, fait bâtir à Boucheraumont, dans le diocèse de Châlons-en-Champagne (alors Châlons-sur-Marne), un hôpital pour y recevoir les malades et les pauvres passants. Cet hôpital était desservi par une communauté séculière d'hommes et de femmes, sous le titre et la protection de la Sainte Vierge; leurs belles attributions leur avaient fait donner le nom d'Hospitaliers de la Charité-Notre-Dame. Le succès de cet établissement fit naître au fondateur la pensée d'en former un semblable à Paris; il jeta les yeux sur la maison des Miracles, que Reinier Flaming consentit à lui céder.

Ces religieux n'appartenaient à aucun ordre connu; ils portaient sur leurs habits de petits scapulaires ou billettes, et le peuple les désigna bientôt sous le nom de religieux des Billettes. Le pape, en 1346, les exempta des censures encourues par l'irrégularité de leur fondation, et leur imposa la règle de saint Augustin. La reine Clémence de Hongrie, épouse de Louis X, enrichit cette communauté qu'on désignait alors sous le nom de couvent où Dieu fut bouilli. Le 26 juillet 1631, ces religieux furent remplacés par les Carmes réformés de l'observance de Rennes.

Le coeur d'Eudes Mézerai, historiographe de France, mort le 10 juillet 1683, fut déposé dans leur église. Au-dessus de l'ancienne chapelle des Miracles, on lisait encore en 1685 cette inscription : 

« Ci-dessous le juif fit bouillir la sainte hostie. » 
L'église fut rebâtie en 1754, sur les dessins d'un religieux dominicain nommé Claude. En 1790, le couvent des Carmes-Billettes fut supprimé et devint propriété nationale. Une partie de ses bâtiments ainsi que son église furent vendues les 17 avril 1793 et 26 ventôse an III. L'église, rachetée par la Ville le 26 novembre 1808, moyennant 73,000 F, fut affectée en 1812 au culte luthérien. L'acquisition de cette église avait été autorisée par un décret impérial rendu à Bayonne et daté du 28 juillet 1808.
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Dictionnaire Villes et monuments
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