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Rue du Louvre, à Paris (Ier' arrondissement). - Cette rue va de la place du Louvre à la rue Montmartre. La partie comprise entre la rue d'Argout et la rue d'Aboukir a été percée en 1909. Cette percée a fait disparaître, dans la rue d'Argout, les numéros 51 et 53 qui dataient du XVIIIe siècle.

La partie sud de la rue a été formée par l'ancienne rue du Petit-Bourbon, et celle comprise entre la place du Louvre et la rue Saint-Honoré par la rue des Poulies. Ces deux parties existaient au commencement du XIIIe siècle. En 1888 la rue du Louvre a englobé ce qui restait de la rue d'Orléans, ex-rue de Nesle, qui allait de la rue Saint-Honoré à la rue des Deux-Écus. Au moment de la Révolution, Vergniaud habitait rue d'Orléans-Saint-Honoré à l'hôtel d'Aligre. La rue du Louvre a fait disparaître également la petite rue Mercier (1762) qui allait de la Halle aux Blés (Bourse du Commerce) à la rue de Grenelle-Saint-Honoré (Jean-Jacques-Rousseau). La partie sud de la rue s'est appelée quelque temps rue de la Colonnade et rue d'Iéna en 1806.

La rue du Petit-Bourbon et la rue des Poulies longeaient jadis, du côté gauche en partant de la Seine, plusieurs grands hôtels qui ont été démolis pour dégager le Louvre. On rencontrait d'abord l'hôtel du Petit-Bourbon qui était situé le long de la Seine, entre le Vieux Louvre et Saint-Germain-l'Auxerrois. Il avait été construit en 1370 pour L. de Bourbon, comte de Clermont, et confisqué en 1527 sur le connétable de Bourbon après sa trahison, et rasé en partie dès cette époque. La porte principale fut barbouillée en jaune. Dans la grande salle du Petit-Bourbon se tinrent les Etats généraux de 1614; cette salle servit de théâtre de la Cour sous Louis XIII et Louis XIV. L'Andromède de Corneille y fut représenté en 1630 et la troupe de Molière y donna des représentations jusqu'en 1660. L'hôtel du Petit-Bourbon, après avoir servi aux Écuries de la Reine et avoir été garde-meuble, fut démoli complètement en 1758 (emplacement du jardin). Contigu à l'hôtel du Petit-Bourbon était en 1600 l'hôtel de Combault, vendu au roi en 1666 pour l'agrandissement du Louvre. L'entrée de la cour carrée du Louvre, sous la colonnade, occupe l'emplacement de la chapelle du Petit-Bourbon. A droite de la grande porte du Louvre se trouvait, avant 1764, l'hôtel des Postes, qui était séparé du Petit-Bourbon par les écuries des Postes qui occupaient un ancien bâtiment affecté un instant autrefois à la Monnaie. La partie nord du jardin de la Colonnade est sur l'emplacement de l'hôtel de Choisy qui était situé rue du Petit-Bourbon à l'angle de celle des Poulies. Cet hôtel était en 1470 le Petit Alençon. En 1578, c'était l'hôtel du maréchal Gondi de Retz, et de Choisy au XVIIe siècle. Il fut abattu en 1664.

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Paris : la rue du Louvre.
La rue du Louvre, à Paris. 

Plus haut se trouvait l'hôtel de Longueville qui avait été construit par le frère de Saint Louis et agrandi par Enguerrand de Marigny. En 1421 c'était l'hôtel d'Alençon, de Villeroi (1470), du duc d'Anjou devenu ensuite Henri III (1573), de la duchesse de Longueville (1581), du marquis d'Antin (1709), Administration des Postes (1738). Cet hôtel, qui occupait rue des Poulies l'emplacement nord du jardin de la Colonnade et l'angle nord-est du Louvre, fut démoli en 1758 pour dégager le Louvre.

Au nord de l'hôtel de Longueville, et s'ouvrant toujours rue des Poulies, se trouvait l'hôtel de Villequier d'Aumont. Hôtel de Garancière au XIVe siècle, duc de Nevers (1567), de Villequier (1577), d'Aumont (1655), de Rouillé (1732). Acheté par le Roi et détruit en 1761 (Sol de la rue de Rivoli). Dans la rue des Poulies se trouvait encore l'hôtel d'Angiviller qui avait été hôtel d'Argenson, de Conti, de Tresmes et qui, entamé en 1780 par la rue d'Angiviller, disparut complètement en 1854 par le percement de la rue de Rivoli.

Au n° 13. Empreintes d'une tour de l'enceinte de Philippe Auguste.

Au n° 15. Cour, formant passage avec fontaine monumentale, reconstruite en 1891 sur l'emplacement de l'ancienne Cour des Fermes, qui avait été construite elle-même sur l'emplacement d'une partie de l'hôtel de Jean de la Ferrière, ami de Coligny. Jeanne d'Albret y était morte. Le duc de Bellegarde. Le chancelier Séguier qui y offrit un local à l'Académie. Hôtel des fermiers généraux (1690). Cet hôtel était décoré par Simon Vonet, Lebrun, Mignard. La Compagnie des Fermes avait été constituée en 1631 et comptait 40 membres. En 1781 il y avait 250 000 employés ou gapians. Ce fut contre les fermiers généraux que Mandrin, qui fut un magnifique bandit, entra en guerre. Arrêté en Savoie il subit le supplice de la roue à Valence en 1755, ce qui faillit amener une rupture avec la Cour de Turin. Louis XV fut forcé d'envoyer en ambassadeur extraordinaire le comte Philippe de Noailles, fils du maréchal, pour présenter des excuses à Charles-Emmanuel III, roi de Sardaigne, le célèbre margandier ayant été arrêté en pleine paix sur le territoire de ce roi.

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Paris : entrée de la Cour des Fermes, rue du Louvre.
La Cour des Fermes, avec ses atlantes, rue du Louvre. 
Paris : la cour des Fermes (Atlante).
Paris : la cour des Fermes.

Les fermiers généraux furent supprimés par M. d'Ormesson en 1783, et la ferme fut alors convertie en régie. L'institution fut abolie définitivement le 23 septembre 1789. En 1793 les fermiers généraux furent arrêtés. On en enferma 2 7 à Port-Libre (Port-Royal) (dont Lavoisier), puis ils furent transférés en leur hôtel des Fermes converti pour eux en prison, puis à la Conciergerie, au nombre de 32. Ils furent jugés par Coffinhal. 28 furent exécutés le 17 floréal, et 6 autres le 24 floréal. Maison d'arrêt pendant la Révolution. Plus tard la cour fut occupée par les Messageries Laffitte et Caillard, par la salle de spectacles d'Olivier, par le théâtre Comte en 1820, par l'imprimerie Paul Dupont et les Petites Affiches.

Au n° 19. Ancien hôtel d'Olonne, puis de Thoynard de Vougy, fermier général, mort en 1752 en son château des Gaschetières, comme nous l'apprend une plaque retrouvée en 1868 dans la cave, et placée dans la cour à gauche en entrant, en 1881. Pendant la Terreur l'hôtel fut la propriété des frères Enfantin qui y installèrent leur maison de banque. 

Au n°50, hôtel des Postes (1888) (voir rue JJ Rousseau). Au n° 59 se trouve l'immeuble de la chambre syndicale des joailliers et bijoutiers. Sa façade, à l'angle de la rue d'Argout est ornée d'un beau blason. (F. de Rochegude).
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Paris : l'hôtel des Postes, rue du Louvre.
Paris : le 59, rue du Louvre.
L'Hôtel des Postes et le 59 rue du Louvre. © Photos : Serge Jodra, 2011.
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Dictionnaire Villes et monuments
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