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La Butte Montmartre,
qui donne son nom à tout le XVIIIe
arrondissement de Paris, n'en occupe que sa
partie occidentale et correspond à l'ancien village de Montmartre,
qui forme aujourd'hui les quartiers des Grandes Carrières et de
Clignancourt. A l'Est de l'arrondissement se trouvent les quartiers de
La Goutte-d'Or et de La Chapelle, eux-mêmes issus de la partition
de l'ancien village de La Chapelle, agrégé à Paris
comme Montmartre, en 1860.
- ![]() La rue Norvins, au coeur de Montmartre. Montmartre : Grandes Carrières et ClignancourtMontmartre était une localité ancienne, située au Nord de Paris, sur la colline ou butte du même nom (129 m d'altitude); commune de 1790 à 1860 (département de Paris, puis de la Seine, arrondissement de Saint-Denis, canton de Neuilly-sur-Seine); fit partie du XVIIIe arrondissement de Paris au moment de l'annexion de 1860; toutefois, dès 1790, Montmartre intra muros fut compris dans le territoire de la capitale. Les exploitations de gypse![]() L'étymologie
mons Martyrum,
qui a pour elle toutes les vraisemblances, peut parfaitement correspondre
à des martyrs. inconnus, anonymes, dont les reliques
furent ensevelies, non au sommet de la Butte, mais à mi-côte
de la pente méridionale. C'est là, en effet, que le 13 juillet
1611 des ouvriers, qui creusaient le sol de la chapelle
dite du « Saint-Martyre », mirent à jour une cave
voûtée sur les parois de laquelle se lisaient encore des fragments
d'inscriptions, lettres isolées ou groupes de lettres indéchiffrables.
Les trois lettres DIO ont paru corroborer la légende relative à
saint Denis : c'est l'opinion de Le Blant, qui cite d'autres monuments
similaires. Vers la fin du XIe siècle,
il est question du Sanctum Martyrium dans un acte de donation de
Montmartre et de ses dépendances au prieuré
de Saint-Martin des Champs. Cette chapelle fut dotée par Constance,
comtesse
de Toulouse, fille de Louis VI, par Philippe
le Bel, par des particuliers. C'est là qu'en 1534, le jour de
l'Assomption,
Ignace
de Loyola reçut les voeux de ses neuf compagnons (c'était
le début des Jésuites). Après
la découverte de 1611, à la suite de pieux pèlerinages
de Marie de Médicis et de nombreux
dons, elle fut érigée en prieuré régulier dont
la collation appartint à l'abbesse de Montmartre.
Quant à la butte proprement dite, elle était habitée à l'époque mérovingienne (sarcophages découverts en 1875). En 627, le Saxon Aegina, coupable d'un meurtre, y est relégué. En 944, un ouragan y renversa, selon Flodoard, une maison très ancienne : celle peut-être dont en 1736 l'on a découvert les vestiges, décrits par l'abbé Lebeuf. C'est de cette hauteur que, pendant le siège de Paris (886), le comte Eudes, qui était allé demander du secours à Charles le Gros, se fit voir aux assiégés afin de favoriser son passage; c'est là que l'empereur campa et traita honteusement. En 978, le césar allemand Otton Il, par provocation, vient y chanter avec ses troupes un alleluia, mais il défend de toucher aux églises : ce qui ne signifie pas d'une façon certaine qu'il y eût alors plusieurs églises à Montmartre même. En 1096, Bouchard IV de Montmorency, suzerain de Montmartre, confirme la donation que ses tenanciers en ont faite, au moins en partie, au prieuré de Saint-Martin. Enfin, entre cette date et celle de 1134,
Montmartre, avec son église d'en haut, est cédé à
Louis VI, à la reine Adélaïde et à leur fils
Louis
le Jeune, afin d'y établir des religieuses de l'ordre
de Saint-Benoît. Cette église paroissiale dédiée
à saint Pierre et qui garde encore aujourd'hui son vocable (
![]() En 1559, un incendie détruisit les
bâtiments situés en haut de la colline, et ils ne furent rétablis
que partiellement en 1561 : une partie de la communauté se transféra
en bas, autour du Saint-Martyre, dont l'emplacement serait, d'après
l'abbé Le Rebours, rue Yvonne
Le Tac, n° 9. C'est là que vint camper Henri
IV : les vieilles religieuses s'étaient enfuies dans Paris,
parmi les ligueurs. Mais les autres se montrèrent
fort bonnes royalistes : et l'une d'elles, Marie de Beauvillier, ne fut
pas insensible aux hommages du Béarnais. (Quant à Gabrielle
d'Estrées, sa légende montmartroise ne date guère
que de 1845, époque où le bal fondé au Château-Rouge
( En 1674, la juridiction qu'exerçaient
les abbesses et qui comportait le droit de haute justice fut diminuée
et réglée par Louis XIV, qui d'autre
part, en 1681, réunit le monastère d'en haut et le monastère
d'en bas, souvent en hostilité. L'abbaye était d'ailleurs
commendataire, et parmi les abbesses des XVIIe
et XVIIIe siècles on trouve les
plus grands noms de France (Guise, Bellefonds, La Tour d'Auvergne, La Rochefoucault,
Rochechouart, Montmorency-Laval, etc.). L'abbaye fut supprimée en
1790,
évacuée en 1792, et ses biens vendus comme biens nationaux.
Toutefois, l'église Saint-Pierre, redevenue purement paroissiale,
n'a cessé qu'à de rares périodes de crises politiques
d'être ouverte au culte. Le nom officiel de Mont-Marat donné
à Montmartre n'eut cours que pendant la Terreur.
C'est, rue des Rosiers (auj rue
du Chevalier-de-La-Barre) que la Commune
y a débuté en 1871. Pendant la période de réaction
qui suivit, des cléricaux et des dévots pensèrent
à consacrer la France, par un voeu national, au Sacré-Coeur
de Jésus : Sacratissimo cordi Jesu Christi Gallia poenitens et
devota. Mais, d'après le Concordat, une loi est nécessaire
pour autoriser la construction d'une basilique
ouverte au public. Cette loi fut votée le 25 juillet 1873, après
une discussion des plus violentes : les modérés la firent
passer moyennant la suppression des mots Sacré Coeur. La
basilique du « Voeu national », dont le plan est dû à
Abadie, a été commencée en 1875, et inaugarée
le 5 juin 1891 par l'archevêque de Paris. Les travaux ne furent achévés
qu'en 1919, et ce fut d'ailleurs le nom de Sacré
Coeur, qui finalement s'imposa pour cette église. Après
la mort du premier architecte, ils avaient été poursuivis
par Rauline et Laisné.
![]() Vues de la basilique du Sacré-Coeur. En 1878, la ville de Paris a fait l'acquisition
du terrain (enclos dans l'ancien moulin de la Galette, qui est resté
une propriété privée)( L'an M. DCC. XXXVICet obélisque a été élevé par ordre du roi pour servir d'alignement à la méridienne de Paris du côté du Nord. Son axe est le 2931 toises deux pieds de 14 face méridionale de l'Observatoire de Paris. En 1897, la conservation et la restauration
de l'église Saint-Pierre,
un instant menacée, ont été décidées
sur un rapport de Fournière. Mais à cette époque Montmartre
écrivait, déjà depuis quelques temps, une tout autre
histoire, tout entière peuplée d'écrivains et d'artistes.
On y relève les noms de Gérard de Nerval,
Alphonse Allais, Francis Carco, Pierre Mac Orlan, Apollinaire, Max Jacob,
Courteline
ou encore Aristide Bruant. Et, côté peintres, ceux de Degas,
Toulouse-Lautrec,
Van
Gogh, Renoir, Pissarro,
Utrillo, Picasso, Modigliani et beaucoup d'autres qui firent les grandes
heures du Moulin de la Galette, du Lapin Agile ou du Chat
Noir, du moins jusqu'à la Première
Guerre mondiale. Ensuite, ce fut Montparnasse qui devint à la
mode.
![]() La rue des Abbesses, par Maurice Utrillo (ca. 1910). Grandes-Carrières.
Sellier signale un
fait peu connu : C'est dans les carrières de Montmartre qu'en décembre
1789,
Marat vint se cacher, pour fuir les poursuites
de la Commune et du Châtelet
qu'il avait violemment attaqués dans son journal l'Ami du Peuple Hormis des carrières, il y a un peu de tout dans le quartier des Grandes-Carrières : deux cimetières, dont un dominé par un pont; des hôpitaux (Bichat), plusieurs groupes scolaires, divers établissements où les « quatre-z'arts » et la chorégraphie sont fort en honneur, des sites extrêmement pittoresques, deux moulins qui ne mouent plus rien depuis longtemps, des points de vue superbes sur la ville et la banlieue, etc. Clignancourt.
Le quartier actuel occupe les deux versants de la Butte; cela ne correspond pas à la vérité historique, car le fief de Clignancourt ne s'étendait que sur le versant qui est au Nord, et même au delà de la rue Marcadet. Il y avait d'autres lieux-dits encore : le Poteau, les Grandes-Friches, les Hauts-Malassis, les Rapines, et, en allant vers l'Est, la Chardonnière, les Torlettes, la Croix-Moreau. Les rues pour s'y rendre n'étaient pas nombreuses : c'étaient la chaussée de Clignancourt, la rue des Poissonniers, dirigées du Sud au Nord, la rue Marcadet (ancien chemin des Boeufs) de l'Ouest à l'Est, et partant du sommet de la butte, la rue du Mont-Cenis, jadis nommée rue Saint-Denis et aussi chemin de la Procession, parce que c'était la route suivie par les processions qui allaient de l'abbaye de Montmartre à celle de Saint-Denis, et réciproquement. Au moment de l'annexion, en 1860, la Butte seule était habitée; tout le reste du sol appartenait à la culture maraîchère. On commença par y construire une église : Notre-Dame de Clignancourt, qui fut inaugurée le 20 octobre 1863. A noter aussi une chapelle du XVIe siècle (rue Marcadet). La Chapelle : quartiers de la Chapelle et de la Goutte d'OrLes quartiers actuels de la Chapelle et de la Goutte d'Or correspondent exactement aux limites de l'ancienne commune de La Chapelle, commune de l'arrondissement et du canton de Saint-Denis à partir de 1790, après avoir été, pendant plusieurs siècles, paroisse de la banlieue de Paris, finalement annexée à Paris en 1860.Son histoire remonte
haut. A l'époque romaine, une des voies les plus importante; de
la Gaule traversait ce territoire; dans Paris,
c'était la rue Saint-Martin;
au delà, le faubourg Saint-Martin, la rue du Château-Landon,
celle de Philippe-de-Girard
et une route sensiblement parallèle à la rue de la Chapelle
et à la route nationale n° 1 Jusqu'à Saint-Denis, où
la voie romaine se bifurquait
en deux branches, l'une allant vers l'Ouest (route du Havre),
l'autre vers le Nord (route de Calais). Au
Moyen
âge, un autre chemin fut créé, pour relier Paris
à Saint-Denis; il partait de la maison de Seine dans cette dernière
ville, et aboutissait aux Halles. Suivi
surtout par les marchands de poissons, il leur dut son nom : rue
Poissonnière, du Faubourg-Poissonnière, rue
des Poissonniers, chemin des Poissonniers, formant une seule et même
voie.
![]() Boutiques de services téléphoniques, rue de la Goutte d'Or. © Photos : Serge Jodra, 2013. Le quartier de la Goutte-d'Or s'est créé, après 1830, sur les dernières ondulations du versant oriental de la butte Montmartre, au lieu dit la Goutte-d'Or, dénomination provenant d'une enseigne de cabaret (sans doute en référence aux vignobles qu'on trouvait là auparavant). Il a gardé sa physionomie de faubourg, si pittoresquement, si admirablement décrite dans L'Assommoir d'Émile Zola. La rue de la Charbonnière rappelle aussi un ancien lieu-dit; celle de Jessaint porte le nom d'un ancien préfet de la Seine; la rue Polonceau, celui d'un ingénieur de la Compagnie du chemin de fer du Nord; la rue Jean-Francois-Lépine consacre la mémoire d'un philanthrope qui fit de grandes libéralités à la commune de La Chapelle. (H. Monin / F. Bournon).
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