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La Tour de Londres

La Tour de Londres (the Tower), la vieille forteresse, l'ancienne prison d'Etat (Histoire de l'Angleterre), ensemble de constructions irrégulières, entourées d'un mur à créneaux et d'un fossé maintenant à sec, est située à l'Est de la City, en dehors de l'ancienne enceinte de Londres, à l'extrémité de Lower Thames street et sur le bord de la Tamise et à l'extrémité nord du Tower Bridge.

Il n'est pas impossible qu'il y ait eu ici une forteresse dès le temps des Romains, mais celle d'aujourd'hui ne remonte qu'à l'époque de Guillaume le Conquérant, qui éleva la tour Blanche. Utilisée plus tard surtout comme prison, la Tour, qui conserve son administration militaire, est aujourd'hui essentiellement un musée.
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La Tour de Londres.
La Tour de Londres.

Sa forme est celle d'un pentagone irrégulier, et elle occupe une superficie de plus de 5 hectares. Elle a deux « bailles » ou enceintes, garnies de tours, l'Outer Bail et l'Inner Bail ou Ward, au-dessus desquelles on voit se dresser, de loin, la masse carrée de la tour Blanche. Du côté de la Tamise, en dehors des fortifications, il y a un quai de 35 à 40 m de large.

Quatre portes donnent accès dans la Tour : l'Iron Gate, la porte de Fer; le Water Gate, la porte de l'Eau; le Traitors' Gate, la porte des Traîtres, donnant toutes sur la Tamise, et le Lions' Gate, la porte des Lions, à l'Ouest, l'entrée principale, ainsi nommée d'une ancienne ménagerie. A droite, le Ticket-Office, ou l'on prend des billets pour visiter la collection d'armures anciennes et les joyaux de la couronne.

Les gardiens, qui portent un costume ancien original, à la Henri VIII, et qu'on appelle communément beef-eaters (bufetiers?), mais officiellement Yeomen of the Guard, sont d'anciens soldats occupant ici un poste de confiance. Il y a des inscriptions aux tours, aux portes, etc., et aussi sur les objets les plus curieux.

A gauche de l'entrée, un canon turc donné en 1857 par le sultan Abdul-Medjid.  Un pont de pierre flanqué de deux tours, la Middle Tower et la Byward Tower, traverse le fossé des fortifications et donne entrée dans l'Outer Bail, l'enceinte extérieure. A gauche, la tour de la Cloche (Bell Tower); à côté, un petit chemin de ronde en dedans du mur extérieur de la citadelle. Plus loin, à droite, la tour des Traîtres, à l'entrée du côté de la Tamise, par où l'on amenait les prisonniers d'Etat, et, au-dessus, la tour Saint-Thomas. Une porte en face, sous la Bloody Tower, la tour Sanglante , donne sur la cour intérieure.

La Tour Blanche.
La Tour Blanche (White Tower ou Keep), qui se dresse au milieu de cette cour, dans un endroit un peu plus élevé que le reste, est la partie la plus ancienne de la citadelle, construite en 1078, par Guillaume le Conquérant. Elle forme un carré dont les côtés mesurent 36 et 39 m de développement, et elle a 28 m de hauteur, avec des murs de 3 à 4 m d'épaisseur et des tourelles aux angles. C'est là que Richard II déposa la couronne en 1399, en faveur de Henri de Bolingbroke, et que Jacques Ier d'Ecosse fut enfermé en 1405. Un escalier  est pratiqué dans un mur de cette tour. C'est celui sous lequel ont été trouvés les ossements des deux jeunes princes assassinés, dit-on, par leur oncle Richard III. Au premier étage sont deux pièces qui passent pour celles où fut enfermé Walter Raleigh et où il écrivit son histoire du monde. La chapelle du second étage, dite chapelle de Saint-Jean, avec de grosses colonnes rondes à chapiteaux cubiques, une abside à arcades en plein cintre surhaussé et une voûte en berceau, est un des monuments d'architecture normande les plus beaux et les mieux conservée. A côté est la salle des Banquets (Banqueting Hall), qui contient des armes disposées en trophées, etc.; un canon avec de beaux bas-reliefs fondu à Malte en 1773, deux canons en bronze sculpté faits pour un fils de la reine Anne mort en bas âge, en 1700, etc.
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Plan de la Tour de Londres.
Plan de la Tour de Londres.
La collection des armures.
La collection des armures anciennes est au troisième étage, dans la salle du Conseil, où eut lieu l'abdication de Richard II, et dans une salle voisine. Au milieu sont 22 cavaliers et beaucoup de fantassins, armée de pied en cap, dans l'ordre chronologique et présentant ainsi un tableau fidèle des costumes militaires sous les rois d'Angleterre, depuis Edouard Ier (1272) jusqu'à Jacques II (1688). Les vitrines contiennent des curiosités de diverses sortes.
Au mur du Nord, la reine Elisabeth Ire à cheval. Ensuite une cotte de mailles du temps d'Edouard Ier (1272 -1307). Puis viennent : Henri VI (1422-1461); Edouard IV (1461-1468), en armure de tournoi; à côté, à pied, un chevalier du temps de Richard III (1483-1485). - Henri VII (14851509), portant une armure bourguignonne, et, à côté, une autre de la même époque. - Henri VIII (1509-15 47), avec une armure richement damasquinée, qui fut réellement portée par ce prince. - Charles Brandon, duc de Suffolk (1500). - Edouard Clinton, comte de Lincoln (1535). - Edouard VI (1547-1558), couvert d'une armure aux armes de Bourgogne et de Grenade. - François Hastings, comte de Huntingdon (1555), avec une lourde armure du temps de la reine Marie. - Robert Dudley, comte de Leicester (1580), le favori d'Élisabeth : l'armure porte ses armes et ses initiales. - Magnifique armure, probablement donnée par l'empereur Maximilien à Henri VIII, lors de son mariage avec Catherine d'Aragon : les nombreux ornements incrustés en or présentent souvent la rose et la grenade des armes de Henri et de Catherine; puis d'autres pièces des armes du roi, telles que la herse, le lis et le dragon, et les initiales du couple royal retenues par un lac d'amour. L'armure du cheval est ornée de scènes de martyre. - Henri Lee, maître des armoiries d'Elisabeth Ire (1570). - Robert Devereux, comte d'Essex (1581). - Jacques ler Stuart, en armure de tournoi (1605). - Chevaliers de la même époque. - Charles Ier. - Henri, prince de Galles (1612), fils aîné de Jacques Ier, portant une armure richement incrustée d'or. A côté, a pied, Charles Ier, comme prince de Galles, accompagné d'un page qui porte l'armure de la tête d'un cheval. - Armure complète de la première moitié du XVIIe s. - Belle armure italienne dite du comte Oddi de Padoue (1650). - Armure polie garnie de clous en cuivre. - George Monk, duc d'Albemarle (1660). - Chevalier du temps de Charles Ier. - Du côté Sud, Jacques II Stuart (1685), figure avec les derniers restes d'une armure qui cessa d'être en usage à partir du règne de ce prince.
Il y a entre les cavaliers de nombreuses armes de la même époque que les armures, des instruments de torture, la cape à cornes de bélier du fou de Henri VIII et d'autres curiosités; des armes chinoises, persanes, japonaises et africaines.

Dans des vitrines, des armes étrusques, romaines, bretonnes, anglo-saxonnes, etc. Il y a une armure complète de guerrier grec découverte dans une tombe à Cumes. Autres curiosités : pointes de javelots de Marathon; précieuse collection d'armes, de casques antiques et normands, de vieilles armes à feu, etc.; deux arbalètes anglaises trouvées en 1841 dans les débris d'un vaisseau échoué depuis 300 ans; modèle de la Tour; haches d'armes indiennes, armes couvertes d'ornements; cimeterre à poignée en jade, épée à poignée en lapis-lazuli, fragment d'armure en cuir; revolvers des XVIe et XVIIe s., avec de magnifiques crosses; armes asiatiques; épée, casque et selle de Tippo Saïb, sultan de Mysore, butin de 1799; casque de Tahiti, rapporté en 1774 par le capitaine Cook.

La petite salle à l'Est renferme toute sorte d'armures anciennes et modernes d'Europe, d'Orient, etc. Dans des vitrines, l'uniforme de Wellington comme gouverneur de la Tour et le manteau sur lequel le général Wolfe mourut à Québec en 1793.

Il y a en dehors de la tour Blanche une collection intéressante de canons anciens, dont quelques-uns de fort calibre.

Au Nord de la même tour, la grande caserne Wellington, construite en 1845, là où étaient les bâtiments dits Grand Storehouse et Small Armoury, incendiés en 1841.

Les Joyaux de la Couronne.
Les Joyaux de la couronne ou Regalia, autrefois dans un bâtiment construit en 1842 à l'angle Nord-Est de la forteresse, sont actuellement dans la tour Wakefield ou Record Tower, où ils sont renfermés dans une solide vitrine. Ils sont tous postérieurs au règne de Charles Ier, les autres ayant été vendues après l'exécution de ce roi. Ils se composent des objets suivants :

Couronne de Saint-Edouard, faite pour le couronnement de Charles II et qui a toujours servi depuis. - Couronne d'Etat de la reine Elisabeth II - après avoir été celle de la reine Victoria - faite en 1838, chef-d'oeuvre d'orfèvrerie. Elle ne compte pas moins de 2783 diamants. Sur le devant de cette couronne, un gros rubis, qui passe pour avoir été donné au prince Noir par le roi Pierre de Castille, et qui ornait le casque de Henri V à la bataille d'Azincourt. Il y a aussi un magnifique saphir. - Couronne du prince de Galles, en or, sans pierreries. - Couronne de reine, en or, avec des pierres précieuses. - Autre couronne de reine, cercle d'or avec des diamants et des perles, faite pour Marie d'Este, femme de Jacques II. - Sceptre de Saint-Edouard, en or, de 1,40 m de long et pesant environ 90 livres. Le globe, dans lequel selon la croyance religieuse serait renfermé un morceau de la vraie croix. - Sceptre royal, avec une croix, de 80 cm de long, richement garni de pierreries. - Sceptre de justice, sur le globe duquel est une colombe aux ailes éployées. - Sceptre de la reine Victoria, avec une croix garnie de pierres précieuses. - Sceptre en ivoire de la reine Marie d'Este avec une colombe d'onyx blanc. - Sceptre de la reine Marie, femme de Guillaume III. - Globe du roi et de la reine. - Imitation du Koh-i-Noor (montagne de lumière), un des plus gros diamants connus, pesant 162 carats, qui appartint autrefois à Runjet-Singh, rajah de Lahore et fut rapporté par les Anglais après la conquête du Pendjab, en 1849: l'original est à Windsor. - Glaive de miséricorde; glaive de justice; bracelets du couronnement; éperons royaux; sainte ampoule; salière en forme de château; fonts baptismaux en argent, pour les enfants de la famille royale. - Fontaine en argent donnée par la corporation de Plymouth à Charles II. - Bassin en or servant à la distribution des aumônes de la reine (ou du roi) le jeudi saint. Les vitrines sur le côté contiennent les insignes des ordres du Bain de la Jarretière, du Chardon, de Saint-Michel et Saint-Georges, de l'Etoile des Indes, et la croix Victoria. 
Les diamants de la couronne sont estimés 3 millions de livres.

Les autres tours.
Les douze Tours de la cour intérieure ont servi d'abord de prisons, puis de dépôts des archives. De sinistres souvenirs  se rattachent à plusieurs d'entre elles : c'est dans la tour Sanglante que Richard III passe pour avoir fait égorger les fils d'Edouard IV ; Elisabeth Ire avant d'être reine, fut détenue prisonnière dans la tour de la Cloche par sa soeur Marie; Jane Grey fut enfermée dans la tour de Brique; son mari, lord Guildford Dudley, le père de ce dernier et ses autres fils, dans la tour de Beauchamp; c'est dans la tour Bowyer que le duc de Clarence, frère d'Edouard IV, fut, selon la tradition, noyé dans un tonneau de malvoisie, et la tour Wakefileld ou Record Tower a été témoin de l'assassinat de Henri VI. La tour du Sel (Salt Tower) renferme un curieux dessin du zodiaque, par Hugh Draper de Bristol, qui y fut enfermé pour sorcellerie, en 1561. - La tour de Beauchamp, construite de 1199 à 1216, se compose de deux étages où l'on monte par un petit escalier tournant. Les murs sont couverts d'inscriptions tracées par des prisonniers, les plus remarquables au premier étage, où il y en a plusieurs des Dudley.
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Exécution de Northumberland sur Tower Hill.
Exécution du duc de Northumberland sur Tower Hill, face à la Tour.

L'angle Nord-Ouest de la citadelle est occupé par St-Peter-ad-Vincula, église reconstruite sous Edouard Ier, puis sous Henri VIII, et restaurée en 1877. Le cimetière voisin inspira à l'historien Macaulay les réflexions suivantes :

"Il n'existe pas d'endroit au monde capable d'évoquer des souvenirs plus tristes que ce petit cimetière. La mort n'y est pas la compagne des arts, de la vertu d'une piété reconnaissante, d'une gloire immortelle, comme dans l'Abbaye de Westminster et dans la cathédrale de St-Paul; elle n'y porte pas même les marques touchantes de l'amour fidèle et désintéressé de parents et d'amis, telles qu'on les rencontre dans nos églises et nos cimetières les plus simples; non, ici le trépas ne nous rappelle que les crimes les plus affreux, les destinées les plus sombres du genre humain, le triomphe diabolique d'ennemis implacables, l'infidélité, l'ingratitude et la lâcheté de faux amis, et toutes les misères infinies d'une grandeur déchue et d'une gloire éclipsée."

Les personnages suivants sont inhumés dans l'église. Thomas More (1553), la reine Anne Boleyn (1536), la reine Catherine Howard (1542), Thomas Cromwell, comte d'Essex (1540); Marguerite, comtesse de Shrewsbury (1541); le grand-amiral Seymour de Sudeley (1549); lord Somerset, le Protecteur (1552); John Dudley, comte de Warwick et duc de Northumberland (1553); lady Jane Grey et son mari, lord Guildford Dudley (1554); Robert Devereux, comte d'Essex (1601), tous décapités; Thomas Overbury, empoisonné dans la Tour en 1613; John Eliot, mort prisonnier dans la Tour en 1632; James Fitzroy, duc de Monmouth, décapité en 1685; Simon, lord Fraser de Lovat, décapité en 1747. Les exécutions ne se firent qu'exceptionnellement à la Tour même, ce qui fut le cas pour celles d'Anne Boleyn, de Catherine Howard, de Jane Grey, du comte d'Essex; toutes les autres eurent lieu sur la place spéciale de Tower-Hill.

Bien d'autres noms célèbres remplissent les listes des prisonniers qui passèrent jadis plus ou moins de temps à la Tour : Jean Baliol, roi d'Ecosse, 1296; William Wallace, le héros écossais, 1305; David Bruce, roi d'Ecosse, 1347; Jean II, le Bon, roi de France, fait prisonnier à la bataille de Poitiers, 1357; Charles d'Orléans, père de Louis XII, 1415 (25 ans); l'archevêque Cranmer, 1553; Thomas Wyatt, décapité à Tower-Hill en 1554; le comte de Southampton, protecteur de Shakespeare, 1562; Walter Raleigh, décapité en 1618 à Westminster; le comte de Strafford, décapité en 1641; le vicomte de Stafford, décapité en 1680; lord William Russell, décapité en 1683; le grand-chancelier Jeffreys, 1688; le duc de Marlborough, 1692, et, plus récemment le nazi Rudolf Hess, retenu ici avant son passage devant le tribunal de Nuremberg, etc.
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La Tour de Londres et le pont de la Tour (Tower bridge).
La Tour de Londres et, à droite, le pont de la Tour (Tower bridge).

Dans le voisinage de la Tour.
Au Nord-Ouest de la Tour se trouve enfin Tower-Hill, où avaient lieu les exécutions pour crime de haute trahison.

Trinity House, l'hôtel de la corporation de la Trinité, est au Nord de là. C'est une maison simple, bâtie en 1793, la façade ornée des armoiries de la corporation, de médaillons de George III et de la reine Charlotte et d'emblèmes relatifs à la navigation. La corporation, fondée par Thomas Spert et qui reçut ses droits de corporation de Henri VIII, en 1529, a pour but de favoriser et développer la navigation anglaise, de surveiller les phares et les bouées, de former de bons pilotes, etc. L'intérieur est orné de bustes des amiraux St-Vincent, Howe, Duncan et Nelson et de portraits de Jacques Ier et d'Anne de Danemark, sa femme, de Jacques II et de Francis Drake, qui importa la pomme de terre en Europe. Il y a aussi une collection de modèles et de plans de phares, d'appareils de sauvetage etc., fort intéressante.

Le pont de la Tour (Tower bridge), audacieux mélange d'acier et de granit est de style néogothique. Long de 246 m, iI enjambe la Tamise face à la Tour depuis la fin du XIXe. C'est un pont basculant, dont le double tablier central (autrefois levé par un mécanisme hydraulique, et aujourd'hui électrique) peut basculer pour laisser passer les gros navires entre l'Upper pool et le Lower pool du fleuve. (K. Baedeker).

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Dictionnaire Villes et monuments
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