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Feuille

La feuille est un motif d'ornementation imité plus ou moins servilement et avec plus ou moins d'art de la feuille des arbres ou des planteset entrant dans la composition des feuillages qui ont servi à décorer, de tous temps et dans presque tous les pays, certains membres d'architecture, bases, fûts et chapiteaux de colonnes, frises et gorges, ou certaines moulures, cavets, tores et doucines. Les décorations, composées de feuilles, sont sculptées, intaillées ou moulées avec plus ou moins de relief ou de creux et rehaussées de couleur et d'or, ou seulement peintes à un ou plusieurs tons, on encore repoussées, ciselées ou battues quand il s'agit d'un travail de métal. 

Dans certaines colonnes figurées sur des bas-reliefs datant des premières dynasties égyptiennes ou dans des colonnes d'édifices élevés sous le Nouvel empire, dans la Thèbes des Ramessides, l'imitation réelle de la nature ne laisse aucun doute sur l'intention de l'artiste qui a voulu reproduire tel végétal ou telle partie de végétal empruntée à la flore locale, plus encore qu'il n'a voulu s'en inspirer pour une création personnelle; tandis que, dans les monuments appartenant à l'art grec ou à des styles d'architecture plus rapprochés de nous et sauf dans certains monuments de l'ère romano-ogivale dont les emprunts à la flore locale sont considérables et empreints de tendances naturalistes, on sent une influence indéniable de l'art, influence qui faisait dire à G. Aitchison (The Principles of Ornament; Londres, 1892, p. 17, in-8, fig.) que 

« si la flore de ce monde ne se résume pas dans le lotus, le chèvrefeuille et l'acanthe, et si le hasard fit adopter ces plantes à l'origine, ce furent les travaux infinis dont elles furent l'objet qui amenèrent la persistance de leur emploi dans le domaine de l'art ».
En dehors des noms des végétaux auxquels sont empruntées certaines feuilles sculptées sur des parties d'architecture, comme les feuilles d'acanthe, de laurier, d'olivier, de persil, etc., dans l'architecture grecque et romaine, ou comme les feuilles de chêne, de chicorée, de chou, de lierre, de marronnier, etc., dans l'architecture du Moyen âge, on donne encore, à certaines feuilles modifiées par la fantaisie de l'artiste, les désignations suivantes qui rappellent leur disposition ou leur mode d'emploi. 
Feuille d'angle. - Feuille recouvrant l'angle formé par la rencontre de deux moulures d'un cadre, d'un caisson de plafond ou d'un chambranle de baie, la nervure médiane de la feuille s'appliquant sur l'angle et des parties de feuille exactement symétriques s'épanouissant au départ de chaque moulure.

 Feuille dentelée. - Feuille dont le rebord présente une suite d'échancrures en forme de dents. 

Feuilles entablées. - Feuilles disposées à la suite l'une de l'autre entre deux moulures et formant ainsi une rangée ininterrompue, les extrémités des feuilles se recourbant sous la saillie de la moulure supérieure et pour épouser la forme de la moulure inférieure. 

Feuille galbée. - Feuille ébauchée, dont les masses seules sont modelées et qui, la plupart du temps, ne sont laissées ainsi inachevées que par suite de la position éloignée d'où elles doivent être vues.

Feuille de refend ou refendue. - Feuille dont le rebord est coupé, déchiqueté, refendu de façons diverses. 

Feuilles tournoyantes. - Feuilles appliquées sur une partie circulaire, socle, fût, corbeille de chapiteau de colonne, qu'elles ornent et recouvrent sans interruption aucune. (Ch. L.).

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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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