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Un cul-de-Lampe
est un support en encorbellement,
différent du corbeau, usité
depuis la fin de l'ère romaine
et surtout pendant le Moyen âge
et la Renaissance ,
et ayant souvent reçu une riche ornementation
sculptée et parfois peinte. Les culs-de-lampe semblent devoir leur
nom consacré par l'usage à l'analogie de forme que présentent
les plus simples d'entre eux avec le fond d'une lampe suspendue terminée
en pointe; mais, dans les différents styles du Moyen âge,
les culs-de-lampe, très employés pour supporter des colonnes
engagées recevant des arcs doubleaux,
des retombées d'arcs et quelquefois des
statues,
se sont beaucoup écartés de cette forme primitive rappelant
assez bien un cône renversé et cannelé. Ainsi, dès
la fin du XIe siècle, on voit, à
l'entrée du choeur de l'église
haute de Chauvigny (Poitou ),
un remarquable cul-de-lampe représentant une tête de femme,
d'un beau sentiment, et coiffée d'une draperie descendant d'une
sorte de tailloir circulaire mouluré qui couronne le corbeau proprement
dit et reçoit une colonne d'arc doubleau.
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Cul-de-Lampe
(cathédrale
de Laon).
On conçoit facilement le grand rôle
que jouèrent dans l'architecture, au double point de vue de la construction
et de la décoration, les culs-de-lampe lorsque, les arcs
servant de nervures aux voûtes
se multipliant, leurs sommiers durent trouver dans les culs-de-lampe une
assiette large et suffisante dont l'encorbellement faisait corps avec plusieurs
assises. Viollet-Le-Duc (Dictionnaire
de l'Architecture, t. IV) reproduit de nombreux culs-de-lampe empruntés
à des édifices religieux, civils et même militaires
et dont quelques-uns, comme celui sculpté dans un angle du croisillon
nord de la cathédrale d'Agen,
sont de véritables petits monuments composés de corbeaux,
de colonnettes et de figures. Nous donnons ci-dessous un des culs-de-lampe
portant les faisceaux de colonnettes des voûtes de la cathédrale
de Laon ,
lequel montre un heureux arrangement combiné pour faire porter à
un buste d'ange
semblant sortir de la muraille trois colonnettes reposant sur sa tête
et ses deux ailes.
D'autres culs-de-lampe étaient,
suivant le style de l'époque ou l'imagination de leurs auteurs,
décorés de feuillages, d'armoiries,
d'animaux
fantastiques et même de scènes empruntées aux moralités
de l'époque, témoin le cul-de-lampe découvert derrière
une armoire dans la salle dite du trésor de l'hôtel de Jacques
Coeur, à Bourges, et dont le curieux
sujet a été interprété de diverses façons.
A l'époque de la Renaissance ,
les culs-de-lampe reproduisirent plus fréquemment la forme d'un
chapiteau
privé de sa colonne et reposant sur un culot orné de petits
ornements simulant des S ou des consoles minuscules. On doit encore considérer
comme des culs-de-lampe les encorbellements en forme de console ou de clef
pendante qui supportent la cuve des chaires à prêcher et aussi
certains motifs d'ornementation qui,
dans les fermes en fer, décorent l'extrémité des poinçons
et les relient aux entraits. (Charles Lucas).
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Cul-de-lampe
moderne, rue de Miromesnil, à Paris. ©
Photos : Serge Jodra, 2011.
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