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Clairvaux

Clairvaux, Clara Vallis, est une commune de France, dans le département de l'Aube, sur l'Aube, dans une vallée près d'une belle forêt à 12 kilomètres au Sud-Est de Bar-sur-Aube; population : 1000 habitants. 

On y voyait jadis une célèbre abbaye de Bénédictins, une des filles de Cîteaux, dont Saint Bernard fut le premier abbé. Par la suite les bâtiments de l'abbaye furent été convertis en maison de détention.

L'abbaye de Clairvaux.
Cette abbaye, fondée en 1115 par saint Bernard dans la Vallée d'Absinthe, était dans toute sa prospérité au XVIIe siècle, et on peut en apprécier l'importance par les plans qu'en a donnés Viollet-le-Duc (Dictionnaire de l'Architecture française, t. 1, p. 266-267), reproduits plus bas, et par la vue publiée dans le Dictionnaire de l'Académie des beaux-arts. L'enceinte, bordée par des cours d'eau et des étangs, et garnie de quelques tours de guet, n'avait pas moins de 4 km de tour. Quand on avait franchi la première porte, on se trouvait au milieu de bâtiments, grands ou petits, isolés ou contigus, tels qu'étables, granges, logements d'artisans, boucherie, tuilerie, pressoir, prison séculière, hôtellerie des pauvres, logement des femmes, etc. 

Derrière une seconde enceinte s'élevait le palais de l'abbé, auquel était contigu le logement des hôtes. Au delà de ces bâtiments était un vaste préau, bordé à gauche par des écuries, un pressoir et un grenier à foin, à droite par une boulangerie, un four, des moulins à blé et à huile, etc. 

Après avoir traversé ce préau, on rencontrait un bâtiment contenant des granges et des celliers, et l'entrée de l'église. Cette église, terminée à l'abside par neuf chapelles carrées, était à trois nefs, avec transept, sur lequel s'ouvraient quatre autres chapelles; des stalles, placées dans la grande nef, tout près de la porte d'entrée, étaient réservées aux frères convers; celles des religieux étaient plus haut, mais toutes en avant de la croisée. Sur le flanc droit de l'église était le grand cloître, qu'environnaient le réfectoire avec la cuisine, la salle capitulaire, la bibliothèque, le dortoir et le chauffoir, et au milieu duquel il y avait un lavabo couvert. 

Derrière l'église était un préau, à gauche duquel on avait conservé la cellule et l'oratoire de saint Bernard; à droite, un petit cloître, environné de cellules pour les copistes. Plus loin enfin se trouvaient l'infirmerie, le noviciat, d'anciens logis pour les étrangers et l'abbé, et un cloître des vieillards infirmes. Dans les caves de l'abbaye il y avait un foudre pouvant contenir 800 tonneaux de vin. De tous ces bâtiments il ne reste plus que des fragments, car l'abbaye fut entièrement reconstruite au XVIIIe siècle.
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Plan de l'abbaye de Clairvaux.
Plan général de l'abbaye de Clairvaux au XIIe siècle. (D'après Viollet-le-Duc).

Le plan général de l'abbaye de Clairvaux, ci-dessus peut donner une idée de ce qu'était, à la fin du XIIe siècle, un monastère cistercien. On remarquera tout d'abord que ce plan se divise en deux sections distinctes. La plus importante, celle de l'est, renferme les bâtiments affectés aux religieux : en A, sont placés l'église et deux cloîtres dont nous donnons plus bas le détail; en B, des fours et moulins à grains et à huile; en C, la cellule de saint Bernard, son oratoire et son jardin religieusement conservés; en E, des piscines alimentées par l'étang; en F, le logement des hôtes; en C, la maison abbatiale, voisine de l'entrée et de l'hôtellerie; en H, des écuries; en I, le pressoir et grenier à foin; en Y, des cours d'eau, et en S un oratoire. L'entrée principale de l'abbaye est en D. la section du plan située à l'ouest, et séparée de la première par une muraille, comprend les dépendances et les logements des frères convers attachés à l'abbaye. T est un jardin (promenoir). K, le parloir; L, des logements et ateliers d'artisans; M, la boucherie; N, des granges et étables; O, des pressoirs publics; P, la porte principale; R, les restes du vieux monastère; V, une tuilerie; X, son four. Des cours d'eau circulent au milieu de ces divers bâtiments et usines. Une enceinte générale, garnie de quelques tours de guet, enveloppe tout le monastère ainsi que ses dépendances; des jardins potagers et des vergers sont situés à l'extrémité est, et arrosés par des rigoles. 
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Plan de l'abbaye de Clairvaux : les bâtiments réservés aux religieux.
Plan des bâtiments réservés aux religieux dans l'abbaye de Clairvaux. (D'après Viollet-le-Duc).

On donne ci-dessus le plan des bâtiments réservés aux religieux. On remarquera tout d'abord que l'église A est terminée à l'abside par neuf chapelles carrées. Quatre autres chapelles orientées s'ouvrent sur le transept; outre les stalles des religieux disposées en avant de la croisée, d'autres stalles sont placées immédiatement après la porte d'entrée dans la nef : ces stalles étaient probablement réservées aux frères convers. B est le grand cloître avec son lavabo couvert, grand bassin d'une seule pièce muni d'une infinité de petites gargouilles tout alentour. C, la salle capitulaire éclairée sur un petit jardin. D, le parloir des moines (coloquii locus) : le silence le plus absolu devant être observé entre les religieux, un endroit spécial était réservé pour les entretiens nécessaires, afin de ne pas exciter le scandale parmi les frères. E, le chauffoir (calefactorium) : c'était là qu'après le chant des laudes, au lever du soleil, les religieux transis pendant l'office de la nuit allaient se réchauffer et graisser leurs sandales, avant de se rendre aux travaux du matin. F, la cuisine, ayant sa petite cour de service, son cours d'eau T, une laverie et un garde-manger à proximité.

G, le réfectoire, placé en face du grand bassin des ablutions. H, le cimetière au nord de l'église. I, le petit cloître avec huit cellules réservées aux copistes, éclairées du côté du nord et s'ouvrant au midi sur l'une des galeries de ce cloître. K, l'infirmerie et ses dépendances; L, le noviciat; M, l'ancien logis des étrangers; N, l'ancien logis abbatial; O, le cloître des vieillards infirmes; P, la salle de l'abbé; Q, la cellule et l'oratoire de saint Bernard; R, des écuries; S, des granges et des celliers; U, une scierie et un moulin à huile, mus par le cours d'eau T; V, un atelier de corroyeurs; X, la sacristie; Y, la petite bibliothèque, armariolum, où les frères déposaient leurs livres de lecture; Z, un rez-de-chaussée au-dessus duquel est établi le dortoir, auquel on accède par un escalier droit pris dans le couloir qui se trouve à côté du parloir D. Au-dessus de ce parloir était disposée la grande bibliothèque, à laquelle on montait par un escalier donnant dans le croisillon sud de l'église. Cet escalier conduisait également au dortoir, afin que les religieux pussent descendre à matines directement dans l'église. 

Du porche peu profond de l'église on parvient à la cuisine et à ses dépendances, sans passer dans le cloître, par une ruelle qui longe les granges et celliers; cette ruelle est accessible aux chariots par une porte charretière percée à la droite du porche. Ainsi; communications faciles avec le dehors pour les services, et clôture complète pour les religieux profès, si bon semble. Au sud du petit cloître on voit une grande salle : c'est une école, ou plutôt le lieu de réunion des moines destiné aux conférences en usage dans l'ordre de Cîteaux. Ces conférences étaient de véritables combats théologiques, dans ce temps où déjà la scolastique s'était introduite dans l'étude de la théologie; et en effet, dans le plan original, ce lieu est désigné ainsi : Thesiù p. pugnand. aula.

On conçoit que de rudes travaux manuels et de nombreux devoirs religieux ne pouvaient satisfaire entièrement l'intelligence d'hommes réunis en grand nombre, et parmi lesquels on comptait des personnages distingués, tant par leur rang que par leur éducation littéraire. Autour du petit cloître venait donc se grouper ce qui était destiné à la pâture intellectuelle du monastère : la bibliothèque, les cellules des copistes, la salle où se discutaient les thèses théologiques; et comme pour rappeler aux religieux qu'ils ne devaient pas s'enorgueillir de leur savoir, de la vivacité de leur intelligence et des succès qu'ils pouvaient obtenir parmi leurs frères, l'infirmerie, l'asile des vieillards dont l'esprit aussi bien que le corps étaient affaiblis par l'âge et les travaux, se trouvait là près du centre intellectuel du couvent. Entre cette salle et le dessous du dortoir, des latrines sont disposées le long des cours d'eau. A côté de la grande salle K est une petite chapelle, désignée sous le nom de chapelle des comtes de Flandre

Si nous prenons la peine d'analyser le plan de cette abbaye, nous resterons pénétrés de la sagesse de ses dispositions. Les besoins matériels de la vie, granges, celliers, moulins, cuisines, sont à proximité du cloître, mais restent cependant en dehors de la clôture, afin que le voisinage de ces services ne puissent distraire les religieux profès. Au sud de l'église est le cloître, entouré de toutes les dépendances auxquelles les religieux doivent accéder facilement; chacune de ces dépendances prend l'espace de terrain qui lui convient. Au delà, un plus petit cloître paraît réservé aux travaux intellectuels. 

Nous voyons les usines, les vastes granges, les étables, les logements des artisans disposés dans une première enceinte en dehors de la clôture religieuse, sans symétrie, mais en raison du terrain, des cours d'eau, de l'orientation. Une troisième enceinte à l'est renferme les jardins, viviers, prises d'eau, etc. Tout l'établissement enfin est enclos dans des murs et des ruisseaux pouvant mettre l'abbaye à l'abri d'un coup de main. De tous ces bâtiments si bien disposés et qui étaient construits de façon à durer jusqu'à nos jours, il ne reste plus que des fragments. L'abbaye de Clairvaux, entièrement reconstruite au XVIIIe siècle, ne présente qu'un faible intérêt. Cette abbaye avait la plus grande analogie avec l'abbaye mère. La plupart de ses dispositions étaient copiées sur celles de Cîteaux. (E. Viollet-le-Duc).

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Dictionnaire Villes et monuments
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