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Bourg-Saint-Andéol
Bourg-Saint-Andéol est une ville de France, dans le département de l'Ardèche, arrondissement de Privas, sur le Rhône. Population : 7578 habitants. Sur les coteaux environnants, les truffes abondent dans les bois de chênes-verts. Le Bourg possède un beau quai sur le Rhône. Il est relié à la rive gauche, commune de Pierrelatte, par un pont suspendu construit en 1827. 

Cette ville est la plus ancienne de l'Ardèche, après Alba Augusta Helviorum, dont on voit les ruines près du village d'Aps. Elle s'appelait jadis Bergoiates et s'étendait sur les deux rives du Rhône reliées entre elles par diverses îles, dont la plus importante était l'Argentière. Le haut Bergoiates, sur la rive gauche, a depuis longtemps disparu. Le bas Bergoiates, sur la rive droite, porta quelque temps semble-t-il, le surnom bizarre de Gentibus et prit définitivement le nom de Bourg-Saint-Andéol, après le découverte du corps du sous-diacre martyr Andéol, en 858. 

Les armoiries de la ville du Bourg, qui se rapportent évidemment à la légende de saint Andéol, sont : de gueules à trois bourdons posés en pal d'or et chef d'azur chargé d'un coutelas d'argent.
Le plus curieux et probablement aussi le plus ancien monument du Bourg-Saint-Andéol, est le bas-relief mithriaque sculpté sur une paroi du rocher de Tourne, qui fut signalé pour la première fois par une note du P. Guillemeau, supérieur des barnabites du Bourg, insérée au Journal de Trévoux (février 1724).

Ce bas-relief, classé depuis parmi les monuments historiques, est aujourd'hui à peine reconnaissable. Il a 1,15 m de hauteur sur 1,25 m de largeur. La version adoptée pour l'inscription est celle de Rouchier qui avait obtenu l'approbation de Léon Renier :

Numini Mithrae Maxsumo soli, Deum invictum Titus Furius Sabinus libens merito de sua pecunia fecit.
La fontaine de Tourne, qui sort du rocher où se trouve le monument de Mithra, est une de ces belles sources des régions calcaires, qui donnent issue à de véritables ruisseaux souterrains. Elle est située dans un ravin, jadis fort isolé et très ombragé, à côté d'une grotte, partiellement détruite au XIXe s., qu'on appelait la Baume des Fées. Les eaux de Tourne viennent du plateau de l'Ouol, qui domine le Bourg, où l'on remarque de nombreux avens, sortes de goules, où les eaux de pluie s'engouffrent pour aller ressortir en sources limpides et abondantes, à de grandes distances.

L'église paroissiale du Bourg est un beau monument de style roman. Le clocher est d'une date postérieure. Mais l'édifice subit des réparations et des remaniements plus ou moins importants sous l'évêque Leodegarius en 1108. Cette église a été longtemps desservie par les chanoines de Saint-Ruf, lesquels firent de fréquents démêlés avec la communauté du Bourg. 

La sacristie et le presbytère, formés avec l'ancien cloître des chanoines de Saint-Ruf, contiennent un certain nombre d'inscriptions du XIIIe au XVe siècle. 

L'ancienne église de Saint-Polycarpe, retrouvée et restaurée en partie est un curieux spécimen de l'école romane de la Provence. Un détail fort rare de ce monument est l'existence de deux escaliers fort étroits pratiqués dans l'épaisseur des deux murs latéraux; les fidèles, placés dans la nef, d'où ils apercevaient à la fois la crypte et le choeur, montaient au choeur pour la communion par l'un des escaliers et redescendaient par l'autre. 

L'hôtel Nicolay, avec sa belle tour hexagonale, représente dignement au Bourg la dernière époque gothique; il fut construit au XVe siècle par la famille Nicolay. L'hôpital du Bourg fut établi dans l'ancien couvent des récollets; il était dû surtout à la générosité d'un enfant du pays, nommé Noël Vallant, mort en 1685 à Paris, où il était médecin de la duchesse de Guise. On remarque encore au Bourg : l'ancien palais des évêques de Viviers, résidence habituelle de ces prélats avant la construction du magnifique évêché de Viviers, lequel date seulement de 1732; le collège des Barnabites, où le cardinal de Bernis fit ses premières études, devenu école communale; le couvent des Récollets, acheté en 1881, par Broët qui y a installé les frères de la Doctrine chrétienne, et enfin le vaste bâtiment qui est la maison-mère de l'ordre de la Présentation. 

Le Bourg-Saint-Andéol est la ville de l'Ardèche qui possède les plus riches archives municipales. On y trouve des chartes du XIIIe siècle, relatives a des donations de bois, faites par une dame Vierne de Baladun. La statue de dame Vierne a été érigée en 1888 sur la fontaine monumentale du Champ-de-Mars. D'autres chartes contiennent les libertés et franchises dont jouissaient les habitants de temps immémorial et que chaque évêque de Viviers, seigneur de l'endroit, confirmait à son avènement dès qu'il avait reçu l'acte de foi et hommage des consuls. Le Bourg-Saint-Andéol était l'une des huit villes du Vivarais dont les députés représentaient le tiers état aux Etats particuliers du Vivarais.

La ville du Bourg n'eut à souffrir que des premières guerres religieuses dont le Vivarais fut le théâtre pendant plus d'un demi-siècle. En 1562, le baron des Adrets l'occupa, mais partit bientôt, y laissant une petite garnison qui ne tarda pas à être massacrée par les habitants. Jacques de Crussol, dit Baudiné, un autre chef protestant, accourut alors, prit la place d'assaut et passa la garnison au fil de l'épée. En 1570, l'armée de Coligny passa devant le Bourg mais sans l'attaquer; les habitants du Bourg infligèrent même à l'amiral un petit échec puisqu'ils surprirent son arrière-garde et lui enlevèrent un convoi de munitions. En 1576, Damville mit au Bourg une garnison protestante qui en fut expulsée par Luynes, l'année suivante. A partir de ce temps, le Bourg resta en dehors des agitations et des conflits sanglants qui se prolongèrent dans le Vivarais, avec des répits plus ou moins longs, jusqu'à la prise de Privas en 1629. 

Le Bourg a produit un assez grand nombre de personnalités notables. Nous citerons : Jacques Mosnier, l'auteur d'un gros volume intitulé les Véritables alliances du droit français (Tournon, 1618); Combalusier, professeur de pharmacie à la Faculté de Paris; Laurent (de l'Ardèche), historien et homme politique; Madier-Montjau, Auguste Broët, etc. (A. Mazon).

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Dictionnaire Villes et monuments
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