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Base

En architecture on donne le nom de base à la partie inférieure de la colonne ce que le chapiteau est à la partie supérieure. C'est en quelque sorte l'amortissement intérieur de la colonne, ce qui la raccorde au soubassement, on au sol sur lequel elle repose. D'abord pour la colonne primitive (fig. 1) qui était une colonne de bois, la base fut un plateau de bois on de pierre, ajusté avec soin, qui, en lui donnant plus d'assiette, garantissait des chocs la partie inférieure de la colonne. Plus tard la base devint un ornement, et les plus anciennes qui appartiennent à l'histoire de l'art européen sont les bases des colonnes hindoues (fig. 2) et les bases des colonnes égyptiennes. Les influences asiatiques, je veux dire celles qui inspirèrent les Grecs dans la composition des ordres ionique et corinthien, furent, semble-t-il, dues aux monuments les plus anciens de l'art indien. Elles se modifièrent en se simplifiant, en traversant la Perse, et nous en donnons un exemple (fig. 3) tiré des monuments de Persépolis. La base perse est en forme de campanule renversée avec des feuilles nombreuses; la base asssyrienne (fig. 4) est lus singulière et consiste en une sphère aplatie couverte d'ornements symétriques reposant sur une plaque de pierre.
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Bases.
La première base qui laisse vraiment deviner la forme que prendra la base ionique est celle trouvée à Pasargades en Perse (fig. 5); elle ressemble singulièrement à un des membres de la plus ancienne base ionique que l'on connaisse, et que nous donnons ici; c'est une base tirée des ruines du temple de Héra à Samos (fig. 6). Cette base s'est graduellement transformée, d'abord comme ci-dessous (fig. 7), base de l'ordre ionique de la Victoire Aptère à Athènes, puis en se raffinant de plus en plus, comme à l'Erechtéion et aux temples de l'Asie Mineure, jusqu'aux temples d'Athéna Poliade à Priène, d'Apollon Didyme à Milet, et du temple d'Aizani. Cette base finit par se simplifier et se réduire à la base qui fut adoptée par les architectes qui créèrent l'ordre corinthien (fig. 8). L'Egypte fut l'inspiratrice de l'ordre dorique et la base égyptienne (fig. 9) se modifie de façon à se réduire à un plateau dont la tranche est moulurée suivant un segment de cercle. Les Grecs imitent d'abord les colonnes cannelées sans base, tandis que les Etrusques, qui leur empruntent un grand nombre de détails d'architecture, donnent une base à leur dorique simplifié ou ordre toscan (fig. 10). Les Romains l'ont adoptée ensuite, en lui ajoutant des moulures telles que le tore, une scotie ou une astragale par exemple. Les bases ioniques et corinthiennes des édifices de l'époque romaine sont identiques à celles des édifices grecs, quoique simplifiées; nous les donnons (fig. 11 et fig.12).
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Bases.

Au Moyen âge les premières bases furent excessivement simples, à l'époque mérovingienne ce n'est qu'une simplification de la base romaine dénaturée par les dégénerescences gallo-romaines. A mesure que les arts se perfectionnent, on cherche à imiter les fragments qui restent des monuments romains dont les ruines subsistent encore. Les exemples que nous donnons ci-après montrent bien la filiation suivie dans la composition des bases. La fig. 13 donne la base des piliers de la crypte de Saint-Avit à Orléans, la fig. 14 une base qui est déjà plus recherchée, dans la crypte de Saint-Etienne d'Auxerre, la fig. 15 provient de l'église d'Ebreuil (Allier); enfin la fig. 16, base d'une colonne à l'église de Monréal (Yonne) montre la singulière transformation éprouvée par le profil romain. Cette base est néanmoins énergique et d'un beau caractère. Au XIIIe siècle ce profil s'affirme mais fait alors partie d'un ensemble dont il ne peut être distrait, comme à Chartres (fig. 17), et c'est ce profil qui, avec des modifications plus ou moins importantes, nous mène jusqu'au XIVe (Notre-Dame de Paris) (fig.18), pour finir par se dénaturer jusqu'à devenir le profil type des bases du XVe siècle (fig. 19 ). La Renaissance ramène à la mode les profils dérivés de l'antique.

Bases.
L'architecture musulmane nous fournit des bases variées dont la composition nous paraît dériver de l'effort des artistes à trouver une forme d'amortissement inférieur qui indique une résistance d'un autre caractère que celle du chapiteau, plutôt que d'une tradition suivie à ses différentes phases. On en donne ici un exemple tiré d'une mosquée du Caire (fig. 20).
Bases.
L'architecture moderne s'en tient généralement, sous ce rapport, aux traditions de la Renaissance. (H. Saladin).
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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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