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Austerlitz

Austerlitz, auj. Slavkov u Brna, en République Tchèque. - C'était jadis  un ville des États autrichiens (Moravie), sur la Littawa, à 16 kilomètres au Sud-Est de Brno. Château et jardins superbes. Cette ville est devenue célèbre par la bataille qu'y remporta Napoléon, le 2 décembre 1805, sur les armées réunies de l'Autriche et de la Russie, commandées par les empereurs François et Alexandre en personne: ce qui fit appeler cette bataille Bataille des Trois-Empereurs. Le résultat de la victoire fut la paix de Presbourg (auj. Bratislava, en Slovaquie), signée le 26 décembre suivant.

Bataille d'Austerlitz.
La bataille d'Austerlitz, livrée le 2 décembre 1805, et gagnée par Napoléon ler sur les armées coalisées de l'Autriche et de la Russie, est l'une des victoires les plus décisives qu'aient jamais remportées les armes françaises. Avant de faire le récit de cette journée, nous allons rappeler en quelques lignes les événements qui la précédèrent. Menacée d'une descente des Français chez elle, l'Angleterre réussit à susciter contre Napoléon la troisième coalition, où entrent la Russie, l'Autriche, le royaume de Naples et la Suède
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Veille d'Austerlitz.
La nuit avant la bataille...

Napoléon, apprenant que les Autrichiens ont envahi la Bavière avec 80 000 hommes, ajourne ses projets sur l'Angleterre, et ne songe plus qu'à marcher contre les coalisés pour les gagner de vitesse et les battre isolément. Il lève ses camps du littoral au commencement de septembre 1805, et jette sur l'Allemagne la Grande Armée, forte de 150 000 fantassins, 40000 cavaliers et 340 bouches à feu. Ces troupes sont réparties en sept corps d'armée, plus une réserve de cavalerie, une de dragons et la garde impériale.

L'empereur leur fait faire une vaste conversion stratégique, et les porte sur le Danube de manière à intercepter les communications de l'armée autrichienne commandée par le général Mack, qu'il force à capituler dans Ulm, le 17 octobre 1805. Après avoir donné quelques jours de repos à ses troupes sur le Lech, Napoléon marche sur Vienne, à la rencontre des Russes qui sont arrivés jusqu'à l'Inn; mais ceux-ci, ne se croyant pas en mesure d'arrêter les Français, se retirent devant eux. Le 13 novembre,  l'avant-garde française occupe Vienne, s'empare des ponts du Danube par surprise et se lance à la poursuite des Russes qui ont pris la route de Moravie. Le 16, l'arrière-garde russe est atteinte et battue à Hollabrünn. L'empereur, arrivé à Vienne, y organise rapidement une nouvelle base d'opérations, puis s'avance jusqu'à Wischau, établissant son quartier général à Brünn (20 novembre 1805). Les empereurs de Russie et d'Allemagne se trouvaient à Olmütz, à la tête de leurs armées réunies. Les adversaires demeurent alors en présence quelques jours, pendant lesquels s'engagent des négociations qui n'aboutissent pas, et que Napoléon met à profit, tout en accordant à ses troupes un repos dont elles ont le plus grand besoin, pour étudier le terrain et percer à jour les desseins de son ennemi. Afin d'enhardir celui-ci, l'empereur affecte une certaine timidité, ébauche même le 28, à la suite de l'attaque de ses avant-postes par les Russes à Wischau, un mouvement de retraite, et vient s'établir sur le terrain qui va bientôt devenir à jamais célèbre, sous le nom de champ de bataille d'Austerlitz. Voici la description sommaire de ce terrain, ainsi que la position respective des deux armées le 1er décembre 1805 au soir, veille de la bataille.
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Plan de la Bataille d'Austerlitz.
Plan de la Bataille d'Austerlitz (décembre 1805).

La gauche de l'armée française, qui s'appuie aux derniers contreforts des monts de Bohème, est marquée par la colline isolée du Santon qu'on a fortifiée et garnie de canons. Le front se développe le long du ruisseau du Goldbach et de la ligne des villages de Girzikowitz, Puntowiiz, Kobelnitz, Sokolnitz et Teinitz. La droite est appuyée aux étangs profonds de Satschau et de Moenitz. L'armée française se trouve ainsi à cheval sur la route de Brünn à Olmütz, couvrant à droite la route de Hongrie et Vienne. L'armée austro-russe est établie en face des Français, la droite aux montagnes, le centre occupant le plateau de Pratzen, la gauche au ruisseau d'Augeszd. Voici maintenant la disposition des troupes dans les deux armées. A la gauche de la ligne française, se trouve le corps de Lannes (5e), à cheval sur la route de Brünn. Le corps du maréchal Soult (4e) forme le centre avec les deux divisions Vandamme et Saint-Hilaire et une division de cavalerie légère. Sa 3e division (Legrand) a pris position derrière Sokolnitz et Telnitz.
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Bataille d'Austerlitz.
La bataille d'Austerlitz, par Gérard. Cliquer sur l'image pour l'agrandir.
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Jointe à la division Friant du 3e corps (Davout), qui vient de Raygern, et à la division de dragons du général Bourcier, elle formera la droite de l'armée sous les ordres du maréchal Davout. Le corps de Bernadotte (ler) est en réserve derrière la gauche de Soult. La cavalerie de Murat est placée au Sud de la route de Brünn, prête à déboucher dans l'intervalle qui règne entre les corps de Soult et de Lannes. L'empereur est en arrière du centre, en 3e ligne, avec la réserve générale composée de dix bataillons de la garde, dix bataillons de grenadiers de la division Oudinot, la cavalerie et l'artillerie de la garde. L'armée austro-russe a sa droite couverte par une avant-garde à cheval sur la route de Brünn; Bagration commande cette aile. Le centre, sous Miloradowich, occupe le plateau de Pratzen; la gauche, qui est la partie la plus forte de l'ordre de bataille, et comprend soixante bataillons sur trois colonnes, est sous les ordres de Buxhowden. La cavalerie est placée entre la droite et le centre, c.-à-d. juste en face de la cavalerie de Murat. La réserve, où se trouve la garde russe, venant d'Austerlitz, se tiendra derrière l'armée. Koutousov commande en chef. 
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Austerlitz : la butte de Zuran.
Austerlitz : la butte du Žurán; en médaillon l'emplacement du poste de commandement de Napoléon, 
d'où l'empereur donna l'ordre d'attaquer en direction de Pratzen (ci-dessous). Photos : Angel Latorre.
Austerlitz : le plateau de Pratzen.

L'accumulation des forces de l'ennemi, à la gauche de son ordre de bataille, répond aux désirs de Napoléon qui a tout fait pour inciter son adversaire à essayer de le tourner par sa droite et de le couper de sa retraite sur Vienne. Ce mouvement aura pour conséquence d'affaiblir le centre de la ligne ennemie que l'empereur compte enfoncer en y portant son principal effort. Une proclamation, dans laquelle Napoléon
fait allusion à ce dessein, est lue aux troupes à neuf heures du soir, pendant que l'empereur visite les bivouacs à la lumière resplendissante de milliers de torches improvisées par les soldats, et au milieu d'un indescriptible enthousiasme.

A quatre heures du matin, le 2 décembre, jour anniversaire de son couronnement, Napoléon fait passer le Goldbach au corps de Soult, tout en prescrivant d'entretenir les feux de bivouac jusqu'au jour, afin de ne pas donner réveil à l'ennemi. Ces troupes sont formées sur trois colonnes d'attaque, et se placent en avant des villages de Kobelnitz, Puntowitz et Girzikowitz. Au lever du jour, la gauche ennemie est en marche, descendant des hauteurs; elle se dirige vers Telnitz et Sokolnitz, où le combat s'engage aussitôt; mais là se trouvent les divisions Legrand et Friant et les dragons du général Bourcier, et ces valeureuses troupes, sous les ordres du maréchal Davout, résistent à toutes les attaques. Il est près de neuf heures. L'empereur était resté jusque-là sur un tertre, en arrière du centre, entouré des maréchaux Bernadotte, Lannes, Soult et Murat. II donne alors ses derniers ordres, et les maréchaux s'élancent au galop, pour aller se mettre à la tête de leurs troupes. Napoléon parcourt ensuite le front de son armée. Celle-ci accueille quelques paroles vibrantes qu'il lui jette, par les cris de : Vive l'empereur! et l'attaque commence. 
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La bataille d'Austerlitz.
La bataille d'Austerlitz, le 2 décembre 1805, par J. F. T. Gechter
(bas-relief de l'Arc de Triomphe, à Paris). © Photo : Serge Jodra, 2010.

Les divisions Vandamme et Saint-Hilaire du corps de Soult gravissent le plateau de Pratzen, la cavalerie de Murat et le corps de Lannes s'ébranlent, 200 pièces de canon tonnent à la fois. Koutousov s'aperçoit bientôt du danger qui menace le centre de sa ligne, et le renforce à la hâte de toutes les troupes qu'il a sous la main, y compris ses troupes de réserve. C'est en vain; les divisions de Soult brisent toute résistance, tournent le village de Pratzen dont elles s'emparent et la position entière est aux Français. Le centre ennemi est enfoncé. Aussitôt les deux héroïques divisions, pivotant sur leur droite, changent de front pour prendre à revers la gauche ennemie et se précipitent vers Augezd dans le but d'écraser Buxhowden. Bernadotte, qui a marché derrière Soult pour soutenir l'attaque, remplace celui-ci sur le plateau de Pratzen.

Pendant ce temps, le 5e corps, après avoir soutenu victorieusement les attaques réitérées des troupes de Bagration et de la cavalerie russe, avait marché à son tour en avant, appuyé par la cavalerie de Murat. Celui-ci culbute ensuite la cavalerie ennemie à la tête d'une charge brillante de 4000 cuirassiers et dragons; le village de Blazowitz, défendu par 1200 Russes, est enlevé par l'infanterie de Lannes; Bagration se met en retraite sur Olmütz, et le sort de la journée est partout décidé en  faveur de l'Armée napoléonienne. ll est alors onze heures. Cependant l'ennemi, voulant à tout prix dégager sa gauche, réunit toutes les réserves des troupes d'élite russes qui n'avaient pas encore combattu, et veut reprendre les hauteurs de Pratzen sur Bernadotte, pendant que Buxhowden tentera un dernier effort avec l'aile gauche de l'armée. Mais Napoléon est arrivé à son tour sur le plateau, à la tête de sa garde. Bessières, avec les grenadiers à cheval, les chasseurs et les mamelouks, soutenus par la division d'Erlon, se jette à la rencontre des Russes, qu'il met en désordre, s'empare du prince Repnin qui a chargé à la tête des chevaliers-gardes, d'un grand nombre d'officiers et de quatorze pièces de canon. Dès lors, l'effort de l'ennemi est définitivement brisé, et il n'est qu'une heure de l'après-midi.
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Le mémorial d'Austerlitz.
Le mémorial élevé aux soldats tombés
pendant la bataile d'Austerlitz.
 Photos : © Angel Latorre, 2008.

Pour en finir, l'empereur fait cerner de tous côtés les troupes de la gauche ennemie, à qui il ne laisse d'espoir de salut qu'à travers les étangs alors couverts de glace, et ces troupes, foudroyées par l'artillerie qui couronne de toutes parts les hauteurs, s'engagent sur les étangs, au nombre de plusieurs milliers d'hommes, avec trente-six canons, et une grande quantité de caissons et de chevaux. Mais les boulets des Français vont briser la glace sous leurs pas, et des colonnes ennemies entières sont englouties. Napoléon, habile à profiter de sa victoire, a déjà fait poursuivre la droite russe sur la route de Moravie; il prescrit également au maréchal Davout de se porter sur la Morava pour couper l'ennemi de celle de Hongrie

Ainsi se termine cette sanglante journée dans laquelle 65000 Français avaient battu 90000 soldats des meilleures troupes de l'Autriche et de la Russie. On l'a appelée quelquefois, dans le principe, bataille de l'Anniversaire et bataille des Trois Empereurs, mais elle a pris rang dans l'histoire sous le nom de bataille d'Austerlitz. Elle coûtait à l'armée coalisée 15000 hommes tués ou blessés, 20 000 prisonniers, 45 drapeaux et 186 pièces de canon, tandis que les pertes françaises ne dépassaient pas 800 tués et 7000 blessés.

Ainsi que nous l'avons dit plus haut, la bataille d'Austerlitz fut décisive. Elle força les alliés à demander un armistice qui fut signé le 5 décembre, et à la suite duquel les Autrichiens se retirèrent de la coalition, et conclurent avec nous la paix de Presbourg, le 27 décembre 1805.

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Dictionnaire Villes et monuments
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