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Aumale (Alba
Maria, Albemarie, Aumalium) est une commune de France
(département de la Seine-Maritime), sur la rive gauche de la Bresle,
à 22 kilomètres à l'Est de Neufchâtel ;
2600 habitants. Ville pittoresque, avec des rues en pente. Eaux minérales
froides, carbonatées, ferrugineuses, découvertes en 1755,
par les soins du duc de Penthièvre.
Histoire.
Comtes
et ducs d'Aumale.
Au IXe
siècle, Aumale était une seigneurie appartenant à
l'archevêque de Rouen; en 1066, elle
fut cédée à Eudes, fils du comte de Champagne ,
Etienne II; Eudes avait épousé une soeur utérine de
Guillaume
le Conquérant; il fut le premier comte d'Eu.
Les documents mentionnent ensuite un comte Etienne en 1087, sous lequel
la ville fut assiégée et prise, en 1089, par Guillaume le
Roux; puis, en 1127, un comte Guillaume, et à la fin du XIIe
siècle, en 1180 , une comtesse Havoise ou Hadwide, qui épousa
successivement : 1° Guillaume de Mandeville, comte d'Essex, 2°
Geoffroi, 3° Baudouin, seigneur de Choques, 4° Guillaume des Forts.
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L'Hôtel
de Ville d'Aumale..
A la mort de Guillaume des Forts; qui ne
laissait pas de fils, le roi Philippe-Auguste
réunit le comté à la couronne. Depuis cette époque,
les descendants de Guillaume des Forts ont retenu en Angleterre
le titre de comtes d'Albemarie, tandis que le comté d'Aumale fut
inféodé par Philippe-Auguste, en 1200, à Renaud, comte
de Boulogne, deuxième fils d'Albéric
II de Dammartin. Confisqué en 1214, le comté d'Aumale fut
donné en apanage au second fils de Philippe-Auguste, Philippe
Hurepel. Lors de son mariage avec la comtesse de Boulogne, Mahaut
(1222), le comté fit retour à Simon de Dammartin, dont la
fille Jeanne, qui en hérita en 1239, le porta dans la maison de
Castille
par son mariage avec le roi Ferdinand
II. Jean Ier
de Castille (1260), Jean II (1302) et Blanche
de Castille (1343) furent successivement comtes d'Aumale. Celle-ci
épousa le comte d'Harcourt, Jean V, qui péril décapité
à Rouen par l'ordre du roi Jean
en 1356. Son fils Jean VI, hérita cependant du comté, et,
après lui, Jean VIl d'Harcourt, Jean VIII (1387), Jean IX (1389)
furent successivement comtes d'Aumale.
Marie d'Harcourt, qui hérita du
comté à la mort de ce dernier en 1424, le porta en 1452 dans
la maison de Lorraine par son mariage avec Antoine de Lorraine.
Il échut, en 1476, à René II duc de Lorraine qui,
à sa mort (1508), le laissa à son cinquième fils,
Claude Ier de Lorraine, qui fut le premier
duc de Guise. De son vivant, son fils aîné,
François de Lorraine, lui succéda dans le comté d'Aumale
qui fut en sa faveur érigé en duché-pairie en 1547.
Claude Il de Lorraine, son frère, lui succéda comme duc d'Aumale
en 1550; il se signala au siège de Metz
et dans les Guerres de religion, prit
à la Saint-Barthélemy
une part sanglante et fut tué au siège de La
Rochelle le 14 mars 1573. Son fils, Charles Il de Lorraine, né
en 1554, devint duc d'Aumale en 1573; il fut l'un des chefs de la Ligue.
Gouverneur de
Paris, après le meurtre
du duc et du cardinal de Guise, il fut battu près de Senlis
par les royalistes (1589); livra plusieurs places aux Espagnols
après la conversion d'Henri IV, fut condamné
à mort, mais réussit à quitter le royaume et mourut
à Bruxelles
en 1631.
Il avait un frère, Claude, connu
sous le nom de chevalier d'Aumale, qui tenta, le 4 janvier 1591, de s'emparer
de Saint-Denis sur les royalistes et fut tué dans cette affaire.
Anne de Lorraine fit passer, en 1631, le duché d'Aumale dans la
maison de Savoie-Nemours par son mariage avec le duc de Nemours, Henri
Ier de Savoie.
Son fils, Louis de Savoie; en hérita en 1638; il échut, à
sa mort, à son frère Charles-Amédée, duc de
Nemours, qui fut tué en duel par le duc de Beaufort en 1652. Le
duché d'Aumale, comme celui de Nemours passèrent alors à
son frère Henri Il, qui mourut sans enfant en 1659. Marie-Jeanne-Baptiste
de Savoie, fille de Charles-Amédée, en hérita, et
en 1686 le vendit à Louis XIV qui le
donna à son fils légitimé le duc du Maine : une nouvelle
érection en pairie eut lieu en sa faveur en 1695. Le comte de Toulouse,
frère et héritier du duc du Maine (1736) le transmit à
son fils, le duc de Penthièvre, qui en était propriétaire
à sa mort (1792). Le titre fut rendu en 1814 à sa fille Louise-Marie-Adélaïde,
duchesse douairière d'Orléans, mère de Louis-Philippe.
La
ville dans l'histoire.
La ville d'Aumale avait reçu, dès
le milieu du XIIe siècle, une charte
de commune qui fut souvent confirmée depuis. En 1472, elle fut brûlée
par Charles le Téméraire
qui en détruisit le château.
Aumale était assiégée en 1592 par les ligueurs pendant
qu'Henri IV était occupé au siège
de Rouen. A la nouvelle de l'approche de l'armée
espagnole que commandait le duc de Parme, Henri IV confia à Biron
la direction du siège et se porta au-devant de l'ennemi avec 5 à
6000 cavaliers. Il rencontra les Espagnols sous les murs d'Aumale (5 février
1592), et, les ayant chargés à la tête d'une centaine
de cavaliers, il fut presque enveloppé, blessé d'un coup
de feu, et aurait été pris s'il n'avait pu se réfugier
dans la place dont le pont-levis s'abaissa devant lui. Ce fut une femme,
Jeanne Leclerc, qui, d'après une tradition contestée, aurait
ainsi sauvé le roi. Cette rencontre a gardé dans l'histoire
le nom de combat d'Aumale. Henri IV ne tarda pas à partir pour Neufchâtel
et les ligueurs, maîtres d'Aumale, mirent la ville à feu et
à sang.
Monuments.
L'abbaye
d'Aumale, fondée au Xe siècle,
était située sur la Bresle, à 2 km environ en aval
de la ville, auprès du village de Sainte-Marguerite, Plusieurs fois
incendiée ou dévastée pendant le Moyen âge ,
elle fut supprimée en 1790 et démolie à partir de
cette époque. Il en subsiste une partie des constructions qui servaient
au logement des moines.
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L'égliseSaint-Pierre
et Saint-Paul, à Aumale. © Photos
: Serge Jodra, 2010.
L'église
Saint-Pierre et Saint-Paul (mon. hist.), détruite lors de la prise
de la ville par Charles le Téméraire,
a été reconstruite de 1508 à 1610, en style
gothique peu à peu accommodé au goût de la Renaissance .
Le choeur et le transept
sont grandioses et
ont de belles voûtes
à pendentifs, mais la nef non voûtée
manque d'élégance. Les fenêtres
ont conservé quelques restes de beaux vitraux
du XVIe siècle. Le portail
principal passe, sans raisons suffisantes, pour oeuvre de Jean
Goujon. La tour du clocher, soutenue
par des contreforts chargés de
statues,
est fort élégante.
Aumale a conservé un certain nombre
de maisons anciennes fort intéressantes, remontant à la fin
du XVIe ou au commencement du XVIIe
siècle. (GE). |
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